samedi 21 mai 2016

Nagoya 名古屋市: ou l’éveil de nos papilles


La diversité. C’est ce que nous recherchions chez nos hôtes japonais. Nous nous étions mis pour défi d’avoir des hôtes de tous genres.

Nous avions déjà fait l’expérience d’un expatrié vivant ici (Osaka) et d’un jeune photographe baignant dans la vie active (Kyoto), alors pourquoi ne pas découvrir la vie  d’un couple japonais bientôt à la retraite ?

C’était décidé nous irions chez Nobuyo et Fujiko, des habitants de Nagoya qui nous avaient gentiment proposé le gite et le couvert chez eux pour les deux jours que nous avions planifié dans cette ville.

Outre leur statut de bientôt retraités, nous étions convaincus par les commentaires que de précédents invités avaient laissé sur la plateforme du site couchsurfing: Nobuyo et Fujiko seraient de fins gourmets… Un argument de poids !

Le rendez-vous chez eux était fixé juste avant le dîner : nous allions donc expérimenter la chose dès notre rencontre avec eux.

Pour l’heure, nous sommes encore à Kyoto, et en partant vers quatorze heure, nous devrions être larges pour notre arrivée à Nagoya, au souper.

Un bus nous mène à la gare de Kyoto puis de là, nous devrions trouver un train pour Nagoya.
Vu que nous n’avions pas opté pour l’achat d’un JR pass, qui certes nous aurait permis d’utiliser à volonté le TGV japonais mais dont le prix par personne (l’équivalent de 700 euros) nous avait dissuadé, il nous fallait acheter les billets des trains locaux, les plus rentables dans notre situation.

Seulement le problème c’est que c’est un véritable chemin de croix pour aller de Kyoto à Nagoya en train local (un intermédiaire entre notre RER et notre TER), à un tel point que nous ne parvenons pas à comprendre la « cuisine » à mettre en œuvre pour y parvenir…

Nous nous dirigeons vers un centre d’information. Notre interlocuteur finit par comprendre notre demande. Il sort un grand plan du réseau ferré de l’île de Honshu et nous montre le cheminement à effectuer : Nous devions changer 2 fois de train, et nous taper au moins 50 mini gares. Ce voyage nous semble infini mais faute de choix, nous prenons nos tickets et c’est parti !

Premier trajet effectué, nous changeons plutôt rapidement de train, et environ 4 heures après être partis Kyoto, nous voilà à attendre le dernier train. Celui-ci n’arrive que dans deux heures ; ça c’est la tuile ! On ne sera jamais à temps chez Nobuyo. Ce n’était pas correct de notre part, il fallait que nous trouvions le moyen de le joindre. J’attendais donc sur le quai pendant que Flo trouvait une cabine téléphonique pour informer notre hôte de notre retard. Nobuyo mit Flo à l’aise, et c’est ainsi que nous repartions la conscience tranquille.

Fichtre, mais ce train est encore plus lent que les autres, c’est incroyable ! Nos yeux passaient de la montre au listing des gares qui nous séparaient de Nagoya, et inversement. Ca y est nous étions à nouveau en retard par rapport à ce que Flo avait annoncé à Nobuyo au téléphone… Le stress reprenait.

Enfin, la voilà cette gare de Nagoya dont on finissait par croire qu’elle n’était qu’un mirage.

Pas une minute à perdre, nous courons à la recherche d’un metro.

Comme si la chance était contre nous, nous nous aperçûmes que la maison de Nobuyo était située à l’opposé de la gare, et le pire c’est qu’une fois arrivés à sa station de métro, on en avait pour une sacré trotte de marche avant d’apercevoir l’indice qui désignait notre point de chute : une petite voiture rouge.

Les rues sont noires et vides, il est environ 22 heures. Nous tournons à gauche. La rue monte. Ca y est nous y voilà : la maison à la voiture rouge. A mesure que nous avançons vers la sonnette, notre gène gagne du terrain.

Nobuyo nous ouvre la porte. Nous nous confondons en excuses et expliquons notre interminable voyage. Mais Fujiko (la femme) et Nobuyo (l’homme) nous rassurent immédiatement : « il n’y a pas de problème » nous affirment-ils. « Nous vous avons préparé le dîner ». Nos yeux se posent sur une table dressée à notre attention. Deux assiettes déjà munies de l’entrée nous attendaient. C’était raffiné et beau. Notre gène revint : ils avaient préparé ce repas somptueux pour nous et nous, nous n’étions pas fichus d’arriver à l’heure pour dîner avec eux ; pire Fujiko nous servait les différents mets comme si nous étions au restaurant.

