dimanche 28 décembre 2014

Un aller simple pour Oulan Bator (Улаанбаатар): Voyage vers le fantastique

Vide. La gare routière de Pékin est vide. On s’inquiète. Comment le pays le plus peuplé au monde peut-il avoir une gare entièrement vide ?  Le bus pour Erlian, la frontière Mongole, part-il vraiment d’ici ?

Ahh c’est bon. Nous ne sommes plus seuls. Deux personnes sont entrées dans la gare.

Nous sommes désormais dans une gare presque vide où deux personnes attendent (nous) tandis que deux autres jouent au badminton (eux). Normal quoi.

Une heure passe. Toujours personne d’autre que nous 4. Flo va demander pour la Nième fois à deux écervelées qui travaillent là, ce qui se passe.
Pourquoi ne pouvons nous pas acheter nos billets ? Pourquoi le bus qui était sensé arriver il y a une heure n’est toujours pas là ?

Les deux filles qui n’avaient d’égal à leur laideur que leur intelligence pouffent de rire. Nous n’avons pas notre réponse.

Environ une demi heure plus tard, un homme entre dans la gare. Il se dirige vers les guichets vides. Cette constatation faite, il entre dans la loge des laides et entame une conversation. La loge communique avec le guichet. L’une des laides se rend donc derrière son guichet. L’homme reprend sa place initiale et parvint a avoir son ticket. Flo fonce derrière lui et quand vient son tour, demande à nouveau un ticket pour Erlain. La laide lui fait à nouveau comprendre qu’il lui faut regagner sa place. Elle referme le guichet pour rejoindre sa pair avec qui elle continuera d’exposer les derniers textos reçus sur son téléphone.

Les joueurs quittent la gare. Une SDF tente sans succès de nous faire abandonner quelques yuans avant de rejoindre les WC où elle s’y enfermera quelques 40 minutes.

Un nain entre dans la gare. Il se dirige dans notre direction. Nous comprenons le mot « ticket » et le mot « money ».
Il veut que nous le payons pour les tickets. Le hic c’est qu’il nous fait comprendre qu’il ne peut pas nous donner les tickets sur place. Il veut que nous le payons et que grâce à cet argent, il aille nous acheter les billets de bus. On lui fait comprendre qu’on ne paiera que lorsque le bus sera là, ou alors qu’il sera en possession des tickets.  

Il erre dans la gare.

Plus tard, un couple entre en scène.

Le nain leur parle.

L’homme ressemble étrangement à Drogo le leader des Dothraquis.  Il parle au nain dans un Dodhraquis revisité. Flo s’approche de l’homme. Alléluia !!!! Il parle couramment anglais.

Drogo nous dit qu’il a dû payer le nain pour que celui-ci lui rapporte d’ici 20 minutes les tickets de bus.

Puisque les Dothraquis se fient au nain, nous les suivrons !

Un bossu pousse la porte de la gare. Il s’approche de moi. Je touche sa bosse. Il continue son chemin. Un bruit sourd s’écrase sur l’une des portes en bois. Nous regardons dans la direction de la porte. Un corbeau mort y est planté par un couteau mal aiguisé.  Mauvais présage… Je ne me souviens plus très bien si le présent paragraphe (et lui seul !) s’est passé dans la gare ou simplement dans ma tête. Croyez ce que vous voudrez ; croyez ce qui vous souffle l’enfant qui est en vous.

Le nain était en fait allé au guichet. La laide ouvre son guichet et accepta le plus banalement du monde de lui vendre les 4 tickets. Ceux des Dothraquis et les nôtres . Le nain revint vers nous, les tickets en main. Il ne nous les donnait pas. Il voulait les donner lui même au conducteur.
Encore un élément étrange !

Etrange. Etranger. Trajet. Stratégie. Agité. Argent.
Ces éléments se bousculaient dans ma tête et l’explication devenait limpide : Les laides ont vu en nous « riches étrangers », des proies faciles. Non, elles ne nous auraient pas vendu directement les billets pour ce trajet. Elles appelleront leur copain le nain. Le nain nous fera comprendre, conformément à la stratégie mise en place avec les vilaines, que pour acheter un billet pour Erlian, on est obligé de passer par lui. Il s’agite, fait mine de surveiller le parking de la gare routière. Il passe des prétendus coups de fil où nous reconnaitrons le mot « Erlian » dans la conversation. Il aura son argent, dont il partagera sans doute la plus-value faite sur le coût normal du ticket avec les deux laides.

Quant à nous, nous ne saurons jamais de combien nous nous sommes fait avoir. Ce n’est pas la première fois dans le voyage. Ce ne sera pas la dernière. Ca fait parti du voyage.

Le bus arrive à moitié plein. Installée sur le premières couchettes, une française répondant au nom de Virginie avait élu domicile à Pékin. Elle devait passer cinq minutes en Mongolie pour avoir le tampon de sortie du territoire Chinois, comme l’exigeait son visa.

Le bus part. Il éteint les lumières. La nuit s’installe.

Le noir devint bleu marine. Bleu-gris. Gris. Lorsqu’il devint rouge-orangé, nos yeux s’éveillèrent.

Vide. Le paysage est vide. A perte de vue… rien. Juste une terre qui se craquelle sur laquelle seules quelques touffes d’herbes rebelles se dressent.
C’est le plat total. Pas une colline. Pas une maison. Pas un chat.

