mardi 18 février 2014

Jaisalmer : Le marchand de sable est passé


Retournons quelques secondes le sablier de notre vie et retrouvons ce grain de notre passé…
Le voilà !
Taillé comme un cristal il nous fait revivre ces longues après-midi d’été sur la plage où, armés de nos pelles, de nos râteaux et de nos seaux, nous édifiions la citadelle imprenable. L’architecte en herbe que nous étions tous le temps des grandes vacances, décidait de surélever le château, de le coiffer de grosses tours de guets reliés entre elles par d’imposantes murailles crénelées. Pour être certain qu’aucun ennemi n’y pénètre on édifie une nouvelle enceinte à l’intérieur de la première. L’entrée se fera entre deux grosses tours plus rapprochées que les autres. Ca y est le château semble pouvoir se défendre.
Nous fermions alors les yeux  et imaginions une vie à l’intérieur. Puis, la mer nous volait le théâtre de nos rêves.
Nous volait ? Pas tout à fait ; elle nous le transportait sur d’autres rives et ajoutait au fur et à mesures de son voyage d’autres grains à l’édifice.

Ouvrez les yeux à présent, vous êtes à Jaisalmer.

Citadelle de Jaisalmer
C’est bien lui, celui dont vous étiez le maître d’ouvrage mais en plus grand, et en vivant : Des carrioles de fruits et légumes, des femmes aux tenues colorées, des hommes coiffés d’un turban vif, des chiens, cochons et vaches se croisent désormais dans les ruelles de la citadelle.

Espace entre les deux enceintes de la citadelle
La découverte de cet achèvement de nos rêves d’enfants  se produisit un soir lorsque le rickshaw, nous conduisit, sur nos ordres, à la guest house qui nous avait été conseillé par un compagnon de voyage.
Nous ne savions alors rien de la fameuse guest house ni de ce qu’était réellement Jaisalmer de sorte que la vision de notre œuvre géante illuminée nous laissa sans voix.

Ce n’est qu’arrivés à notre auberge que nous avons réalisés que nous allions dormir et vivre dans une forteresse où le quotidien n’est rien d’autre que la vie des locaux. Chassez donc de votre tête l’assimilation à Carcassonne où au Mont Saint Michel : ici les gens ne vivent pas du tourisme mais vivent tout court.

Le lendemain de cette découverte, nous partions explorer notre citadelle dans ses moindres recoins pour nous la remémorer. Je ne me rappelai pas avoir dessiné autant de ruelles mais bon, ma mémoire d’enfant me fait certainement défaut. Aussi me bornerais-je simplement à vous faire la description de ce qu’elle et non de ce que je croyais qu’elle était.

Elle est de grès jaune dans le désert du Thar, à la frontière du Pakistan. Ses ruelles pavées sont bordées de vieux Havelis – maisons sculptées comme de la dentelle dans le grès- et nous conduisent à sept magnifiques temples jains. Oui oui, je connaissais dejà la religion jain et les havelis quand j’étais enfant. Non, ne me félicite pas, j’étais tout simplement surdouée et très avancée pour mon âge. Et avec le temps, j’ai su garder mon humilité intacte.


Havelie servant de résidence au Râja de Jaisalmer
La mer a choisi d’installer mon œuvre à une position stratégique : sur la route des caravanes entre l’Inde et l’Asie centrale, ce qui en faisait une ville très prospère. Aujourd’hui mon château semble attendre éternellement le retour des caravanes. Cette fois c’est lui qui ferme les yeux et se remémore ce grain du passé, celui des les chaudes après-midi rythmées par les pas lents des chameaux porteurs de soieries, d’épices et autres denrées, qui venaient faire une halte dans son seing. Il rouvre aujourd’hui les yeux et les aperçoit, ces chameaux qu’il croyait disparus. Oui nous sommes le 12 février 2014, jour du festival du désert.
Les chameliers et leurs montures se sont réunis ici, à Jaisalmer, pour défiler, faire des courses, et jouer au  polo dans le désert en contrebas.

Nous nous pressons pour voir ça. Les chameaux sont blingblingements vêtus (pompons pendants, bracelets aux pattes, couvertures multicolores…) et nous offrent leur spectacle de polo. En gros c’est comme du polo normal mais en mode ralenti. Ben ouai t’as déjà vu un chameau pressé toi?