Finalement nos hôtes parvinrent à nous mettre à l’aise. Ils nous indiquent ensuite leurs horaires, si nous souhaitons partager leurs repas, et nous font faire le tour du propriétaire.
Sans être une maison traditionnelle japonaise, cette demeure, entièrement en bois, était très chaleureuse.

Après avoir autant couru de gares en gares, nos sacs sur le dos, nous gagnons « notre » chambre et nous endormons sans attendre.

Le lendemain matin, nous nous réveillons au bruit des assiettes et des casseroles. Nobuyo nous avait (encore) concocté un super, repas que nous partageons tous ensemble cette fois-ci.

Le petit déjeuner est servi!

Alors que nos hôtes filent au boulot, nous avions un programme beaucoup plus fun : visiter le Château d’Hikone, l’un des quatre trésors nationaux.

Le train de banlieue nous mène à Hikone. Nous empruntons de charmantes petites rues avant de commencer notre ascension vers le château.

Les rues d'Hikone

Nous y sommes. A première vue, le château est moins impressionnant que celui d’Himeji, mais il a au moins le mérite de nous laisser l’accès à son donjon. Nous nous attendons donc à visiter des lieux de vie d’un Shogun, des salons, des chambres, lieux de réception, bref tout ce qui nous manquait dans la Visite du Château d’Himeji !

Le donjon principal du Château d'Himeji
Le rituel reste inchangé : nous retirons nos chausses, nous enfilons des pantoufles en plastique qui, je pense, permettent plus efficacement d’empêcher la diffusion de l’odeur des pieds que des pantoufles de vair, de sorte que le château est d’avantage épargné.

On monte l’échelle et nous voilà directement dans le Donjon…
Et là ? rien !
Pas un meuble, pas un bibelot : le vide. Mais que se passe-t-il donc dans ces châteaux japonais ? je sais bien qu’ils aiment la déco épurée mais quand même faut bien vivre un minimum les gars. 

Une déco trop minimaliste? 
Heureusement nous avions une guide, qui voyant notre désarroi (ba ouais ça fait quand même le deuxième château -sur deux- que nous faisons, et qui est entièrement vide) s’empresse de nous expliquer la chose. En fait, les châteaux japonais ne servaient pas de lieux de vie mais uniquement de lieux de défense de la ville. Une sorte de tour de guet, version château et où les seigneurs ne venaient, qu'en période de guerre. Le château devenait du coup le quartier général et le seigneur se tenait, avec ses généraux au dernier étage. Du coup, il n’y avait rien à « visiter » à proprement parler. Notre visite se bornait donc à constater que le château avait une position stratégique, le long de la rivière et surplombant la vallée, et que son architecture permettait de freiner un éventuel ennemi notamment par l’installation d’escaliers super raides que nous mettions trois plombes à franchir, et puis… c’était tout. Au dernier étage, une surprise nous attendait. Oura !!! Nous avions autre chose que du rien ; nous avions, sur les murs, les portraits des empereurs successifs. Merci les gars, vous êtes trop généreux !

En peut-être 30 minutes, la « visite » était effectuée, et nous nous retrouvions en bas. Et tandis que Flo était en pleine discussion mimétique avec un japonais intrigué par la présence d’européens ici, je feuilletais mon fidèle Lonely pour trouver comment « meubler » cette journée.

Euréka, il y a un jardin tout près d’ici. Et ne nous y trompons pas, si les japonais ont effectivement la peau jaune, ils ont également la main verte. Alors on risque de ne pas être déçus.

Tout comme la femme du vieux Monsieur qui « papote » avec Flo, j’attends patiemment que mon homme daigne suspendre ses grimaces et autres gymnastiques qui lui servent de moyen de communication, avant de lui annoncer la suite de la journée, ce à quoi il n’avait d’autres choix que d’acquiescer. Donc, sans grande surprise, il acquiesça.

Tout comme ce fut le cas pour la visite du Jardin d’Himeji, le jardin d’Hikone constituait un véritable havre de paix. Nous sautions de pas japonais en pas japonais pour découvrir une maison traditionnelle plantée là, une petite fontaine servant d’abreuvoir aux oiseaux, ou tout simplement un patchwork de couleurs automnales.

La fontaine
Un jour, nous promettons nous, nous construirons une maison japonaise en France. Et c’est ainsi que nous entreprenions de prendre en photos tout ce que nous pouvions sur ces constructions : de la chaîne de pluie, aux gouttières en bambou en passant par le système de coulissement des shojis, tout y passait.

Flo à l'entrée d'une maison traditionnelle.
En fin d’après-midi, le service d’un thé japonais « matcha » avait lieu dans la plus grande des maisons japonaises du parc. Le sol de la maison est revêtu de tatamis tous identiques à l’exception de l’un, beaucoup plus petit qui servait de trappe pour accéder à la théière.

