samedi 21 février 2015

Hatgal Хатгал: Où la steppe devient un enfer de glace

Nous sommes  enfin de retour de notre trek à cheval, et mon derrière ne s’en remet pas. La ficelle qui fixait le coussin en cuir sur son socle en bois a bien fait son travail et mes cuisses sont proprement brulées.
A peine le temps de nous décrotter les chaussures que l’on est déjà sur le départ pour rejoindre un membre de la famille de Bayara, Honda. Il possède une « ferme » et c’est le but de notre venue ici : partager la vie d’une famille de fermiers, s’occuper de leurs bêtes, couper du bois, nouer des liens et échanger pendant une semaine. Une expérience inoubliable en perspective. On espère toutefois que nos hôtes seront plus accueillants que notre guide lors du trek qui passait tout son temps sur son téléphone.
Nous voilà donc entassés dans la voiture de Bayara en direction de la campagne (difficile d’imaginer un endroit encore plus perdu que son village, et pourtant…). Après quelques minutes sur une route presque goudronnée, nous nous engageons dans les collines en dehors de tout chemin existant. C’est parti pour une bonne heure de « route » plus ou moins chaotique au creux d’un val entouré de pins. Toutes les 20 minutes, on aperçoit une yourte au milieu de nulle part et régulièrement des troupeaux de Yaks, chèvres et moutons. L’endroit est idyllique.
Enfin, Bayara nous indique la « ferme » où nous allons passer une semaine, et peut être même deux si tout se passe bien.

La ferme...

En fait de ferme, ne se trouve devant nous qu’une yourte et un enclos vide à côté. Pour les Mongols nomades (car c’en sont) une ferme c’est ça…
Nous pénétrons dans la yourte, ronde et de 4m de diamètre. Un poêle au milieu apporte une chaleur bienvenue et 2 lits pour une personne chacun longent les bords de la tente. Honda est là pour nous accueillir avec sa femme et leur bébé de 4 mois dans les bras. Le confort et l’hygiène (pas de salle de bain, ni même de point d’eau en vue) n’est donc pas une priorité des nomades. Je comprends immédiatement que ce type d’expérience spartiate ne va pas être qu’une partie de plaisir, et lorsque Bayara nous demande, avant de partir, quand il doit revenir nous chercher, je lui donne rendez-vous, sur sa recommandation, 5 jours plus tard.
Honda a l’air très sympathique et bien qu’il ne parle pas anglais, cherche à communiquer avec nous. Sa femme quant à elle semble plutôt taciturne, mais parait fort aimable avec son bébé tout rond.