D’habitude, le premier oeil s’ouvre, note les repères (par exemple Bus, Chine, lever du soleil) et se referme pour ne se rouvrir que quelques heures plus tard, à l’heure où le bleu marine est devenu jaune pâle.

Mais cette fois-ci, le premier oeil s’ouvre, puis le deuxième oeil pour confirmer l’information. Les main frottent les yeux pour confirmation de la confirmation.

C’est confirmé. C’est le premier désert que je vois de ma vie : Un désert au lever du soleil.

Flo est lui aussi émerveillé. Cette solitude a quelque chose de captivant. Il n’y avait rien à voir mais nous regardions.

Les Dothraquis qui dormais dans les couchettes situées juste devant nous, s’éveillèrent. Ils ne jetèrent pas un coup d’oeil à ce paysage. Ce sable les laissait de marbre. Tu me diras c’est assez logique pour des Dothraquis.

Alors que nous avions sympathisé avec eux, ils nous expliquaient qu’en tant que Mongols, ce paysage était des plus habituels. « C’est ça la steppe » nous dit Drogo qui s’appelait en réalité Erko.

Nous apprîmes plus tard que nous avions traversé les steppes de Xilamuren en Mongolie-intérieure (partie de la Mongolie annexée par la Chine).

Le bus nous laissa au milieu de …  nulle part. Erko que nous suivions baragouina avec l’un des chauffeurs d’un voiture qui attendait là. Puis, il nous informa de la situation.

-       « Erko : Cet homme va nous emmener au centre-ville d’Erlian où nous nous reposerons un peu avant de trouver une voiture qui veuille bien nus faire traverser le no man’s land »

Nous acquiesçons, trop contents d’avoir des explications sur ce trajet qui devait être l’un des plus compliqués de notre voyage, des dires des bloggeurs qui ont eu à passer en Mongolie par le voie terrestre.

Le conducteur nous dépose face à un immeuble immonde qui se prétend hôtel. Il y avait 3 ou 4 chambres des plus glauques où nous devions nous reposer 4 heures. Le reste de l’hôtel servait d’usine d’empaquetage de jouets.

Toute la famille qui vivait là se rassemblait dans une pièce encore plus glauque que les autres où les pistolets à eau, les figurines et les maquettes étaient entassées. Tous les membres de la famille mettaient la main à la pâte pour emballer les produits dans des boîtes en plastique. Et hop , ça partait au rez-de-chaussée pour être vendu.

Erko frappa à notre porte. « C’est bon, j’ai trouvé une voiture »  nous annonça-t-il. Pour notre part, nous nous serions bien passés de véhicule puisque nous avions l’habitude de passer les frontière à pieds. Ici cependant, il était interdit de passez le no man’s land autrement que motorisé.

Nous nous entassions donc à cinq (les Dothraquis, Virginie, et nous) dans une jeep aux allures soviétiques remplie à raz bord de denrées qui devaient, elles aussi, passer la frontière.

Une Jeep aux allures soviétiques


Comment remplir une jeep à raz bord?
Nous quittons la Chine. Nous traversons le no man’s land et nous arrivons à la frontière Mongole.

Nous ne faisions pas les fiers. En effet, depuis le mois d’aout dernier une nouvelle réglementation s’appliquait aux visas mongols pour les ressortissants français. Nous n’avions désormais plus besoin de visa. On nous apposera un tampon à la frontière.

Ca c’était ce qui était écrit sur le site de l’ambassade de Mongolie en France.

En revanche, sur le Lonely et sur le Routard, il était écrit clairement que les français devaient s’être fait délivrer au préalable un visa pour pouvoir frapper à la porte de Gengis kan. D’autres ressortissants anglais et français que nous avions rencontré en Chine nous confirmaient la version des guides touristiques.

Que faire ?

Notre flemme aura décidé pour nous. A Beijing nous n’avions en effet aucune envie de perdre notre temps au consulat de Mongolie, à la localisation excentrée. On prendra donc le risque de faire confiance à l’ambassade mongole située en France.

Arrivés à la frontière Mongole on s’en voulait. Les agents n’avaient pas l’air commode. Pourquoi n’étions nous pas passés au consulat de Beijing ? « On est bête, on est bête, on est bête »...

Ca y est c’est au tour de Flo. Il sort son passeport. L’agent l’ouvre et ne voit … pas de visa. Elle fronce les sourcils. Elle regarda à nouveau la couverture du petit carnet. « Wait here » imposa-t-elle. Elle partit dans les bureaux. 
Ma file à moi avait avancé. C’était maintenant mon tour. Même scénario. Je devais rester là. Ne pas avancer d’avantage.

Les Dothraquis, qui étaient ici chez eux, étaient passés comme une lettre à la poste et nous attendaient depuis maintenant 10 minutes.

« On est bête, on est bête, on est bête » ne cessais-je de me répéter. Le premier agent, celle de Flo, revint. On ne put rien lire sur son visage. Elle regarda Flo, ouvrit le carnet marron aux écussons de la France et fit retentir son coup de tampon. Une fois. Deux fois. Elle jeta quelques mots à l’intention de mon agent et à nouveau les coups de tampon brisèrent le silence. Un souffle de soulagement.

Nous devions être les premiers français à passer par cette frontière là sans visa préalable. Je rejoignais Flo et tapais dans la main qu’il me tendait en signe de victoire.

