mercredi 30 décembre 2015

OSAKA 大阪市: Notre arrivée au Japon où le commencement de notre voyage de Chihiro

La veille de notre départ au Pays du soleil levant, nous vidions nos gros sacs dans la guest house de Shanghai, la balance à nos pieds.
Le billet d’avion était très clair : maximum 10 kilos de bagages. Nous en avions plus de quinze. Un tiers de notre sac devait donc dégager. Le moindre objet non vital (autre qu’un souvenir) devait donc être écarté.

Nous avions du mal à y parvenir. Finalement la solution s’imposa : nous devions recourir à la technique de l’oignon : il fallait que nous superposions nos fringues sur nous, afin qu’elles échappent au dangereux verdict de la balance de l’aéroport.

A ce problème du poids, s’ajoutait celui de l’heure trop matinale du décollage, vol en charter oblige.
Là encore on optait pour une solution risquée mais économe (le prix du taxi aurait réduit à néant les avantages du vol en charter): prendre le premier metro, sortir à la station voulue, puis courir jusqu’à l’arrêt de la première navette du matin pour l’aéroport. Il ne fallait pas la louper car la navette suivante partait une heure après : ç’aurait été trop tard.
C’était tendu, nous étions coincés entre l’heure de départ du premier métro (depuis notre hôtel jusqu’à l’arrêt de la navette) qui était assez tardive et l’heure de départ de la navette (pour l’aéroport) qui était assez matinale. Pour être certains de notre coup, il fallait répéter l’opération. La veille nous avions donc effectué notre itinéraire, repéré les lieux (en notant l’emplacement de l’arrêt de bus, le numéro de la sortie de métro la plus proche de cet arrêt…) et chronométré le tout. Verdict chronométrique: nous avions 4 minutes de battement.

Le lendemain, aux aurores, nous enfilions chacune de nos couches de vêtements, et nous voilà partis à refaire l’itinéraire de la veille, tout en croisant les doigts pour qu’il n’y ait aucun pépin de parcours : 4 minutes de battement, c’est pas large quand même ! Lorsque le métro nous déposa à la bonne station,  les deux bibendum que nous étions foncèrent jusqu’à l’objectif. 
Objectif atteint: Nous avions embarqué à bord de la navette! Ouffff.
Le temps du trajet de la navette on se déshabille un peu (bah ouais on crève de chaud avec toutes nos couches de fringues) et on décompresse.  
Juste avant de faire enregistrer et peser nos bagages, on leste notre dernier bien, devenu superflu: le Lonely Planet de la Chine qui pèse une tonne et que nous avions eu tant de mal à trouver en français... L'avion décolle. 

Japon. Enfin ! Nous l’attendions, nous le rêvions, nous y voilà. Nous sommes à l’aéroport d’Osaka et déjà nous ressentons le raffinement de ce peuple.

Pendant que Flo est parti acheter une carte sim, pour joindre Sam,  notre hôte à Osaka, j’en profite pour me refaire une beauté aux toilettes de l’aéroport. Ben oui, ici c’est ultra civilisé alors fini la nonchalance et la négligence à la chinoise ! le maquillage est de rigueur et je prend mon temps … Oui, je savoure la propreté des lieux, une propreté que n’avais pas ressentie depuis tellement longtemps.

Ça y est je suis prête. Je remonte pour rejoindre mon Floflo  que je vois entrain de courir à ma recherche dans le hall de l’aéroport… Flo qui court ; c’est pas normal : Il y a forcément quelque chose qui cloche. Il m’aperçoit et me lance un regard énervé.

« - mais qu’est ce que tu foutais, ça fait une heure que je te cherche, j’ai eu Sam au téléphone, il m’a indiqué le bus à prendre et vu que t’as mis trois plombes aux chiottes, on vient de le louper ».

Comprenant que je ne pouvais pas confesser mon pêché comme il s’était produit, je feins l’innocence « mais Flo, je suis juste allée aux toilettes et il y avait la queue ! Qu’est ce que tu voulais que j’y fasse ? Tu sais bien que je ne peux pas aller aux toilettes dans l’avion ! (oui, il me semble opportun d’user de ma peur de l’engin pour me disculper)». Malgré mon blush et mon rouge à lèvres, qu’il ne remarqua même pas (comme d’hab quoi) Flo goba mon excuse.

Bon et bien puisque nous avions le temps, il nous fallait comprendre comment marchait la réservation de nos tickets de bus qui nous permettraient de nous rendre au centre ville.

L’organisation est quelque peu complexe mais très stylée : il y a la machine à tickets de bus, bon jusque là on est pas dépaysés, puis la queue à l’arrêt de bus (non non les gens ne se placent pas comme ils veulent à l’arrêt, mais dans l’ordre d’arrivée), il y le contrôleur-étiqueteur qui n’est pas habillé avec l’immonde costume vert chiasse de la RATP mais en bleu marine et blanc avec, s’il vous plait, des gants blancs impeccables.

