mardi 9 août 2016

Matsumoto 松本市 : des nuits à l’hôtel


Matsumoto est une  petite ville japonaise. Tellement petite le site couchsurfing est définitivement vide concernant cette destination : aucun hôte pour nous accueillir. Il nous fallait donc réserver des hôtels et mettre une croix sur la chaleur de ces rencontres.

Qu’à cela ne tienne, nous en profiterons pour tester l’une des extravagances japonaises concernant l’hébergement nocturne.

Plusieurs alternatives : Un « Manga Kissa », sorte de bar/bibliothèque de Manga qui propose un box privé pour dévorer les BD Japonaises. Ces établissements étant ouverts toute la nuit, ils sont souvent utilisés comme hôtels par la jeunesse. Compte tenu du confort limité du box alloué, nous n’étions pas convaincus par ce « nid ». La deuxième alternative c’était le « love-hôtel », un hotel dont les chambres sont à thème (savane africaine, prison avec ses chaines et ses menottes, chambre-miroirs…) pour assouvir tous nos besoins, ou plus justement nos envies. Mais bon, pour être francs, ça ne nous vend pas tellement du rêve et du romantisme tout ça, surtout lorsque l’on voit que les tarifs sont indiqués à l’heure passée, et que l’on se souvient que les seuls hôtels qui pratiquent des tarifs horaires, en France, sont les hôtels de passe. Amis du romantisme, passez votre chemin. Troisième alternative le capsule-hôtel. Mouai : je ne suis pas un médicament, donc je ne suis pas concernée !
Dernière alternative le Ryokan. Il s’agit d’un hôtel traditionnel japonais, où le bois, le bambou, le papier de riz, et les autres matériaux typiques japonais sont mis à l’honneur. Ces hôtels ont la particularité d’être construits sur un Onsen, une source thermale et disposent donc leurs bains privatifs. De manière générale, la tradition guide le séjour au sein d’un Ryokan tant concernant le couchage, que les repas. Seul hic : c’est  l’alternative la plus chère. Vous me connaissez, radine comme pas deux, je refuse de but en blanc de dépenser autant dans une seule petite nuit. Mais vous connaissez aussi Flo : quand il s’agit de dépenser il est toujours partant. Un débat s’instaure. Il emploi toutes les carottes au bout du bâton : les plats dignes de chefs étoilés, l’usage de l’onsen à volonté, une décoration japonaise des plus raffinées.... Une fois n’est pas coutume, il gagne la joute oratoire. Nous testerons donc le Ryokan.

Mais puisque nous devons rester deux nuits à Matsumoto, la première nuit sera réservée au sein d’une guest-house de backpackers – dans le cadre du débat j’étais parvenue à faire accepter à Flo que si l’une des nuits devait être chère, l’autre se devait de battre toute concurrence -, et la seconde dans un Ryokan.

Nous ne sommes pas encore partis d’Hotaka. Le train régional sensé nous mener à Matsumoto n’arrive que dans une heure. Notre ventre prit donc la sage décision de se remplir d’une soupe de Ramens avant d’embarquer. Il nous guida jusqu’à la « brasserie » de Ramen située quasiment face à la gare. Sauf que pour que notre ventre soit rassasié, il faut que notre cervelle travaille. En effet, s’il y a bien, comme à l’accoutumé, des cuisinières-serveuses derrière le comptoir, celles-ci ne prennent pas les commandes et nous renvoient face au distributeur situé à l’entrée du restaurant.
Nous mettons quelques temps à comprendre. Est-ce le distributeur qui pond les Ramen, auquel cas, on désertera l’endroit, où les cuisinières qui s’affairent derrière le comptoir? Les méninges bouillent, le ventre râle « mais qu’est-ce que vous faites bande d’abrutis dépêchez-vous ! ». Ca cogite dur dans notre tête. Finalement, l’un des neurones surdoués -évidemment un des miens-, parvient à un raisonnement par analogie en se souvenant du Sacro-Saint restaurant du voyage : le MacDo. Celui qui avait toutes les faveurs du Floflo. Euréka ! Il suffit d’insérer le montant du Ramen choisi dans la fente, d’appuyer sur ledit Ramen, et la machine nous délivre un ticket que nous n’avons plus qu’à tendre aux serveuses.
Nous nous exécutons et voyons bientôt notre souplette arriver. Le ventre se tait.Nous sommes maintenant prêts à partir !

La récompense d'un repas
Arrivés à Matsumoto, nous nous dirigeons vers la guest house réservée. Ca y est, la voilà. Personne. Elle semble désertée. Nous faisons le tour, nous frappons à la porte. Rien. Et comme si ça ne suffisait pas, une pluie persistante nous démoralise. Une dernière fois nous frappons sur la baie-vitrée arrière. Des pas. Une jeune femme nous ouvre et nous confirme que nous sommes à la bonne adresse. Ouff ! Elle nous montre notre chambre. Pourtant nous avions réservé dans un dortoir… Oui mais ce soir il y a si peu de clients que nous avons notre chambre à nous ! Finalement on s’en sort pas si mal !