« Nous aurions été bête de perdre notre temps au consulat » nous répétions nous maintenant, heureux d’avoir passé cette frontière.

Notre jeep soviétique nous rejoint pour nous mener à Zumin Yud, la ville la plus proche.
Nous traversons encore la steppe pendant 10 minutes et nous arrivons aux cubes de béton posés au milieu de ce nulle-part pour former une ville.


En route vers Zumin Yud
Virginie nous quitta là, pour rejoindre la frontière Chinoise puis beijing où elle vivait. Quant à nous quatre, nous prenons nos billets de train pour la capitale Mongole.

A 18 heure, nous embarquions pour 15 heures de train de nuit.


Notre train de nuit.
Sur le quai, Flo et moi admirions notre train. Oui c’était un voyage, mais un voyage dans le temps. Il ressemblait aux trains que nous utilisions dans les années 40. Mais qu’avait-il de plus que les autres ce train ? Car en effet, au cours de notre périple nous avions pris beaucoup de vieux trains.
Oui, mais celui-ci paraissait neuf. C’était un train aux formes et au design ancien mais d’une propreté irréprochable, sans le moindre rafistolage de tôle,  sans la moindre bosse, et à la peinture encore luisante.
De là où nous nous trouvions nous ne pouvions voir ni la première voiture, ni la dernière. C’était un train infini. Devant la porte de chaque voiture, un contrôleur vérifiait nos billets et nous conduisait à notre cabine. Oura, nous étions tous les 4 !


Les Dothraquis
Nous deux.

Nous 3!
Encore une fois les Dothraquis vivaient une situation normale. Quant à nous, nous appréciâmes chaque découverte de ce voyage dans le passé.

Le sifflet retentit. Le train partit en suivant cette cadence régulière que l’on n’entend plus sur nos jeunes TGV.

Les paysages qui défilaient continuaient de nous captiver. La steppe, la steppe, la steppe. 



la steppe à perte de vue


Parfois nous apercevions au loin un train  qui allait dans le sens inverse du notre. Sauf que c’était le notre ; Un train tellement grand que lorsque les premiers wagons avaient passé le virage d’une épingle à cheveux  faisant ainsi demi-tour, le reste du train conservait sa trajectoire initiale.

Un train sans fin
La nuit tomba. A nouveau la magie s’installa.

Les couleurs du soir


La steppe à la tombée de la nuit
Un train au milieu du rien. Un train au cœur de la nuit. Un train qui servait de lampadaire au désert.
A l’horizon, il n’y avait que le noir. Un noir trahi par cette ligne de petits carrés jaunes qui s’éteignaient les uns après les autres.

Parfois, dans la nuit, dans le rien, le train s’arrêtait. On se dirigeait vers la porte du wagon, on l’ouvrait. Elle grinçait. On sautait dans le sable, et le vent nous recouvrait de sa couverture glaciale.  L’infinie prenait son sens.
Un noir totalement noir, un silence criant et autant d’étoiles que de graines de sable.
Le froid nous pénétrait. Puis les petits carrés jaunes reprenaient lentement leur danse régulière. Nous remontions à bord, nous refermions la porte. Toujours ce grincement et puis, un questionnement. Pourquoi le train s’est-il arrêté là, au milieu d’un désert déserté. Quel était le voyageur qui attendait ici sur un quai improvisé au milieu du rien ?
Un enfant dans un rêve qui avait trouvé dans la poche de son pyjama rayé un billet pour le royaume des licornes? Un vieil homme habillé de haillons, aux traits tirés, le balluchon rempli d’herbes et de poussières au pouvoir mystérieux ?

Qui que ce fut, le train conservait son anonymat et les carrés jaunes, de plus en plus rares, continuaient leur farandole.

Notre carré jaune s’éteignit. Le chant du train m’endormit.

Au petit matin, la magie s’était dissipée. Le rien était rempli d’arbres au feuillage vert, jaune et rouge, de chevaux sans cornes, de chèvres et de moutons en liberté, de maisons rondes (les yourtes) à la cheminée déjà en activité.

Au petit matin, un paysage changé.
Premiers chevaux en liberté
Le soleil éclairait un train qui avait un début et une fin. Le soleil éclairait une ville : Oulan Bator.

La laideur d'Oulan Bator se profile...
Sur le quai de la gare, nous attendions l’homme de confiance ; Celui à qui la mère d’Erko avait confié les clés de sa voiture garée sur le parking face à nous. Une fois trouvé l’homme et l’auto, Erko nous conduisit à notre guest-house et disparu par la même magie qu’il était apparu dans cette gare vide.

Expatrié en Pologne, il faisait un dernier saut auprès des siens et devait repartir 3 jours plus tard pour son pays adoptif avec sa belle.

La légende dit que pour les plus chanceux de ceux qui ont vécu une nuit de magie, une part de celle-ci se réalise.

Nous étions de ces plus chanceux. Parce qu’en fouillant bien dans le fin fond du répertoire de notre téléphone, nous avons trouvé inscrit le nom d’Erko, ce Drogo dont on se demande aujourd’hui s’il n’est pas sorti d’une lampe qu’on aurait frotté par inadvertance.