Son rôle ? Il ramasse nos tickets, nous en donne d’autres (sortes de bons pour la place n° tant), sur lesquels une partie détachable permet d’étiqueter notre sac au même numéro que notre place… Ça c’est de l’organisation.
Le bus arrive.
Pour l’accueillir, le contrôleur étiqueteur  s’inclina jusqu’à ce que le conducteur ait éteint son moteur. Les portes s’ouvrent. Le conducteur, également en costume bleu marine et blanc et gants blancs, descend. Il se retrouve face au contrôleur- étiqueteur. Au même moment, chacun d’eux s’incline devant l’autre, dignes, les bras le long du corps. Le contrôleur-étiqueteur ouvre la soute et place les bagages des passagers (je vous rappelle qu’il ne s’agit là que d’une navette allant de l’aéroport au centre ville hein) selon un ordre bien précis.

Pendant ce temps, le conducteur accueille les passagers à bord.  Alors que l’heure du départ approche, le contrôleur-étiqueteur, se tient droit comme un « i » sur le quai tandis que le conducteur attend ses instructions. A l’heure dite l’homme sur le quai articule ses bras d’une certaine manière pour avertir le conducteur du top départ. Le conducteur s’exécute et pendant tout l’instant où le bus quitta la gare routière, l’homme du quai demeura incliné, pour souhaiter bon voyage au véhicule.

Nous étions fascinés pas une telle organisation emprunte d’un respect, d’une dignité et d’une classe que nous n’avions jamais vue  de notre vie.

Le Japon commençait fort. Très fort, et ce n’était que le début !

A l’arrivée à notre station de bus, nous faisions la connaissance de Sam, notre hôte à Osaka.

Ici quelques explications s’imposent… Comment ça on  avait un hôte à Osaka ? d’où ?

C’est très simple, alors que c’était notre rêve d’inclure le Japon dans notre Tour d’Asie, ce rêve avait un prix : le coût de la vie japonaise. Il fallait donc que nous économisions quelque part. Les transports ? impossible on voulait bouger comme on l’entendait : dans un voyage il ne s’agit pas de rester cloué sur place. La bouffe ? NEVER, c’est trop important pour nous, petits français qui avions quitté saucissons et fromages depuis 11 mois déjà. Il ne restait plus que le Dodo. Oui ça on s’en foutait. On avait juste besoin de 4m2 à nous deux pour nos heures de sommeil nécessaires, un endroit ou se laver et pour le reste, à la one again et bistoufly !
Et justement pour le dodo, on avait un plan, dont nous avaient parlés certains voyageurs : le couchsurfing.

Le principe ? dormir chez l’habitant quelques nuits, et ce gratuitement. La motivation des hôtes ? Partager, rencontrer, s’enrichir, bref de nobles sentiments.

Lorsque nous étions encore en Chine, nous nous étions inscrits sur le site internet de couchsurfing et avions effectué nos demandes d’hébergements pour nos futures destinations japonaises.

Pour Osaka, ce fut Sam qui répondit favorablement (et le premier !) à notre demande.

Et là, à l’arrêt de bus nous le rencontrions.

Je ne sais pas si « Sam c’est celui qui ne boit pas », mais ici Sam c’était celui qui mangeait. A première vue (et même à deuxième et troisième et toutes les autres vues quoi), Sam était un ogre. Il avait de longs cheveux frisés, une pré-barbe et … des Croc's! Ce professeur d’anglais, un américain expatrié, nous accueillit chaleureusement et nous accompagna chez lui à la vitesse d’un escargot. Il habitait une « grande maison », pour le Japon, au sein de laquelle il vivait avec ses deux chats.
Il nous indiqua notre chambre (non non nous n’étions pas sur le BZ du salon mais bel et bien dans une chambre d’ami). Nous étions aux anges : une chambre rien que pour nous avec le même canapé lit ikéa qu’à Paris. Dommage de ne passer qu’une seule nuit dans cette maison à l’aménagement plutôt occidental qui commençait à nous manquer. Mais c’était prévu comme ça : nous avions échelonné un programme au millimètre près et pas question d’y échapper.

Sam: Un Ricain au Japon
Sam nous proposa d’aller chercher quelques trucs à grignotter (enfin … pour nous à grignoter, et pour lui à dévorer).

La superette était, pour nous, une mine d’or : des sushis, des sashimis, des makis partout, des œufs, du beurre, de la farine, bref des aliments que nous connaissions et qui nous faisaient envie ! On optait pour les spécialités japonaises au poisson frais.

