mardi 28 avril 2015

Guilin 桂林 et Yangshuo 阳朔 : Où l'on teste l'hôpital chinois

Ca y est on est enfin arrivé ! Quel calvaire ce trajet en train. Heureusement que c’est l'une des dernières fois du voyage ! Après 15h de cris d’enfants, de fumée de cigarette assis sur des strapontins, même Sibylle concède qu’on aurait dû prendre le train rapide. Bref, nous sommes à Guilin, une ville perdue au milieu d’une forêt de pitons Karstiques (ou pains de sucre). C’est un peu comme la baie d’Halong mais sans la mer. Quand je dis « perdue », n’allez pas vous imaginez une petite ville mignonne et pleine de charme au cœur d’une nature enchanteresse. Non, non, c’est une agglomération de taille moyenne, de 4 millions d’habitants, avec ses immeubles sans charme, héritage du communisme. Le centre-ville, cependant est plutôt sympa, une rivière le traverse et quelques immeubles de bas étages avec des restaurants et bars stylés. L’un d’eux sera notre cantine pour la semaine que nous passerons ici.
Car oui, nous allons passer une semaine dans cette ville qui ne devait être qu’une étape avant de continuer vers une ville à taille humaine. La grande question est donc : pourquoi rester 1 semaine dans une ville sans intérêt ?
Et bien voilà : Cela fait quelques jours qu’un petit bouton au-dessus de mon œil droit me taquine. Pour ceux qui me connaissent, ils savent que je ne bénéficie pas de la peau la plus parfaite du monde, je ne prêtais donc guère attention à cet énième rappel de mon corps me demandant de visiter le dermato. Mais ce bouton là, il ne veut pas laisser passer mon indifférence à son égard. Il aura donc profité de la fatale nuit dans le train et de la journée qui a suivie, pour gagner en charisme. Le lendemain de notre arrivée, c’est donc borgne que je me réveille. En effet, le bouton, qui n’en est plus un, a fait gonflé mon œil au point de m’empêcher de l’ouvrir. Je ressemble à peu de chose près à Elephantman (mais en bien plus sexy évidemment, c’est de moi dont on parle). En plus de l’inconvénient de ne voir que d’un œil, j’ai l’impression que mon crane va exploser. Comme si cette patate qui me sert d’œil cherchait à se faire une place à côté de mon cerveau. Or j’ai la tête déjà bien pleine grâce à ma culture si vaste, et vous imaginez donc que, de la place vide dans mon crâne, il n’y en a pas ! C’est donc après une longue discussion avec Sibylle que nous décidons de rester à l’hôtel, en attendant que ça passe. La journée passe, elle, mais il ne semble pas passer lui... Puis vient la nuit : atroce, impossible de dormir, la douleur se fait encore plus aiguë. C’est décidé : le lendemain nous irons à l’hôpital pour la première fois du voyage (et de ma vie). Sibylle appréhende, et veut être sure que je ne me ferais pas injecter de sang contaminé avec un seringue ayant déjà servie à un voisin. Moi j’ai trop mal pour réfléchir, mais je suis convaincu que tout ira bien. Nous nous mettons en route pour l’hôpital que nous trouvons sans trop de mal.  Une fois à l’intérieur, nous indiquons à l’accueil mon visage (au cas où ils n’avaient pas remarqué), et nous sommes immédiatement pris en charge par une infirmière qui nous guide jusqu’à une aile différente du bâtiment. Nous comprendrons plus tard qu’il s’agit de l’aile réservée aux officiels chinois ainsi qu’aux occidentaux. Elle nous fait signe d’attendre dans une chambre en attendant de rencontrer le médecin. 
La tête de vainqueur !
Après une vingtaine de minutes, le médecin arrive accompagné d’une infirmière : c’est la traductrice. Il observe rapidement mon furoncle (car c’est un) et me prescrit une perfusion. La plus grande peur de Sibylle, qui commence sérieusement à angoisser. Moi je  veux juste que ça se termine, du coup je dis ok pour la perf et 10 minutes plus tard l’infirmière revient avec tout le matos. Après un interrogatoire en règle de Sib, elle procède à l’injection. C’est la première fois qu’on me fait ça, et je trouve que ça prend drolement longtemps. Il faut attendre que la totalité d’une sorte de ballon soit vide, et comme ça tombe goutte par goutte y en a pour 40 minutes… Une fois terminé, on nous donne rendez-vous pour les 3 jours suivants pour recommencer. Bon, donc on est bloqué pour quelques jours ici. La ville n’a pas grand intérêt du coup on va passer une bonne partie de nos journées entre l’hôtel et un bar qu’on avait repéré sur la rue qui longe la rivière. Au bout du troisième jour, mon œil commence à reprendre une forme à peu près normale, mais on est encore loin de l'original. En général je me réveille le matin avec œil gros comme une citrouille, puis il diminue pendant la journée, pour se regonfler pendant la nuit. Bien que le médecins nous aient dit de ne pas y toucher, je ne peux résister à la tentation de vider tout le pus que j’y trouve… C’est tellement jouissif… Mais je vous épargne les détails, il parait que c’est un sujet tabou et vraiment répugnant…

