vendredi 31 octobre 2014

Pingyao 平遥: Où l’on corrompt un garde chinois ?

L’autobus sort de l’autoroute. Il passe le péage et s’arrête. Le sbire du conducteur nous fait signe que c’est notre escale et qu’il nous faut descendre. Il sort. Nous le suivons. Il ouvre les soutes. Il sort nos bagages. Il rerentre dans le bus. La porte du bus se ferme. Le bus s’en va. On est abasourdi. On explose de rire, c’est nerveux !
Nous sommes censés être arrivés dans le plus beau village de la Chine Ancienne, nous sommes à la sortie de l’autoroute, au niveau d’un péage.
Nous marchons.

Une demi heure plus tard, on aperçoit un boulevard, puis deux, puis une énorme ville moderne. L’un des panneaux de signalisation indiquait la ville historique. Nous prenons cette direction pendant une petite heure et nous devinons la muraille qui encercle la vieille cité.

Les remparts de la ville
Nous passons ces remparts et tombons sous le charme de la Chine Impériale, de la Chine des Aventures de Tintin dans le Lotus Bleu (ça c’est de la référence).

Des ruelles pavées qui portent encore l’empreinte des roues des charrettes qui jadis passaient là, des maisons traditionnelles protégées par un torchis orangé et articulées autour d’une cour rectangulaire, des commerces aux devantures de bois sculpté...

Notre Hôtel se situait justement dans l’une de ces maisons traditionnelles. Nous appréhendions sur la qualité de celui ci.
La Chine n’étant pas un pays de Backpackers, les prix sont souvent élevés et il est difficile de trouver des «  bons plans ». Du coup nous avons décidé de réserver les nouveaux hôtels, ceux qui viennent d’ouvrir et n’ont donc pas encore de réputation internet. Bref ceux qui pratiquent des prix plus bas que les autres.
Un habitant de Pingyao nous aide à trouver le chemin de notre hôtel. On longe un champ improvisé où un âne attelé à une charrette attendait, puis on passe une basse porte de bois sur laquelle est affiché un gribouillis chinois. Nous sommes dans la cour d’une ferme en U. L’homme nous fait comprendre que c’est ici, et c’est à ce moment là que la propriétaire des lieux nous accueillis chaleureusement  (bien que nous ne comprenions rien à ce qu’elle disait) en nous accompagnant dans l’unique aile restaurée, celle du milieu du U.
C’était exactement ce que nous cherchions : l’authentique mêlé au confort du neuf.
Puis la propriétaire s’en alla subitement pour revenir quelques minutes plus tard les bras chargés de sorte de petites pommes son jardin et de « moon cakes » (l’un des gâteaux traditionnels chinois) qu’elle nous avait préparés.

petits fruits et moon cakes
C’est aussi ça être les premiers clients d’un hôtel : être bichonné par un propriétaire à la fois flatté et fier que son établissement se remplisse. Mais être les premiers clients d’un hôtel, c’est aussi découvrir des choses inattendues. Ici, c’était le lit.
Un lit « kang » (lit traditionnel), soit une paillasse sur haute estrade en brique.
C’était tellement dur qu’on décidait que notre couette servirait de matelas.
En hiver les locaux mettent des braises sous l’estrade qui s’ouvre par une sorte de fenêtre. Heureusement nous n’étions qu’au début de l’automne, parce que perso, dormir sur une paillasse, par principe en paille, au dessus de braises je ne le sens pas vraiment ou plutôt, je sens le cochon grillé d'avance...
La découverte du moon cake mérite elle aussi une petite description.
Mais comment vous le décrire sans vous décourager ?
Alors le « moon cake », c’est un gâteau dont chacune des bouchées a l’avantage de vous nourrir pour plusieurs jours. Il a également l’avantage de remplacer le Smecta. On fera donc des économies sur notre trousse à pharmacie.

Le soir venu, nous nous installons dans la cour rectangulaire de l’un des Siheyuan (demeures anciennes de la ville) pour y « SoupeDeNouiller ».