Comme à la gare, et finalement comme partout au Japon, les employés de la supérette étaient polis, professionnels, joliment habillés pour leur service, et … ne cherchaient en aucun cas à nous arnaquer. Chaque produit avait un prix affiché (banal pour nous mais pas pour l’Asie), pour lequel on avait pas besoin de se fatiguer à négocier, et systématiquement nous avions un « ohayo gozaimass» soit un « bonjour » à l’entrée de chaque magasin et un « aligato cosaimasta », c’est à dire un « merci beaucoup » à la sortie, chacun de ces termes employés à l’aide d’une voie nazillarde et enfantine que l’on entend que dans les Mangas en VO.

Oui c’est ca nous étions dans un Manga, dans une BD, dans un monde imaginaire où tout paraît beau, courtois, élevé, civilisé au maximum pour l’humble voyageur que nous étions. Nous vivions notre voyage de Chihiro à nous !



A la sortie de la supérette, on faisait part de notre étonnement, sur ce mode de vie, à Sam pour qui tout était banal puisque quotidien. Mais il consentait effectivement que le peuple Japonais était bien plus respectueux et honnête que d’autres.

« Il n’y a quasiment jamais de vol au japon.  Ici, si vous laissez votre portefeuille sur une table pour la réserver le temps de faire quelque chose, personne ne vous le volera » Nous informait-il.

Plus tard, au cours de notre encas partagé, nous lui faisions part de notre programme du lendemain lequel devait se terminer par un train pour Kyoto. Nous en profitions  alors pour lui demander à quelle heure il souhaitait que nous quittions sa maison, sachant qu’il partait bosser tôt le matin et qu’il ne reviendrait le soir qu’après le départ de notre train.
A notre grand étonnement Sam nous dit de partir quant on le voulait. 

« - Mais comment allons-nous faire pour refermer la porte derrière nous car on ne va pas embarquer tes clef à Kyoto ?
-       Ohh ne vous inquiétez pas, poussez la porte sans la fermer à clef (pour info c’était une porte avec une poignée, qu’il suffisait de pousser pour ouvrir). Une fois j’avais perdu mes clefs et j’ai fais comme ça pendant deux semaines. De toute façon, comme je vous l’ai dit, il n’y a pas de vol ici »…

Nous étions abasourdis, par tant de confiance en l’homme ; Cette même confiance que notre culture et nos expériences de vie nous empêchaient d’avoir.

Cette confiance en l’autre, cette absence de crainte n’était pas propre à Sam, mais à tous les Japonais que nous avions (et allions) rencontré.

Alors que Sam devait travailler ce soir là,  nous nous rendîmes dans le quartier d’Umeda, quartier moderne et d’affaires d’Osaka pour admirer l’incontournable « Umeda sky building ».

A l’arrivée à la station de métro adéquate, nous nous retrouvions nez à nez face à la très belle gare d’Osaka, du moderne aérien tel que nous avions appris à l’apprécier depuis Singapour. Une gare à laquelle nous devions nous rendre dès le lendemain pour la visite d’Himeji Castle, l’un des quatre « Trésor nationaux», et l’objectif de notre escale à Osaka.

La gare
Nous nous perdions ensuite dans le dédale des Malls que nous devions a priori traverser pour arriver à l’Umeda sky building. Rien y faisait, on ne le trouvait pas ! On demanda notre chemin chez un papetier qui ne semblait pas le connaître et qui demanda lui même à sa collègue. Celle-ci nous donna un plan et nous indiqua un itinéraire à suivre.

Nous le suivions scrupuleusement jusqu’à ce que nous soyons amenés à emprunter un escalier qui nous força à nous arrêter. 

En bas de l’escalier attendait une foule dont les yeux, et les objectifs, étaient rivés sur une coulée de citrouilles illuminées, laquelle s’étalait sur les marches.

« Ahhhh !! regarde c’est pour Halloween ! » M’exclamais-je.

Sam nous avait prévenu, les japonais raffolent d’Halloween et redoublent d’imagination pour célébrer ça. Pour nous mettre dans l’ambiance, Sam nous avait d’ailleurs montré le masque (enfin… le casque !!!) qu’il avait lui même fabriqué pour la fête de l’année passée : un truc de malade en papier mâché !

Ici non loin de la gare d’Osaka, en plein quartier d’affaire et autour de notre fameuse coulée de citrouilles, s’affairaient des hommes vêtus en habits et en casques de chantier et dont la face était cachée par un loup vénitien.


Quelque-chose se prépare.

Quelques sorcières firent leur apparition.