Nous posons nos sacs et hop, c’est parti pour la visite du château de Matsumoto, situé à 5 minutes à pieds de notre hôtel.

Il est sombre avec ses habits de bois noir. Mais qu’est-ce qu’il est classe ! Il repose sur un socle de pierres et est entouré de douves remplies d’eau dans lesquelles il se regarde. Le miroir d’eau est piqué par les gouttes de pluie, et il semble parfois se briser au passage des cygnes.  

Matsumoto-jo le beau
Matsumoto-jo le corbeau

Bon c’est bien beau tout ça mais il est temps d’explorer le ventre de la bête, histoire de voir si ce château est vraiment comme on les aime, c’est-à-dire un terrain de Cluedo grandeur nature. Et bien non ! Toujours pas de cuisines, pas de latrines, pas de salle de bal, pas d’antichambre. Rien. Ce Trésor national était, lui aussi, entièrement vide. Tout comme l’Himeji-jo et l’Hikone-jo, le Matsumoto-jo n’avait qu’un rôle militaire : défendre un territoire et surtout dissuader. Donc pas de fioriture superflue, que le stricte nécessaire en temps de guerre, c’est-à-dire que dal !

Nous faisons vite le tour, et choisissons d’admirer la chose de là où elle est la plus belle : l’extérieur.

Flo et Matsumoto-jo
Après l’avoir pris sous toutes ses coutures en photo, nous décidons d’explorer le centre de la vieille ville de Matsumoto qui se résume à quelques petites rues abritant des boutiques d’artisanat. Nous faisons le plein de nos cadeaux et souvenirs en craquant sur de très jolies pièces de laque, et notamment un magnifique service de saké, et sur un hobby –l’espèce de nœud dans le dos des geichas-.

Les rues du centre-ville

belle vision nocturne
Le lendemain une véritable expérience nous attendait : la vie dans un Ryokan.  Le bus nous dépose dans une zone ressemblant à un petit village. Notre auberge trouvée, celle-ci nous informe qu’aucun check-in ne peut se faire avant 15h00.
L’attente fait marcher nos imaginations : je me vois déjà dans le décor de mémoire d’une Geisha, me peinturlurant la figure de blanc- même si je n’ai pas besoin de ça pour être blanche comme un linge-, déambulant en kimono sous une ombrelle de papier, et nageant dans des bains en pleine montagne… « Sibylle ! », m’interrompit Flo, « c’est bon, le Monsieur a dit qu’on pouvait y aller et suivre la dame ».  Je sors de ma rêverie, ôte mes baskets, chausse mes patins et suis la femme qui nous mène dans notre chambre. Notre attente s’expliquait : comme la tradition le requiert, nous devions attendre l’okamisan –la gérante des lieux-, qui seule peut nous conduire à travers l’auberge. L’ambiance est des plus paisibles. La dame ouvre une première porte en barreaux de bambou, puis une seconde porte en papier. Voilà notre chambre. Notre chambre ? Que dis-je…notre suite qui se composait d’une entrée, d’un espace de vie et d’une sorte de jardin d’hiver.
L’okamisan nous remet deux yukatas, sorte de kimono à motifs bleus et blanc, pour déambuler dans le Ryokan et nous invite à nous installer autour de la table basse- le kotatsu- placée au centre de la pièce principale, sur les chaises sans pieds, les zaisu.
Nous nous exécutons.
L’okamisan est à genoux sur les tatamis qui tapissent le sol et nous sert gracieusement du thé et des sucreries japonaises, avant s’éclipser.

L’ambiance était sereine. Nous savourons l’instant bien plus que le matcha –thé japonais que nous ne parvenons pas à apprécier depuis notre arrivée au japon-, tout en observant la finesse de la décoration et la quiétude des lieux.

Moment de quiétude
Outre le kotatsu, la pièce principale est unie d’une sorte d’alcove habritant un kakemono, soit une peinture japonaise, et une statue.
Des shojis séparent cette pièce principale de l’entrée et de la pièce tournée vers le jardin. En revanche, aucune trace des futons sur lesquels nous devrions dormir.

Loin de nous inquiéter, surtout dans un lieu aussi apaisant, nous décidons de  sortir découvrir le village avant de profiter des onsen du Ryokan.

Quittant l’auberge, nous nous dirigeons vers les hauteurs, marchons une petite demi-heure, le temps d’admirer le coucher du soleil sur Matsumoto, puis décidons vite de revenir à notre point de départ dont le confort et la quiétude étaient décidément addictifs.

A l’entrée, le meuble à chaussures nous confirmait que nous étions les seuls clients de l’hôtel.

Florent avait donc en tête de demander si nous pouvions user, tous les deux, du même onsen, ou, en d’autres termes, s’il pouvait s’incruster dans l’onsen des femmes.
A ma grande surprise, il obtenu gain de cause.
Nous pouvions donc profiter ensemble de l’onsen privatisé. En lui-même, cet onsen qui ne comptait qu’un bassin intérieur, n’avait rien d’extraordinaire mais le seul fait de pouvoir profiter ensemble de cette expérience thermale, qui est toujours un moment d’intense relaxation, nous enchantait.