Une cour typique de Siheyuan
Nous faisons le point sur nos visites du lendemain et l’obstacle financier se profile pour la fin de notre périple en Chine. 
En effet, si la Chine n’est pas un pays trop cher concernant l’hôtellerie et la nourriture, les transports représentent un coût non négligeable, (surtout que nous traversons cet Empire du Laos à la Mongolie) tandis que les prix des visites vous achèvent littéralement.
Chaque haut lieu à visiter coûte en moyenne 160Yuans par personne, soit 40 euros à 2. Nous en avons une quinzaine à visiter pour ce premier mois en Chine, ce qui représente donc un budget de 600 euros par mois juste pour entrer dans les sites. Nous n’avons pas ce budget. Nous sommes donc contraint de faire des économies et de subir certaines privations.
Ce jour là dans notre cour rectangulaire, nous avions à nouveau un dilemme économique. Le billet unique pour visiter « les musées » de la ville et sa muraille coûte encore 160 Yuans par personne. Or notre Routard nous indique que si la balade dans la ville (gratuite et à satiété) est inévitable, les musées n’ont que peu d’intérêt à l’exception toutefois des remparts, qui sont censés offrir une balade insolite et impressionnante. La problématique est donc : « Doit-on encore payer 40 euros uniquement pour la balade sur les remparts ? ».

Non, on ne prendra pas le billet unique de la ville, mais nous ne nous avouons pas vaincus pour autant. La solution trouvée autour de la soupe de nouille était la suivante : nous marcherons aux pieds des remparts, et à l’une des entrées nous tenterons de corrompre l’un des gardiens pour y monter.
C’est le cœur allégé par cette solution digne et honorable que nous retrouvons notre paillasse.

notre hôtel de nuit.
Le lendemain, notre mission première consistait à mettre notre plan a exécution. Nous longeons donc les pieds des remparts délaissés par les touristes au profit de leur tête. Au loin l’une des entrées se profile. Nous l’atteignons. Nous arrivons devant le garde qui nous demande notre ticket. Nous faisons mine de ne pas savoir qu’il fallait un ticket spécifique, nous lui affirmons que nous ne souhaitons pas avoir un ticket pour tous les musées de la ville mais uniquement pour les remparts et nous lui en demandons le prix, cette demande étant bien entendue accompagnée de notre plus expressive tête d’abrutis, pour une meilleure crédibilité et de la tenue d’un joli billet : l’appât. Le garde continue de nous faire signe qu’il faut acheter le ticket global ailleurs ; là où il pointe le doigt. Nous allions nous retourner lorsqu’il va chercher derrière son bureau un papier à l’attention d’un touriste occidental. « Bonjour, je collectionne les monnaies étrangères et ça me ferait plaisir que vous participiez à l’agrandissement de ma collection ».
Ahhh le garde commençait à nous intéresser et à entrer dans notre plan. Nous cherchons dans notre portefeuille les kip laotiennes que nous n’avions pas pu échanger en chine, cette monnaye étant ici inconnue de toutes les banques… Par chance, les kips laotiennes se comptent en milliers. Une telle quantité de zéros sur les billets pourrait impressionner le garde !

Nous lui tendons donc les kips qu’il nous restait. Le garde les prends, nous dis merci en chinois et … c’est tout. Nous lui faisons comprendre que nous souhaitons passer son tourniquet mais il continue de nous faire « nan-nan » de la tête. Alors là, on s’attendait à tout sauf à ça. Il nous a pris pour des jambons ou quoi ? On lui reprend les kips des mains. Il est dégouté…  nous aussi.

Pas simple à corrompre un chinois quand on ne parle pas la langue.

Une seule idée me tiraillait : trouver la solution pour voir la cime de la muraille sans payer le ticket global.

Minus me consulta.
-       « Flo : Et maintenant Cortex, on fait quoi ? .
-       Moi : On va conquérir le monde.
-       Flo : Et comment qu’on va faire Cortex ? "

A l’abri des oreilles indiscrètes je lui exposai mon plan B.
Celui-ci repose sur mon maître mot à savoir « il y a toujours une faille, trouve là! ».

Comment faire pour trouver la faille de la muraille de Pingyao? Pour nous imprégner du problème il faut l’approcher, l’espionner, ne pas la lâcher.

Les mauvais plans de Minus (cf la dalle de là haut)
On la longe.
Pas de faille. Tout à coup on voit une rampe d’accès dépourvue de garde. On la franchit et là haut, une porte. On pousse. De toutes nos forces. Elle ne bouge pas d’un iota. De là haut, même du mauvais côté de la porte, on a une petite vue sur la cime de la muraille. On voit les tours de guet, le pavement au sol mais on manque soit de proximité soit de hauteur pour la voir aisément.

Flo à la porte.
-       « Flo : Alors Cortex, on a conquis le monde ?
-       Moi : Pas encore Minus.
-       - Et comment qu’on va faire pour conquérir le monde ?"

J’exposai mon plan C. Minus trouvait l’idée géniale. Il me suivit.
Le plan C reposait sur mon maître mot n°2 à savoir « S’il n’y a pas de faille dans l’objet de ta convoitise, il y en a une dans un objet tiers qui donne accès à l’objet de ta convoitise». Tu me suis toujours ou je t’ai hypnotisé ?