Un jour peut être que la magie ira jusqu’à nous l’amener en France.

mercredi 3 décembre 2014

Beijing 北京 :Où l’on déambule, on explore, on Pékine

Nous arrivons enfin dans notre dernière étape de ce mois en Chine : Beijing.  A l’image du reste de la Chine, la gare est immense, les quais tellement larges que certains privilégiés se font déposer directement dessus en voiture. 
Des quais suffisamment larges pour accueillir des voitures (à droite dans l'ombre)
De telles proportions pour un seul train donnent un aspect reposant et grandiose. Heureusement, nous sortons rapidement de cette ambiance agréable pour découvrir le chaos et la frénésie de Pékin. La place qui fait face à la gare est particulièrement impressionnante, couverte de monde et de petites échoppes de toutes les couleurs, et présentant  les habituels et innombrables signes cabalistiques chinois. Ça fait beaucoup trop d’informations à prendre en compte et mon petit cerveau commence à surchauffer. Heureusement, je trouve rapidement le symbole que je recherchais et nous nous retrouvons alors dans un univers salvateur et bien connu, le métro…
Devant la gare de Pékin
Nous avons réservé une chambre relativement bon marché comparée aux tarifs exorbitants pratiqués dans la ville la plus chère de Chine, et nous trouvons rapidement notre hostel dans un « hutong », pas très loin du centre-ville. Les « hutongs » sont ce qui reste de l’ancienne Pékin, et la ville est truffée de ces charmantes petites ruelles bordées de maisons traditionnelles. Ici, difficile de se rappeler que nous sommes dans l’une des villes les plus peuplées du monde. On croise quelques passants, mais il y règne une douce ambiance de quartier. L’une des particularités de ces « hutongs », c’est que les maisons y sont si petites que la plupart n’ont pas de salle de bain.
Un hutong en soirée, loin de l'agitation pékinoise
Du coup, il y a des toilettes publiques un peu partout, et il n’est pas rare de voir un Pékinois (l’habitant de Beijing, pas le ravioli !) sortir prendre sa douche en serviette de bain. Nous nous installons donc, et partons pour une rapide découverte du quartier, de ses « hutongs », mais également des grosses artères commerçantes aux alentours. Dans celles-ci, les petites maisons ne sont pas de mise, ici, c’est la grandeur moderne qui prime. Les grandes marques se disputent donc des magasins plus impressionnants les  uns que les autres, mais sans jamais atteindre le niveau de la sublime Marina Bay de Singapour. 
Des magasins design
Un bâtiment au demeurant se démarque : l’Opéra de Pékin. Une vraie merveille en forme de goutte d’eau trônant au milieu d’un bassin. On y fait plein de photos, pour le plus grand énervement de Sibylle qui déteste me voir me plier en 4 pour obtenir le meilleur cliché.
Le sublime Opéra de Pékin, un goutte dans une goutte
Finalement, nous rentrons nous coucher pour commencer dès le lendemain les visites de la ville Impériale.
9h du matin, on est presque prêt, on vient de se lever… Aujourd’hui, le planning est chargé : Cité Interdite et Palais des Vents. Deux symboles de la capitale, nos attentes sont très hautes. Finalement, on décolle à notre horaire habituel, 11h.
Direction : la plus grande place du monde, Tian’an Men Square. L’entrée de la Cité Interdite est juste en face. Pour préciser, il y a une station de métro à l’Est et une autre à l’Ouest de la Place, sachant que la place est rectangulaire et est orientée Nord Sud, la longueur correspond à peu près à la distance entre la Concorde et le Rond-point des Champs-Elysées. Un détail amusant cependant, l’immense portrait de Mao fièrement exposé au-dessus de l’entrée de la Cité Interdite (ancienne demeure de l’Empereur). Décidemment, ils n’ont peur de rien ces cocos.
A l'intérieur de la Cité Interdite
Bref, on passe sous l’une des imposantes portes rouges, juste sous l’Oncle Mao, et nous pénétrons à l’intérieur. La cour dans laquelle nous nous trouvons est immense (évidemment) et bondée (bien sûr), les touristes occidentaux sont anecdotiques comparées à la masse infinie de Chinois. Nous naviguons en zigzag jusqu’aux caisses, où nous attends la première surprise de la journée. Les tarifs ont encore augmentés : 160 yuans, c’est à dire 20 euros chacun. A ce niveau-là, on est plus à 5 euros près, du coup on prend un audio-guide que l’on partagera. La caissière m’explique le fonctionnement de la machine : elle fonctionne comme un GPS, lorsque vous arrivez en face d’un monument, le guide se mettra automatiquement en marche, (incroyable n’est ce pas ?) attention toutefois, car une seule écoute est possible. Ca c’est pour contrôler le flux de touristes, et s’assurer qu’ils en auront fini dans les 2h qui viennent… On me donne la bête. Et voilà, il n’y a qu’une seule oreillette. Décidemment, ils ont pensé à tout. Une seule écoute, et une seule oreillette, impossible de partager l’audio guide pour 2. Du coup on y retourne, et hop… 5 euros de moins. 50 euros la visite, ça a intérêt à en valoir la peine.
