mercredi 18 mars 2015

Shanghai 上海市 : une eclipse sur le bund

Shanghai, enfin, nous y voilà ! J’y étais déjà passé lors d’un stage en Chine en 2007, et j’avais adoré. C’était donc avec impatience que j’attendais d’y retourner. A l’époque, j’avais été marqué par l’architecture extraordinaire de cette ville explosive de vie. Je ne vais pas être déçu.
Comme d’habitude, la première chose consiste à nous rendre dans l’auberge de jeunesse où nous avons réservé. Elle est plutôt sympa et pas trop chère ce qui relève de l’exploit dans cette ville, la plus chère de Chine. Contrairement à notre habitude, nous n’avons pas vraiment planifié nos visites, et comptons principalement errer et profiter de la vie citadine. Il y a quand même quelques incontournables de prévus : une balade sur le Bund, se perdre dans les petites ruelles de la concession française, une visite dans le Shanghai traditionnel aux Jardins Yu et enfin se prendre une bonne caisse dans le bar de mon copain Charles, expat’ depuis plusieurs années et patron du « premier Wine Bar de Shanghai » selon ses dires (le bar date de 2008 ! C’est donc un concept assez neuf en Chine).
Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais j’ai réussi inconsciemment à faire une introduction et une présentation du plan de mon article comme une vraie dissert’ ! Je m’épate moi-même parfois.
Bref, une fois installés, nous prenons la direction du Bund, avec lequel je souhaite renouer le plus vite possible. On a regardé sur une carte et ça n’a pas l’air trop loin de l’hôtel, du coup on décide d’y aller à pied. Comme ça on pourra en plus en profiter pour passer à People’s Square et surtout par la fourmillante Nanjing Lu, la fameuse rue que l’on voit tout le temps sur les photos pour représenter la surpopulation Chinoise. 
Welcome on People's square
Bain de foule sur Nanjing Lu
Rien de tel qu’un bon bain de foule pour se remettre de la solitude de Mongolie. Comme je l’ai dit, ça n’avait pas l’air bien loin, c’est donc 40 minutes plus tard que nous arrivons à People’s Square et commençons enfin à redécouvrir l’architecture folle Shanghaiaise ( ? je suis  pas trop sûr de l’orthographe sur ce coup-là). 40 minutes pour ne pas aller bien loin, je sais ce que vous pensez : "Quelle bande de lambins, ils doivent certainement marcher à l'allure de sénateur de Sibylle !". Et bien pas du tout, pour tout vous avouer, il s'agit de l'un des nombreux compromis qui font notre relation : elle accélère tandis que je ralentis pour réussir à avancer ensemble. En réalité, je suis presque tout le temps 3 mètres devant elle, et je marche à mon allure normale, tandis qu'elle suit à la même vitesse. Il est bon de noter que si je m'arrête pour l'attendre, elle me rattrape, et dès que je redémarre, elle ralentis inconsciemment le pas pour se retrouver 3 mètres derrière... et pouvoir marcher à son allure, qui n'est rien d'autre que la mienne, mais derrière moi...
Bref tout ça pour dire qu'à Shanghai, ce n'est pas notre lenteur qui pose problème, mais plutôt notre notion du temps qui est complètement défaillante, comme vous pourrez vous en apercevoir plus loin.
Revenons donc à nos moutons (on parlait d'architecture pour ceux qui ont du mal à suivre) : des tours immenses qui chatouillent le ciel de formes  et tailles toutes différentes mais présentant un paysage artificiel exceptionnel. On discerne même la fameuse tour des télécoms avec sa grosse boule au milieu. 
la tour des télécoms
Pour trouver le Bund, ce n’est pas compliqué : il suffit de se diriger vers la boule en question. Mais pour ça, on choisit de passer par Nanjing Lu. C’est tout droit. Le bain de foule commence. Même si ce n’est pas aussi intense que dans mon souvenir, c’est quand même pas mal. Je remarque également quelques changements de magasins : avant, la rue était pleine de boutiques qui vendaient des bricoles pas chères, maintenant c’est toujours des bricoles mais les tarifs ont été multipliés par 10 et la pollution visuelle est incroyable. Difficile de savoir où regarder tellement il y a d’affiches, de noms de marques, de textes et de signes cabalistiques. 40 minutes de plus, ça n'avait pas l'air loin non plus, et nous arrivons enfin sur le Bund ! Comme quoi l’échelle d'une carte peut avoir de l'importance. Le Bund donc, un endroit unique, d’un côté, des bâtiments coloniaux, massifs et parfois raffinés, on aime bien, particulièrement Sibylle. Mais surtout il y a l’autre côté du fleuve de quelques centaines de mètres de large. L’autre côté, c’est la démesure du moderne. C’est là que la vraie fantaisie architecturale de Shanghai prend corps, des tours de toutes formes et de toutes les couleurs : bien sur la tour des télécoms avec toutes ses boules, mais il y a aussi la tour décapsuleur (Sibylle y voit un sac à main...), la tour surplombée par un immense cristal de roche, etc... Sur le fleuve, des cargos immenses passent sous nos yeux, mais dans mon souvenir c’était encore plus beau, et c’est pour ça que nous attendons le coucher du soleil pour apprécier le spectacle lumineux de Pudong, car c'est la nuit que l'architecture moderne affiche toute sa magnificence !
le Bund de jour
Le soleil baisse, les lumières s’allument les unes après les autres. Des écrans qui font la taille des immeubles, des immeubles couverts de diodes, des milliers de Chinois qui se baladent, se prennent en photo, font des selfies. Ils sont d’ailleurs nombreux avec du matériel photo professionnel à plusieurs milliers de dollars. On leur demande donc de nous prendre en photo pour notre traditionnel Bisou d’Ailleurs, avec du matériel de cette qualité, ils doivent savoir prendre des photos.