Honda et sa fille

Sa femme et sa fille
Comme il va bientôt faire nuit, nous mangeons quelques tartines de beurre/crème fraîche en guise de dîner et tentons d’établir un lien avec nos hôtes. Pas facile de communiquer, mais entre gens simples on semble arriver à créer quelque chose. Tout à coup, des bruits de sabots lourds viennent troubler le calme ambiant. Après plusieurs répétitions de ce qui nous semble être un ours qui charge la yourte, Honda sort avec une minuscule lampe de poche pour voir ce qu’il se passe. Il revient quelques instants plus tard et nous fait signe de le suivre. Il se passe quelque chose d’inhabituel, nous enfilons nos manteaux et sortons dans la nuit. Je pense avoir souvent vu de beaux cieux étoilés, mais celui-là… Sublime. Un ciel pur, à des centaines de kilomètres de la civilisation, sans aucune pollution lumineuse. Le spectacle est à couper le souffle.
Vous vous en doutez cependant, ce ne sont pas les étoiles qui font le bruit qui nous a fait sortir. On grimpe une côte derrière la tente, et, à la lumière de nos faibles lampes de poche, on distingue enfin l’origine du vacarme : 2 yaks en plein combat de mâle alpha ! Ils se battent pour décider d’un nouveau chef de troupeau. Incroyable ! Le combat est extrêmement violent, les bêtes prennent leur élan et s’assènent de violents coups de tête. L’un est très poilu et semble bien plus massif que l’autre. A plusieurs reprises, nous nous écartons pour ne pas nous faire piétiner. Puis, après quelques minutes, le plus chétif des 2 finit par chasser l’autre, et regagne le troupeau.
Le combat des titans
Quelle expérience !
Notre volontariat commence sur les chapeaux de roues, et nous allons nous coucher des étoiles poilues, plein les yeux.
Après une nuit inconfortable et froide (une fois le poêle éteint, la température baisse rapidement dans la tente), nous prenons le petit déjeuner, encore les mêmes tartines, puis j’accompagne Honda chercher de l’eau tandis que Sibylle reste dans la tente. Nous nous aventurons dans une tourbière (je ne m'en rends d'&ailleurs compte qu’après avoir allègrement enfoncé mon pied dans l’eau glacée). Nous remplissons 2  jerricans et revenons cahin-caha jusqu’à la yourte. Une fois installé bien au chaud, Honda me fait comprendre que la prochaine étape de la journée doit durer jusqu’à 15h. Il est à peine 10h et nous sortons de la yourte en direction de l’enclos juste derrière. Les moutons et les chèvres (Yama en mongol) sont bien entassés les uns sur les autres à l’intérieur. Honda me confie la tâche facile de compter les biquettes tandis qu’il comptera les moutons. Je suis prêt. Il ouvre la porte légèrement pour réguler le flux. Les Yamas se précipitent, se montent dessus, le spectacle est amusant… Mais je dois compter ! 10, 15, 28, 32, 45, 80, 150, 135,  Aaaaaaaah ! j’ai perdu le fil. Tiens ? Voilà le premier mouton qui  sort, et si je les comptais, ils ont l’air moins nombreux, 1, 2, 3, 4, 10, 20, 30, 50, 77. J’ai réussi à compter les moutons, je lui ferai croire que c’est ce que j’avais compris.