La maitresse de la cérémonie souleva la trappe et en retira les ustensiles nécessaires. Après avoir effectué quelques gestes de cette célèbre cérémonie du thé (qui ne fut pas reproduite dans son intégralité ici), elle nous servit le précieux breuvage ainsi que des sucreries notamment aux haricots rouges. Il faut bien l’avouer, si nous nous délectons des accompagnements, nos papilles n’arrivent toujours pas à apprécier ce fameux matcha.

sucrerie aux haricots rouges
Sur le chemin du retour, nous parlions de la  construction de notre maison japonaise à nous. Où, comment, et quand allions nous la réaliser ? Idéalement, nous la voyons dans une forêt de bambous. Une pièce ou deux maximum, des tatamis, des shojis, une espèce de plateforme servant de terrasse, les poétiques chaines de pluie…

De retour à la « maison », Nobuyo s’affairait déjà en cuisine. Ce soir nous allions goûter, pour la première fois, des graines de Gingko Biloba revenues à la poêle, ainsi que d’autres curiosités inconnues à nos papilles. Et autour de la table, de quoi parlions-nous ? De cuisine évidemment ! Nous partagions tous nos recettes et nos expériences culinaires. Les visages autour de la table manifestaient alternativement l’envie, le dégoût, l’étonnement.

Nobuyo aux cuisines

Cette belle rencontre s’achevait autour d’une glace (maison bien sûr) car dès le lendemain une nouvelle destination nous attendait : Les Alpes japonaises. 

Le partage d'une dernière glace

lundi 16 mai 2016

Kyoto 京都市 : Apothéose du voyage

Introduction au Japon, ici tout est normal
Nous avons rendez-vous à 21h avec Shuji, notre hôte à Kyoto. Il est photographe et travaille tard, d’où cet heure avancée. Le point de rendez-vous est à la sortie du métro en plein centre de la ville, à une 20aine de minutes à pied de Gyon (la vieille ville). Nous avons quelques minutes d’avance, et je me demande bien comment on va faire pour diner. Quand il arrive, à vélo, c’est d’ailleurs la première question que je lui pose : « Salut, as-tu déjà diné ? », pas encore me répond-il gêné, « Je suis tellement désolé, je n’ai pas eu le temps de vous préparer à diner, un curry japonais vous conviendrait ? », poursuit-il. C’est à mon tour d’être déboussolé par tant de générosité ! « C’est parfait !» disons-nous en cœur.
Nous le suivons alors jusqu’à un petit restaurant spécialisé dans le curry japonais. Comme je ne connais pas, je prends la même chose que lui tandis que Sibylle tente autre chose. C’est délicieux, comme tout ce qu’on a pu gouter jusqu’à présent, même les sandwichs du 7/11 de ce matin. Shuji ne parle pas très bien anglais, mais son niveau nous permet quand même d’échanger, et nous lui relatons certaines anecdotes de voyage, tandis que lui nous fait part des problèmes économiques auxquels le Japon fait face. Mais, de temps meilleurs sont à venir, puisque le gouvernement prend exemple sur la réussite du modèle économique français. Nous ne tardons donc pas à lui faire prendre compte de la réalité (ce qui n’a pas dû le rassurer). Et finalement nous passons un excellent moment ensemble, ce qui augure bien pour le reste de la semaine. Quand arrive le moment de régler l’addition, nous (et aujourd’hui j’ai honte de le dire) nous regardons avec Sibylle en se demandant si nous devons l’inviter, puis, radins que nous sommes, nous mettons d’accord sur le fait que ce n’est certainement pas ce qu’il souhaiterait… Je commence alors à sortir les billets de mon portefeuille, à cet instant, Shuji qui me voit faire, insiste pour payer. Nous tentons de négocier, tout en étant outrageusement gêné de notre comportement égoïste préalable, mais rien à faire, il ne cède pas. A charge de revanche donc ! Nous voilà chez un Japonais si généreux, qu’en plus de nous héberger gratuitement pendant près d’une semaine sans nous connaitre, insiste pour nous inviter, pour la raison qu’il n’a pas eu le temps de préparer le diner… Et cela ne fait que commencer !
On avait entendu beaucoup de choses sur les Japonais, qualités et défauts, et l’accueil de l’étranger n’était clairement pas un point qui faisait débat : le Japonais, par politesse ou goujaterie selon la personne qui nous en parlait, ne voyait pas le « Gaijin » (occidental) d’un bon œil, et, par conséquent, n’était pas particulièrement accueillant.
Shuji, s’ingénia donc toute la semaine à nous prouver le contraire, et ce jusqu’à notre dernière minute en sa compagnie. Cet article  aura donc pour but de vous présenter Kyoto, bien sûr, mais avant tout de vous dévoiler la nature cachée d’un Japonais souhaitant bien recevoir un invité.
Nous arrivons enfin à la maison de notre accueillant hôte : une petite bâtisse avec un étage. Ce n’est pas très grand mais très agréable,  à la façon japonaise, des cloisons coulissantes en papier et tatamis au sol. Notre chambre occupe tout le premier étage et fait 8 tatamis de surface, car oui, au Japon la surface est calculée non pas en m² mais en tatamis. Notre hôte nous explique comment préparer nos futons pour la nuit. En effet, les japonais rangent tous les matins leur futon, le replient et le mettent dans un coin de la pièce pour ne pas perdre de place.
Shuji nous explique également que, dans la mesure où il ne possède qu’une seule clé pour sa maison, la clé sera toujours présente dans la boite aux lettres fixée sur la porte d’entrée. Cette boîte aux lettres est en effet bien sécurisée puisqu’il y a un code à rentrer pour pouvoir l’ouvrir. Et le code est 2 chiffres ! C’est déjà trop pour le Japon !
Comme nous avons de grosses journées prévues à Kyoto, nous ne tardons pas à aller nous coucher, et passons notre première nuit sur des futons… Ce fut l’une de nos meilleures nuits du voyage, les futons c’est CANON !
Les femmes en Yukata
 Le lendemain, nous nous levons tôt, et nous dirigeons vers LE lieu qui nous faisait rêver du Japon depuis le visionnage des « Mémoires d’une Geisha » : Gyon. Il s’agit de la vieille ville de Kyoto, composée de petites ruelles et de maisons en bois, mais surtout habité encore aujourd’hui par les mystérieuses et attirantes Geishas ! Avec un peu de chance, il est possible d’apercevoir ces fascinantes créatures un court instant traversant la rue ou se rendant dans un restaurant. Pour l’œil non averti qui était le nôtre, à chaque ombrelle ou kimono qui passait devant nous, nous devinions une geisha. Mais nous réalisâmes rapidement que de nombreuses japonaises portaient le Kimono lors de leur jour de repos. En effet, il s’agit en quelque sorte de leur habit du Dimanche, et bien qu’il soit plus rare de croiser un homme en Yukata (Kimono), les femmes, elles, sont ravies de se parer de leurs plus beaux atours, pour notre plus grand plaisir.
Les rues de Gyon
Les pousse-pousse ne sont pas des attrape-toursites ! Les japonais l'utilisent !
Une ruelle