Ça commence à aller mieux
Tous les soirs, en rentrant du bar où nous passons nos journées car l'internet y est rapide, on passe devant quelques peintres qui vendent leurs œuvres pour quelques yuans, au bout du 3eme soir, on finit par craquer sur un dessin traditionnel tout à fait charmant.
Le traitement quant à lui fait effet, et je ne ressens presque plus la douleur, par contre, ce soir, c’est Sibylle qui est patraque, du coup je lui propose d’aller nous chercher à diner. Comme on s’y prend tellement tard (21h) tout est déjà fermé, je finis par trouver un stand de bouffe de rue qui propose d’alléchantes brochettes de poulet, et juste à côté un autre qui fait du riz frit. Je m’arrange avec eux pour qu’ils me préparent un genre de riz cantonnais  au poulet. Après une longue discussion gestuelle, ils ont compris et me préparent 2 petites barquettes. Je suis assez fier de moi, ça n’a pas l’air mauvais du tout. Sibylle est ravie, à première vue, mais à peine a-t-on goûté le poulet, qu’on déchante : il s’agit encore une fois du fameux poulet surimi, de la viande de tellement mauvaise qualité qu’elle se déchiquette en longs filaments, sans goût. Ça nous coupe l’appétit et on se rabat sur un yaourt… Quelle déception, j’étais vraiment fier de ma trouvaille.
Finalement le traitement va durer une semaine entière, ce qui modifie pas mal notre planning de voyage, mais bon une infection aussi prêt de l’œil ne doit pas être traitée à la légère. Le dernier jour, alors que la petite histoire commence à entamer sérieusement notre budget, on le fait comprendre à l’hôpital, et ils finissent par nous proposer de prendre la perf dans la salle d’attente (où il n’y a jamais personne) plutôt que dans la chambre privée habituelle. Nous acceptons, et réalisons, au moment de passer à la caisse que ça coute 3x moins cher… Tout ça pour prendre une intraveineuse dans une chambre pendant 40 minutes. On est bien dégouté et à sec…
Enfin je suis guéri, et mon œil est quasiment normal, du coup je décide d’arrêter le traitement 1 ou 2 jours plus tôt afin de reprendre le voyage, et de nous rendre à Yangshuo, le petit patelin qui devait être notre véritable destination dans cette région. Il s’agit d’une petite ville sans intérêt au milieu des pains de sucre d’où l’on peut louer des vélos pour une balade à travers la campagne, et qui propose une vue sur la mythique rivière Li que Sib ne veut absolument pas rater. Une fois sur place, nous entamons notre habituelle négociation afin de louer les vélos les moins chers, puis prenons la direction de la campagne.
Une jolie maison toute jaune
A nous les rizières, pitons rocheux et autres paysans ! Ca fait une semaine qu’on attend d’arriver là, et malgré mon œil en partie fermé je discerne quand même les beautés du coin. Le trajet longe une jolie rivière et traverse de petits villages charmants. 
Jolie balade !
La balade donne envie de s’installer et de rêver. Mais nous devons ramener les vélos avant la fin de la nuit, donc nous ne faisons que de courtes pauses tout en prenant le temps d’admirer le paysage. Ici, une maison en ruine semble garder les cultures qui l’entourent, là, deux vieux font une pause à l’ombre d’un arbre. 
Petite pause à l'ombre
C’est très apaisant. Le but de la promenade c’est arriver jusqu’au fameux Pont du Dragon sur la rivière Yulong, de le traverser et de faire le chemin inverse sur l’autre rive. Malheureusement, comme beaucoup de lieux exceptionnels en Chine, le pont du Dragon est devenu une attraction touristique, et , lorsque nous arrivons, nous découvrons tout un business d’attrape-touristes sur place. 
Des touristes, encore des touristes
En particulier des dizaines de radeaux en bambous qui se louent pour quelques yuans, et autres marchands de glaces. On n’y prête pas attention et traversons le pont. 
Le pont du Dragon !
Vu sous un autre angle
La vue du haut du  pont est tout de même très sympa, même si on le voit mieux quand on est pas dessus ! On reste un peu, puis on repart sur l’autre rive. Comme on ne sait pas trop où on doit aller, on demande régulièrement notre chemin aux locaux. On aura même la bonne idée de demander à des enfants à bicyclette qui rentrent de l’école et du coup feront une partie du chemin avec nous, allant même jusqu’à faire un détour pour nous indiquer la bonne route. Lorsqu’on s’en sépare, on les entend glousser  de contentement, visiblement ravis de nous avoir rendu service !
Merci les filles !
Le chemin est toujours aussi beau, et nous terminons la balade en fin d’après midi. La grande question arrive : avons-nous le temps de revenir en ville, et de nous rendre sur les bords de la rivière Li pour y voir le coucher de soleil, ou bien devons-nous prendre notre temps et l’admirer sur les rives de la Yulong ?
Les canards en balade
Je suis pour rester ici, car je pense qu’on ne pourra pas y être, et puis je n’ai pas vraiment envie de me presser. Evidemment Sibylle n’est pas de cet avis, du coup, comme c’est régulièrement le cas, on accélère et on fonce vers la rivière Li… Comme on ne sait pas où c’est, on se perd, puis on finit par y arriver… Dommage, le soleil est presque couché, et la rivière n’a rien de fabuleux… Encore un mythe exagéré. 
La rivière Li...
On y rencontre un drôle de français qui fait voyager une poupée qu’il met en scène devant tous les lieux où il s’arrête et la prend en photo.