Il allait se passer quelque chose c’était certain. Pour profiter de ce que nous soupçonnions être un spectacle, nous décidâmes de grossir la foule en contrebas…

Après une dizaine de minutes d’attente et alors qu’on commençait à se demander s’il allait se passer quelque chose, les « hommes de chantiers » se chargèrent d’énormes bacs de balles de ping-pong qu’ils montèrent à différents niveaux de l’escalier. Puis plus rien.

Cinq minutes plus tard, les baffles se mirent à vibrer de toutes leurs forces et une musique électro ponctuée d’une voix qui hurlait « Pingpongggggg- Pumkins », se répéta indéfiniment.

Sur ce fond lyrique, les hommes de chantiers se dirigèrent chacun vers un bac de balles de ping-pong pour en jeter simultanément le contenu dans les escaliers. On avait une impression d’effervescence dans l’air : des balles folles sautant toutes plus haut les unes que les autres de marche en marche. Une effervescence qui ne s’arrêtait pas tant que tous les bacs n’étaient pas vides.

Nous étions ébahis. Non pas par le spectacle des balles de ping-pong, qui bien qu’amusant deux minutes, ne cassait pas trois pattes à un canard, mais par la réaction de la foule. Tous semblaient captivés, émerveillés. Les flashs d’appareils photos pleuvaient quasiment autant que les balles ; les « ouhaaaa » ne s’arrêtaient pas.

le show des balles de ping pong
Ce ne fut que lorsque la dernière balle s’arrêta de sauter que nous quittions notre spectacle d’une foule captivée par pas grand chose. Nous étions épatés par la capacité des japonais de faire d’un non-événement, un événement. C’était très fort !

L’attente et le spectacle nous avaient creusé l’appétit et là, au beau milieu du quartier d’affaires, nous décidâmes d’explorer le ventre de l’une des tours de verre.

Certaines faisaient office d’immenses Malls : on devrait bien y trouver un restaurant. Bonne pioche ! L’un des Malls mettait tout un étage au service de la restauration. Nous n’avions que l’embarras du choix et évidemment, nous jetions notre dévolu sur un resto de sushis, makis et autres spécialités de la mer ; exit les saveurs prétendument venues d’Italie, d’Amérique et autres terroirs.

Ce qui nous avait convaincu c’était le tapis roulant. Celui qui cheminait entre les tables et sur lequel dansaient les plats qui paraissaient tous meilleurs les uns que les autres.


Le tapis roulant: l'argument!
Nous nous installâmes et cédâmes à nos pulsions : dès qu’un plat qui nous tentait faisait son apparition, on le saisissait ! C’était génial ! Pas besoin d’attendre une cuisson, pas besoin de demander des renseignements à la serveuse sur les ingrédients ou autres : nous avions la bête sous nous yeux. Elle paradait dans le dessin d’être adoptée par l’un de nos palais.

Je dois avouer que rien qu’à me souvenir de ce moment, j’en ai l’eau à la bouche. Le poisson était super frais. Bref c'était super bon!

Le meilleur menu international: le tapis roulant

Au milieu de la table, une sorte de plateau creusé dans le matériau présentait les condiments parmi lesquels l’indétrônable wazabi, ainsi qu’une poudre verte.

« Tiens ça doit être du wazabi en poudre » affirma Florent qui en saupoudrait déjà ses plats. Plus tard dans notre voyage, notre hôte des Alpes Japonaises nous apprit que que la poudre verte était du Matcha : le thé Japonais (qu’il fallait évidemment diluer dans l’eau), et eut un fou rire en apprenant que Florent en saupoudrait régulièrement ses aliments.

En sortant du restaurant, Flo me happa dans l’un des magasins du Mall spécialisé dans les mangas et entama sa quête ; celle qui ne le quitterait pas jusqu’à la fin du voyage : Un Jiraya de naruto et un Mihawk de One Piece. Oui oui, Flo bientôt 30 ans, apparemment sensé dans sa tête, cherchait des figurines de Mangas qui coûtaient un blinde pour en offrir une à son meilleur ami (paye ton cadeau pourri) et l’autre pour décorer son propre bureau (très sérieux tout ça) !
Pour ceux qui ne se rendent pas vraiment compte des dégâts, c’est un peu comme si je recherchais une Barbie sirène et un petit poney … et c’est pas fini : que j’offrais l’un de ces personnages à ma meilleure copine ! 

Le début de notre quête
Heureusement pour moi, nous ressortîmes bredouilles du magasin de figurines et il était temps de rentrer car le lendemain, nous avions au programme la visite de l’Himeji Castle, et notre voyage jusqu’à Tokyo.

Sur le chemin du retour au dodo, nous aperçûmes enfin celui qui avait causé notre déplacement dans ce quartier : l’Umeda sky building.

Mouai bof bof




Il n’avait finalement rien de très impressionnant, mais au moins, on l’avait vu ! Done.

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