Et bien non… C’est grand, c’est beau, mais c’est toujours les mêmes bâtiments, les perspectives et les points de vue sont gâchés par la présence incessante des touristes chinois, mais surtout, surtout, l’AUDIO-GUIDE ! Du vrai made in china. 1 fois sur 2 il ne détecte pas le bâtiment, ce qui a pour effet de forcer l’un d’entre nous à tourner en rond en espérant détecter le signal, tandis que l’autre essaye de suivre les instructions sans jamais y arriver. C’est stupide, car en général, quand on visite un lieu, on aime bien le faire ensemble, plutôt que chacun dans son coin. Mais le pire reste à venir : lorsque le texte fonctionne et que vous faites le tour du bâtiment pour bien voir tous les détails, voilà que vous captez le signal d’un autre bâtiment, car vous avez fait un pas de trop dans la mauvaise direction. Du coup, hop, ce que vous écoutiez s’arrête brusquement au milieu d’une phrase et vous voilà obligés de courir vers le monument en question, tout en rageant intérieurement, car vous ne pourrez jamais avoir la fin de l’explication sur le précédent monument. Nous prenons notre temps, afin d’apprécier un maximum les nombreux pavillons, et lorsque nous remarquons le calme qui règne autour de nous, il est 16h30, heure de fermeture. Nous ne sommes toujours pas tous seuls, mais c’est nettement plus agréable. Malheureusement nous devons nous diriger vers la sortie.
Evidemment, à cette heure-là, on peut oublier le Palais des Vents. On le fera le jour suivant.
Le Palais des vents, tout en rondeur
Le lendemain, donc, nous dédions cette journée au Palais des Vents, un grand monument rond chapeauté par une grosse boule. Il est très esthétique, et bien que les touristes y viennent en grand nombre, le Parc qui l’entoure est assez calme et l’on s’y attarde pour profiter de ces instants paisibles. En fin d’après-midi, nous irons chiner au marché des antiquaires. Des centaines de vendeurs, proposent des articles de tous types, le tout très bien organisé. Ici, les poteries, là, les peintures, etc… Sibylle trouve des magasins de pinceaux de calligraphie anciens qu’elle dévalise pour « entamer sa collection ». 3 kg de pinceaux plus tard (c’est bibi qui les porte), nous sommes de retour à l’hôtel dans notre jolie chambre traditionnelle, pour une bonne nuit réparatrice, et surtout préventive. Car demain on se lève aux aurores pour aller visiter la Grande Muraille.
Tout le monde va visiter la Grande Muraille en partant à 6h du matin. C’est donc ce que nous planifions : nous lever à 6h30 pour 2h de bus en direction de Mutianyu, l’une des 3 plus belles sections ouvertes aux touristes, le reste de la muraille est accessible dans les faits, mais interdite officiellement.
Il est 7h, le réveil sonne en continu depuis une demi-heure, Sibylle ne l’entend même pas, je tente une dernière fois de la réveiller sans y mettre la plus petite once de conviction : rester au lit un peu plus longtemps me convient autant qu’à elle. « On ira plus tard », je suis d’accord.
Il est désormais 11h, une heure beaucoup plus appropriée pour se lever. On se met en route sous mes reproches incessants. On a encore cédé à la tentation et maintenant on va se taper toute la foule des touristes, qui, comme  nous n’ont pas pu se lever… C’est un peu l’épopée pour arriver sur place, on prend le métro, puis un bus, puis un mini-van qui tente de nous arnaquer (et y parvient certainement), mais on finit quand même par arriver à destination. Le petit village qui existait auparavant à cet endroit n’est plus, remplacé par un complexe touristique regroupant restaurants, hôtels et boutiques de souvenirs. Le tout reste cependant à taille humaine, et assez charmant. On y croise un certain nombre de touristes qui vont à sens inverse. On devrait être à leur place, si on s’était levé à temps. Mais, au demeurant, je dois concéder que la foule des touristes à laquelle nous sommes habitués depuis un certain temps désormais en Chine, n’est pas là. Peu de gens vont dans le même sens que nous, la plupart se sont levés tôt…
Nous payons notre billet d’entrée, et commençons l’ascension vers la muraille, qui se situe 40 minutes plus haut sur la crête de la colline. Cette grimpette peut également se faire en téléphérique pour les plus paresseux (enfin surtout plus riches) que nous. C’est un peu frustrant d’ailleurs car, la montée se fait dans une forêt suffisamment dense pour ne jamais pouvoir apercevoir la muraille, qu’on ne découvre que lorsque l’on est juste en dessous. Nous gravissons enfin les dernières marches, et la foule… inexistante ! Bien sûr nous ne sommes pas tout seuls, mais j’imaginais tellement pire… Sibylle me force donc à avouer que nous avons bien fait de céder à l’appel du plumard. La muraille s’étend à droite et à gauche, et nous décidons d’aller à gauche, car elle semble présenter un dénivelé particulièrement prononcé. On commence par descendre une côte si raide que ceux que l’on croise soufflent comme des bœufs, et me font pressentir le supplice à venir lorsque nous devrons faire demi-tour. Ce répit n’est de toute façon que de courte durée, car après la descente vient une montée à 40% qui me fait cracher mes poumons de fumeur.
Des architectes astigmates?


