samedi 17 mai 2014

Centre et Est de Thaïlande : Où l’on passe du temps dans les bus

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Nous voilà donc en route pour Sukhothai. Nos amis karens nous ont accompagnés jusqu’à la gare routière et installés dans le bus qui devait  nous y emmener. Heureusement d’ailleurs, car notre départ coïncide malheureusement avec le nouvel an Thai (Songkhran). Autant, cette fête qui dure 3-4 jours selon les villes, peut être amusante lorsque l’on est préparé à l’affronter, autant, avec de gros sacs à dos, pleins d’affaires précieuses (comme un ordinateur ou un appareil photo), elle peut être ennuyante, voire carrément exaspérante. En effet, pour fêter la fin de la saison sèche et l’arrivée de le pluie, la Thaïlande toute entière se transforme en un gigantesque champ de bataille d’eau. Les gens sont donc tous installés en bord de route avec des jets d’eau et de grands bacs remplis à ras bord dans lesquels ils se remplissent des petits bols pour en asperger les passants, voitures et à peu près tous ceux qui passent devant leur porte.
Vous aurez donc compris que nous étions bien content de faire le trajet jusqu’à la gare routière bien à l’abri dans une voiture…

Nous voilà donc partis pour Sukhothai, ancienne capitale royale, et ville chargée d’histoire.
A l’arrivée à la gare routière, nous décidons de ne pas prendre de Tuk Tuk, mais de marcher jusqu’au centre ville, convaincus de sa proximité. Nous entamons donc la demi heure qui nous sépare de la guesthouse que nous avions repérée dans le guide. Nous découvrons alors, qu’il est bien plus facile de ne pas se faire arroser en étant piéton que véhiculé, car nous parvenons jusqu’à l’hôtel, presque secs. En effet, les Thaïs sont plutôt conciliants quand ils réalisent que nous portons nos sacs avec toutes nos affaires dedans. Nous arrivons donc sains et saufs et après avoir déposés nos affaires, nous ressortons tout prêts à affronter la guerre. Et la guerre, c’est le mot. Ici, les jets d’eau sont remplacés par des lances à incendie, le terre-plein central de la rue est surplombé par des tuyaux qui aspergent tout le monde des 2 côtés de la route, une estrade a été installée avec un concert en live. Bref, c’est vraiment la fête partout et l’ambiance y est vraiment sympa. On s’installe à un bar fréquenté par quelques occidentaux et on commence à arroser les passants. En quelques instants on est complètement trempé, et l’on partage la liesse générale.  Il est 21h et la fête va continuer jusque tard dans la nuit… Ah finalement peut être pas, oula, non, c’est l’heure de rentrer, le vent s’est levé d’un coup, le tonnerre a retenti et pas 2 minutes après ca y est il pleut des trombes… Pour ceux qui avaient réussis à rester secs là y a rien à faire, tout le monde se prend la sauce, du coup on rentre à l’hôtel et on se couche en attendant le lendemain où nous allons visiter les ruines de l’ancienne capitale…
Le style Khmer des ruines


En arrivant sur le site (classé au patrimoine mondial) on loue des vélos et c’est parti pour une journée de vélo dans le parc.
La sérénité du site nous prend aux tripes
 
Un temple pris à toute vitesse
Calme et magie sont maîtres mots
La ville qui comportait un grand nombre de temples a été magnifiquement pillée par les birmans au 17e siècle, mais ce qu’il en reste vaut le voyage. C’est avec émotion que l’on erre entre les murs de pierres, entourés d’arbres centenaires qui donnent toute sa poésie à l’endroit. Evidemment le coucher de soleil sur Sukhothai est à ne pas manquer, car les couleurs qui se reflètent sur les nombreuses pièces d’eau y donnent un aspect enchanteur. Nous nous sommes donc installés dans l’herbe en attendant la nuit, dans le silence…
Le coucher de soleil