Le soir même, après avoir rendu les vélos, nous retournons à Guilin, et le lendemain, nous prenons la route de Xiamen.

L'album Photo c'est là :)

mercredi 22 avril 2015

Hangzhou 杭州 : traditionnelle et vivante


Après que le bus nous ait déposés à la gare routière d’Hangzhou, Florent ne tient plus. Impossible pour lui de réfléchir à la manière dont nous pourrions rejoindre notre Guest house.
Mais il ne s’agissait pas simplement de cela … J’ai l’habitude de réfléchir seule et de prendre les décisions pour 2. Mais un Florent qui a faim, c’est comme un téléphone sans batterie : il râle toutes les 5 minutes, affirme qu’il ne peut pas réfléchir s’il n’a pas mangé (comme s’il pouvait réfléchir après avoir déjeuné…). Puis les 5 minutes deviennent trois minutes puis une. Là c’est tout bonnement insupportable.

Et comme si le destin lui faisait honneur, un sacro-saint Mac Donald lui tendait les bras, ici à la gare routière.
S’il y a bien un lieu dans le voyage qui tient à cœur à mon Floflo c’est bien les MacDo !
Pour mon Cher et tendre, il est hors de question de manquer, sous quelque prétexte que ce soit, la visite d’un MacDo.
Son voyage en Asie c’est un peu un pèlerinage de MacDo en MacDo. Il apprécie la différence des sauces d’un pays à l’autre…

Pour ma part, j’ai malheureusement associé le MacDo à la dengue de sorte que cela me dégoûte et que je suis contrainte de regarder Florent s’empiffrer en attendant qu’il ait fini ses 3 burgers et 4 frites dont il me vante la finesse culinaire.