Des chinois en admiration devant nos prouesses techniques
La muraille est ainsi faite, que tous les 100-200 mètres se trouve une tourelle de surveillance. Nous passons donc les 3 premières tourelles puis arrivons devant un panneau nous interdisant l’accès à la suite de la muraille car n’ayant pas été rénovée. 
Un panneau qui invite à continuer son chemin ! 
Frustrés par cette déconvenue, nous décidons de passer outre et de continuer notre chemin. Le chemin qui, sur la portion rénové, était en parfait état, n’est ici qu’un mince sentier bordé de végétation. C’est beaucoup plus bucolique, et donne l’impression de découvrir une ancienne civilisation perdue.
Le passage est parfois un peu difficile
Le sentiment est si fort que nous faisons demi-tour, pour rejoindre une autre portion elle aussi fermée mais qui semble encore plus sauvage. Après une heure d’exploration, de montée à 60% (incroyable de croire que des hommes ont bâti tel ouvrage il y a plus de 2000 ans), nous arrivons enfin à la troisième tourelle qui nous offre un point de vue inégalé. On escalade la tourelle par le côté extérieur, il n’y a pas d’escalier, pour avoir un spot encore plus beau.
La vue bucolique des parties non rénonvées

Finalement on décide de ne pas continuer la balade et de se diriger vers la sortie pour ne pas rater les derniers transports vers Pékin. 1h plus tard, nous sommes installés dans le bus qui nous ramène vers la capitale.
On peut dire ce que l’on veut sur la Chine, construire pareil ouvrage il y a 2000 ans, c’est tout bonnement hallucinant. La Muraille, avec le Taj Mahal fait partie de ces merveilles du monde qui ne déçoivent pas quelle que soit la façon de les découvrir. Cette journée aura été l’une des plus belles du voyage, même si Sibylle commence à avoir mal au pied à cause des chaussures trop petites qu’elle a porté toute la journée.
Au Palais d'été


Lors de notre dernière journée à Pékin, nous décidons d’aller visiter le Palais d’Eté au nord de Pékin. Malheureusement c’est le début de la semaine de fête nationale, unique semaine de vacances de la majorité des Chinois, et ce lieu censé apporter paix et sérénité est tellement bondé que l’effet attendu est un peu raté. Il reste tout de même extrêmement beau et grand, avec un grand parc qui fait le tour d’un lac. On trouve quand même un spot où nous installer au bord de l’eau, et suffisamment en dehors des allées principales pour y être tranquille. 
Une incroyable barge en marbre

Le Palais d'été
Malgré le monde, on est bien d’accord que ce Palais vaut nettement plus le coup que la Cité Interdite et même le Palais des vents, et on y passe l’un des moments les plus reposants de tout notre séjour à Beijing. 
Prochaine étape : La Mongolie

Pour ceux qui ont oublié, en cliquant ici (ou dans la colonne à droite de l'article) vous trouverez l'album photo de la Chine (et des autres pays dans la colonne à droite), avec plein d'autres photos.

vendredi 31 octobre 2014

Pingyao 平遥: Où l’on corrompt un garde chinois ?

L’autobus sort de l’autoroute. Il passe le péage et s’arrête. Le sbire du conducteur nous fait signe que c’est notre escale et qu’il nous faut descendre. Il sort. Nous le suivons. Il ouvre les soutes. Il sort nos bagages. Il rerentre dans le bus. La porte du bus se ferme. Le bus s’en va. On est abasourdi. On explose de rire, c’est nerveux !
Nous sommes censés être arrivés dans le plus beau village de la Chine Ancienne, nous sommes à la sortie de l’autoroute, au niveau d’un péage.
Nous marchons.

Une demi heure plus tard, on aperçoit un boulevard, puis deux, puis une énorme ville moderne. L’un des panneaux de signalisation indiquait la ville historique. Nous prenons cette direction pendant une petite heure et nous devinons la muraille qui encercle la vieille cité.

Les remparts de la ville
Nous passons ces remparts et tombons sous le charme de la Chine Impériale, de la Chine des Aventures de Tintin dans le Lotus Bleu (ça c’est de la référence).

Des ruelles pavées qui portent encore l’empreinte des roues des charrettes qui jadis passaient là, des maisons traditionnelles protégées par un torchis orangé et articulées autour d’une cour rectangulaire, des commerces aux devantures de bois sculpté...

Notre Hôtel se situait justement dans l’une de ces maisons traditionnelles. Nous appréhendions sur la qualité de celui ci.
La Chine n’étant pas un pays de Backpackers, les prix sont souvent élevés et il est difficile de trouver des «  bons plans ». Du coup nous avons décidé de réserver les nouveaux hôtels, ceux qui viennent d’ouvrir et n’ont donc pas encore de réputation internet. Bref ceux qui pratiquent des prix plus bas que les autres.
Un habitant de Pingyao nous aide à trouver le chemin de notre hôtel. On longe un champ improvisé où un âne attelé à une charrette attendait, puis on passe une basse porte de bois sur laquelle est affiché un gribouillis chinois. Nous sommes dans la cour d’une ferme en U. L’homme nous fait comprendre que c’est ici, et c’est à ce moment là que la propriétaire des lieux nous accueillis chaleureusement  (bien que nous ne comprenions rien à ce qu’elle disait) en nous accompagnant dans l’unique aile restaurée, celle du milieu du U.
C’était exactement ce que nous cherchions : l’authentique mêlé au confort du neuf.
Puis la propriétaire s’en alla subitement pour revenir quelques minutes plus tard les bras chargés de sorte de petites pommes son jardin et de « moon cakes » (l’un des gâteaux traditionnels chinois) qu’elle nous avait préparés.