On part donc à la recherche d’une haute Siheyuan (une maison traditionnelle) qui fait face au mur. Le but, en trouver une au moins aussi haute que les remparts pour voir distinctement leur cime.

A la recherche d'une Sehuyan
On continue donc de longer le mur mais en regardant les Siheyuan cette fois-ci.
Un chien aboie et attire notre attention. Il est au pied d’une haute Siheyuan abandonnée. Ca semble parfait. On monte les escaliers qui mènent au toit-terrasse. Là haut, on contemple notre objectif : Nous avons conquis le monde !

Les remparts
Une tour de guet
On voyait à quoi ressemblait le haut d’un des remparts les plus hauts et les plus larges de Chine.

Nos traditionnels chemins de ronde font pâle figure à côté d’eux.  Dans les films médiévaux on voit bien le problème : la cime des murs manque de largeur ! Du coup, les gardes perdent équilibre, peinent à se croiser ou à faire d’amples mouvements. Les réalisateurs n’auraient pas à faire face à ce problème s’ils choisissaient les remparts de Pingyao. Combien d’acteurs seraient encore là aujourd’hui s’ils avaient combattus depuis le mur en face de nous?

Alors on continue de regarder ce mur salvateur aux tours de guet toutes intactes, au pavement si parfait, au prix tellement aberrant que c’est jouissif d’être parvenu à le voir sans payer ce fameux billet!

On était tellement omnubilés par ce mur qu’on ne s’est pas douté un instant que ce qui allait au moins autant nous convaincre, ce serait la vue sur tous les toits des Siheyuan.

Vue sur les toits
Une vision poétique.
Le temps d’un songe, vous vous déchaussiez, vous teniez vous souliers par une main, et vous entrepreniez une marche de faît en faît, des sauts de gargouilles-dragons en gargouilles-dragons, et quelques arrêts-méditation.
Un chat passe.
Il vous vole la vedette de votre songe.
Il est temps de rentrer.

Contents de notre toit- terrasse 


envie d'être un chat de goutières
Le jour suivant sera dédié aux zones non touristiques de la ville.
C’est un Pingyao moins clinquant mais tout aussi beau que nous découvrons.

Là, au pieds du mur, un groupe d’homme se rassemble autour d’un jeu de Majong, plus loin on croisera une charrue qui transportait du purin à raz bord nous forçant un bouchage de nez pendant 10 minutes, ce sera ensuite à l’âne-frustré de faire son entrée en scène. Un âne attaché à un arbre avec si peu de mou qu’il ne pouvait même pas brouter l’herbe à ses pieds. Il arracha la pitié de Florent qui désherba le secteur pour lui. 

La charrue qui pue!
Deux ânes se tenant compagnie.
Puis, une mélodie. Un chanteur ? ah non c’est un vendeur de pommes ambulant. A une vingtaine de mètres, la mélodie s’arrête. Un client s’approvisionne à ce cycliste-marchand, et la mélodie reprend de plus belle. Que chante-t-il ? Une ode à ses pommes ? On l’imagine aisément : « Je vends des pommes, des pommes bien mures, ce sont mes pommes, un produit sure, je vends des pommes… ». 

le chanteur-vendeur de pommes
Au gré de la marche dans les rues isolées, les pommes sont remplacées, non plus de manière sonore mais de manière olfactive, par la cuisson de tofu puant. Une odeur capable de vous donner des hauts le cœur ; une odeur capable de faire saliver plus d’un chinois… Ahh oui c’est sure, tous les gouts sont dans la nature !

Encore une soirée dans cette ville sortie tout droit du lotus bleu et au petit matin à l’heure ou blanchit la campagne nous partirons, pour l’un des voyage les plus agréable: le TGV chinois. 3 heures pour 600 km. On retrouvait un court instant une notion française de ce qu’est, un trajet rondement mené.
Le petit plus des TGV chinois : un très grand espace pour vos jambes.