Quel est le rapport entre le MacDo et la dengue ? C’est très simple. Lorsque nous étions à Kuala Lumpur et que j’avais la dengue, j’étais un légume et Flo s’occupait de moi comme d’un bébé. Il m’obligeait à me lever de mon lit pour prendre au moins un repas par jour… à sa cantine : le MacDo de Kuala. Dans mon état, je n’avais pas la force de m’opposer à cette dictature du Burger. Et c’est ainsi que pendant une semaine de fièvre et de démangeaisons épidermiques j’ai été contrainte d’ingurgiter un menu MacDo par jour (ca c’est un régime équilibré et sain pour un malade !). L’association du goût et de la maladie était ainsi inéluctable. Flo avait créé son propre malheur parce qu’après cet épisode je tentais par tous les moyens d’échapper à l’ami Ronald.
Ce jour là, on entrait donc dans le MacDonald  surclimatisé de la Gare d’Hangzhou. Je profitai de ce moment inutile pour m’intéresser aux visites et activités qui nous attendaient : Le lac de l’ouest, la pharmacie de Huquingyutang, et la résidence de Hu Xueyan.
Mais avant les visites de sites, nous avions acquis un rituel lorsque nous arrivions: ressentir la ville. Le jour de notre arrivée est toujours dédié à la captation de l’ambiance générale et Hangzhou n’allait pas échapper à la règle!

Après quelques stations de métro, nous sommes « au centre ville » et nous partons à la quête de notre guest house. 

Même sous cette fine pluie, Hangzhou nous avait conquis. Elle était traditionnelle et vivante. 

La rue du MacDo du centre ville
Après un temps de repos chacun sur notre matelas du lit superposé, nous voilà à l’affût des rues à l’urbanisme soigné, longeant ces maisons d’un seul étage aux couleurs de Madame de Fontenay : blanches aux pieds, noires à la tête.
Mais les chinois ne sauraient se contenter des couleurs du Ying et du Yang : il faut ajouter les couleurs du dragon ! C’est ainsi que la ville était le support de guirlandes de loupiotes rouges et de bannières jaunes.

Une sobriété toute chinoise
-       Tiens voilà la rue de l’approvisionnement en nourriture, dis je en montrant à flo le passage couvert qui habitait une succession de cahutes de restauration de rue.
-       Ouais, ouais (qui veut dire ce qu’il veut dire).

20 mètres plus loin, Flo me fait remarquer qu’il y a un mac Do « au cas où la bouffe locale est pas bonne » argua-t-il.

En remontant Zhonshan Road, la tradition laissait peu à peu place à la modernité, à la création. On avait des maisons d’architectes biscornues, on avait de l’art de rue… Bref la ville vivait, et puisque nous venions de Wuzhen, ville tuée par le tourisme, nous nous sentions plus à notre place d’observateurs de modes de vie, ici. L’ancienne porte nous fit rebrousser chemin : il était temps de dîner.

Joujou avec l'art de rue

La pression était haute : il fallait à tout prix que la nourriture que nous choisirions dans la street food soit bonne pour échapper au diabolique Mac Do. J’optais pour des brochettes de poulet et Flo en fit autant. J’avais choisi de ne pas prendre de risque : le poulet c’est un classique difficilement ratable.

Mauvaise pioche ! C’était du poulet recomposé. Comme du surimi mais version poulet au lieu d’être une version crabe.

Florent :

-       Bon ba les autres repas ce sera Mac Do !

Oufff… Je l’avais échappé belle pour ce soir. Pour demain, il faudra que je trouve un autre stratagème…

Le lendemain, nous marchions sur les pas de Hu Xueyan, un mandarin milliardaire du XIXème siècle, en visitant la pharmacie qu’il fonda et sa résidence.

La première semble être un lieu d’approvisionnement des potions magiques. Notre fidèle Lonely, nous avait bien prévenu en affirmant qu’on pourrait peut être y trouver du Bézoar.
Des racines s’épanouissant dans des bocaux tandis que des pierres étranges, des graines et des larves séchées s’exhibaient sur des étagères. La grande pièce boisée, aux mille tiroirs et aux kilomètres de vitrines était dirigée par de vieux préparateurs, à l’officine.

