lundi 18 août 2014

De Hoi An à Dalat : Un peu de sport ça fait du bien

C’est sans regret que nous quittons Cat Ba pour rejoindre la superbe ville d’Hoi An au centre du Vietnam. Pour nous y rendre, une seule solution s’offre à nous : la plus économique, il s’agit du bus bien évidemment. On nous annonce une nuit dans le bus (on économise sur la nuit d’hôtel comme ça) et une arrivée à 10h du matin. En gros une petite quinzaine d’heures. Ca ne nous fait pas peur, on n’a l’habitude, et c’est donc sereins que nous tâchons de nous endormir.

Les sleeper bus du Vietnam
Il est 9h30, mon téléphone vibre pour m’annoncer notre prochaine arrivée. Je ne peux pas dire qu’il me réveille réellement car à part les ronfleurs habituels, peu de gens arrivent à fermer l’œil dans le bus (même quand il s’agit de « sleeper bus »). Alors que nous émergeons doucement, l’heure tourne et il est rapidement 10h30. Je commence à regarder la carte du pays que l’on trouve sur tous les guides tout en essayant de déchiffrer le nom des villes que nous traversons afin de nous situer sur la carte. Comme je m’y attendais je ne trouve rien, mais ça valait la peine d’essayer… Enfin dire que je ne trouve rien est un peu réducteur, car je trouve effectivement une petite ville à peine à mi-chemin qui semble porter le nom de celle que nous venons de traverser. Mais il ne peut pas s’agir de la même puisque nous devons arriver bientôt. Je me trompais…
Il est midi et demi, et le bus s’arrête enfin. C’est la pause déjeuner. Sibylle commence à regarder le chauffeur de travers car nous n’avions prévu de rester à Hoi An que 2 nuits en pouvant profiter de cette journée presqu’entière pour visiter. Quant à moi, j’en ai déjà marre, on aurait pu prendre l’avion si Madame n’en avait pas une telle peur. Enfin, il ne reste plus qu’à prendre notre mal en patience et espérer arriver prochainement.
Et de la patience il va nous en falloir, car après avoir demander au chauffeur ce qu’il en était, celui-ci nous répond qu’il ne faut pas compter arriver avant 18h. Moi même j’ai du mal à me contenir, je vous laisse donc imaginer l’état critique dans lequel cette information va mettre la si douce Sibylle. La goutte qui fera déborder le vase sera la pause dîner à 18h pendant une demi heure. Quand on pense arriver dans la matinée, assister au coucher du soleil dans un bus ne correspond pas vraiment à ce que l’on avait prévu, surtout lorsqu’on arrive enfin à 19h à la gare routière de Da Nang, chef lieu de la région et située à une quinzaine de kilomètres de Hoi An. Là encore nos nerfs vont être mis à rude épreuve lorsque l’on nous annonce que le dernier bus pour Hoi An vient de partir et qu’il faut attendre le lendemain 6h du matin pour le prochain. Alors que nous sommes encore sous le choc de la nouvelle, un moto-taxi nous accoste, nous proposant de nous emmener. Après d’âpres négociations, il accepte de nous prendre avec un de ses collègues et nous arrivons enfin à Hoi An pour la soirée.
Hoi An la nuit
Le voyage de Chihiro
Nous sommes déposés en plein cœur de cette ville classée au patrimoine mondial de l’Unesco, et c’est un choc. Nous attendions beaucoup de cette étape, mais là on a du mal à se rappeler que l’on est sur terre. Tout nous pousse à croire que ce voyage interminable nous a transporté dans l’univers fantastique de Hayao Myazaki, ou plus précisément dans l’un de ses plus grands chefs-d’œuvre : le Voyage de Chihiro. 