Le petit (gros) moins: ça reste un compartiment de roteurs, de racleurs de george, et de bailleurs-hurleurs (parce qu’on ne change pas une équipe qui gagne !).

jeudi 23 octobre 2014

Xian 西 安 : Quand on fait ce que l’on doit

Nous voilà arrivés à Xi’an. Certainement l’une des étapes les plus attendues de notre séjour en Chine. En effet, si l’on connaît l’Empire du milieu pour sa Grande Muraille, difficile d’omettre l’armée de soldats en terre cuite de Xi’an. Près de 6000 soldats, tous différents et à taille réelle furent ensevelis avec l’Empereur Qin il y a plus de 2000 ans pour lui faciliter son passage dans l’au delà. On a déjà vu plein de photos, mais c’est avec une farouche impatience que l’on attendait de déambuler au milieu de cette armée ensevelie avant J-C et redécouverte il y a seulement une 30aine d’années.
Nous prévoyons d’y passer 2-3 jours. Le site, qui accueille de centaines de milliers de Chinois chaque année, se situe hors de la ville. Mais nous avions tout de même regardé sur internet les différentes auberges de jeunesse de la ville. Malheureusement, la popularité de ces soldats est telle, que les tarifs sont exorbitants. Nous finissons par opter pour la solution la plus économique : un appart’hotel à quelques minutes du centre ville. 

Nous arrivons à la gare routière avec un retard tout à fait honorable de 3h. Il est 1h du matin, et compte tenu de la taille de la ville, il est hors de question de se rendre jusqu’à notre logement à pied. Nous prenons donc un taxi et lui montrons l’adresse en chinois. Il est d’accord. Après 30 minutes de trajet, il nous dépose en nous indiquant un gros immeuble sur le trottoir d’en face. La rue est déserte, mais nous trouvons tout de même 2 gardiens en service en bas de l’immeuble. Nous leur montrons à nouveau l’adresse, et ils nous font comprendre que nous devons continuer notre chemin. Nous marchons donc 5 minutes en montrant régulièrement l’adresse. Nous discernons enfin une grande tour qui aurait tout à fait sa place à Sarcelles, ou toute autre banlieue pourrie de la région parisienne. Alors que nous approchons de cet ignoble immeuble que les quelques couche-tard encore debout nous ont indiqués comme étant notre destination finale, une femme accourt vers nous en nous tendant sa carte de visite. Elle ne parle pas un mot d’anglais mais sa carte de visite, elle, arbore le même numéro de téléphone que sur notre réservation. Ce doit être ça, et nous la suivons. Nous avions indiqué que nous arriverions vers 23h, elle a du nous attendre toute la soirée sur le trottoir…
L'immeuble en question, ça donne envie hein?
L'adorable entrée de notre immeuble
Elle nous guide jusqu’à un ascenseur piteux, puis à travers un dédale de couloirs sales et mal entretenus jusqu’à son appartement. Nous comprenons alors le terme « Appart’hotel » en Chine. Comme son habitation était trop grande pour elle, elle (et beaucoup d’autres dans l’immeuble) a décidé de louer des chambres aux touristes. Nous avons de la chance, car notre chambre ferme à clé et est bien plus propre que le reste de l’immeuble. Mais l’ambiance qui nous entoure est un peu glauque. Nous irons visiter les « Terra Cotta warriors » dès le lendemain.
Nous prenons l’un des nombreux bus qui s’y rendent directement et arrivons une petite heure plus tard. A la sortie du bus, nous faisons la rencontre de Juergen et Georgina, un couple anglais de voyageurs au long cours. La différence notable entre leur voyage et le nôtre, c’est le budget, et les destinations. Ils ont ainsi commencé par le Japon, puis, pour ne pas se gâcher le reste de l’Asie (le Japon étant tellement parfait), ont décidé de faire l’Afrique, puis l’Asie Centrale avant de revenir en Mongolie puis en Chine pour visiter l’Extrême-Orient. Ce genre de caprice onéreux était inenvisageable pour nous, mais leur voyage faisait vraiment rêver. Comme on ne sait pas vraiment où aller, et eux non plus, on décide de rester ensemble. On trouve enfin l’entrée de cet immense complexe touristique. On paye notre ticket en grinçant des dents (20 euros par personne ça fait mal), puis on se dirige vers la première fosse (pit). Georgina, qui a lu plus d’informations que nous sur le sujet, nous indique qu’il vaut mieux faire le parcours à l’envers, en commençant par le « pit » n°3, puis le 2 et finir par le premier. Nous n’émettons pas d’objections, et débutons la visite… 
Nous retenons notre souffle, le moment tant attendu est là. Nous allons enfin pénétrer dans « le poste de commandement » de l’armée. Nous parcourons les quelques mètres qui nous séparent du bord de la fosse, et, enfin, nous les voyons… Le moment est émouvant. Oui, nous les voyons, ces centaines de Chinois entassés sur la balustrade.
 Nous jouons des coudes et parvenons au bord, où la vue est étonnante : il n’y a pas (ou presque) de soldats. Nous n’en revenons pas, bien que ce soit le « pit » le moins impressionnant, nous ne nous attendions pas à ne rien voir. Les quelques soldats encore présents, sont pour la plupart à moitié détruits, ou encore enterrés. Quelle déception !
Le pit n°1...Super
Nous faisons rapidement le tour de la fosse, puis nous dirigeons vers le pit n°2. Là encore ce qu’il reste de l’armée est décevant, bien que l’on distingue un peu plus de détails, et quelques soldats encore debout. Nous contournons, puis arrivons dans un espace aménagé en musée, où certains éléments caractéristiques et particulièrement bien conservés ont été remontés des fosses et sont désormais sous verre. On y verra l’un des rares (si ce n’est l’unique) archers « un genou à terre » ou un quadrige et quelques unes des rares armes qui n’avaient pas été pillées des siècles auparavant.