Onsen à volonté
L’heure du dîner approchant, il était temps de quitter nos ablutions et de nous faire chic. En effet, au vu de la qualité des prestations de ce Ryokan, nul doute qu’un dîner traditionnel japonais servi ici serait quelque chose de très raffiné, et qu’il nous fallait faire honneur à ce service.


en yukata


A l’arrivée dans la salle des repas, un kotatsu et deux zaisu  nous attiraient. Ca y est, je vous ai perdu. Alors, si vous disposez d’une mémoire d’éléphant et que vous arrivez à traduire la phrase, toutes mes félicitations. En revanche, pour ceux qui ont une mémoire de bigorneau je répète –et tâchez de retenir cette fois ci- il s’agit de la table basse et des chaises sans pieds !

Nous nous plongeons dans la lecture du menu… Nous hallucinons : dix-neuf mets ! Je regarde mon ventre, mon ventre me regarde. Il a compris que quelque chose allait lui arriver. J’ai compris qu’il avait compris. Il a compris que j’avais compris qu’il avait compris.

« May I come in ? » nous interrompit la voix claire d'une ombre derrière le shoji. « Yes », lui répondons-nous. L’okamisan ouvrit le shoji derrière lequel elle était à genoux avec son plateau, se releva, fit le pas qui la séparait du seuil de la salle, se remit à genoux, referma le shoji, reprit son plateau, se releva et parcouru la distance qui nous séparait de l’ouverture du shoji, se remit à genoux, et disposa très gracieusement quelques plats sur le kotatsu –cher bigorneau j’espère désormais que t’as compris ce que c’était !- tout en nous les annonçant et en nous expliquant l’ordre des plats et la manière dont ils se dégustaient. Après son annonce l’okamisan s’éclipsait, reprenant son alternance d’agenouillements et de petits pas.
Lorsque nous avions fini de goûter les mets déposés par l’Okamisan, cette dernière répétait son rituel pour nous apporter les fournées suivantes.

L'okamisan
Quant aux mets proprement dits, ils étaient aussi étonnants qu’excellents. Parmi eux, nous retenons les sauterelles bombonifiées, le sashimi de cheval, des algues, ou encore des graines de ginkos. Chaque saveur était nouvelle. Chaque bouchée était un plaisir. Nous avions déjà eu la chance de gouter, par le passé, à des plats de chefs étoilés de l’hexagone. Mais il faut bien avouer que les plats de chefs français reprennent des saveurs qui ne sont pas totalement inconnues à nos palais. Ici, au détour d’une simple bouchée nous vivions en même temps l’excellence et la découverte. Aujourd’hui encore, Flo et moi reconnaissons que le Ryokan fut la plus extraordinaire des expériences culinaires de notre vie.

C'est pati!
Vu comme ça, ca n'a pas l'air... et pourtant!
Comment ça se mange ça? 

une fournée
Lorsque nous regagnâmes notre chambre, nous constations avec plaisir que l’okamisan avait disposé nos futons pour la nuit et les avait entrouverts afin que nous puissions directement nous y insérer, comme un petit billet dans un portefeuille –quel romantisme !-. C’est donc dans ce cocon de paille, de bambou et de papier que le marchand de sable nous emporta.

bonne nuit les petits!
Le lendemain matin, le programme de notre formule nous permettait de revivre l’expérience d’un repas au Ryokan : le petit déjeuner. Vous imaginez bien que compte tenu de l’expérience de la veille, nous nous hâtâmes vers la salle des repas.
L’okamisan suivait le même rituel gracieux et raffiné de la veille. Quant au menu, qui ne comportait cette fois-ci que douze mets, nous goutâmes notamment une truite arc en ciel bonbonifiée ainsi que des racines de lotus mijotées dans la sauce soja.

Le petit déjeuner est servi
Pour faire durer le plaisir de notre séjour, nous privatisons à nouveau l’onsen afin de pouvoir en profiter ensemble, et savourons les derniers instants d’osmose qui nous restaient avant de gagner la capitale nippone.


mardi 2 août 2016

Hotaka 穂高岳 : Où Takafumi donne tout son sens à cette halte

A l’heure à laquelle j’écris ces mots nos souvenirs de ce merveilleux voyage se sont quelques peu dissipés et je dois faire travailler mes méninges pour tenter de retranscrire fidèlement la réalité.

En effet, nous sommes le 2 août 2016, soit environ un an et demi après avoir vécu les faits que je m’apprête à relater ici. Pourquoi un tel retard ? Depuis notre retour à Paris, la flemme de raconter un voyage (dont j’ai eu, pour ma part, du mal à accepter qu’il était terminé) nous a gagné. Nous devions passer à autre chose, et nous pensions que le retard que nous avions cumulé dans la narration de nos aventures serait aisément rattrapable. Oui, mais c’était sans compter sur notre quotidien parisien qui nous éloignait chaque jours de notre voyage rendant ainsi plus difficile la narration de souvenirs et de sensations qui s’envolaient vers les contrées de l’oubli et de la nostalgie.
Se remettre à écrire relevait du défi : nous avions oublié, nous avions peur de ne pas être fidèles à la réalité, nous n’avions plus envie de nous réfugier dans le passé, nous étions passés à autre chose.