Dans un pousse-pousse abandonné
Les rues sont entièrement éclairées par des milliers de lanternes de toutes les couleurs, les maisons qui les bordent sont toutes plus extravagantes les unes que les autres. Elles sont d’un style architectural purement chinois : des portes ou des fenêtres rondes, des toits aux extrémités recourbées et magnifiquement décorées de dragons, et autres nagas de la mythologie chinoise. Alors que nous recherchons un endroit où dormir nous tombons face à face avec l’une des merveilles de la ville, le pont-pagode japonais construit à la fin du 16e siècle et réputé indestructible pour avoir résisté à toutes les catastrophes connues par la ville depuis sa construction. 
Sib fait coucou du pont japonais
Après l’avoir admiré pendant un certain temps nous décidons de le traverser pour rejoindre un autre quartier de la ville. Quelques mètres plus loin nous trouvons une chambre d’hôte (l’une des seules présentes dans la zone classée) tenue par une charmante vietnamienne d'un certain âge et parlant parfaitement le français. La maison est typique de la ville : 4 à 5 mètres de large pour une profondeur excédant les 20 mètres. On y trouve une salle de séjour dans un coin duquel se situe l’autel aux anciens, deux chambres se trouvent au fond de la maison suivies d’une petite cour qui accueille la cuisine extérieure. Tout le mobilier est traditionnel avec de grands meubles en bois incrustés de nacre, et des commodes et armoires laquées et décorées de dragons. Le confort y est assez rudimentaire mais on ne peut rêver mieux, et c’est avec soulagement que nous déposons nos sacs pour découvrir plus en détail cette ville tout droit sortie de l’imaginaire.
Notre guesthouse toute en longueur
Nous traversons donc à nouveau le pont en nous extasiant puis nous dirigeons à nouveau vers les rues principales. Cette fois-ci, sans les sacs sur le dos, on a le temps et on admire. Sibylle découvre rapidement un tailleur qui propose de jolis modèles de robes et de manteaux. On n’est pas vraiment là pour ça, mais bon ça ne coute rien de regarder. Quelques échoppes plus loin j’en trouve un autre, et puis encore un (ou plutôt 100)… Ce n’est pas la peine de vous faire un dessin, Hoi An, c’est LA ville du Vietnam pour se faire faire une robe ou un costume sur mesure, il y a des tailleurs toutes les 2 boutiques. Ils ont des modèles assez beaux d’ailleurs, mais, selon Sibylle, autant leur apporter des sacs plastiques tellement leurs tissus sont de mauvaises factures (150% acrylique). Je n’y connais pas grand-chose, mais j’acquiesce volontiers, ce qui a pour effet bénéfique que l’on ne s’arrête plus devant chaque magasin.
Une cuisine fraîche et délicieuse
Bref on part diner sur les rives de l’estuaire où l’on découvre un sympathique restaurant qui propose les spécialités locales ainsi qu’une superbe vue sur la ville illuminée. Et des spécialités, y en a. Tellement qu’on ne sait pas vraiment par où commencer. C’est aussi ça le Vietnam de véritables spécialités selon la région. Sibylle finit par se décider sur un plat au nom enchanteur, les Roses Blanches d’Hoi An. Celles-ci sont en réalité des raviolis aux crevettes en forme de fleur et d’une finesse exquise. Il n’y a qu’une seule famille à Hoi An qui connaisse les secrets de la recette et c’est elle même qui approvisionne tous les restaurants de la ville. Quant à moi je finis par jeter mon dévolu sur le Cau Lau, une soupe de nouille au porc que l’on ne trouve qu’ici et qui concurrence aisément tous les autres plats de nouilles que j’ai pu essayer lors de notre voyage. Une pure merveille !
Le Cau Lau
Un filet de pêche et son mécanisme dans le port
Le lendemain nous décidons de visiter certains des nombreux sites ouverts au public. Ces visites s’avérèrent sans grand intérêt car elles ne consistaient généralement qu’à entrer dans la maison, payer son entrée puis accéder à la pièce principale où l’on nous fournit une brochure explicative très généraliste et enfin repartir, aucune des autres pièces à vivre n’étant ouverte au visiteur. Au bout de 3 maisons nous décidons donc de déambuler dans la ville et de découvrir (gratuitement) d’autres maisons du même style, mais devenues magasins, cafés ou restaurants.

L'intérieur d'une maison devenue restaurant
Une rue paisible où l'on ne circule qu'à vélo

Deux jours passent bien vite lorsque l’on passe de bar en restaurant et nous nous retrouvons rapidement dans le bus pour Dalat, une ville dans les montagnes entre Hoi An et Saigon (Ho Chi Minh Ville), et ayant pour particularité de bénéficier d’un climat tempéré proche du notre.
Cette étape que l’on n’avait pas prévu au départ nous a été conseillée par de nombreux voyageurs comme étant incontournable. En effet, il s’agit de l’unique destination au Vietnam où l’on puisse pratiquer le Canyoning, un sport que nous affectionnons tous les deux pour l’avoir découvert à Bali puis pratiqué dans les Pyrénées. Pour ceux qui ne connaissent pas, il s’agit de descendre une suite de cascades (5 ou 6 en l’occurrence) soit en rappel, harnaché avec du matériel d’escalade, soit en sautant ou en glissant sur des toboggans naturels.

Bref, nous voici donc à Dalat pour faire du Canyoning. En arrivant, on réalise rapidement que le tourisme de la ville n’est vraiment dû qu’à ce sport, et l’on trouve des agences partout. Elles proposent toutes le même parcours à peu près au même prix (20 euros) ce qui n’’est pas cher du tout comparé à nos précédentes expériences. Alors que nous réservons notre excursion pour le lendemain, Sibylle s’assure qu’il n’y a pas trop de sauts car elle n’aime pas ça. On lui assure que lors des sauts il y aura toujours la possibilité de descendre autrement.