Des cieux sublimes

Sur le retour, nous avons à nouveau participé à une bataille d’eau, mais moins massive que la veille, dans l’ensemble la nouvelle Sukhothai n’est, comme toutes les villes Thaï, pas très intéressante, mais très agréable et relativement bon marché.
Ayant été profondément touchée par l’architecture khmer que l’on a pu rencontrer sur le site, Sibylle décide de finir la Thailande par la route des temples Khmers qui s’étire du centre du pays au Laos et au Cambodge. Cependant, alors que nous planifiions notre itinéraire, nous découvrons sur internet un site méconnu: les Sam Phan Bok, traduisez les 3000 trous, également surnommé le Grand Canyon du Siam. Nous tombons immédiatement sous le charme de l’endroit décrit sur internet comme étant peu touristique, situé à la frontière du Laos sur le Mékong.
Faute d’un visa assez long, il nous était impossible d’explorer à la fois les routes khmer et le Grand Canyon du Siam. Nous prenons donc la décision de zapper les temples khmers, puis que nous verrons le clou de ces construction à Angkor au Cambodge,  pour découvrir cette merveille naturelle.
Il peut être également précisé que ce coup de tête a été pris d’un commun accord à la seule vue d’UNE seule photo sur internet.
Nous quittons donc Sukhothai le lendemain et prenons le bus pour 6h, direction Khon Kaen où nous souhaitons enchainer immédiatement pour un bus vers Ubon Ratchathani, seulement pas de bol, le dernier bus est déjà parti, et nous voilà donc à la recherche d’un hôtel. Dans cette grande ville du centre, aucun touriste ne passe par là de son plein gré, car en plus de ne pas être belle, la ville ne propose rien d’intéressant. Nous trouvons donc un hôtel un peu décrépit pas trop cher dont le patron est anglophone (dixit le Lonely Planet). Curieusement, l’accueil est laborieux dans un anglais plus qu’approximatif, et même mon thai n’est pas d’une grande aide vu que cette région commence à parler une langue plus proche du Laotien. Enfin nous partons diner et trouvons un bar juste en face, où un australien qui s’en dit le patron nous interpelle. Après 5 minutes d’un monologue qui ne se termine pas, nous comprenons, qu’il s’agit du soi disant propriétaire de l’hôtel (en réalité il n’en est qu’un client longue durée). Il nous explique connaître la région sur le bout des doigts, mais ne peut pas répondre à la moindre question concernant notre destination. Nous sommes en réalité en présence d’un mythomane compulsif et égocentrique. C’est donc après un diner qui semblait ne plus en finir que nous prenons congé de l’hurluberlu, qui ne nous aura pas posé une seule question, ni même répondu clairement à l’une des nôtres...
Nous attendons le lendemain matin pour repartir en bus vers Ubon Ratchatani, d’où nous pourrons facilement trouver un bus pour notre destination finale, Khong Jiam. Après à nouveau 6h de bus, c’est légèrement courbatus que nous comprenons, que là encore il n’y a pas de moyen de nous rendre à Khong Jiam le jour même. Mais lorsque nous leur demandons à quelle heure les bus partent le lendemain, chacun a un avis différent. Du coup on prend encore un bus qui nous rapproche de notre but avec pour objectif de prendre un Songtheow le lendemain à 6h du matin.  C’est dans ce bus que nous rencontrons le deuxième occidental de notre périple. Français, cette fois ci, et encore plus obnubilé par sa personne que l’australien de la veille. Il nous aura raconté sa vie inintéressante de travailleur « en équipe », qui a pu prendre sa retraite à 50 ans en restant en arrêt maladie pendant 10 ans… Tout en rigolant du fait que nous « les jeunes », on aurait pas de retraite. Bref, là encore il ne s’agit pas d’une rencontre inoubliable.  C’est en sortant du bus, alors que je négociais en Thaï pour un Tuk Tuk, qu’il remarqua que je parlais la langue d’un pays dans lequel il vivait depuis une quinzaine d’année (puisqu’il a épousé une Thai) sans que lui même en parla le langage. Ce n’est qu’à ce moment là qu’il réalisa, croît-on, ne pas avoir posé une seule question à notre sujet, et nous salua.
Nous trouvons un hôtel minable pour passer la nuit qui sera courte, car les transports qui se rendent à Khong Jiam partent à 6h du matin de la gare routière.
C’est donc avec un superbe cas d’encéphalorectomie (regardez sur internet si le terme vous paraît obscur, sans jeu de mots merdique) que nous nous rendons le lendemain à la gare routière 15 minutes en avance, et bien nous en a pris, car, évidemment, les bus ne partent pas de là… Nous courrons  donc vers l’autre station de bus, et demandons des indications aux quelques commerçants matinaux. Heureusement nous n’avons pas raté le bus, bah oui, il part à 11h… Las de tous ces contretemps, nous décidons donc de négocier avec un Tuktuk le trajet, et, c’est allégés de 300 bahts, que nous arrivons enfin à destination…