Le chic du chic
C’est lors de ce festival que nous faisions une merveilleuse rencontre : Celle d’Evelyne et d’Hervé.
Parmi les premières questions, celle de savoir combien de temps durait leur voyage. Et là stupeur… « Il ne s’arrêtera jamais » répondit Hervé. Et oui Evelyne et Hervé ont commencé leur voyage il y a treize ans (à leur retraite) en quittant les cotes françaises à bord de Papadjo, leur voilier, né des propres mains d’Hervé !
Ils reviennent en France chaque année (par avion, parce que c’est plus rapide) environ 4 ou 5 mois pour accueillir leurs enfants et petits enfants dans leur maison du Tarn et Garonne.
Ils rayonnent de bonheur, et c’est sincèrement que nous leur avons avoués que leur vie nous faisait rêver. Oui, il ne sont pas de cette espèce qui « plaque tout » pour voyager (où plutôt fuir) sans jamais rien bâtir et en oubliant leur port d’attache. Ils sont tout l’opposé ; Ils voyagent pour partager (avec les locaux mais également avec leur famille, en envoyant des récits de voyages à leurs petits enfants) et pour apprendre.
C’est donc avec très grand plaisir que nous avons partagé de nombreux instants avec eux au cours desquels nous avons ressenti cette agréable chaleur familiale.

Evelyne et Hervé: Un couple qui respire le bonheur
N’hésitez pas à jeter un coup d’oeil à leur blog, leurs récits de voyage valent le coup !


Après le festival, direction le lac de Gadi Sagar à environ 1km de la citadelle. Ben oui, en sa qualité de désert qui fait rêver, il fallait bien une Oasis au Thar. Celle-ci est de toute beauté ; d’une part parce que cette réserve d’eau est propre (chose extrêmement rare en Inde) et d’autre part, parce qu’elle est bordé des diverses construction  - Grosse porte, gradins, tourelles lacustres, temples- couleur de miel.

Rives du lac de Gadi Sagar
Ce décor était parfait pour souffler un peu, profiter du silence, et lire. Nous l’avons donc exploité à cette fin jusqu’à la tombée de la nuit.

Lac de Gadi Sagar à la tombée de la nuit
Nous nous dirigeons ensuite pour aller dîner quand une vision, juste devant la citadelle, nous terrorisa : Seb, le photographe, se tenait là,  debout et nous regardait fixement.

Une vision d'horreur
Petite test en exclusivité : Etes vous cancre ou faux-cul ?

- Si vous comprenez le pourquoi de notre terreur, c’est que vous êtes de bons élèves, constants et assidus. De beaux faux-culs quoi, de ceux qui lèvent la main pour poser des questions inintéressantes ou qui vont voir le prof à l’intercours.

- Si vous ne comprenez pas le pourquoi de notre terreur c’est que vous êtes des cancres du même niveau que je l’étais moi même, à qui je me bornerai simplement à énoncer, telle une chargée de TD criant la bouche en cul de poule, « Référez vous à l’article sur Udaipur ».

Bref. Alors Seb c’est le photographe que nous avons rencontré à Udaipur et qui ne prend en cliché que l’extrême misère de sorte que si son objectif se dirige sur vous c’est que votre heure est quasiment venue.

Il propose qu’on se fasse un dîner tout les trois. De peur qu’il nous sanctionne de son flash, nous nous exécutons. (En vrai et pour ceux qui n’ont pas de second degré, ca nous a fait super plaisir de retrouver ce jeune baroudeur qui nous a fait profiter de ses magnifiques clichés).

Mais le lendemain  matin, nous nous hâtions de quitter discrètement  la citadelle, pour semer ce Joe Black français… En espérant que le dicton « Jamais deux sans trois » ne se réalise pas.

2 commentaires:

  1. Ma Sibylle je me balade sur ton site, qui est juste extraordinaire !!! Je n'en reviens pas que tu fasses (et que tu aies le temps de faire) tout cela !! C'est à la fois drôle, intéressant, et plein d'esprit !! Moi qui rêve d'aller en Inde, je voyage un peu à travers ta poésie et tes belles images...
    Le Népal me tente beaucoup aussi, j'irai donc suivre vos belles péripéties !!
    Portez-vous bien les amoureux !! Un bisou d'ailleurs... de Paris en fait !!
    Cath

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  2. Ton commentaire me fait super plaisir!!Au final c'est super agréable de faire des récits sur notre voyage et je n'ai pas l'impression que ça nous prenne tant de temps (peut être parce qu'on aime bien ca...). J'espère que pour vous deux tout va bien. Gros bisous à vous.

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