petits fruits et moon cakes
C’est aussi ça être les premiers clients d’un hôtel : être bichonné par un propriétaire à la fois flatté et fier que son établissement se remplisse. Mais être les premiers clients d’un hôtel, c’est aussi découvrir des choses inattendues. Ici, c’était le lit.
Un lit « kang » (lit traditionnel), soit une paillasse sur haute estrade en brique.
C’était tellement dur qu’on décidait que notre couette servirait de matelas.
En hiver les locaux mettent des braises sous l’estrade qui s’ouvre par une sorte de fenêtre. Heureusement nous n’étions qu’au début de l’automne, parce que perso, dormir sur une paillasse, par principe en paille, au dessus de braises je ne le sens pas vraiment ou plutôt, je sens le cochon grillé d'avance...
La découverte du moon cake mérite elle aussi une petite description.
Mais comment vous le décrire sans vous décourager ?
Alors le « moon cake », c’est un gâteau dont chacune des bouchées a l’avantage de vous nourrir pour plusieurs jours. Il a également l’avantage de remplacer le Smecta. On fera donc des économies sur notre trousse à pharmacie.

Le soir venu, nous nous installons dans la cour rectangulaire de l’un des Siheyuan (demeures anciennes de la ville) pour y « SoupeDeNouiller ».

Une cour typique de Siheyuan
Nous faisons le point sur nos visites du lendemain et l’obstacle financier se profile pour la fin de notre périple en Chine. 
En effet, si la Chine n’est pas un pays trop cher concernant l’hôtellerie et la nourriture, les transports représentent un coût non négligeable, (surtout que nous traversons cet Empire du Laos à la Mongolie) tandis que les prix des visites vous achèvent littéralement.
Chaque haut lieu à visiter coûte en moyenne 160Yuans par personne, soit 40 euros à 2. Nous en avons une quinzaine à visiter pour ce premier mois en Chine, ce qui représente donc un budget de 600 euros par mois juste pour entrer dans les sites. Nous n’avons pas ce budget. Nous sommes donc contraint de faire des économies et de subir certaines privations.
Ce jour là dans notre cour rectangulaire, nous avions à nouveau un dilemme économique. Le billet unique pour visiter « les musées » de la ville et sa muraille coûte encore 160 Yuans par personne. Or notre Routard nous indique que si la balade dans la ville (gratuite et à satiété) est inévitable, les musées n’ont que peu d’intérêt à l’exception toutefois des remparts, qui sont censés offrir une balade insolite et impressionnante. La problématique est donc : « Doit-on encore payer 40 euros uniquement pour la balade sur les remparts ? ».

Non, on ne prendra pas le billet unique de la ville, mais nous ne nous avouons pas vaincus pour autant. La solution trouvée autour de la soupe de nouille était la suivante : nous marcherons aux pieds des remparts, et à l’une des entrées nous tenterons de corrompre l’un des gardiens pour y monter.
C’est le cœur allégé par cette solution digne et honorable que nous retrouvons notre paillasse.

notre hôtel de nuit.
Le lendemain, notre mission première consistait à mettre notre plan a exécution. Nous longeons donc les pieds des remparts délaissés par les touristes au profit de leur tête. Au loin l’une des entrées se profile. Nous l’atteignons. Nous arrivons devant le garde qui nous demande notre ticket. Nous faisons mine de ne pas savoir qu’il fallait un ticket spécifique, nous lui affirmons que nous ne souhaitons pas avoir un ticket pour tous les musées de la ville mais uniquement pour les remparts et nous lui en demandons le prix, cette demande étant bien entendue accompagnée de notre plus expressive tête d’abrutis, pour une meilleure crédibilité et de la tenue d’un joli billet : l’appât. Le garde continue de nous faire signe qu’il faut acheter le ticket global ailleurs ; là où il pointe le doigt. Nous allions nous retourner lorsqu’il va chercher derrière son bureau un papier à l’attention d’un touriste occidental. « Bonjour, je collectionne les monnaies étrangères et ça me ferait plaisir que vous participiez à l’agrandissement de ma collection ».
Ahhh le garde commençait à nous intéresser et à entrer dans notre plan. Nous cherchons dans notre portefeuille les kip laotiennes que nous n’avions pas pu échanger en chine, cette monnaye étant ici inconnue de toutes les banques… Par chance, les kips laotiennes se comptent en milliers. Une telle quantité de zéros sur les billets pourrait impressionner le garde !

Nous lui tendons donc les kips qu’il nous restait. Le garde les prends, nous dis merci en chinois et … c’est tout. Nous lui faisons comprendre que nous souhaitons passer son tourniquet mais il continue de nous faire « nan-nan » de la tête. Alors là, on s’attendait à tout sauf à ça. Il nous a pris pour des jambons ou quoi ? On lui reprend les kips des mains. Il est dégouté…  nous aussi.

Pas simple à corrompre un chinois quand on ne parle pas la langue.

Une seule idée me tiraillait : trouver la solution pour voir la cime de la muraille sans payer le ticket global.

Minus me consulta.
-       « Flo : Et maintenant Cortex, on fait quoi ? .
-       Moi : On va conquérir le monde.
-       Flo : Et comment qu’on va faire Cortex ? "

A l’abri des oreilles indiscrètes je lui exposai mon plan B.
Celui-ci repose sur mon maître mot à savoir « il y a toujours une faille, trouve là! ».