La surprenante fosse 2 ... vide

L'archer en question
Et le quadrige
Je retiens également une belle lame d’épée, qui contient des traces de chrome, garantissant une plus grande durabilité, technologie soi-disant inventée au 20e siècle par les Américains, mais qui serait apparue en Chine 2200 ans plus tôt !

L'épée du futur !
Bref, une fosse un peu moins décevante, mais toujours pas à la hauteur de nos attentes. Nous passons enfin à la dernière et censée être la plus impressionnante car abritant près de 6000 soldats.
Si nous avions trouvé oppressante la visite des 2 dernières fosses à cause du nombre de touristes Chinois, ce dernier pit est à un autre niveau. 2 à 3 fois plus grands que les autres, il y a 10x plus de monde. On se croirait dans la queue d’une attraction phare d’Eurodisney. Il nous faut jouer des coudes et attendre de longues minutes afin d’atteindre la balustrade et son point de vue sur l’armée. D’ici, la vue est plus impressionnante, mais tout de même pas ce que l’on espérait.

Le fameux pit 3, impressionnant, sans plus...
Un détail des soldats
 On croyait pouvoir déambuler au milieu des rangées de soldats, leur taper dans le dos et leur faire la bise, mais tout ce qu’on a le droit de faire c’est contourner une immense fosse où il manque près de la moitié des soldats qui sont, soit en rénovation, soit en exposition dans les plus grands musées du monde. Avec la foule on perd nos anglais, et on continue donc le tour de la fosse tout seul.


Quand nous sortons, nous sommes carrément désappointés. Voilà donc l’armée de Terra Cota complètement démystifiée. On décide de trouver la sortie, et on remarque alors que Juergen et Georgina nous ont attendus dehors. Sympa !
On va les retrouver, eux aussi sont déçus (et franchement qui ne le serait pas ?), et on rentre à Xi’an tous ensemble avant de faire une pause dans nos « hôtels » respectifs et se donner rendez-vous pour diner le soir même en centre ville.


La bell tower
Le meeting point est sous la tour de la cloche pour aller diner dans le quartier musulman. Le quartier en question s’articule autour d’une mosquée cachée par un dédale de petites ruelles, elles-mêmes infestées d’innombrables échoppes de souvenirs et de bouffe de tout style. Entre autre, on y trouve des dizaines de magasins de nougat fait sur place avec tout un cérémonial destiné à attirer le badaud, comme nous. Du coup me voilà en train de frapper avec une grosse masse en bois sur du nougat aux cacahouètes. En guise de diner, on se contentera d’un genre de muffin fourré de viande d’agneau (ou bien de chien, tout est possible ici), et d’errer pendant quelques heures dans ce sympathique quartier, rempli jusqu’à la gueule de tous les chinois de l’après midi. Ces touristes…
Du travail, encore du travail !
Un stand du quartier musulman

Après cette agréable soirée, nous reprenons rendez-vous avec nos anglais pour le lendemain, afin d’aller visiter une maison traditionnelle dans le quartier musulman ainsi que la mosquée.