(Afin de faciliter la compréhension pour le lecteur, tous les dialogues évoqués dans cet article sont des transcriptions d’échanges muets à base de gestes, NDLR)

-        J’ai compté 77 moutons
-        Tu devais compter les chèvres…
-        Bah j’ai quand même compté les moutons, j’ai le bon compte ?
-        Moi j’en ai compté 78, mais tu dois certainement avoir raison.
-        Ah ??? et les chèvres tu en as combien ?
-        … Je ne sais pas, tu devais les compter…
Incroyable… Un éleveur qui ne sait pas combien de bétail il possède… Ce n’est pas vraiment mon problème, m’enfin quand même, c’est un peu je-m’en-foutiste nan ?
Enfin ce n’est pas le moment de perdre du temps. Les bêtes commencent déjà à s’éparpiller joliment tout en grignotant l’herbe jaune qui nous entoure. Je me demande ce que l’on attend, mais comme Honda s’allume une clope et s’accroupit, j’en profite pour faire de même. Au bout de quelques minutes, je demande à Honda ce qu’il se passe. Il me montre les collines qui nous entourent du bout du bras, en commençant par la gauche, puis fait un grand arc de cercle jusqu’à la forêt à droite, puis me remontre la  yourte. On va donc faire une sacrée ballade !
-        On y va ?
-        Oui, tu y vas.
-        Tous les 2, n’est-ce pas ?
-        Oui, oui tout seul.
-        Quoi, moi tout seul ?
-        Oui ! C’est ça, tu vas là-bas (il étire son bras autant qu’il peut à gauche) puis là-bas (il aimerait bien pouvoir étendre le bras encore) puis tu passes derrière la colline  là, et puis derrière celle-là et par-dessus celle-ci, et là, et là et puis dans la tourbière pour les faire boire, et tu reviens.
-        … … …
-        Voilà, à tout à l’heure.
Il rentre dans la yourte.
Les biquettes se baladent
Les bêtes (qui ont beau ne pas avancer très vite) ont déjà parcouru une bonne partie de la balade. Je les rattrape rapidement et commence à  les suivre, convaincu qu’elles connaissent, mieux que moi le chemin. Une fois les premières collines dépassées, je ne remarque cependant pas de modification dans leur trajectoire, qui semble n’être motivée que par la découverte d’herbe plus fraîche. Je commence alors mon travail de berger, et tache de les diriger vers la droite. Je crie (comme j’avais entendu honda faire) : « TCHAI, TCHAYYE, TCHTCHTCHAAAYYYEEE ». Les yamas m’ignorent copieusement. Les moutons, eux ne font que suivre les chèvres. Je commence à lancer des bâtons pour les faire changer de direction, ça marche… Enfin presque, puisque j’ai maintenant coupé le troupeau en 2, la moitié va dans la bonne direction, mais les autres… sont maintenant trop loin pour que mes bâtons les orientent. Le sport va commencer. A vos marques, prêt, partez !
Florent est en première ligne, il bouscule les moutons terrifiés par ses cris de guerre ! Il commence à escalader la colline, il est dans une forme olympique, il avale les mètres tel un Virenque sous E.P.O ! Quelle performance ! Mais, que se passe-t-il ? Il semble faiblir, la côte serait-elle trop raide ? Le voilà presque à l’arrêt, ses pieds semble peser 3 tonnes chacun. Il est presque au but, il s’arrête, Ahlala quelle tragédie… Si proche, mais si loin…