Au cours de notre balade, au cœur de Gyon, nous apercevons une affiche proposant un spectacle initiatique aux arts des Geishas et théâtre Nippon. Ni une, ni deux nous suivons un groupe de touristes qui avaient eu la même idée et pénétrons à l’intérieur d’un petit théâtre contemporain et regardons le programme du spectacle. Ça a l’air passionnant, même si les différentes étapes ne nous parlent pas des masses.
Le « show » commence par une cérémonie du thé, préparée et officiée par une dame agée, distinguée en Kimono, qui procède aux nombreuses étapes de cette présentation ritualisée. Comme nous avions déjà assisté à des cérémonies du thé en Chine, nous nous appliquons à repérer les différences. La première, c’est la tenue de la femme, ici en Kimono, tandis qu’en Chine il s’agissait d’habits de tous les jours, la seconde, …, heu, la seconde c’est qu'ici c’est le Japon et là bas c’était la Chine, et la troisième, et bien c’est : … (rappel à Flo : avant de poster l’article, aller choper un truc sur wikipedia, pour faire intelligent).
La cérémonie du thé
Cette belle entrée en matière, est suivie par une démonstration musicale d’un instrument traditionnel : un sort de grande guitare posée par terre, la mélodie est curieuse mais pas dérangeante. Cette musique est là pour accompagner l’un des arts importants qu’une geisha se doit de maitriser : l’Ikebana, ou l’art de réaliser des bouquets de fleurs. Une femme s’approche alors, à genoux, d’un pot de fleur vide, et commence la réalisation. C’est lent, avec des gestes précis, et la composition florale prend forme, sous nos yeux curieux. Et puis tout à coup, c’est terminé… Je vous laisse juger, mais selon moi c’est quand même du foutage de gueule… Une fois terminé, la femme se prosterne devant son pot de fleur, puis retourne à sa place, tandis qu’un autre femme approche, se prosterne à son tour, et emmène le pot… Voilà qui reste, encore aujourd’hui, légèrement obscur quant au besoin de changer de femme pour faire disparaitre ce « bouquet ».

Un peu de guitare?
Quel bouquet !!!