L'une des plus réputées pharmacies de Chine

Une racine sur son lit de larves
J’attendais. Oui, j’attendais la femme recroquevillée sous une cape noire tendant aux préparateurs sa fiole vide, et donnant ordre de recevoir un mélange de corne de licorne et de larme de cerf. La femme ne vint pas.
Mais les chinois lambdas, ceux que je n’aurais pas soupçonnés de se rendre dans un tel lieu, étaient là et s’approvisionnaient. Rien de curieux lorsqu’on sait que cette pharmacie est l’un des hauts lieux de la médecine chinoise.


On sort de ce lieu, la tête pleine de magie. Si la pharmacie est ainsi, la résidence promet…


La résidence de Hu Xueyan 

Et bien non… C’est certes une jolie résidence mais les grottes reconstituées, les pavillons entourés de bassins peuplés d’énormes carpes rouges, les portes rondes, on en déjà vu, et pas qu’un peu !

Blasée
Cette résidence a toutefois une plus-value : avoir une vrai, belle cuisine. On l’admire cinq minutes et nous voilà à continuer notre visite au pas de course.

Le soir venu, je parvins à échapper au Mac Do .

-       Flo, je sais pas si t’as vu mais notre guest house propose des burgers sur son menus. Dis-je.

Et voilà c’était plié. Flo prenait un burger, frites (pour changer) et je tentais la cuisine locale.

Soirée active à la Guest House
Le lendemain c’était la journée affectée au Lac de l’Ouest. Mais avant cela, il nous fallait trouver la gare pour réserver le train qui nous mènerait à Guilin.

On prend la direction du Grand Canal, et cinq minutes plus tard, on ne comprends plus rien à notre carte : On est perdu…

Bon, il va falloir qu’on demande notre chemin. Après environ un mois et demi en Chine nous étions rodés sur les moyens de communication.

On fait signe à un passant, qui à l’air sympa, de s’arrêter et on lui demande en anglais le chemin de la gare (on sait jamais, un miracle ça peut arriver). Il ne comprend pas, ce que nous avions évidemment prévu. OKOK.
Flo et moi nous échangeons un regard : il faut mettre en œuvre les grands moyens.

Je commence : « Tch tch tchiu – tch tch tchiu – tch tch tchiu  (bis, bis, bis, bis, bis)»  fis-je en tentant d’imiter le bruit répétitif des roues d’un train au démarrage.
Flo entama ensuite sa partie, à savoir le sifflet de la locomotive: « Tchouuuuu, Tchou, Tchou ».
Cela dura 4 secondes, pas plus. L’homme avait tout de suite compris et éclata de rire avant de nous indiquer le chemin, par des mouvements de main moins limpides que notre squetch mais nous avions la direction.

En arrivant à la gare routière la guichetière nous fait comprendre qu’il y a deux trains pour Guilin. L’un qui met 5 heures et l’autre 15. Le prix était évidemment du quitte au triple. Flo veut prendre celui de 5 heure, et moi, la radine, celui de 15 heures (je vous rappelle que la Chine nous coutait très cher en visites, donc il fallait se priver ailleurs). On tergiverse. J’obtiens gain de cause. Une fois n’est pas coutume, j’aurais mieux fait de me taire… Je vous expliquerai plus loin.
Toujours est-il que nous avons notre billet de train, et que la guichetière nous a compris sans encombre : Maintenant c’est clair, on gère, on se fait comprendre et on comprends !

Après un désagréable déjeuner dans la rue des stands de nourriture, on pars à la quête d’un vélo pour faire le tour du lac de l’Ouest. « LE » site de la ville.

Tous les loueur de vélos essayent de nous arnaquer… Bon! puisque c’est comme ça nous irons à pied, et ce d’autant plus que la discussion que nous entretenions était des plus agréables ; on avait pas envie d’y mettre fin !

Le thème ? Que ferions nous si nous gagnions à l’Euromillion.

On échafaudait nos stratégies de placements en faisant le tour du lac un peu agité par une brisounette. 

Les usages prévus pour l’éventuelle somme gagnée dépendait du montant de celle-ci. Nous échafaudions donc nos ambitions par paliers.

Le couple de Pérettes
C’est ainsi que le couple de "Pérettes et le pot au lait", avançait entre lacs et collines, s’arrêtant parfois pour admirer les quelques ponts à arches, les barges-têtes de dragons et l’emblématique pagode Leifeng.