Aujourd’hui, nous nous sommes mariés, et nous attendons notre premier enfant qui arrivera dans un peu plus de deux mois. Cet être que nous ne connaissons pas encore nous met la pression. Nous devons avoir terminé notre livre de voyage avant son arrivée. On ne sait jamais, des fois qu’il sache lire dès sa naissance et qu’il ait d’ores et déjà épuisé toute la littérature classique…

Cette fois, nous avons donc un mobile : nous voulons parler du passé pour l’avenir. La reprise de nos récits a, à nouveau, un sens. C’est reparti !


***

Au début de ce mois de novembre 2014, nous recherchions un hôte à Matsumoto, une minuscule ville, nichée dans la région des Alpes Japonaises. L'objectif de cette halte résidait dans la visite son château dont le Lonely faisait toutes les éloges. Oui, on restait sur notre faim questions châteaux et on en voulait encore !

Sur le site de couchsurfing il n’y a que deux ou trois hôtes pour cette destination. Seul l’un nous a répondu : Takafumi.

Seulement, il ne pourrait pas nous accueillir le temps que nous souhaitions initialement mais uniquement deux nuits, car, disait-il, il n’avait pas le temps de s’occuper de nous. Par ailleurs, il nous précisait que sa maison  n’était pas située à Matsumoto même, mais non loin du village d'Hotaka, une « banlieue » éloignée de Matsumoto.
«Bon ce n’est pas grave, on verra sur place nous, au pire, nous prendrons le train régional qui sépare Hotaka de Matsumoto pour visiter le château» pensions nous. Et en tout état de cause, nous n’avions pas besoin d’un hôte qui nous tienne la main pendant tout notre séjour !

C’est ainsi que nous retrouvons Takafumi à Hotaka station dans la pénombre d’un soir automnal. Celui-ci nous mena directement chez lui en voiture.
C’est alors que nous nous rendions compte que la localisation de l’antre de Takafumi posait un problème : sa maison était en pleine campagne à environ 15 minutes de voiture d’Hotaka. La perspective de la visite de Matsumoto s’éloignait donc définitivement.

A première vue, l’homme était plutôt froid. Il nous ouvrit les portes de sa maison, une merveille traditionnelle japonaise, et nous indiqua notre chambre.
Dans le même style que la maison notre chambre fut l’une des plus belles que nous ayons eues de tout notre voyage au Japon : meubles japonais anciens, shojis, tatamis et futon.

Alors que Takafumi vaquait à ses occupations, nous n’osions pas vraiment sortir de la chambre de peur de le déranger. Au bout d’un certain temps, Flo partit explorer la maison et finit par tomber sur Takafumi qui nous attendait dans le salon.

« N’hésitez pas à venir au salon si cela vous tente » lançait-il à Flo. Nous n’attendions que ça ! Et c’est ainsi que nous faisions plus ample connaissance avec celui qui nous accueillait qui, loin d’être froid, respirait la convivialité, et pas n’importe laquelle : celle que nous aimions.

Oui, Takafumi descendait manifestement d’une riche famille japonaise et sa froideur n’était rien d’autre que la réserve issue de sa bonne éducation.

Takafumi
Là sous la chaleur de la couverture électrique du salon, la convivialité s’installait. Plus tard, la petite amie de Takafumi, Madoka, nous rejoignit ainsi que deux autres des amis de Taka qui étaient de véritables bon vivants.

Au cours du dîner et de la soirée, l’ambiance était des plus chaleureuses et pour cause, la bierre japonaise avait fait son œuvre et il faut bien avouer qu’elle avait très fortement opéré sur le pote de Takafumi qui, pour notre plus grand bonheur, avait l’alcool joyeux.


La soirée se prépare



C’est ainsi, dans cette convivialité générale, que Madoka évoquait ses périples en Australie, que Taka nous racontait l’histoire de sa famille, et permit à Flo -qui avait alors des étoiles plein les yeux- de manier le Takana –arme traditionnelle japonaise- ayant appartenu à son aïeul, officier dans l’armée impériale, que Flo opérait ses tours de magie, et que le pote de Taka partait dans un débat passionné avec Flo –à défaut d’être un débat passionnant- sur Naruto (un manga japonais).


Autour du Takana


Nous tous!
Le lendemain, Taka nous fit visiter les alentours, à commencer par le Mangan-ji –un temple bouddhiste-, gardé par six jiz « jizo », protecteurs des enfants dans le bouddhisme japonais.
L’endroit est paisible. Après avoir passé un joli pont de bois, qui serait l’un des plus vieux du Japon, nous arrivons au temple dont l’authenticité nous conquiert.


Les Jizo montent la garde


Le mangan-ji
Comme d’habitude, ce qui nous captive particulièrement, ce sont les couleurs : le rouge et le jaune des érables et des ginkos qui se détachent du reste du paysage.