Le spectacle suivant est une pièce de théatre comique racontant l’histoire d’un maitre punissant ses élèves qui lui tendent des tours pendables. Bien qu’en Japonais, on comprend très bien et c’est assez drôle, le tout est accompagné d’un orchestre traditionnel sur le côté de la scène.
L'orchestre
Le maître gronde ses disciples...
Enfin arrive le clou du spectacle : Une Maiko (apprenti Geisha) vient danser pour nous ! On est assez loin de la beauté exaltante de la geisha du film (Mémoires d’une Geisha), mais les mouvements sont gracieux et la nuque dégagée et au maquillage particulier séduisante. Elle porte un superbe kimono bleu roi et un magnifique Obi rouge (c’est la ceinture). Elle se distingue totalement des femmes qui l’ont précédée.
Le maquillage du cou est spécifique au Geishas
Salutations !

Le show se termine avec des marionnettes actionnées par des hommes dans des combinaisons noires les couvrant leur couvrant même les yeux. Une marionnette a tellement de possibilités de mouvement des clignements des yeux aux phalanges des mains, que 2 personnes sont nécessaires pour leur donner vie !
On me voit, on me voit plus...
Bon, en sortant on ne sait pas trop quoi en penser… Nous tâchons tout d’abord de l’aborder avec intelligence et ouverture d’esprit :
-        T’en a pensé quoi ?
-        Très intéressant, une culture fascinante avec un véritable art du spectacle !
-        Ah… Oui bien sûr ! Quelle découverte !
-        Par contre ce n’est pas trop mon genre…
-        Ah !  ouf ! c’était un peu pourri nan ?
-        … GRAAAAVE
-        Trop chiant la cérémonie du thé !
-        Et le bouquet de fleurs ! la blague !
Au final c’est avec nos esprits étriqués que nous jugeons presque avoir perdu notre temps ! Je crois qu’on peut dire qu’en fait, ça ne nous a pas trop plu, malgré toute notre bonne volonté…
Après ce spectacle, qui n’était pas prévu, c’est déjà l’heure du diner ! Mon moment préféré de la journée (avec le petit-déjeuner, le déjeuner et le goûter…), particulièrement dans un pays dont la gastronomie est si délicieuse pour nos palais français. Nous cherchons pendant quelque temps un restaurant dans Gyon, mais force est de constater que ceux-ci ne sont pas dans nos budgets (100 euros en moyenne par personne)… On décide donc de s’éloigner et débouchons dans une sorte de zone commerciale extrêmement récente et design. Les boutiques ont l’air chic, et on dégotte un resto de ramen tout neuf. J’en suis ravi car je n’ai jamais goûté de Ramen, mais j’en ai souvent entendu parler et ça me tente follement ! Nous commandons donc 2 bols de ramen et débutons un orgasme culinaire qui allait durer près de 3 semaines… Le Ramen, pour ceux qui ne connaissent pas, c’est une soupe de nouilles avec des légumes de la viande, et mille autres saveurs japonaises qui ravissent nos palais en convalescence depuis la Mongolie. Nous apprendrons en rentrant à la maison que nous étions tombés dans l’un des meilleurs ramen de la ville ! Coup de bol ! 
Les ramens sont préparés sous nos yeux
 Nous rentrons alors à la maison ou Shuji nous rejoint vers 22h, et passons le reste de la soirée à discuter avec notre hôte de notre journée et de sa vie de photographe. Je suis fier de lui montrer nos photos de voyage qui l’intéresse, car malgré le peu de vacances dont il dispose (environ 2 semaines par an), il ne désespère pas de visiter un maximum de pays.
Le lendemain, nous nous dirigeons vers le Kinkaku-Ji, ou Temple d’Or, un site exceptionnel où un pavillon intégralement recouvert de feuille d’or situé  au milieu d’un jardin traditionnel et qui se reflète dans le lac miroir qui l’entoure. Là encore, malgré une météo maussade, nous sommes éberlués par la beauté des couleurs des jardins. Chaque pas nous présente un nouveau point de vue toujours plus beau. Evidemment, un tel monument est extrêmement populaire et il y a beaucoup de monde, mais cela n’empêche pas une visite agréable. Le Temple en lui-même est bâti selon 3 architectures différentes, une par étage : Shinden, Samourai et Zen, le jardin également mélange les trois genres, avec une prévalence pour le Zen. Ainsi, chaque ile du lac peut être assimilée aux ilots de rocher présent dans un jardin typiquement Zen, comme nous le découvrirons plus tard.
Le Kinkaku-ji ne déçoit pas