Pagode Leifeng

Nan mais il est barge ce Dragon!
Lorsque le soleil a commençé à rougir, on s’est installé sur les rives du lac, on a cessé de planifier sur des millions qui ne nous appartenaient pas, on s’est rendu compte qu’on avait plus grand chose en poche (nous arrivions sur la fin de notre voyage), mais surtout on s’est rendu compte qu’on était foncièrement heureux.

Un paradis? 

Un paradis!

Lorsque la luminosité avait disparue, on reprenait sereinement le chemin du centre ville, s’arrêtant de ci, de là pour suivre du regard la course des cerfs volants lumineux qui se disputaient le ciel.

Une dernière promenade nocturne
Une quinzaine d’heures plus tard, la vitesse n’était plus la même. Il fallait nous presser pour avoir notre train. « C’est bon, on est large » me lançait Flo. Mais … sait-on jamais, mieux vaut être à l’heure. Nous y sommes. Au moment de passer nos sacs dans le détecteurs de métaux, on a toujours cette petite frayeur : celle que les agents de sécurité découvrent notre possession d'un Khukuri (notre couteau de survie Népalais). Et effectivement les gars de la surveillance nous font signe qu’il y a un problème. Ils nous montrent notre billet de train, que l’on ne peut pas comprendre puisqu’il est en chinois. On fait « oui oui » de la tête, mais ils persistent. L’incompréhension dure quelques minutes jusqu’à ce qu’un chinois parlant anglais vienne à notre aide. « En fait, votre train ne part pas de cette gare, il part d’une autre gare de la ville. Il faut prendre le metro ». Ni une, ni deux, la peur du Khukuri oubliée, on enfile nos sacs à dos et on cours dans le metro. On est essoufflés, trempés de sueur, mais il nous faut notre train.

On passe sans encombre les détecteurs de métaux, on court sur un quai de gare vide et on prend place dans ce wagon qui nous était destiné. A peine le temps de reprendre notre souffle qu’on constate les dégâts : on est dans un wagon pire que ceux de la ligne 13 ; on est sur des sièges aussi inconfortables que des strapontins de metro ; on est à côté d’un mioche qui hurle sans que sa mère ne dise rien ; on est à 2 pas de l’espace fumeur dont la porte n’est jamais fermée ; on va devoir passer la nuit ainsi ; je vais devoir passer la nuit à me faire hurler dessus au prétexte qu’on aurait dû prendre le train de 5 heures…

Cliquez ICI pour l'album d'Hangzhou ou ICI pour le Bisou d'Ailleurs


vendredi 3 avril 2015

Wuzhen : la cité des Doges version Ming et Qing


Je vous présente une escale romantique sur la Venise du Grand Empire du Milieu: Wuzhen.

La Venise Chinoise
Nous avions déniché un petit hôtel non loin du site de la vieille ville et d’emblée le ton était donné: Une chambre au papier peint rose pâle sur lequel pleuvait des … roses ! Une estrade pour relever le niveau d’un lit, lequel était déjà occupé par deux roses rouges entrelacées.
En m’emparant de l’une des roses, je constatais l’absence d’odeur et la rugosité de ses pétales …  du plastique !
De la Chine tout craché ! du semblant, du fake, du made in china. Ces attentions romantiques ratées typiques des Chinois nous font marrer ; Il est loin ce pays des Vespas, cette Cité des Doges où les pigeons tourbillonnent au dessus des demandes en mariage…

Du romantique à la chinoise
Mais l’intention y était! C’était Kitch, certes… mais ça avait un petit côté douillet et enfantin qui, on ne sait pas pourquoi, nous plaisait bien !
Pour achever de nous conquérir il aura suffit de ces quelques gâteaux typiques de la région disposés sur la table du thé, à notre attention… La gentillesse et la générosité de nos hôtes transpirait de cette pièce.

Nous fîmes donc honneur au lit et aux gâteaux pour faire un point général sur le planning des visites. Bon c’est vite vu. On doit se balader dans Wuzen !