Le mangan-ji à la lumière des ginkos

Ca c'est de la couleur!
sous les érables
Après cette halte bucolique, c’est parti pour l’ascension d’une colline maintes fois empruntée par Taka dans ses jeunes années puisqu’elle appartenait à sa famille. De là-haut, Taka nous montre des points de repère et nous explique la géographie : « là-bas c’est la maison, cette terre à gauche et bien elle appartenait à ma famille, la grosse masse de constructions, c’est Hotaka, à droite une terre qui est dans ma famille, ici c’est l’hôtel de mon frère et de là à de là c’est encore une terre à nous… ». Comme nous l’avions déjà compris la veille Taka, et sa famille, ne sont finalement pas n’importe qui. Son ami dont j’ai oublié le nom, mais celui sur qui l'alcool avait bien fonctionné, nous avait prévenu hier soir: « Taka c’est une grande personnalité, c’est un leader que les gens d’ici ont envie de suivre ».

En descendant de la colline, nous testons notre premier onsen qui était planté là, sur une sorte de rond-point en pleine nature. Comme pour nous donner l’eau à la bouche, cet onsen n’était qu’une sorte d’échantillon, puisqu’il ne s’agissait que d’un onsen pour les pieds !

On se détend un peu –enfin … nos pieds se détendent et le reste du corps est dégoûté par ce traitement de faveur- et hop c’est parti pour un petit tour dans un autre temple également niché en peine nature, puis pour un déjeuner dans un restaurant indien.


A l'entrée du second temple

Ce ravitaillement effectué, on file faire un petit coucou à Madoka, qui travaille dans l’hotel du frère de Taka, puis nous atterrissons dans l’atelier de Taka situé quasiment face à l’hôtel de son frère.

En effet, la veille Taka avait fait saliver Flo en lui apprenant qu’il aimait travailler le bois, que la plupart des meubles de sa maison était confectionnée par ses soins, et qu’il disposait d’un immense atelier pour travailler sa passion.
Flo voulait absolument voir ça !
En arrivant à l’atelier, et pour satisfaire la curiosité du Fliflou, Taka fit ronronner les machines, sortit différentes essences de bois et commença ses explications. Flo était aux anges.

Le programme que nous avait concocté Taka nous menait ensuite à la wasabi farm et pas n’importe laquelle : la plus grande du Japon, et donc du monde puisque seuls les japonais consomment cet aliment !
Nous apprîmes donc que la culture du wasabi se faisait sur le lit d’une rivière, afin que la plante soit perpétuellement abreuvée d’eau fraiche, dont le fond a été tapissé de galets disposés de telle sorte que le niveau d’eau requis pour cette culture soit atteint à la perfection. Décidément ces japonais ils faisaient tout à la perfection !


L'art de dompter la rivière


la culture du wazabi

le wasabi, à consommer avec modération














A la sortie de cette visite, nous étions exténués d’une telle journée. Pour nous détendre,  Taka nous proposa de tester un onsen, un vrai ! « Oui, oui, oui » me criaient mes bras, mon dos, mon cou et mes cuisses. « Hein, qu’est-ce qu’il a dit ? », rétorquaient mes pieds dont la bêtise naturelle n’avait pas permis d’assimiler l’information. Fort heureusement, ce ne sont pas mes pieds qui parlent. Aussi ma bouche avait-elle vite compris que le suffrage du « pour l’onsen » l’avait largement emporté sur le suffrage du « contre », et déclarait alors haut et fort que le corps de Sibylle ne réclamait que ça !
Le corps de Flo s’était également prononcé en faveur de la chose.
C’était vendu.

Quelques minutes plus tard, et quelques yens en moins, l’accueil de l’onsen nous délivrait à chacun un bac où mettre nos affaires, la clef du vestiaire, et un minuscule serviette dont la taille avoisinait nos gants de toilettes.
« Pas simple de ne se sécher qu’avec ça » pensais-je.

Bien que nous n’ayons pas de « mode d’emploi » de l’onsen, le Lonely planet nous avait enseigné les rudiments : les onsens sont des bains naturels aménagés au-dessus d’une source d’eau volcanique. Cette eau dont la chaleur est généralement supérieure à 40 °C, très riche en minéraux, aurait des vertus thérapeutiques, et surtout permet de se détendre. La nudité y est de rigueur. Afin d’éviter que cela se transforme en une partouze géante, les hommes et les femmes sont séparés.

Flo et Taka prirent donc le chemin des bains des hommes, tandis que pour ma part je suivais celui des femmes. Lorsque je sortis de ma cabine, j’eu ce réflexe de me servir de ma serviette-gant de toilette, comme Eve usait de la feuille de vigne. Tu me diras en arrivant aux bassins, je constatais que la partie que je cachais –qui, si elle avait réalisé ce qui lui arriverait, aurait certainement voté « contre » lors du vote évoqué plus haut- n’était pas tellement différente de celle des femmes japonaises. En revanche, mes chtoutchs n’avaient rien à voir avec les leurs. Sans décrire mes chtoutchs, je dirais que les japonaises ont un petit volume mais que leus  rustines sont énormes.
En termes de cyclistes, nous dirions que tout laissait croire qu’elles avaient crevé et qu’après l’apposition de la rustine, la chose n’avait pas été regonflée.