La visite est enchanteresse se termine par une allée de petits stands de nourriture, Sibylle en profite donc pour se jeter sur les échantillons gratuits de tous les stands. On ne se refait pas, je rappelle la devise de Sibylle, moins c’est cher, meilleur c’est ! Imaginez donc des trucs gratuits !
Sibylle est heureuse de pouvoir manger
Aujourd’hui, on ne chôme pas, donc on enchaine avec la visite d’un autre haut lieu de la culture japonaise : le Ryoan-Ji, renommé pour son jardin Zen, le plus grand du monde et considéré comme THE chef-d’œuvre. En chemin, et comme tout bon touriste, on se perd et demandons notre direction à une petite dame, employée d’une boulangerie (oui oui, il y a des boulangeries au Japon). Elle ne parle pas un mot d’anglais, mais nous lui montrons sur notre guide, elle comprend donc tout de suite où nous voulons aller, par contre elle ne connait pas le chemin. Qu’à cela ne tienne, elle appelle ses collègues qui après tergiversations ne savent pas plus qu’elle… Nous ne voulons pas l’embêter plus longtemps, mais elle souhaite absolument nous aider, elle sort donc son téléphone pour appeler quelqu’un qui lui sait, et finit par nous expliquer comment nous y rendre ! je crois qu’en un an de voyage, c’est bien la première fois que quelqu’un se plie en 4 à ce point pour nous rendre service. Nous sommes abasourdis par cette qualité de service, que nous  n’aurons vu qu’au Japon et repartons dans la bonne direction. Evidemment, l’idéal aurait été de comprendre ses explications…
Nous finissons tout de même par trouver et commençons la visite. Elle commence par le fameux jardin zen. Un grand espace avec du gravier soigneusement ratissé et sur lequel se situe 15 ilots en pierre et mousse. Ce jardin mystérieux dont personne ne connait  « l’auteur » a pour particularité qu’il est impossible de voir les 15 ilots en même temps, une vraie prouesse optique ! Mais à part ça, difficile de dire que cela nous touche. Sibylle est même carrément hermétique à toute la philosophie Zen. On regarde donc pendant 3 minutes, mais force est de constater qu’on s’emmerde, on continue donc la promenade à travers les jardins annexes et en faisons rapidement le tour.
Le fameux jardin Zen, comptez les îlots !
Nous terminons la journée par une dernière balade dans le quartier de Gyon et apercevons l’espace d’un instant un véritable Geisha sortant d’un taxi pour rentrer immédiatement dans un restaurant huppé… 
Une geisha au pas pressé

Le lendemain, direction Nara. Une petite ville à quelques kilomètres de Kyoto. La particularité de Nara ? Un immense temple avec un grand parc et qui abrite plusieurs centaines de daims apprivoisés qui se promènent en liberté et acceptent de faire des photos avec les passants pour peu que l’on sache leur demander poliment. Nous achetons donc rapidement un sachet de gâteaux spécifiques dont les daims raffolent. On dirait de grosses hosties, mais, pour les avoir goûtées, totalement infectes. Bref, les animaux et moi c’est toujours le grand amour, je passe donc de daim en daim, leur caressant le cou, la tête, le museau, tout ce qui passe à portée quoi… Tandis que Sibylle regarde de loin en attendant et pestant pour que l’on passe à autre chose. Elle aime bien les animaux, mais pas plus de 5 minutes, Sibylle, donc elle est vite gavée. Mais bon il y a un deal implicite dans le voyage : on fait tout ce que Sibylle veut, tout le temps et partout. Mais il y a toutefois une exception : si il y a des bêtes, on laisse Floflo avec elles  jusqu’à ce qu’il en ait marre. Ce qui finit toujours par arriver, souvent bien après le niveau de tolérance (très élevé comme vous le savez) de Sibylle.
Floflo avec les daims
Toujours avec les daims
Encore avec les daims, et 2 jolies filles !
Nous approchons donc du fameux temple et passons sous un immense portique abritant deux gardiens monstrueux de 10 mètres de haut pas vraiment accueillants, puis découvrons le temple. Il est effectivement énorme et la cour devant est remplie de lycéens en uniforme.
Le temple de Nara et les lycéens
Nous nous purifions au Temizuya (une sorte de fontaine) en buvant et en nous lavant les mains avec l’eau sacrée, puis pénétrons à l’intérieur et découvrons le plus grand bouddha en bronze du monde. Et, en effet, il est massif ! Il est entouré de deux bouddhas plus petits dorés. Comme d’habitude, on admire 5 minutes et on passe à autre chose : je retourne voir les daims, qui sont de toute façon partout. Au fil des allées et des ruelles, nous découvrons un petit temple où il n’y a personne. En nous approchant, une dame à genoux sur un tatami à l’intérieur nous fait signe d’approcher. Nous nous exécutons, et elle nous invite à a la rejoindre. On se déchausse et nous agenouillons à ses côtés. Elle nous explique en japonais le rôle de sa présence ici et nous propose de faire une prière et de sonner la cloche afin que les dieux l’entendent. Une fois terminée elle nous propose des petits gâteaux puis nous repartons en la remerciant chaleureusement ! C’est toujours un immense bonheur que de rencontrer des gens pour qui la langue n’est pas une barrière et qui ne nous voient pas comme des étrangers ! Ces expériences sont rares et méritent donc toutes de s’en rappeler aussi courtes soient-elles.
Une petite prière au temple