Une fois de plus, notre hôte ne parle pas un mot d’anglais. Pour lui demander notre chemin nous devons donc mimer, dessiner et parler avec les mains. Si ce langage dont j’ai si souvent parlé dans mes récits est rudimentaire, il permet, outre la délivrance d’informations globales, de démasquer le cœur de votre interlocuteur. Il me semble même que c’est plus facile de le démasquer ainsi qu’avec des mots. L’interlocuteur foncièrement gentil va se dépasser dans l’imagination des moyens à mettre en œuvre pour que nous le comprenions : il va sortir dehors, vous demander de lui suivre, vous montrer la gauche, vous mimer un pont ; il va écrire des informations en lettres chinoises pour que vous puissiez vous en servir auprès des passants dans la rue, il ne va pas hésiter à se ridiculiser dans les mimes et tout ça pour une unique raison : que nous nous comprenions, pour que les mots ne constituent pas un obstacle entre les êtres.
Notre hôte était l’un de ces gentils qui s’efforcent à se dépasser juste pour nous faire plaisir et finalement nous donner un petit moment de bonheur.

C’est donc après une demi heure de mimiques et de grimaces dont même les vieux singes n’ont pas le secret, nous quittions l’hôtel armés, croyons nous, de toutes les informations utiles à notre programme.
Mais évidemment, il y a une info que nous aurions bien aimé connaître et que nous n’avons pas : comment ne pas se ruiner pour visiter cette ville ;
Comme à l’accoutumé, nous suivons donc un invariable mur blanc surmonté de ces tuiles noires typique que tout l’Empire. Puis un brèche… Un espoir. Nous nous approchons. C’est un cul de sac : ça ne mène qu’à une rivière qui nous coupe la route.

L’expérience déjà vécue à Pingyao (au cours de laquelle, je vous le rappelle, nous avions fait le tour de tous les remparts à la recherche d’un faille nous permettant d’accéder à la cime de la muraille) nous revenait en tête… et cette fois ci nous n’eûmes pas le courage de faire le tour de la ville à l’affut de la faille du mur blanc, et nous dirigeâmes donc vers l’entrée officielle.

Quelques instants plus tard, nous nous retrouvions face à un préposé au guichet et lui demandions une entrée pour les parties est et ouest de la citée. Ben oui, vu que les chinois veulent se faire une marge sur tout, il ont séparé la ville en deux et mis des tarifs distincts. Par chance, le nord et le sud ne sont pas encore isolés…

Alors imaginez vous un préposé au guichet en France… C’est déjà pas très malin : on est d’accord. La communication est difficile : ben oui parler avec un con c’est toujours une épreuve redoutable.
En Chine, les préposés respirent la même intelligence que chez nous sauf que… ils ne parlent pas un mot d’anglais. Le postulat est donc légèrement différent, on tente de parler avec un con dans une langue qu’il ne comprend pas et pour laquelle il met toute son énergie à ne pas comprendre… légèrement plus redoutable.
Ma patience ayant ses limites, je m’écarte du guichet pour éviter l’esclandre (qui si elle avait du se produire, aurait éclaté en français dans la mesure où je ne maîtrise pas suffisamment l’anglais pour cracher mon venin à la rapidité de l’éclair) et laisse Flo gérer la situation.
Quelques secondes plus tard, il pète un câble et me rejoint. Le préposé ne veut pas nous vendre les entrées on ne sait pour quelle raison !
Pour une fois qu’on veut bien payer une entrée…c’est le comble ça !!
Jouxtant l’entrée de la citée lacustre, un hôtel luxueux nous tendait les bras. On y va… là bas on pourra sans doute trouver quelqu’un qui parle la langue de Shakespeare. La dame de l’accueil ne parle pas cette langue mais semble comprendre que nous voulons un interlocuteur. Elle appelle quelqu’un … qui appelle quelqu’un… qui… parle Anglais! Euréka ! Nous avons nos explications : Nous ne pourrons pas aller à Wuzhen est  car il est trop tard. En revanche il nous est toujours possible de visiter Wuzhen ouest.
Nous nous rendons une second fois face au préposé au guichet, nous lui montrons « Wuzhen ouest » écrit en chinois et …. Alléluia, nous avons notre billet d’entrée. L’enchantement peut commencer et d’ailleurs … commença.