Des pêcheurs lancent leur filet

Khong Jiam est une petite ville sans grand intérêt, malgré les magnifiques couchers de soleil sur le Mékong que l’on peut y admirer. Comme il n’y a que très peu de touristes qui viennent jusqu’ici, on n’y trouve qu’un seul loueur de motos, qui, profitant de son monopole, affiche des tarifs 2x supérieurs à la moyenne nationale, tout ça avec un grand sourire… Comme nous n’avons pas le choix (et il le sait), nous sommes bien forcés de céder et lui demandons une carte de la région afin de nous rendre au fameux Canyon du Siam. C’est alors que nous réalisons qu’il faut 2h de moto pour y aller (90km)… A cet instant, j’ai cru que le ciel me tombait sur la tête, encore des trajets… Ne vous y trompez point, j’aime bien la moto, on y trouve une sensation de liberté que l’on a dans aucun autre véhicule, mais bon 4h dans la journée, sur un scooter (sans boite de vitesse) qui ne dépasse pas les 60km/h c’est vraiment long. Surtout que Mademoiselle n’aime pas conduire donc c’est bibi qui doit se taper l’intégralité du trajet.
Enfin, nous voilà sur la route, puis après avoir longé de jolis paysages sur route d’une qualité superbe, nous arrivons enfin après 4 jours de voyage en bus, songtheow, tuk tuk  et moto, au tant attendu Sam Phan Bok.

Des trous dans une eau turquoise
Ici, aucun farangs (occidentaux) mais quelques touristes Thai sont présents. On y trouve quelques aménagements, et un escalier qui descend vers le Mékong.
Les 3000 trous, comme on les appelle, sont un phénomène géologique curieux. En effet, depuis des millions d’années, le fleuve creuse des trous dans la roche pendant la saison des pluies, puis quand arrive la saison sèche (en ce moment), il se retire et laisse apparaître son lent travail sur près de 2km. Il y fait une chaleur étouffante car on n’y trouve pas une parcelle d’ombre, et nous attendons donc que le soleil entame sa rapide descente avant de nous y aventurer plus avant. La lueur orangée du soleil de fin de journée colore les pierres et le ciel et forme un paysage majestueux. On explore le site pendant près de 2h, on grimpe tout en haut des plus hauts rochers, on redescend jusqu’au niveau du fleuve où l’on trempe nos pieds, on saute de rochers en rochers tels des cabris, bref on s’amuse bien.
Une fois tout en haut ça donne ça

Le canyon au coucher du soleil

Sibylle gambade allègrement
Mais, franchement, 4 jours de voyage pour ça…  On est un peu déçus, mais on a tellement galéré pour s’y rendre qu’aucun de nous n’ose afficher sa déception.
Bref, on aura quand même fait un lieu inconnu des touristes (pour une bonne raison peut être ?). D’autant plus que même l’accueil dans la région laissait clairement à désirer, mais je ne m’épancherai pas sur le sujet.


Le fameux canyon

Une pierre rouge sous le soleil


C’est donc heureux qui nous nous rendions le lendemain à Chong Mek pour traverser la frontière et pénétrer dans un pays qui nous surprendra à maintes reprises, le Laos.

N'oubliez pas de regarder les photos dans l'album en cliquant ici

vendredi 9 mai 2014

Népal : 1 mois en 10 minutes

On se rend pas compte, bien installé dans son canapé français, mais c'est vachement long à faire ces vidéos. Du coup la voilà enfin la vidéo notre trek au Népal.
En espérant qu'elle vous plaira autant qu'à nous.

Nous avons également appris qu'un bon nombre de personnes n'ont pas pu visionné la vidéo sur l'Inde, donc nous avons changé d'hébergeur en espérant que ça fonctionne. Si ça marche on mettra la vidéo de l'Inde également ici.


Népal : 1 mois en 10 minutes from florent luu on Vimeo.



jeudi 1 mai 2014

Chez les Karens : La vie au sein d’une ethnie minoritaire


Après Adriana Carambeu, Murielle Robin et Bruno Solo, « Rendez-vous en Terre inconnue » a le plaisir (narquois) de faire découvrir à la très respectée Sibylle V. le peuple Karen.