Avec le troupeau !

Je m’assieds, le sport c’est pas mon truc. La bonne nouvelle c’est que je suis à nouveau à portée de bâton des bêtes les plus éloignées. Je les canarde donc, de bâtons d’abord puis de pierres, et enfin (j’en suis pas fier, mais bon…) de bouses de Yaks séchées…. Et oui, on fait avec ce qu’on a.
C’est donc après un effort surhumain que je rassemble mon troupeau et le dirige dans la bonne direction. Si je me souviens si bien de cet instant, c’est parce qu’il n’aura pas cessé de se reproduire tout au long de notre séjour là-bas. 3, 4, jusqu’à 10 fois par jour. On se marre moins là hein ?!

Un instant de méditation
Il est 13h, ça fait 3h que je promène ces maudites bestioles, incapables de bouffer l’herbe sans bouger. Et oui, j’ai appris ça, les ovins en pâture ne s’arrêtent jamais, ni de marcher ni de mastiquer. J’ai ramassé un grand bâton qui agrandit mon envergure et me permet de diriger les yamas plus facilement. Bref, il est 13h et j’ai la daaaaalle… Comme je ne m’attendais pas à ça, je suis parti sans le Snickers de survie. Une idée de fourbe commence alors à germer dans mon esprit de mécréant : dans la yourte, il m’a montré le 3 sur l’horloge pour me dire de revenir à 15h. Mais je peux peut être faire semblant d’avoir compris  que je devais rentrer dans 3h. Mais OUI !  Évidemment ! Quelle idée ! Je suis un génie du mal, mouahahaha !
« TCHAAAAYYYYEEE Tchayyye, on rentre au bercail les poulettes ! Yahoooo »
« HEEEEEY, mais tu fais quoi là ?? »
-        Qui me parle ?
-        C’est moi, la bergère en bas de la colline qui vient de comprendre ce que tu veux faire.
-        Et alors ? Je te connais pas moi. C’est pas tes bêtes que je promène.
-        Peut-être, mais là c’est pas l’heure de rentrer, t’en as encore pour 2h !
Nan mais c’est pas vrai. Je rêve, je nage en plein délire, on dirait qu’elle a lu dans mes pensées celle-là. Et maintenant, je ne peux évidemment pas rentrer après ça. Je m’étais  donné tellement de mal pour les faire aller dans la bonne direction… J’en pleurerai si ça n’était franchement pas une situation aussi cocasse qu’improbable.
Bref je tourne encore en rond, et revient donc comme convenu vers 15h (il était plutôt 14h45, mais bon, faut pas pousser non plus). Sur ordre d’Honda, je laisse les bêtes tranquillement devant la yourte, et commence à déjeuner (toujours les mêmes tartines) sous les regards curieux de quelques jeunes de la famille de passage dans le coin.
Je demande à Sibylle comment ça s’est passé :
-        Super ! j’ai fait la lessive et la vaisselle pendant que les autres discutaient. La honte…
-        Ah ? et t’as appris à faire la cuisine ? t’es allée traire les yaks ? Tu t’es bien amusée ?
-        Non, non et non. Le bébé a chialé, j’ai dû lui faire des câlins… J’aime pas les bébés…
-        Cool.
Sibylle fait semblant...
Au bout d’une demi-heure de pause, tout le monde dans la tente commence à s’agiter, en me regardant, et en répétant : Yamas, Yamas, yamas.
On finit par me faire sortir, évidemment les chèvres ne sont plus là… Tant pis pour eux, moi j’ai fait mon boulot, et je ne sais pas où elles sont parties de toute façon.
-        Ah mais si ! C’est justement ça ton boulot : les promener le matin jusqu’à 15h, puis aller les chercher et les ramener devant la yourte toutes les 2h jusqu’à 20h.
Quelle galère la vie berger… Heureusement cette fois-ci, Sibylle m’accompagne, elle qui rêvait d’être bergère quand elle était petite, elle va être servie.
On parcourt donc les collines avoisinantes à la recherche du troupeau. Grace aux indications des nomades voisins, on finit par le découvrir étalé dans une forêt d’arbres jaunes. Ça fait plus d’une heure qu’on les cherche, ça nous prendra une heure de plus pour les rassembler et les ramener. Là encore, pause d’une demi-heure, et on repart… pendant que tout le monde glandouille bien au chaud dans la tente.
Il est enfin 20h, la nuit est tombée, et l’on termine de dîner. Pour une fois ce n’était pas mauvais, quelques nouilles avec un peu de viande.
La veille, j’avais fait découvrir la magie à Honda avec quelques tours de cartes qui l’avaient complètement éberlué. Aujourd’hui, Honda me demande de les refaire aux jeunes de la famille. C’est un succès immédiat, et mon ego de magicien gonfle comme un ballon. Je leur refais chaque tour de nombreuses fois, puis finis par leur dévoiler la plupart des trucs. Tous sont choqués par la simplicité de certains tours, mais seule une fille, une peu plus maline que les autres, les comprend tous. Bref, on passe une soirée sympa, après une journée plutôt éprouvante. Finalement tout le monde se couche, on est une bonne douzaine dans la tente. Ce n’est pas très confort, mais bon… Et merde, voilà les mômes se mettent à papoter. 10 minutes, 30 minutes, RAAAAAGHHH, je suis crevé et je ne peux pas dormir à cause de ces mioches ! Sibylle non plus d’ailleurs.