On attaque la journée par une balade en voiture qui nous emmène à quelques kilomètres de la ville. Après nous avoir donné les instructions d’usage, nous commençons la descente. On se rend rapidement compte que si nos expériences précédentes nous donnaient l’impression d’être seul au monde, cette fois-ci, l’itinéraire est une véritable autoroute de touristes comme nous. Les premières cascades se passent bien jusqu’à ce que notre instructeur nous annonce la prochaine cascade. Pour celle-ci, nous n’avons pas de corde assez longue du coup on doit se laisser tomber en arrière pour une chute de 4 m. Ceci m’enchante, mais Sib beaucoup moins et elle décide de ne pas la descendre. Cette décision ne va pas plaire à notre guide qui va presque hausser le ton envers Sib, ce qui ne va pas l’encourager mais la braquer. Et Sib fera donc le tour de la cascade à pied (ce n’était pas vraiment la façon dont on imaginait la journée…). Quant à moi je fais la descente et me laisse tomber pile au moment ou je ne sentais plus de corde sous moi. Quand on est lessivé par l’eau de la cascade, la chute ne paraît pas si longue, et je ressors de l’eau assez fier de moi.
Descente en rappel (je suis au dessus)
La deuxième grosse difficulté de la journée consiste en un saut dans le vide. Différentes hauteurs sont possibles : 6m, 8m et 11m. Evidemment je décide d’essayer le saut de 11m, et Sib de… descendre à pied…
Je ne suis pas le seul à choisir le plus haut. Presque tous les hommes prennent celui là. Nous voilà donc perchés au sommet de la cascade à nous encourager pour trouver le courage de sauter. La difficulté consiste à prendre suffisamment d’élan pour ne pas heurter la falaise en contre bas. Quand vient mon tour, je réalise que le plus dur n’est pas tant de sauter que de faire le premier pas de course. En effet, une fois qu’on est parti, il est impossible de ne pas sauter au risque de se faire vraiment mal. Heureusement l’un des types restés en haut commence un compte à rebours. 3…2…1… Ca y est je cours, je saute et ….YOUUUUHOUUUUU  je vole, eeeeeet PLOUUUUF.
Un petit saut de 11m ça donne ça
GENIAL je le refais et c’est parti pour une dizaine de sauts pendant que Sib me regarde en bas. L’un des mecs qui voulaient le faire n’a pas pu et a fini par descendre par le même chemin que Sibylle.
Sibylle en plein effort dans l'étroit goulot de la Machine à Laver
On finit par repartir, pour arriver à la dernière cascade, surnommée « la Machine à laver ». Cette fois, pas de saut, mais une réputation qui fait peur. En effet, cette chute d’eau a pour particularité de vous aspirer vers le fond, de vous faire tourner 2 ou 3 fois avant de vous recracher comme un vieux morceau de poisson avarié que l’on aurait avalé. C’est la cascade la plus redoutée et l’une des filles de notre groupe ne souhaite pas la faire. Là encore le guide s’énerve à moitié pour finalement lui céder et demander d’attendre à côté. Sibylle passe avant moi et ressort saine et sauve. Quand vient mon tour,  je commence en rappel, j’entends l’instructeur me crier de me décaler plus à droite, je glisse à moitié mais réussis à me stabiliser. A cet instant je mets mon premier pied dans l’eau qui gronde sous moi. Pour cette descente, la chute d’eau est enclavée dans un tout petit espace ce qui rend le courant encore plus fort. Alors que je ne vois plus du tout ou je dois mettre mes pieds, je réalise qu’il n’y a plus de corde, mais c’est trop tard. Je suis aspiré dans l’eau, et ne sait plus où se trouve la surface, pour un instant seulement car le gilet de sauvetage, lui, ne se trompe jamais. Me voilà sorti d’affaire, mais quelles sensations. Sibylle aussi a l’appréciée. C’était peut être la plus difficile mais également l’une des plus fun (après les sauts selon moi).
Comme c’était la dernière des 6 cascades, et on entame la marche de retour.

Une fois rentrés, nous prenons nos billets pour Saigon, la dernière étape de notre séjour au Vietnam.

N'oubliez pas l'album ici et le Bisou d'Ailleurs

2 commentaires:

  1. Vos péripéties me font rêver (et parfois froid dans le dos quant il s'agit de chutes et de cascades). C'est un délice de vous suivre...
    Anna

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    1. Merci Anna, ton message nous fait super plaisir. Si t'as un peu de vacances n’hésite pas à nous rejoindre mais ne tarde pas trop à réfléchir parce qu'il s'arrête dans 3 mois. bisous et bonne rentrée.

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