13h05, on est presque à l’heure, à peine 5 minutes de retard. Alors qu’on se félicite de cet exploit, on remarque nos nouveaux amis qui, en bons anglais, sont eux parfaitement à l’heure. Tant pis, on aura donné tout ce qu’on avait.
Notre joyeuse bande se dirige à nouveau vers le quartier musulman, Juergen et moi 100m devant nos bavardes compagnes. Enfin nous arrivons devant la fameuse « Xi’an folk house » que nous souhaitons visiter. Nous, les garçons, nous asseyons pour attendre nos douces âmes sœurs qui flânent gracieusement jusqu’à nous. On peut enfin entrer et payer. On opte pour la formule tout compris : visite de la maison, spectacle de jeu d’ombres et dégustation de thé.
Comme on a déjà vu la qualité exceptionnelle des ombres chinoises à Chengdu, Sibylle et moi sommes pressés de faire découvrir ça à nos amis. Le spectacle commence presque immédiatement, dans une petite salle d’une vingtaine de places. Mais ça n’a rien à voir avec des ombres chinoises, il s’agit d’un spectacle de marionnettes dont on ne voit que les ombres, et qui raconte visiblement des histoires très drôles… en chinois. Nous on ne comprend rien. Les marionnettes ne sont pas particulièrement belles, ni même sophistiquées, et le spectacle prend rapidement l’allure d’un calvaire. Comme l’idée de faire le spectacle et de visiter la maison venait de nous, on se sent un peu con. Mais la suite de la visite devrait s’avérer plus intéressante. Du moins on l’espère.
Après 20 minutes de cris aigus et de gesticulations difficiles, le supplice s’arrête enfin et l’on commence la visite.

Les fameuses marionnettes
Là encore, quelle déception, nous qui avions été enchantés par les sublimes maisons traditionnelles du Yunnan, nous voilà face à une maison sans intérêt, mal ou pas rénovée. Les pièces sont vides, ou abritent des collections affreuses d’artistes méconnus, etc… On en vient même à s ‘excuser auprès de nos amis de leur imposer cette visite. Mais comme eux n’ont pas encore vu le Yunnan, la maison semble leur plaire, et ils nous assurent que nos excuses sont sans raison. Après cette visite, il nous reste tout de même la cérémonie du thé. Difficile que ce soit raté. Et en effet, c’est plutôt réussi. Comme à Jianshui où j’avais acheté une petite théière après une dégustation, nous assistons à une cérémonie en bonne et due forme. Petit plus : la jeune femme qui nous sert parle anglais et les thés que nous dégustons sont délicieux. Je sens encore le goût du thé au lychee sur mes papilles. Une vraie merveille.
En plein dégustation
Au moins ça, ç’aura été réussi. C’est déjà ça. 
Nous voilà en chemin, dans l’ordre habituel, les garçons devant, les filles derrière, vers la Mosquée. Après nous être perdus 1 ou 2 fois, nous arrivons enfin devant. Elle est bien cachée par d’autres maisons mais on reconnaît le croissant de lune qui la symbolise. Elle n’a rien d’une mosquée comme on imagine, on dirait plutôt un temple Chinois, avec ses toits qui rebiquent et tout le tintouin. On s’approche pour entrer, les filles devant cette fois-ci. Quelle erreur, elles avaient pas du réfléchir ce matin car elles sont toutes les 2 en débardeurs et mini short. Pas exactement la tenue idéale pour visiter une mosquée… Comme elles n’ont rien pour se couvrir, elles font demi-tour, et Juergen et moi décidons d’aller quand même y jeter un coup d’œil. C’est sur que nous on rentre !
Et bien non, nous non plus on a pas du réfléchir en nous habillant, on est tous les 2 en shorts et tongs, du coup on nous refoule également… Décidément, quelle réussite cette journée.

L'entrée infranchissable de la Mosquée

Une photo volée de l'intérieur de la mosquée

En fin de compte, et en désespoir de cause, on passe le reste de la journée à errer sans but dans les rues de la ville, et pour finir on va boire une bière dans leur hôtel. 
Après avoir échangé emails et facebook, on rentre dans nos pénates pour nous préparer au trajet du lendemain, direction : Pingyao.

samedi 18 octobre 2014

Chengdu 成都市: Pô, attends nous


Concessions. S’il y a bien une personne dans ce couple qui peut vous en parler, c’est bien moi !

Alors faire un voyage à deux, c’est super. Au départ, on veut tous les deux la même chose : de l’authenticité, des rapports humains, de l’aventure, des sensations fortes, des émerveillements, de la beauté…

Tout ça, c’est bien beau, mais ce ne sont que des concepts abstraits. Sur place, la réalité nous rattrape.

« Que faire aujourd’hui ? », « Quelle sera notre prochaine destination ? ». Et souvent l’un voulait une destination ou une activité avec des animaux (Flo), tandis que l’autre préférait les vieilles pierres (moi). Du coup, on essaye officiellement d’alterner mais je me fais souvent avoir.

Soyons honnêtes. Visiter un zoo à notre âge c’est 10 fois plus chiant que de se faire une nouvelle ville, de se prendre un thé dans une maison traditionnelle chinoise, ou tant d’autres choses passionnantes.