Le côté colonial du Bund
Toujours le même côté
Eh bien non… Toutes les photos sont ratées, c'est bien la peine d'avoir du matériel de fou, si c'est pour ne pas savoir cadrer... On finit quand même par en avoir quelques-unes pas trop nulles, après avoir demandé à des amateurs complets d'appuyer sur le bouton après que j'aie effectué tous les réglages. 
Au bout d'un certain temps, on se rend compte d'un phénomène curieux : tous les photographes semblent prendre des photos en visant le ciel, plutôt que le Bund en lui-même. Cela finit par m’intriguer, et je m’installe juste à côté de l’un d’eux pour voir ce cliché qu’il cherche si désespérément à capturer. C’est la Lune ! Et pour cause, ce soir, nous avons droit à une éclipse lunaire. Nous avons raté le moment où la Lune a disparu, mais on est encore là pour la voir réapparaître. Le spectacle est magique, et on profite au  maximum de cette occasion rare. On pourrait y rester des heures, et c'est exactement ce que l'on fait. Que du bonheur. J'adore et Sibylle aussi, mais pour elle, ça reste moins beau que Singapour... Nous entamons donc notre habituelle dispute quotidienne. Et comme d'habitude, c'est complètement stérile, car nous n'arrivons jamais à faire entendre à l'autre nos arguments respectifs. Tant pis c'est la base de notre amour : une suite infinie de désaccords qui nous rapprochent comme 2 aimants. 