Le soulagement d'être entré!
On entrait dans un village de bois vieux de plus de 1000 ans, bâtis sur des pilotis aux pieds dans l’eau. C’est aussi beau que touristique.  Nous qui aimons l’architecture dans tous ses états, nous sommes servis, ce village a un charme d’antan. Les maisons aux façades de bois dentelé, aux fenêtres à claire-voie et aux toits de pagodes sont toutes plus belles les unes que les autres et se disputent la place aux premières loges des canaux, lorsqu’un saule pleureur n’y a pas déjà élu domicile.

Les pieds dans l'eau

Sous un saule
On traversera une bonne dizaine de fois le canal principal en empruntant ces ponts en demi lune, sous lesquels coulent les gondoles remplies de touristes et de denrées toujours en jarres. Et puis on se perd dans le dédale des ruelles alentour, toujours fascinés par la finesse des sculptures sur bois. Au moment où l’eau nous barrait le chemin nous cherchions un pont, nous nous arrêtions au point le plus haut de celui-ci pour admirer cet ensemble de bois et d’eau.

Sur un pont
Le déménageur!

A l’air, l’eau et le bois, il ne manquait plus que le feu. Les couleurs chaleureuses des loupiottes firent leur entrée en fin d'après midi. Le décor en était plus beau encore. Plus majestueux ; les quatre éléments étaient réunis.

La réunion des quatre éléments
C’est exactement à cet instant que nous décidâmes de dîner une spécialité locale, une soupe de ravis farcis avec une mixture de viande et de légumes. Le temps pour nous, ou plutôt pour moi, de faire un petit point « histoire et culture » sur cette ville. Ehhhhh oui ! C’est pas comme si ça l’intéressait Flo de se cultiver ! Et puis...il ne peut pas faire deux choses en même temps ; C’est soit il bouffe, soit il se cultive. Et entre les deux… il n’y a, selon lui, pas photo.
Une question me taraudait. Que faisaient les habitants de cette ville avant que toutes les maisons ne deviennent des restaurants, des magasins de souvenirs ou des hôtels ?

J’apprenais alors qu’il s’agissait d’une ville de tisserands et de teinturiers, mais que compte tenu l’importance accrue du tourisme dans cette ville épargnée par les ravages matériels de la révolution culturelle, le gouvernement a cru bon d’exproprier les gens du cru pour y substituer des commerçants, payant leur redevances… au gouvernement. Il n’y donc pas de personnes âgées occupées à méditer sur leur canne, pas d’enfant pour vous bousculer dans les rues ou vous attendrir en tenue d’écolier, pas d’hommes à vélo… Il y a deux catégories de gens : les vendeurs reconnaissables à la similitudes des objets qu’ils vendent (souvenirs, peintures de la ville, nourriture) et les clients reconnaissables à leur possession d’un appareil photo.
Toutes ces villes de la Chine Impériale, si belles soient-elles, ont à nos yeux perdu de leur âme, une âme vendu au diable ou plutôt volée par le diable.

Après le repas notre attention se reportait d’avantage sur ce vide. Il s’agissait, encore, d’un très joli Disneyland, mais d’un Disneyland quand même.

Un très joli Disneyland!
Finalement nous devions nous borner à admirer le travail des anciens, et à imaginer leur mode de vie.

L'entrée d'un restaurant...
Nous continuons donc notre promenade nocturne Jusqu’à la Pagode, à la lueur des loupiottes et des bougies-nénuphars en tissus qui flottaient sur les canaux. Là un groupe de jeunes se prenait en photo. Les filles étaient en robe de soirée et les hommes en costume. Mais il n’y avait ni soirée ni coocktail. Il s’agissait simplement pour eux de se prendre en photo à Wuzen... Un décor; juste un décor.

A la lueur des nénuphars
Direction la pagode
La pagode de la ville sonna pour nous l’heure de rebrousser chemin, de nous coucher pour rêver du romantisme qui devait exister là, du romantisme tué sous les coups d’un communisme que l’on dit capitaliste…

Objectif atteint!
Le lendemain, notre hôte continua à nous traiter comme des Pachas… Il faisait un point d’orgue à nous emmener lui même à la gare. Nous acceptons de bonne grâce, pas spécialement parce que ça nous épargnait la marche, mais pour profiter au maximum de rapports sincèrement gentils. Le bus démarra et la direction de Hangzhou.

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