Par bonheur, j’avais éludé la visite de la réserve d’oiseaux de Kuala Lumpur « grâce » à la dengue. En y revenant, Flo était tout émerveillé et il se sentait obligé de me raconter la longueur de leurs ailes, l’utilisation du bec, le nombre de leurs plumes, et autre informations primordiales. Je faisais mine de trouver ça très intéressant, puis affaire classée, on en parle plus.

Ca c’était  sans compter sur l’intervention de mon cousin Steffen, ex-résident de Singapour. Nous l’avions consulté pour savoir ce que nous pourrions faire dans « sa » ville. Ce dernier n’a rien trouvé de mieux à dire qu’il y avait là bas un super zoo, l’un des plus fourni au monde, un « incontournable », fin de l’aberrante a citation.
Quel gâchis, quand on a un pays si petit d’installer un immense zoo pensais-je. Malheureusement pour moi, Flo pensait exactement le contraire. Nous devions donc entrer dans un long débat ou chacun devait exposer ses arguments pour échapper ou visiter le zoo. Puisque le pays coûtait très cher de sorte que nous ne pouvions nous y attarder, et compte tenu du fait que Flo venait de visiter la réserve d’oiseaux de Kuala Lumpur, j’avais obtenu gain de cause : Nous échapperons au zoo de Singapour.

L’obstacle des zoos et autres réserves naturelles se posait à nouveau, ici, à Chengdu. Flo voulait visiter la réserve de pandas et là, mes arguments étaient trop faibles : Nous avions le temps, la Chine ne coûtait pas trop cher, et … nous avions raté le zoo de Singapour. L’argument de Flo était quant à lui simple, simpliste (comme toujours quand il s’agit de Flo),  et … imparable. Il se décrivait en deux lettres : Pô. Oui, oui, Pô le héros du film Kung-fu Panda de Pixar. « Moi je veux voir Pô », lançait Flo le dur de dur.

J’étais contrainte de céder.

Sachant que pour ce genre d’activités Flo ne supportait pas le moindre retard, nous étions au guichet à l’heure d’ouverture du parc.
On avance au lieu indiqué pour les pandas géants puis, on les voit dans leurs espaces. Ils sont là, certains sont allongés, d’autres assis nonchalamment, sur leur cabane de bois.

Les glandeurs et héros du parc
Nous avons vraiment bien fait de venir aux aurores, moment de la journée où ils sont le plus actifs, car en effet, nous pouvons admirer un mouvement toutes les cinq minutes. C’était incroyable. Tout était au ralenti. Ils mangeaient une tige de bambou de 30 cm en une demi heure.
Grosse activité chez les pandas
Une fois cependant la vitesse de l’un d’eux m’a marquée : L’un des pandas était avachi assis sur le bord de sa cabane surélevée. Tout à coup, il bascule. Il n’a pas le temps de multiplier les gestes qui lui permettraient de se rattraper. Il tombe de 3 mètre.

Ahhhhh voilà ! Là on a de l’action...

Le panda se relève comme si de rien était et entame sa lente ascension pour retrouver la même place. Flo était aux anges. Il ne voulait rien rater  de ce film d’action.
Je parvins à lui faire rebrousser chemin en lui annonçant que j’allais, pour ma part, visiter la nurserie.

Après une longue queue, on aperçoit les masses pales, pas plus grandes qu’un cochon d’inde.

Bienvenu dans un monde en couleur...
Certains sont en couveuse, d’autres sont dans un parc pour bébés. Puisque les chiens ne font pas des chats, les bébés pandas adoptaient le même comportement que leurs parents : ils dormaient. Mais je dois avouer qu’ils étaient très mignons et m’attendrissais même à la simple ouverture d’une paupière.

Dans le parc on s'éclate!
Enfin, nous terminions la visite du parc par la section des pandas roux : des êtres super-hyper-actifs si on les compare à leurs cousins en noirs et blancs.

En mode chasseur
Eux c’est un mélange entre l’ours et le renard. Ils s’activent d’arbres en arbres et semblent avoir un emploi du temps bien rempli.

Elle est pas belle la vie?
Sur le chemin de la sorti, on aperçoit un bâtiment sur lequel est écrit «  Panda Clinic ». On a bien envi d’y jeter un coup d’oeil  pour voir l’hospitalisation d’un  panda.
Sur la porte d’entrée en verre, beaucoup (trop) de texte est écrit en chinois. Ce doit être compliqué d’entrer là. Il nous faut un plan. On se consulte et on trouve une stratégie. Ce sera à Flo, qui parle mieux anglais que moi, de la mettre en œuvre.
On entre.