-        OOOOH ! c’est pas un peu fini ce bordel ! », c’était la phrase préférée du pion du dortoir dans mon internat, à Juilly.
Le calme s’installe… pour 5 minutes. Ils recommencent, du coup je gueule une nouvelle fois, cette fois, on m’ignore. Sibylle n’est pas contente et moi non plus, alors elle me le fait comprendre à haute voix. Nous nous lançons donc dans une bruyante discussion sur les bienfaits du silence, qui finit enfin par arriver.
Le lendemain, les enfants repartent en en laissant 2. Le fils et la fille de notre famille. Nous sommes donc 7 à vivre sous la yourte… La petite fille est plutôt mignonne mais dit toujours « No, No, No » à tout, et ses parents laissent passer. Quant au garçon, c’est la tête à claque par excellence. Du haut de ses 10 ans, il sait tout mieux que tout le monde, répond à tout le monde, et fait ressentir sa supériorité à tout le monde, en particulier son père qui sait à peine lire… Bref, 2 enfants parfaitement mal élevés…
Le bon berger rassemble ses brebis égarées...
Le lendemain, je repasse la (presque) même journée solitaire, à crier après des chèvres récalcitrantes. Je dis presque car je ne suis pas passé loin d'un drame diplomatique : après avoir suivi les biquettes jusqu’en haut de la plus haute colline du coin, le troupeau s’était particulièrement étendu. J’ai donc entrepris de le rassembler, puis de le diriger vers la vallée. J’y arrive de mieux en mieux, et je suis carrément fier de mon exploit : « Quel berger incroyable tu fais mon Flo ! ». Ce n’est qu’une fois redescendu tout en bas (20 minutes de marche, tout de même) que le berger voisin, me montre le haut de la colline d’où je descends. Une trentaine de mes chèvres et moutons y sont restés… Je hurle de rage. TANT PIS POUR EUX ! Et de toute façon, on ne confie pas la totalité de sa richesse à quelqu’un, qui n’a jamais encadré de bétail, sans aucune explication ! Mais malheureusement pour moi, je ne suis pas un mécréant, me voilà donc à remonter la côte, à la poursuite des bêtes, que je finis par rattraper bien que les ayant perdus de vue pendant la plus grande partie du trajet. Après de nombreux efforts, j’ai enfin réuni mon troupeau. Et je rentre pour déjeuner.
Sibylle aussi quant à elle, a passé une  super journée à faire la lessive et la vaisselle, jusqu’à 15h, sous le regard narquois des enfants-roi de la maison et de nomades de passage. C’est comme ça dans la steppe, tout le monde est accueilli toute la journée, et peut grignoter un peu de pain et de fromage ou bien du thé (un mélange de thé et de lait de yak, pas mauvais) pour se réchauffer. C’est l’entraide qui prime ici, sauf pour les étrangers, parait-il… Lors de la deuxième partie de la journée, cependant, Sibylle leur a fait comprendre qu’il n’était pas négociable qu’elle ne la passe pas avec moi à chercher les chèvres.
Un nomade de passage
Le soir, on me demande de refaire des tours de magie pour les 2 enfants qui n’avaient rien compris. Ma motivation s’affaiblit, ça fait 3 jours de suite que je fais les mêmes tours aux mêmes personnes, et c’est un peu fatigant.
Le 3ème jour, ma journée débute à l’image des autres, hormis le ciel gris et les nuages bas qui n’annoncent rien de bon. Au bout d’une vingtaine de minutes, cependant, j’aperçois une silhouette bien connue qui se rapproche de moi d’un pas gaillard. « FLOOOOOOOOO ».
C’est Sib qui arrive et elle n’a pas l’air content. La voilà qui arrive à ma hauteur. « Ça fait une heure que j’essaye de te rattraper ». « Ah ? Je ne t’avais pas vu… ».
Sibylle arrive !
-        Pourquoi t’es là ? Ça s’est pas bien passé ?
-        C’est le moins qu’on puisse dire ! Tu sais le chiourme (comprendre le bébé) qui fait d’habitude caca, porté par ses parents, par terre dans la tente et ensuite Honda ramasse avec le couteau qui sert à faire la cuisine? (la vaisselle est faite à l’eau sans produit bien sur)
-        Oui, et ?
-        Eh bien là, elle a fait dans sa lange, et elle avait la coulante.
-        Ah, et ?
-        Bah, la mère m’a demandé de laver la lange pleine de marde avec à peine plus qu’un verre d’eau, et j’ai dû me battre pour avoir un savon.
-        Oula… C’est pas cool ça.
-        Nan ! Surtout qu’il y avait des invités. Franchement la honte. Même elle, elle ne l’aurait pas fait. Je m’en fous, demain, on se barre.
-        Ok, de toute façon moi aussi j’en ai marre de passer mes journées tout seul dans le froid.
D’ailleurs à propos de froid, voilà qu’il se met à neiger. Les bêtes sont rapidement toutes blanches et la balade continue jusqu’à 15h comme prévu. Le paysage a bien changé.