Nous atteignons finalement un temple en haut d’une colline qui surplombe la ville et propose un magnifique panorama sur le soleil couchant. C’est extrêmement apaisant et Sibylle scotche complètement. Je finis par la convaincre de rentrer avant qu’il ne fasse totalement nuit, car ce soir, notre hôte rentre plus tôt que d’habitude et nous avons préparé une pâte à crêpes pour le dessert !
Coucher de soleil sur Nara
Nous arrivons à la maison et Shuji est déjà en train de cuisiner le dîner. Nous sommes bien décidés à profiter un maximum de lui car depuis que nous sommes là, il n’a eu que très peu de temps à lui à cause de son travail. Nous le regardons faire en lui proposant notre aide, mais ce n’est pas la peine. En effet il maitrise question cuisine. Les aliments vont dans la casserole et dégagent une odeur exotique qui nous met l’eau à la bouche. Le plus amusant c’est qu’il ne cuisine pas avec des cuillères en bois et couteaux, tout est fait avec des baguettes ! Le diner est enfin prêt et nous commençons à déguster ces saveurs toujours nouvelles mais délicieuses. Décidément la cuisine japonaise ne nous déçoit pas ! Et Shuji est ravi que ça nous plaise. Nous discutons de tout et de rien mais surtout de la France. Le pays le fascine. Il n’y est jamais allé mais en rêve, et nous pose toute sorte de questions. Il est très déçu quand nous lui apprenons que la plupart des rues de Paris sont bitumées et non pavées. Nous lui montrons des photos et est étonné par de drôles de choses. Par exemple le fait que les voitures soient garées dans la rue et non dans des parkings. Il trouve ça bien dommage. En tout cas, ça nous fait plaisir de parler de la France malgré le retour qui s’approche à grand pas.
Shuji au fourneau !
Les délices de, Shuji
La cuisine de crêpes aux baguettes ! Une première !
Demain c’est samedi, et il ne travaille pas, c’est donc avec une extrême politesse toute japonaise qu’il nous demande si il pourrait nous faire visiter son lieu culturel préféré de Kyoto : le Fushimi Inari. Vous imaginez bien que nous ne demandions que ça et acceptons chaleureusement avant de passer au dessert et aux crêpes. Il en a déjà mangé, mais n’en a jamais fait. Il nous regarde préparer les premières, puis nous demande s’il peut essayer. Et bien il se débrouille comme un chef ! La soirée s’éternise à écouter alternativement chanson française et japonaise, puis nous allons chacun nous coucher en attendant le lendemain avec impatience.
Il est 9h direction la colline du Fushimi Inari. Ce temple est dédié au dieu Renard associé à la réussite. Le temple est situé au sommet d’une colline, donc, et d’innombrables chemins y mènent. Mais le plus impressionnant, c’est que chaque chemin est couvert sur sa quasi-totalité de portes orange plus ou moins grandes.
Bienvenue au Fushimi-inari, on sonne les cloches pour prévenir de notre arrivée
En bas de la colline nous apercevons de nombreuses femmes en kimono venues prier. De nombreuses femmes font également la queue pour aller soulever une pierre sphérique après avoir fait un vœu. Shuji nous explique que les femmes doivent essayer de deviner le poids de la boule avant de la soulever. Si leur estimation était correcte, leur vœu se réalisera ! Il est donc amusant de les regarder faire : certaines n’y mettent pas assez de force tandis que d’autres en mettent beaucoup trop. La stupeur se lit souvent sur leur visage. Il ne doit pas y avoir beaucoup de vœu exaucé par ce biais.
Avant de soulever
Visiblement c'est raté...

Après cet interlude, nous commençons à marcher en direction des portes. La ballade est enchanteresse et dure presque 2 heures. De petits lieux saints sont également disséminés, parfois au bord d’une pièce d’eau ou simplement le long du chemin. On peut y acheter des portes orange de toutes tailles. Les plus petites font 10cm, coutent tout de même et 10€ doivent être laissées au temple, les plus grandes qui sont installées sur les chemins de la colline vont jusqu’à plusieurs dizaines de milliers d’euros. Il s’agit en réalité d’offrandes pour la réussite. En effet nous remarquons les gravures sur ces grandes portes des noms d’entreprises parfois très connues ! Nintendo, Suzuki, etc… toutes les grandes entreprises nippones ont leur porte !
Des portes à perte de vue

Shuji quant à lui nous raconte mille anecdotes et nous explique les traditions cultuelles japonaises. Nous nous joignons même à la masse de pèlerins pour faire une petite prière en sonnant les cloches du temple. 
Un mini temple sur la colline