Le bund et l'eclipse !
On a même droit à un feu d'artipette
Après une bonne nuit de sommeil réparateur, nous nous dirigeons vers la fameuse Concession française. Le quartier est si sympathique (ce sont les français qui l'ont construit, évidemment) que c’en est devenu un des grands spots touristiques de la mégapole. C'est un peu le Paris de l'Asie, De petites ruelles où se succèdent bars et bistros. Le tout est à taille humaine et parfaitement agréable, si l'on peut faire abstraction des touristes chinois, ce qui n'est malheureusement pas encore notre cas.
Les petites ruelles au charme désuet
On s’y perd rapidement, et c’est justement le but (comme à Paris en fait!). C’est aussi le coin le plus  chic de la ville (décidément quelle ressemblance avec notre chère patrie), du coup tout y est très cher (ça aussi on connait bien en France). Tant pis, on n’ira pas au resto ici. Mais la promenade est sympa et comme on avait lu qu’il y avait une bibliothèque française au consulat on s’y arrête pour essayer d’y dégoter un guide en français sur le Japon. Nous pénétrons dans un immeuble sans âme, montons au 3eme étage. C’est le consulat de France. Pas très impressionnant. Une porte mène à une bibliothèque. toute petite. Nous y trouvons notre guide, normalement il faut être membre pour acheter quoi que ce soit, mais la française à  la caisse nous rassure : « C’est une magouille par rapport au gouvernement Chinois, donc je vais vous faire passer sur ma carte de membre. » Ah…. Toujours cette liberté d’accès à l’information extraordinaire en Chine !
Un calligraphe en plein travail
Une fois cet achat fondamental effectué, je décide enfin de contacter mon copain Charles pour dîner.
-        - Heeeeeeeey Mecton ! Ca fait un bail !
-        - On peut passer te voir ?
-        - Bien sûr quand tu veux ! Enfin... pas tout de suite... il est 15h et je viens de me réveiller aux côtés d'une poulette qui a passé la soirée au bar hier...
Ah... Au moins il n'a pas changé ! Ca va me rappeler le bon vieux temps, héhé...
Voilà on arrive devant le bar, on entre ! Charles est en train de s'occuper de clients, il a l'air de prendre son job très au sérieux. Un vrai patron de bar chic, sympa et bon vivant. Il brosse les clients dans le sens du poil, les flatte, et finira par leur vendre 3 fois ce qu'ils avaient prévu de consommer. Good job Mate ! Une soirée bien arrosée commence :  une grosse assiette de charcuterie, du tartare de saumon, des côtes de porc, et bien évidemment le pinard ! Je lui raconte tous les derniers ragots depuis son départ, lui nous raconte son parcours chaotique pour enfin arriver à cette situation stable, financièrement très intéressante et nouvelle de gérant de Wine bar. Nos discussions sont régulièrement interrompues par l'arrivée de nouveaux clients (visiblement le bar marche bien), et par un vrai travail de commercial aguerri de Charles. C'est incroyable cette capacité qu'il a à devenir un vrai petit toutou devant ses clients pour les rendre accros. Et ça marche ! Ils sont tous convaincus d'être son meilleur ami, j'espère qu'il ne nous fait pas le coup à nous aussi...
Quand on lui annonce pour nos fiançailles, et avant même que je suis en train de chercher une photo de la bague de Sibylle, il prouve là encore la bonne connaissance qu'il a de moi :
- Et il va me sortir le diamant, de la Grand-mère, qu'est gros comme ma tête...
- Tu crois pas si bien dire ! regarde ça un peu.
Bim ! Dans les dents, faut dire qu'elle est belle la bagouze, Sibylle passe une partie de son temps libre depuis le début du voyage à regarder les photos que j'ai prises avec mon téléphone avant de partir.
Bref, la soirée se passe bien et là encore notre horloge naturelle (ou bien est-ce l'alcool?) nous joue un tour et on finit par abandonner après mon 6eme verre de vin. Autant vous dire que je vais bien dormir.
Je fais mine de demander la note (en espérant très fort qu'elle ne soit pas aussi salée que les frites qui accompagnaient les côtes de porc), mais il insiste (on ne résiste pas longtemps) pour nous inviter. Heureusement, d'ailleurs parce que sinon le budget Shanghai serait salement amoché ! 
Une bonne bouffe française pour se requinquer
Une assiette de charcut'!!
Entre boite de nuit et galère de visa, aujourd’hui en tout cas, il semble s’être rangé et donne tout ce qu’il a pour le bar. Tant mieux !
Merci mon Charlot.
Il est 1h du mat’ et on décide de rentrer à  l’hôtel. Le métro de SH se termine vers 22h donc on a le choix entre taxi et nos jambes. D'un commun accord (Sibylle décide, quoi), on rentre à patte. Le chemin (qui nous prend tout de même 1h30) n’est pas de tout repos, entre ma douce et tendre qui se plaint qu’on ne soit toujours pas arrivé et moi qui tente de la convaincre de prendre un taxi. Sans compter qu’on a quand même un sacré coup de le pif avec tout ce qu’on a picolé . Parfois le temps continue à nous jouer des tours : 
Imaginez-vous face à un passage piéton et le feu vert nous indique 20 secondes pour traverser la rue. C’est évidemment bien plus qu’il ne vous en faut, sauf qu’il ne reste plus que 5 secondes alors que vous n'avez pas encore dépassé le milieu de la rue. Du coup, vous accélérez, pour arriver à temps, et quand vous abordez finalement le trottoir d'en face tant attendu, il vous reste 3 secondes sur le timer... Quand je vous disais que le temps à Shanghai n'était pas normal ! Il est également possible que notre taux d'alcoolémie soit en partie responsable, mais uniquement pour cette anecdote, tout le reste est véridique ! 
Pendant les jours qui suivront, nous profiterons de cette ville coup-de-cœur à nous promener sur ses avenues immenses à la découverte de merveilles architecturales et de concepts novateurs.
L'immeuble vague
L'entrée d'un magasin...

Des décorations de toits de l"époque ming
Pour notre dernier jour, direction les Yu Garden, un ensemble de jardins de l’époque Ming, parfait exemple des jardins chinois, qui allient roches, végétaux et eau en un gros melting pot kitschouille mais assez sympa quand même. Sibylle s’amuse à jouer à cache-cache dans les rochers, et moi j’essaye de prendre en photo les poissons dans les bassins. Bref une journée parfaitement dans la veine du reste de notre voyage. On n’en gardera pas un souvenir impérissable, mais c’était quand même pas mal.
L'architecture tradi des jardins
Un sourire des jardins
Avant de partir, Sibylle tient absolument à retourner sur le Bund. En chemin, on passe devant un minuscule coiffeur 10x moins cher que ses voisins. Ca tombe bien parceque ça fait 5 mois que j'y suis pas allé, et on ne voit presque plus mon début de calvitie. Il est donc vraiment temps d'y remédier.  Nous entrons donc dans ce petit salon de quartier, qui n'a jamais coiffé d'étrangers, et entamons une discussion avec une charmante vieille dame (la seule autre cliente). Elle parle bien anglais et connais même Paris car son défunt mari était un musicien connu, venu jouer dans la plus belle ville du monde à plusieurs reprises ! La coiffeuse quant à elle ne comprend rien à notre discussion mais semble ravie (et intimidée) de coiffer un aussi beau français... (Non je  n'exagère pas, et oui je dis ça un toute modestie.) 
At the couptif
De retour sur le Bund, on en profite pour visiter la Hong Kong and Shanghai Bank, un bâtiment exceptionnel, avec des mosaïques magnifiques et toujours très kitsch à l’intérieur, malheureusement, il est interdit d’y faire des photos donc j'en ai piqué une sur internet!

Le hall d'entrée de la banque
Avant de partir on repasse chez mon copain pour une deuxième soirée plus sage mais où je déguste le steak tartare dont je rêve depuis le Laos, puis on embarque dans le bus qui nous amène dans l’une des plus belles villes de Chine : Wuzhen !

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