-     Florent « Bonjour, j’ai mon panda qui est hospitalisé chez vous, on vient lui rendre une petite visite »
-       L’homme : Ah. Mais ici c’est juste un museum où sont exposés les squelettes.
-       Florent : Ah. On arrive trop tard alors ».

On baisse la tête. On va voir les squelettes. Pour plus de crédibilité on fait mine d’en reconnaître un et on ressort les larmes (de rire) aux yeux.

L’après midi était réservée à la visite du temple Wenshu qui comporte un immense jardin. L’ambiance est sereine. 

Une ambiance sereine au temple Wenshu
Nous avions un magnifique parc parsemé de sorte de kiosques à la chinoise où les habitats de Chengdu pratiquent le tai chi, des pièces d’eau empoissonnées et des joueurs de majong, le jeux d’échec chinois.

Tai chi sous le kiosque?
Ou majong près de la pièce d'eau?

Pour moi ce sera visite de l'un des pavillons du jardin
Idéal pour faire une pause, bouquiner un peu ; lire jusqu’à ce que la luminosité devienne si faible qu’elle nous rappelle que nous devons nous rendre à l’opéra.

Faire une pause dans la fraicheur de l'éventail
Ce n’était pas à proprement parler, un opéra. C’était une « maison de thé-théâtre » qui présente certains soirs des numéros de l’opéra traditionnel du Sichuan (région dans laquelle nous nous trouvons), vieux de plus de 250 ans.

Puisque nous sommes en avance, nous avons droit à la visite des coulisses ainsi que celui d’assister au maquillage des acteurs. 

Le maquillage d'une actrice
Moyennant quelques yuans, certaines spectatrices demandaient à se faire maquiller et habiller avec l’un des costumes traditionnels de l’opéra. Elles étaient ensuite photographiées par un professionnel devant un décor approprié. C’était… RI-DI-CU-LE et ce d’autant plus que ce n’était pas une attraction pour les enfants mais bel et bien pour des adultes, parfois même pour des femmes d’un certain âge. 

Le maquillage d'une clients
Un charabia résonne dans le micro. Nous rejoignons nos places où une élégante « serveuse » chinoise nous servit un thé à l’aide d’une théière dont le bec faisait au moins un mètre. Cette longueur lui permettait d’atteindre toutes les personnes d’une même rangée sans quitter les allées

Avant le commencement véritable du spectacle, une mise en bouche débuta : la cérémonie du thé. Les chinois la regardaient à peine. Mais pour nous, petits français qui n’avons pas la culture du thé, ce fut l’un des clous du spectacle.

Armée de sa théière-cigogne

Deux serveuses de thé pratiquaient sur scène, un art qui consistait à servir le thé tout en pratiquant une danse sportive. L’habituel ruban de la GRS était ici remplacé par ces théières-cigognes. N’hésitez pas à cliquer sur la vidéo en bas de l’article pour découvrir cet art.

Service du thé en dansant

Deux grâces
Puis, le spectacle commença. Il y eut un orchestre qui entonnait des musiques traditionnelles de Chine, des danseurs, une joueuse de guitare à deux cordes, un génie qui présentait avec une exceptionnelle poésie son show d’ombres chinoises. Il y eut ensuite un sketch qui était apparemment hilarant. Pour nous, c’était du chinois.
Enfin, il y eut le tant attendu show des changements de masques qui fit la réputation de l’opéra du Sichuan. Au cours de ce show, les artistes changent de masque comme par magie. 

Les danseurs

Les ombres chinoises
Nous n’avons pas élucidé le « truc ». Et vous l’avez-vous élucidé ? Pour vous donner cette chance nous avons également filmé une partie de ce spectacle alors cliquez sur la vidéo en bas, vous allez voir, c’est bluffant.

C’est donc la tête pleine de magie que nous nous rendions à notre hôtel. Mais avant ça, nous souhaitions faire le très réputé « Bisou d’ailleurs » devant le magnifique pont de la ville illuminé le soir. Nous l’atteignons et là commence l’installation. Flo fait des essaies en me prenant seule en photo pour voir ce que ça va donner. C’est bon, ça peut rendre pas mal. Je reste à mon emplacement. Il sort le trépied, paramètre le retardateur de 10 secondes et vient se mettre devant moi en position « bisou ». 10- 9- 8- 7- 6- 5- 4-. Les lumières du pont s’éteignent. Il est 23 heures pilepoil. On est dégoutés.

Le pont à notre arrivée au spot.
L'album photo est ici



Sichuan Opera Show from florent luu on Vimeo.