Les bêtes apprécient...

Un aigle nous surveille

Sous la neige
A notre retour, nous sommes surpris de découvrir la tente complètement bondée. Une trentaine d’enfants de l’école du village (où Bayara vit) sont là. On ne comprend pas trop ce qu’ils font ici, mais l’un d’entre eux parle à peu près anglais, ce qui impressionne beaucoup tout le monde.
En tout cas, pour les recevoir, ce n’est pas quelques tartines de beurre au sucre qu’on leur sert. Ce sont des invités d’honneur qui méritent nettement mieux. Honda a tué un agneau et l’a fait cuire à l’étouffée avec des légumes et des patates. La bête n’est presque pas découpée, les morceaux pleins de gras sont les plus prisés. Tant mieux pour nous, mais quoiqu’il en soit, manger à la main de tels morceaux de viande n’est pas franchement évidemment. Il s’agit là du plat national comme nous l’explique le jeune qui parle anglais. Tous en semblent très fiers…
Les enfants finissent enfin par partir, et compte tenu du temps dehors, le fils de honda (le petit prétentieux) avec qui j’essaye de sympathiser malgré tout, décide de nous accompagner pour nous aider à chercher les « yamas ».
A peine les bêtes en vue, le voilà qui siffle et toutes les bêtes se rassemblent et partent dans la bonne direction… J’hallucine. Ils n’auraient pas pu me le dire plus tôt ? Je me suis tellement crevé à gueuler, courir et lancer des bâtons et des bouses de yak… Je suis dégouté.
Bref, on ramène les bêtes, et je commence à expliquer à Honda que nous souhaitons partir le lendemain, qu’il lui faut donc appeler Bayara pour qu’il vienne nous chercher. Après un court échange avec Bayara, où je lui sors une excuse bidon impliquant la mère de Sibylle de passage à Pékin et notre besoin de la rejoindre rapidement. Il viendra nous chercher le lendemain matin. Honda quant à lui, parait très déçu et sa femme ne nous adressera plus la parole.
-        Mais vous deviez rester 1 semaine ? Finalement, en arrivant vous aviez dit 5 jours, et maintenant vous partez au bout du 3ème
-        Bah oui, on n’est pas du personnel gratos!
Non mais je rêve quoi. Si on fait ce genre de volontariat, c’est avant tout pour une expérience humaine où l’on échange avec nos hôtes, pas où l’on se fait exploiter par des nomades qui croient avoir trouvé le bon filon en exploitant des occidentaux.
En partant le lendemain, on leur laisse tout de même un tube presque plein de Biafine car Honda s’est fait mal à la main en essayant d’installer sa parabole pour capter des images sur une minuscule TV noir et blanc (Ça faisait 3 jours qu’il essayait de la faire marcher).
Au petit matin
Le paysage s’est transformé : au lieu d’herbes et d’arbres jaunes, c’est du blanc à perte de vue. C’est magnifique et tellement pur. Dommage que l’on parte aujourd’hui. D’ailleurs voilà Bayara qui arrive. Sa voiture, qui n’est pas un 4x4, n’a pas dû s’amuser pour arriver jusqu’à nous. Nous partons enfin, avec les enfants qui doivent retourner à l’école. Ils sont en pleurs, ils crient, les parents leur font des câlins sans fin. Je ne suis pas sûr qu’ils les aient bien mérités, mais bon. On part enfin… pour se retrouver complètement enlisés à 300m de la maison. J’essaye de pousser la voiture, me prend plein de boue/neige dans la figure, mes pieds sont congelés, Sibylle aussi vient aider. Les enfants restent à l’intérieur. Au bout d’une demi-heure, je propose à Bayara de mettre du bois sous les roues, mais il m’envoie promener comme un bon étranger qui ne connait rien. Je décide donc de regarder les opérations sans lever le petit doigt. Des nomades de passage viennent enfin nous aider, et au bout de 5 minutes, ils vont tous chercher du bois, le glissent sous les roues, et hop magie ! La voiture repart.
Quelques heures plus tard, nous voilà dans le bus direction Oulan-Bator. Nous sommes au dernier rang, et un ivrogne, qui est monté avec 4 pneus dans le bus (va savoir pourquoi...?), tente de nous embêter, tant pis pour lui, on le repousse avec nos pieds jusqu’à ce qu’il aille ennuyer d’autres français qui n’ont pas notre tact et qui se feront enquiquiner toute la nuit.

Le trans-mongolien, beau comme un camion

Les chameaux de Gobi
2 jours plus tard, nous prenons le transmongolien pour la Chine, direction Pékin, puis Shanghai ! Le train est magnifique, et nous retraversons une partie du désert de Gobi dans le sens inverse qu’à l’aller. Nous y verrons même quelques chameaux. La particularité de ce train, c’est que lors du passage de la frontière, il s’arrête pendant 3-4h durant lesquelles les roues sont changées pour des roues moins larges. L’opération est admirablement menée et le train n’a pas une minute de retard !
Le changement de roues !
Bienvenue en Chine (seconde partie !)

Pour plus de photos, c'est ici !

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