Comment faire pour trouver la faille de la muraille de Pingyao? Pour nous imprégner du problème il faut l’approcher, l’espionner, ne pas la lâcher.

Les mauvais plans de Minus (cf la dalle de là haut)
On la longe.
Pas de faille. Tout à coup on voit une rampe d’accès dépourvue de garde. On la franchit et là haut, une porte. On pousse. De toutes nos forces. Elle ne bouge pas d’un iota. De là haut, même du mauvais côté de la porte, on a une petite vue sur la cime de la muraille. On voit les tours de guet, le pavement au sol mais on manque soit de proximité soit de hauteur pour la voir aisément.

Flo à la porte.
-       « Flo : Alors Cortex, on a conquis le monde ?
-       Moi : Pas encore Minus.
-       - Et comment qu’on va faire pour conquérir le monde ?"

J’exposai mon plan C. Minus trouvait l’idée géniale. Il me suivit.
Le plan C reposait sur mon maître mot n°2 à savoir « S’il n’y a pas de faille dans l’objet de ta convoitise, il y en a une dans un objet tiers qui donne accès à l’objet de ta convoitise». Tu me suis toujours ou je t’ai hypnotisé ?

On part donc à la recherche d’une haute Siheyuan (une maison traditionnelle) qui fait face au mur. Le but, en trouver une au moins aussi haute que les remparts pour voir distinctement leur cime.

A la recherche d'une Sehuyan
On continue donc de longer le mur mais en regardant les Siheyuan cette fois-ci.
Un chien aboie et attire notre attention. Il est au pied d’une haute Siheyuan abandonnée. Ca semble parfait. On monte les escaliers qui mènent au toit-terrasse. Là haut, on contemple notre objectif : Nous avons conquis le monde !

Les remparts
Une tour de guet
On voyait à quoi ressemblait le haut d’un des remparts les plus hauts et les plus larges de Chine.

Nos traditionnels chemins de ronde font pâle figure à côté d’eux.  Dans les films médiévaux on voit bien le problème : la cime des murs manque de largeur ! Du coup, les gardes perdent équilibre, peinent à se croiser ou à faire d’amples mouvements. Les réalisateurs n’auraient pas à faire face à ce problème s’ils choisissaient les remparts de Pingyao. Combien d’acteurs seraient encore là aujourd’hui s’ils avaient combattus depuis le mur en face de nous?

Alors on continue de regarder ce mur salvateur aux tours de guet toutes intactes, au pavement si parfait, au prix tellement aberrant que c’est jouissif d’être parvenu à le voir sans payer ce fameux billet!

On était tellement omnubilés par ce mur qu’on ne s’est pas douté un instant que ce qui allait au moins autant nous convaincre, ce serait la vue sur tous les toits des Siheyuan.

Vue sur les toits
Une vision poétique.
Le temps d’un songe, vous vous déchaussiez, vous teniez vous souliers par une main, et vous entrepreniez une marche de faît en faît, des sauts de gargouilles-dragons en gargouilles-dragons, et quelques arrêts-méditation.
Un chat passe.
Il vous vole la vedette de votre songe.
Il est temps de rentrer.

Contents de notre toit- terrasse 


envie d'être un chat de goutières
Le jour suivant sera dédié aux zones non touristiques de la ville.
C’est un Pingyao moins clinquant mais tout aussi beau que nous découvrons.

Là, au pieds du mur, un groupe d’homme se rassemble autour d’un jeu de Majong, plus loin on croisera une charrue qui transportait du purin à raz bord nous forçant un bouchage de nez pendant 10 minutes, ce sera ensuite à l’âne-frustré de faire son entrée en scène. Un âne attaché à un arbre avec si peu de mou qu’il ne pouvait même pas brouter l’herbe à ses pieds. Il arracha la pitié de Florent qui désherba le secteur pour lui. 

La charrue qui pue!
Deux ânes se tenant compagnie.
Puis, une mélodie. Un chanteur ? ah non c’est un vendeur de pommes ambulant. A une vingtaine de mètres, la mélodie s’arrête. Un client s’approvisionne à ce cycliste-marchand, et la mélodie reprend de plus belle. Que chante-t-il ? Une ode à ses pommes ? On l’imagine aisément : « Je vends des pommes, des pommes bien mures, ce sont mes pommes, un produit sure, je vends des pommes… ». 

le chanteur-vendeur de pommes
Au gré de la marche dans les rues isolées, les pommes sont remplacées, non plus de manière sonore mais de manière olfactive, par la cuisson de tofu puant. Une odeur capable de vous donner des hauts le cœur ; une odeur capable de faire saliver plus d’un chinois… Ahh oui c’est sure, tous les gouts sont dans la nature !

Encore une soirée dans cette ville sortie tout droit du lotus bleu et au petit matin à l’heure ou blanchit la campagne nous partirons, pour l’un des voyage les plus agréable: le TGV chinois. 3 heures pour 600 km. On retrouvait un court instant une notion française de ce qu’est, un trajet rondement mené.
Le petit plus des TGV chinois : un très grand espace pour vos jambes.

Le petit (gros) moins: ça reste un compartiment de roteurs, de racleurs de george, et de bailleurs-hurleurs (parce qu’on ne change pas une équipe qui gagne !).