Dans le bus menant à la ville la plus proche des terres occupées par ce peuple, Florent, son interprète pour l’aventure,  lui dévoile l’histoire de cette population avec laquelle elle sera en contact pendant une semaine.

Elle apprenait ainsi que l'ethnie karen est un peuple de tradition nomade originaire des régions tibéto-birmanes. Probablement issu du Yunan et des hauts-plateaux birmans, le peuple se fixe au Nord de la Birmanie aux alentours du VIIIème siècle après Jésus-Christ, puis migre vers le sud à l’actuelle frontière entre la Birmanie et la Thaïlande. C’est donc au nord de la Thaïlande, dans le village Karen de Phadeh que la rencontre s’effectuera.

D’un point de vue pratique, il l’informa  qu’elle allait vivre chez Pi Watit et Pi Wanee, la famille Karen qui l’avait accueilli quatre ans auparavant, lorsqu’il faisait sa mission humanitaire là bas en apprenant l’anglais aux enfants karens.

Le bus fut relayé par une moto, seule capable d’avancer sur les pistes de terre rouge aux mille nids de poule. Après une bonne  heure de « route » l’aventure commença.

La moto s’arrêta au niveau d’une maison de bois rougeâtre. Pi Wanee (l’ourson), nous accueillit par un wai, qui est la jonction de la paume des mains comme un enfant de cœur, pour nous souhaiter la bienvenue. Puis elle regarda chaleureusement mon interprète avant de prononcer un « Teacher Flo » rempli d’émotion. Ce fut le seul mot que je la vis prononcer en anglais pendant toute cette aventure de sorte que je me demandais ce que Flo lui avait vraiment enseigné…

Enfin non, je me trompe, elle prononçait également très bien le « potato », Mathieu si tu me lis ça veut dire patate, qu’elle utilisa environ... cinq minutes après notre arrivée en brandissant un sac de pommes de terres.

Puis elle additionna ce dernier mot au prénom de l’interprète ce qui donna un « Flo potato ». Je ne comprenais pas. Flo semblait quant à lui très bien comprendre ; il s’empara des pommes de terre, discuta quelques secondes en Thai avec Pi Wanee avant de m’affirmer : « Elle souhaite qu’on fasse des patates sautées pour ce soir, pour fêter ça».

A peine étions nous arrivés que les voisins et anciens élèves de l’interprète débarquaient pour revoir teacher Flo. Il y eu Prayut et sa femme Pranie,  Sanan et sa femme, Santé, Kookai, Songkran, Maria, Kaka, Champu et j’en passe.


Les proches au grand complet
Tous étaient heureux de revoir Teacher Flo et évoquaient, dans les quelques minutes après les retrouvailles, les fameuses « Flo potatoes ».

moment rare: Flo arrive à faire rire une fille
Je n’en revenais pas : l’homme que j’avais surpris un jour mettre dans une poêle brulante un steak haché surgelé encore emballé dans son petit plastique, l’homme qui réussissait à rater des œufs durs et des pâtes, voyait ici son nom associé à celui d’un plat très apprécié. Il était en quelque sorte l’Auguste Escoffier, le Joël Robuchon des Karens !

Une cuisine vue sur jungle, insolite nan?
Vous l’aurez donc compris, la cuisine Karen, n’est pas vraiment un patrimoine qu’il est nécessaire de sauvegarder. S’il je devais choisir un seul mot pour la caractériser je prendrai le mot« Mortier ». Tous les aliments passent par celui-ci avant de finir dans notre bouche.

Le savoir faire est très simple : prenez un poulet, mettez le dans la bolinette du mortier, prenez le mortier et appuyez à coups répétés aussi fort qu’un marteau. Une fois que c’est bien broyé, passez 5 minutes à l’eau bouillante. Bon appétit !

Si vous voulez tenter un autre recette à base de poulet, vous pouvez aussi le couper en infimes morceaux, en prenant bien soin de laisser les os, puis passez 5 minutes à l’eau bouillante.

Mais attention le poulet ainsi que le porc ou toute autre viande est un met de fête ! Pendant la semaine, nous avions plus régulièrement des feuilles de je ne sais quoi bouillies. Là, pas besoin d’expliquer la recette, vous l’aurez comprise par vous même.

Non en fait le vrai patrimoine de cette minorité ethnique est partout, ailleurs que dans la cuisine. Il est dans les us et coutumes.