Dans ces circonstances, ma serviette-gant de toilette se déplaça du sud au nord. Seulement voilà, elle était trop petite pour contenter chacun des chtoutchs. Une seule alternative : il fallait vite s’enfoncer dans le bassin.
Cependant, là encore, autre rite japonais semblait s’opposer à l’exercice de cette alternative: les bains ne sont pas faits pour se laver. Il est donc nécessaire de bien se doucher avant de pénétrer dans le bassin, et les douches sont très visibles, histoire que tu ne tentes pas de les éviter... Je fais donc aussi vite que je peux, tout en me lavant fermement. Ca y est, je suis entièrement propre, je fonce dans le bassin extérieur, qui heureusement est quasiment vide.

Ce n’est qu’à ce moment-là que toutes les parties de mon corps purent savourer l’instant. L’instant dure. J’ai conscience que les garçons m’ont donné rendez-vous une heure après que nous nous soyons séparés mais franchement, après toutes les épreuves que les timides parties de mon corps viennent du subir, j’ai vraiment besoin de me relaxer. En regardant certaines femmes j’apprends que la micro-serviette se met sur la tête. Je tente. C’est effectivement très agréable. La serviette mouillée permet de se rafraîchir la tête -compte tenu de la température extérieure-, tandis que le reste du corps continue de bouillir.
Après avoir testé un autre bassin, je me décide donc d’honorer, avec le quart d’heure de politesse, le rendez-vous fixé par les garçons.

Naturellement, lorsque nous nous retrouvons j’interroge mon bien aimé. J’apprends qu’il a lui aussi tenté de se servir de sa micro-serviette comme Adam le fit de sa feuille de vigne (et ouai, depuis la nuit des temps, les hommes copient les femmes, faute de cervelle). Seulement Flo compléta « en arrivant dans les bassins, j’ai vu la taille des dards des japonais, et après j’étais beaucoup moins gêné: j’ai vite fait tomber la serviette ».

Nous prenons le temps de passer à la maison nous reposer un peu, avant de partir dîner, avec toute la bonne brochette de la veille, dans une brasserie-karaoké.
Le pote de Taka, qui travaille chez un concessionnaire, arrive, comme à son habitude, dans une nouvelle voiture, et c’est reparti pour une folle soirée.

On nous distribue un classeur de chansons. Le choix est difficile : il n’y a aucune chanson en français et seulement de rares propositions en anglais. Tout le monde s’y met. Une fois que nos voix étaient bien échaudées, Flo se sentait l’âme d’un chanteur. Il tenta de m’embarquer dans un choix suicidaire « Viens on fait un duo sur it’s my life de Bon Jovi », je m’obstinais à lui expliquer que c’était une chanson quasiment inchantable. « Mais non » m’assura-t-il avant de monter, seul, sur l’estrade.

Dès les premières paroles, la chanson échappait à Flo, et je souriais en pensant au refrain qui arrivait.
Ca y est, le refrain est là et Flo ne pouvait chanter plus faux. Tout le monde explose de rire, même lui ! On aurait dit un cheval qui avait raté une haie. Comme si le gérant de la brasserie ne souhaitait pas que cet instant magique ne s’arrêtât, je le soupçonne d’avoir mis en boucle le refrain afin que la scène se répétât à l’infini. Flo était ainsi condamné à retenter l’exploit. « It’s my life, it’s now or never » tentait-il désespérément. Mais les justes notes demeuraient absentes.
Il n’y avait pas de doute : Flo avait enflammé la salle et certainement les réseaux sociaux japonais si un membre du public a eu la lucidité d’immortaliser ce bêtisier.

Encore une soirée à la folle ambiance !

En fin de soirée, l’ami de Taka, qui adorait manifestement le personnage de Flo, faisait tout un cinéma pour que Flo passe chez lui chercher le cadeau qu’il lui avait préparé. En quittant la brasserie, nous passions donc chez cet ami qui avait mis de côté un Kunai –une sorte de dague de lancée des ninjas- de Naruto (le fameux manga qui constituait la passion commune de Flo et de l’ami) ; Ce présent toucha Flo qui multipliait les « aligato cosaimas » (« mercis »).

Décidément, ce séjour chez Taka, avait été riche en partage, et nous ne sommes pas prêts de l’oublier. Taka nous avait fait vivre, avec lui, sa région et son quotidien, et nous étions tombé sous le charme des trois : la région, le quotidien et les habitants.

C’est donc le cœur serré que Taka nous déposa à la gare routière d’Hotaka le lendemain matin, afin que nous puissions nous rendre à Matsumoto.


samedi 21 mai 2016

Nagoya 名古屋市: ou l’éveil de nos papilles


La diversité. C’est ce que nous recherchions chez nos hôtes japonais. Nous nous étions mis pour défi d’avoir des hôtes de tous genres.

Nous avions déjà fait l’expérience d’un expatrié vivant ici (Osaka) et d’un jeune photographe baignant dans la vie active (Kyoto), alors pourquoi ne pas découvrir la vie  d’un couple japonais bientôt à la retraite ?

C’était décidé nous irions chez Nobuyo et Fujiko, des habitants de Nagoya qui nous avaient gentiment proposé le gite et le couvert chez eux pour les deux jours que nous avions planifié dans cette ville.