Une prière de Shuji

Il est l’heure du déjeuner, nous repérons un petit restaurant traditionnel offrant une vue sur la ville pas très loin du temple. Nous prenons un déjeuner rapide, et après moult argumentations, nous finissons par avoir le droit d’inviter notre guide/hôte !
Au restau, c'est l'heure d'affluence

Nous passons l’après-midi à errer sur les chemins tortueux de la colline, puis allons faire un tour en ville toujours avec Shuji, qui nous fait découvrir une amusante galerie commerçante. Sibylle toujours à la recherche d’un Kimono qu’elle pourrait accrocher au mur ne trouve malheureusement pas son bonheur… Cette quête au Kimono durera tout le voyage et impliquera de nombreuses heures d’ennui et de malaxage de tissus…Quant à moi j’ai compris que je ne pourrais pas ramener de véritable Katana (sabre japonais), je cherche donc des idées de souvenirs, sans grand succès.
Les étals du marché, des tongs en bois et du poisson séché
Pour diner, Shuji nous propose d’aller manger des sushis, ce qui nous convient parfaitement ! Il connait un bon restaurant familial où les sushis arrivent sur un tapis roulant. Le restaurant étant très populaire il y a 15-20 minutes de queue, ce qui tombe plutôt bien car il y a un magasin Uniclo juste à côté ! Je profite donc de cette attente pour aller me racheter un stock de fringues, pantalon, polo, pull tout y passe ! Encore 5 minutes d’attente et ENFIN ! A table !
Les Sushis arrivent à notre table et rien ne passe. On essaye les classiques : saumon, thon, avocat, etc… et puis on essaye de nouvelles choses aussi comme le thon blanc, la partie la plus grasse du poisson et la meilleure. Les petites assiettes s’empilent sur notre table et commencent à former de belles colonnes. On apprend que les sushis ne parcourent que 300m de tapis roulant avant d’être jetés, afin de garantir une fraicheur optimale, et en effet ils sont tous délicieux !
La pile d'assiettes commence à grimper !
Vient enfin le moment de payer, comme nous pensions inviter notre hôte nous ne nous étions pas restreint et avions mangé jusqu’à n’en plus pouvoir. Mais comme nous aurions dû nous en douter, la générosité de Shuji l’obligea à nous inviter, et nous aurons beau négocier, impossible de venir à bout de sa résolution…
Quelle journée !
Le lendemain, nous irons visiter une bambouseraie à quelques kilomètres de la ville. Une jolie balade apaisante malgré le temps maussade, et surtout qui nous a permis de découvrir un joli petit village ou je repère dans une petite échoppe de jolis pendentif en porcelaine peinte que nous offrirons à nos mères. Ce village charmant au bord de l’eau respire le bon air et la qualité de vie y parait idyllique, et nous y passons la journée à flâner dans ses petites rues.
La bambouseraie

Un village paisible
Nous rentrons le soir et attendons que Shuji rentre du travail. Tristement il ne revient que vers 23h. Nous lui annonçons que nous partons le lendemain et le remercions chaleureusement pour son accueil inoubliable.
-        Comment ? Mais vous partez demain ???
-        Bah, oui…. Comme nous te l’avions dit…
-        Aaah, mais je croyais que c’était après demain !
-        … Nous aussi sommes désolés de partir.
-        Mais vers quelle heure partez-vous demain ?
-        Vers midi, pourquoi ?
-        Pouvez-vous attendre que je revienne pendant ma pause déjeuner ?
-        Bien sûr ! Veux-tu déjeuner ensemble ?
-        Oh non je n’aurai pas le temps de déjeuner, mais voyez-vous, je voulais vous offrir un cadeau et pour vous faire la surprise je l’ai laissé au bureau. Je comptais vous les offrir demain soir !
-        Ooooh… Mais il ne fallait pas ! Bien sûr nous t’attendrons demain !

Vous imaginez notre angoisse, notre hôte qui nous a hébergé gratuitement pendant une semaine veut nous offrir un cadeau, tandis que nous n’avons même pas pensé à lui donner quelque chose…
Bref nous trouvons dans l’urgence une solution en lui réalisant une compil’ de chansons françaises portant sur le thème de l’amitié, qu’on enregistre sur une clé USB, pendant la matinée, et quand il arrive, nous avons quelque chose à lui donner en échange.
En échange de quoi ? Et bien il nous offre une paire de petits balais à tatami fabriqué par une boutique de Kyoto qui existe depuis plus de 200 ans ! Notre cadeau est bien petit à côté…
C’est donc le cœur gros que nous lui disons au revoir, mais avec la ferme intention de le recevoir à notre retour de France !
Merci Shuji et à très vite !
La gare futuriste de Kyoto