Par exemple, la tradition des tatouages pour les hommes. Lorsque leurs femmes accouchent, les maris souhaitent également participer à la douleur et se font faire des tatouages partant du dessous des hanches et finissant au dessus des genoux, étant entendu qu’ils font ça sans anesthésie avec des aiguilles de bambou (c’est pas les hommes de chez nous qui feraient ça hein ?). 

La cérémonie du partage de l’alcool est également une tradition à ne pas perdre ; Les buveurs s’installent en cercle sur le plancher. Une fois la bouteille ouverte, l’homme le plus important du cercle rempli l’unique verre (dont la taille n’excède pas celle de nos verres à liqueur)  et en verse le contenu sur le plancher en guise d’offrande à la terre. (Bon ce geste ne me semble pas primordial dans la tradition car un verre pour la terre c’est un verre de moins pour nous…). Puis le verre est rerempli et tourne dans le cercle selon le sens des aiguilles d’une montre. Quand le verre vous parvient vous avez l’obligation de le finir, sous peine de commettre un impair,  et vite fait (car votre voisin attend son tour). Puis vous tendez votre verre vide au maître de l’alcool afin que celui-ci le remplisse à l’attention de votre voisin. Ca c’est de la bonne tradition hein ? Après quelques verres d’alcool de riz, une fois que les bouteilles sont finies, il nous paraissait à la fois facile et difficile d’aller se coucher ; Facile parce qu’on aurait pu aisément le faire sur place, dans le cercle, et difficile parce qu’il fallait qu’on rejoigne notre lit : une natte de paille tissée, posée à même le plancher, vingt mètres plus loin.

Watit un homme polyvalent: alcool de riz ET calumet!
Le patrimoine artisanal des Karens est également et plus sérieusement à préserver. D’abord le tissage : les femmes tissent des « chemises » et sarongs d’une très grande beauté. Pour les enfants c’est le blanc, le bleu et rose pâle qui est à l’honneur. Pour les adultes les couleurs sont plus flachies, du marine mélangé à du rouge sang ou du rose fushia, le tout avec de nombreux motifs, des tresses qui pendent à certains endroits. Les plus belles tenues ont des motifs en grains de riz : ils s’en servent comme des parles en les perçant d’un bout à l’autre avant de les disposer sur la chemise. C’est hallucinant !

Pranie toute en beauté 
D’ailleurs, alors que Flo avait prévenu sa famille Karen qu’il reviendrait cette année, accompagné de sa fiancée,  Pi Wanee m’avait réservé un sarong et une chemise Karen  qu’elle avait tissée et cousue à mon attention. J’étais très émue et allais vite enfiler le tout pour être vêtue comme les gens d’ici, pour faire un peu moins tache qu’avec mes T-shirts.

En tenue Karen
Lors de ce séjour chez les Karens, nous n’éprouvions quasiment pas le besoin de sortir du village tant c’était convivial. Rudimentaire certes mais convivial.

Un jour toutefois, nous nous forçâmes à prendre la moto pour découvrir les merveilles naturelles des environs.  Les cascades sauvages ont fait notre bonheur: On y a piqué une tête.

A la cascade de Padeng

A Tararak
En rentrant  de nouveaux animaux de compagnie avaient élus domicile à « la maison » : deux bébés hiboux!!

Tu dis bonjour à Monique? 

Pi Watit les avait trouvé, errant dans la jungle et manifestement tombés du nid.  Pour lui c’était banal de voir ces animaux à la maison.
Pas pour nous et apparemment pas pour les enfants non plus! Nous étions tous ravis, nous voulions les prendre dans nos bras, voir leurs ailes, essayer de les faire voler. Bref nous avons passé notre après midi avec les gosses à chasser les geckos pour nourrir nos bébé hiboux.

Allez, fais nous un ptit vol pour Monique

Grande interrogation pour le hiboux
Je dis « nous » parce que je suis un peu frustrée et que je veux m’inclure un peu dans cette gloire d’être capable de capturer un gecko, de le tuer, de le passer au mortier, d’ouvrir le bec de nos hiboux et de déposer des morceaux de geckos sur leurs langues.