Outre leur statut de bientôt retraités, nous étions convaincus par les commentaires que de précédents invités avaient laissé sur la plateforme du site couchsurfing: Nobuyo et Fujiko seraient de fins gourmets… Un argument de poids !

Le rendez-vous chez eux était fixé juste avant le dîner : nous allions donc expérimenter la chose dès notre rencontre avec eux.

Pour l’heure, nous sommes encore à Kyoto, et en partant vers quatorze heure, nous devrions être larges pour notre arrivée à Nagoya, au souper.

Un bus nous mène à la gare de Kyoto puis de là, nous devrions trouver un train pour Nagoya.
Vu que nous n’avions pas opté pour l’achat d’un JR pass, qui certes nous aurait permis d’utiliser à volonté le TGV japonais mais dont le prix par personne (l’équivalent de 700 euros) nous avait dissuadé, il nous fallait acheter les billets des trains locaux, les plus rentables dans notre situation.

Seulement le problème c’est que c’est un véritable chemin de croix pour aller de Kyoto à Nagoya en train local (un intermédiaire entre notre RER et notre TER), à un tel point que nous ne parvenons pas à comprendre la « cuisine » à mettre en œuvre pour y parvenir…

Nous nous dirigeons vers un centre d’information. Notre interlocuteur finit par comprendre notre demande. Il sort un grand plan du réseau ferré de l’île de Honshu et nous montre le cheminement à effectuer : Nous devions changer 2 fois de train, et nous taper au moins 50 mini gares. Ce voyage nous semble infini mais faute de choix, nous prenons nos tickets et c’est parti !

Premier trajet effectué, nous changeons plutôt rapidement de train, et environ 4 heures après être partis Kyoto, nous voilà à attendre le dernier train. Celui-ci n’arrive que dans deux heures ; ça c’est la tuile ! On ne sera jamais à temps chez Nobuyo. Ce n’était pas correct de notre part, il fallait que nous trouvions le moyen de le joindre. J’attendais donc sur le quai pendant que Flo trouvait une cabine téléphonique pour informer notre hôte de notre retard. Nobuyo mit Flo à l’aise, et c’est ainsi que nous repartions la conscience tranquille.

Fichtre, mais ce train est encore plus lent que les autres, c’est incroyable ! Nos yeux passaient de la montre au listing des gares qui nous séparaient de Nagoya, et inversement. Ca y est nous étions à nouveau en retard par rapport à ce que Flo avait annoncé à Nobuyo au téléphone… Le stress reprenait.

Enfin, la voilà cette gare de Nagoya dont on finissait par croire qu’elle n’était qu’un mirage.

Pas une minute à perdre, nous courons à la recherche d’un metro.

Comme si la chance était contre nous, nous nous aperçûmes que la maison de Nobuyo était située à l’opposé de la gare, et le pire c’est qu’une fois arrivés à sa station de métro, on en avait pour une sacré trotte de marche avant d’apercevoir l’indice qui désignait notre point de chute : une petite voiture rouge.

Les rues sont noires et vides, il est environ 22 heures. Nous tournons à gauche. La rue monte. Ca y est nous y voilà : la maison à la voiture rouge. A mesure que nous avançons vers la sonnette, notre gène gagne du terrain.

Nobuyo nous ouvre la porte. Nous nous confondons en excuses et expliquons notre interminable voyage. Mais Fujiko (la femme) et Nobuyo (l’homme) nous rassurent immédiatement : « il n’y a pas de problème » nous affirment-ils. « Nous vous avons préparé le dîner ». Nos yeux se posent sur une table dressée à notre attention. Deux assiettes déjà munies de l’entrée nous attendaient. C’était raffiné et beau. Notre gène revint : ils avaient préparé ce repas somptueux pour nous et nous, nous n’étions pas fichus d’arriver à l’heure pour dîner avec eux ; pire Fujiko nous servait les différents mets comme si nous étions au restaurant.

Finalement nos hôtes parvinrent à nous mettre à l’aise. Ils nous indiquent ensuite leurs horaires, si nous souhaitons partager leurs repas, et nous font faire le tour du propriétaire.
Sans être une maison traditionnelle japonaise, cette demeure, entièrement en bois, était très chaleureuse.

Après avoir autant couru de gares en gares, nos sacs sur le dos, nous gagnons « notre » chambre et nous endormons sans attendre.

Le lendemain matin, nous nous réveillons au bruit des assiettes et des casseroles. Nobuyo nous avait (encore) concocté un super, repas que nous partageons tous ensemble cette fois-ci.

Le petit déjeuner est servi!

Alors que nos hôtes filent au boulot, nous avions un programme beaucoup plus fun : visiter le Château d’Hikone, l’un des quatre trésors nationaux.

Le train de banlieue nous mène à Hikone. Nous empruntons de charmantes petites rues avant de commencer notre ascension vers le château.

Les rues d'Hikone

Nous y sommes. A première vue, le château est moins impressionnant que celui d’Himeji, mais il a au moins le mérite de nous laisser l’accès à son donjon. Nous nous attendons donc à visiter des lieux de vie d’un Shogun, des salons, des chambres, lieux de réception, bref tout ce qui nous manquait dans la Visite du Château d’Himeji !

Le donjon principal du Château d'Himeji
Le rituel reste inchangé : nous retirons nos chausses, nous enfilons des pantoufles en plastique qui, je pense, permettent plus efficacement d’empêcher la diffusion de l’odeur des pieds que des pantoufles de vair, de sorte que le château est d’avantage épargné.

On monte l’échelle et nous voilà directement dans le Donjon…
Et là ? rien !
Pas un meuble, pas un bibelot : le vide. Mais que se passe-t-il donc dans ces châteaux japonais ? je sais bien qu’ils aiment la déco épurée mais quand même faut bien vivre un minimum les gars. 

Une déco trop minimaliste? 
Heureusement nous avions une guide, qui voyant notre désarroi (ba ouais ça fait quand même le deuxième château -sur deux- que nous faisons, et qui est entièrement vide) s’empresse de nous expliquer la chose. En fait, les châteaux japonais ne servaient pas de lieux de vie mais uniquement de lieux de défense de la ville. Une sorte de tour de guet, version château et où les seigneurs ne venaient, qu'en période de guerre. Le château devenait du coup le quartier général et le seigneur se tenait, avec ses généraux au dernier étage. Du coup, il n’y avait rien à « visiter » à proprement parler. Notre visite se bornait donc à constater que le château avait une position stratégique, le long de la rivière et surplombant la vallée, et que son architecture permettait de freiner un éventuel ennemi notamment par l’installation d’escaliers super raides que nous mettions trois plombes à franchir, et puis… c’était tout. Au dernier étage, une surprise nous attendait. Oura !!! Nous avions autre chose que du rien ; nous avions, sur les murs, les portraits des empereurs successifs. Merci les gars, vous êtes trop généreux !

En peut-être 30 minutes, la « visite » était effectuée, et nous nous retrouvions en bas. Et tandis que Flo était en pleine discussion mimétique avec un japonais intrigué par la présence d’européens ici, je feuilletais mon fidèle Lonely pour trouver comment « meubler » cette journée.

Euréka, il y a un jardin tout près d’ici. Et ne nous y trompons pas, si les japonais ont effectivement la peau jaune, ils ont également la main verte. Alors on risque de ne pas être déçus.

Tout comme la femme du vieux Monsieur qui « papote » avec Flo, j’attends patiemment que mon homme daigne suspendre ses grimaces et autres gymnastiques qui lui servent de moyen de communication, avant de lui annoncer la suite de la journée, ce à quoi il n’avait d’autres choix que d’acquiescer. Donc, sans grande surprise, il acquiesça.

Tout comme ce fut le cas pour la visite du Jardin d’Himeji, le jardin d’Hikone constituait un véritable havre de paix. Nous sautions de pas japonais en pas japonais pour découvrir une maison traditionnelle plantée là, une petite fontaine servant d’abreuvoir aux oiseaux, ou tout simplement un patchwork de couleurs automnales.

La fontaine
Un jour, nous promettons nous, nous construirons une maison japonaise en France. Et c’est ainsi que nous entreprenions de prendre en photos tout ce que nous pouvions sur ces constructions : de la chaîne de pluie, aux gouttières en bambou en passant par le système de coulissement des shojis, tout y passait.

Flo à l'entrée d'une maison traditionnelle.
En fin d’après-midi, le service d’un thé japonais « matcha » avait lieu dans la plus grande des maisons japonaises du parc. Le sol de la maison est revêtu de tatamis tous identiques à l’exception de l’un, beaucoup plus petit qui servait de trappe pour accéder à la théière.

La maitresse de la cérémonie souleva la trappe et en retira les ustensiles nécessaires. Après avoir effectué quelques gestes de cette célèbre cérémonie du thé (qui ne fut pas reproduite dans son intégralité ici), elle nous servit le précieux breuvage ainsi que des sucreries notamment aux haricots rouges. Il faut bien l’avouer, si nous nous délectons des accompagnements, nos papilles n’arrivent toujours pas à apprécier ce fameux matcha.

sucrerie aux haricots rouges
Sur le chemin du retour, nous parlions de la  construction de notre maison japonaise à nous. Où, comment, et quand allions nous la réaliser ? Idéalement, nous la voyons dans une forêt de bambous. Une pièce ou deux maximum, des tatamis, des shojis, une espèce de plateforme servant de terrasse, les poétiques chaines de pluie…

De retour à la « maison », Nobuyo s’affairait déjà en cuisine. Ce soir nous allions goûter, pour la première fois, des graines de Gingko Biloba revenues à la poêle, ainsi que d’autres curiosités inconnues à nos papilles. Et autour de la table, de quoi parlions-nous ? De cuisine évidemment ! Nous partagions tous nos recettes et nos expériences culinaires. Les visages autour de la table manifestaient alternativement l’envie, le dégoût, l’étonnement.

Nobuyo aux cuisines

Cette belle rencontre s’achevait autour d’une glace (maison bien sûr) car dès le lendemain une nouvelle destination nous attendait : Les Alpes japonaises. 

Le partage d'une dernière glace