Mais il n’en était rien. Florent et moi apercevions de nombreux geckos dans la jungle et à peine tentions nous une approche que les geckos s’enfuyaient. Les enfants avaient vite compris qu’on était nul quant il s’agissait d’attraper des bêbêtes de la jungle. Ils nous ont gentiment demandé de rester là à les regarder plutôt que de faire fuir le repas des hiboux.

Le repas de nos hiboux
Ca paraissait si simple de les voir faire. Ils avaient l’approche silencieuse d’un chat, lorsqu’ils étaient suffisamment près, ils donnaient un coup violent de bâton pour assommer le reptile, puis le prenait par la queue jusqu’à la cuisine. Là, ils avaient suffisamment de tripes pour prendre un large couteau et BAM (les mauviettes que nous étions ne parvenaient même pas à regarder ça, nous détournions le regard peu avant le BAM) puis le mortier faisait son job.
Enfin les enfants apportaient les micros morceaux aux hiboux affamées.

Peu avant le BAM
Le soir venu, et alors que nous avions laissé les hiboux sur le parquet de « notre maison » qui était complètement ouverte sur la jungle, nous aperçûmes deux hiboux adultes, manifestement un mâle et une femelle, qui volaient autour de nous avant de se poser sur le manguier le plus proche.

Pas de doute, ils venaient chercher leurs petits. L’un des bébés s’envola près d’eux. Et tous trois repartirent. L’autre bébé resta là à piailler toute une partie de la nuit à attendre que ses parents reviennent. Au moment d’aller nous coucher, il piaillait encore alors que ça faisait près de quatre heures que ses parents étaient partis.  

Afin de ne pas livrer le bébé hibou aux chiens errants et autres bestioles de la jungle, nous décidions de le mettre dans notre chambre pour le reste de la nuit. Le lendemain rebelote,  il fallait trouver des geckos, le nourrir, et cette fois-ci c’était son jour de chance : Ses parents revinrent et l’emmenèrent avec eux.

Papa ou Maman sur le manguier 
J’ai l’impression que ce que je raconte est digne d’un Walt Disney, et pourtant c’est arrivé, aussi hallucinant que ça puisse paraître !

En tout cas, ça nous paraissait hallucinant à nous. Mais les Karens trouvaient cela normal et étaient, pour leur part, amusés de notre émerveillement d’enfant face à ce spectacle.

Le soir au cours du dîner, je me posais des questions philosophiques sur ce peuple vivant dans la jungle.

Les plus jeunes comprennent le Thai, les anciens ne le parlent pas du tout, et tous se parlent donc en Karen, ce langage d’un peuple sans terre, divisé entre la Thaïlande et la Birmanie et opprimé par chacun de ces Pays.

Ils n’ont certainement jamais entendu le son d’un piano, jamais vu de neige, jamais lu de livres (ils n’en ont pas), jamais vu la mer, jamais su (ou jamais voulu savoir) si la terre était ronde ou plate, jamais envisagé d’être médecin, architecte, vétérinaire...

Nos manières de vivre s’opposent en tout points. Et pourtant des questions me taraudent :

Si nous leur faisions écouter la flute enchantée, s’ils voyaient de la neige, s’ils lisaient "Les trois Mousquetaires, bref, si nous leur montrions du beau, si nous leurs faisions gouter du bon, seraient-ils émerveillés où resteraient-ils indifférents à ces arts ?

Après le diner j’allais chercher mon ordinateur et montrais à Santé et Pi Watit les photos du Népal.

Une discussion avec Santé
Ils étaient émerveillés par la majesté de ces paysages blanchis par la neige qui lui paraissaient inacessibles.

Plus tard dans le séjour, nous leur faisions gouter du Nutella que nous avions dans nos sacs : ils trouvaient cela bon (surtout à mélanger avec le riz).

A table!
Au final et sur des choses aussi importantes que la neige et le Nutella, ils avaient la même notion que nous de ce qui était beau et de ce qui était bon !

A notre départ, Pi Watit et Pi Wanee nous firent promettre (en Thai) de revenir quant nous aurions notre premier enfant.

Nous acquiescions avant de chevaucher notre Honda direction, Sukhothai.

PS: Si vous souhaitez voir le comportement lâche de Flo lors de la chasse d'un insecte-oiseau, cliquez sur la vidéo suivante;

PS bis: Si vous souhaitez voir plus de photos de nos moments chez les karens, allez dans la rubrique Pays, puis Thaïlande, puis albums photos, et enfin sélectionnez "Chez les karens".