samedi 30 août 2014

Koh Rong : Nager dans les étoiles

Nous retrouvons donc nos nouveaux amis, Ben et Eli, pour nous rendre sur l’île de Koh Rong, au large de Sihanoukville.
Il s’agit de la plus grande île Cambodgienne, et relativement touristique sur toute sa partie la plus proche du continent. Mais nous, on ne va pas là où l’on risque de croiser d’autres touristes. On nous avait parlé d’un hôtel nommé Lonely Beach qui se situe complètement de l’autre côté de l’île. Et c’est donc là bas que nous nous rendons. Une fois n’est pas coutume, nous avions réservé à l’avance un Bungalow. Et nous avions bien raison, car les ferries habituels qui rejoignent l’île ne vont jamais aussi loin. Et le seul moyen de s’y rendre est grâce au petit bateau de pêche de l’hôtel lui même. Celui-ci ne part même pas du même ponton touristique, mais d’un petit ponton où l’on ne croise que des locaux.
Nous embarquons donc à bord du rafiot pour une traversée de 4-5h sur une mer qui n’était pas vraiment d’huile. En effet, même s’il ne pleuvait pas ce jour là, le ciel gris foncé n’annonçait rien de bon pour un tel voyage. Bref, on s’installe comme on peut en se servant des gilets de sauvetage comme d’oreillers. Ben et moi en profitons même pour faire un petit somme, pendant que les filles font des trucs de filles (nettoyage de doigts de pied, recoiffage  toute les 5 minutes, etc…).

Un roupillon bien confortable
Au bout de quelques heures, on dépasse une baie où la mer est d’huile pour arriver sur une mer nettement plus agitée. Là, difficile de dormir avec toute l’eau qui nous éclabousse à chaque clapot du navire. On distingue au loin une grande plage de près d’1km avec pour arrière plan de nombreux palmiers. Il me semble même distinguer un homme sur la plage. C’est bien ça, on se dirige droit dessus. Par contre je ne discerne pas de ponton pour débarquer, et avec la mer dans cet état, hors de question de rapprocher le bateau à moins de 50m de la rive. Heureusement, ils ont tout prévu, une petite annexe est accrochée à la proue du bateau. Après une vingtaine de minutes durant lesquelles le capitaine a du réparer une partie du moteur de l’annexe en question, nous débarquons en 2 voyages, pour ne pas risquer de renverser la coquille d’œuf sur une méchante vague.
Autant vous dire qu’on n’est pas mécontents de fouler la terre ferme à nouveau. Sur la plage notre hôte nous attend : Dany « citoyen du monde avec un passeport Français » selon ses propres termes.
Dany, citoyen du monde
Il nous guide jusqu’à notre bungalow : monté sur pilotis, il fait face à la mer et sa petite terrasse abrite un hamak. Le confort intérieur est assez sommaire mais parfaitement suffisant : 2 grands lits (nous le partageons avec Ben et Eli) protégés par une moustiquaire et une « salle de bain » avec une grande réserve d’eau à la surface de laquelle flotte une casserole en plastique pour nous laver. 
On va faire une petite balade sur la plage et on en profite pour aller nous baigner et jouer dans les vagues avec l’un des chiens du coin.
Une baignade canine
C’est une fois dans l’eau qu’on se rend vraiment compte de notre situation exceptionnelle. En effet, en plus d’être tout seul sur la plage, il n’y a rien d’autre sous nos yeux que les palmiers  et les quelques bâtiments en bois de l’hôtel.  Pour que vous réalisiez vraiment l’isolation de l’endroit, le premier village se situe à près de 40 minutes à pied de l’hôtel, il n’y a pas de route, et on y a même tourné une saison de Koh Lanta.
Après avoir assisté au coucher de soleil (bien que le soleil ne soit que vaguement devinable), nous retournons à la salle commune pour diner. Des assiettes gargantuesques nous sont servies et nous commençons à discuter avec Dany. Il se révèle être l’opposé de ce que nous croyons, et nous découvrons un homme au cœur d’or, menant une vie simple par choix, mais également ayant gardé la tête sur les épaules. Après une longue discussion passionnante, il nous apprend que sa plage est aussi belle la nuit que le jour. En fait, la mer, à cet endroit précis, est remplie de plancton luminescent qui s’illumine avec le mouvement de l’eau. Ben et moi décidons immédiatement de retourner nous baigner tandis que les filles, bien moins enthousiastes à l’idée de plonger dans la noirceur de l’eau nous regardent de la plage.
Nous, les garçons, on fait la course à celui qui arrivera le plus loin dans l’eau sans se vautrer. Je ne suis pas certain du gagnant, toujours est-il que nos yeux pas encore habitués à l’obscurité ne discernent pas vraiment les fameuses lucioles. Et puis ça y est, on trébuche et notre regard se retrouve au niveau de l’eau. Ni lui, ni moi, n’avions vu une chose pareille auparavant. Les étoiles qui manquent au firmament ce soir, on les retrouve tout autour de nous, qui scintillent autour de nos mains, et dans le roulis des vagues. A cette vue nous tentons de convaincre les filles de nous rejoindre. Elles daigneront tremper les pieds, mais c’est à peu près tout. Ben et moi on batifole en essayant d’attraper les fameux planctons, pour les montrer à l’autre. Malheureusement, ils ne semblent pas vraiment comprendre le sens de ce jeu, et s’éteignent dès qu’on croit les tenir. C’est pas grave, ce divertissement nous occupe pendant une dizaine de minute, tandis que les filles contiennent « difficilement » leur envie de nous rejoindre pour jouer avec nous, pour finalement y succomber et profiter du spectacle avec nous.
Le fameux plancton
C’est donc le baume au cœur que nous allons nous coucher après ce bain de minuit, plein d’espoir pour la journée du lendemain.

Et quelle journée ! Un seul mot pour la décrire : PLUIE. Voilà, la journée entière est expliquée en ce mot de 5 lettres. C’est, pour Sibylle et moi, la première grosse pluie du voyage et ça ne nous démoralise pas plus que ça. Mais quand on a 1 mois de vacances qu’on veut passer au soleil, comme c’est le cas pour Ben et Eli, une journée comme ça leur met le moral à zéro. Ils décident donc de repartir le lendemain matin pour une destination plus prometteuse.
Le club des 4
Le jour dit, et après s’être promis de se retrouver à Siem Reap pour visiter Angkor ensemble, nous les regardons s’éloigner sur la petite annexe du bateau de pêche. Le moteur est en panne et c’est donc 2 employés de l’hôtel qui les propulsent à la nage à l’assaut des rouleaux qui labourent la plage. La barque monte presque à la verticale à chaque vague, mais ils finissent par embarquer sains, saufs et presque secs avec leurs bagages.
Une traversée bien au sec
Quant à nous on commence à distinguer du ciel bleu et nous décidons de partir explorer les environs. Le village le plus proche se situe, comme je l’ai déjà dit, à 40 minutes de marche à travers la jungle. Nous voilà donc à suivre un sentier sinueux qui se transforme parfois en petit cours d’eau. Après environ 25 minutes, nous émergeons de la jungle pour découvrir des prairies, puis, nous arrivons enfin dans un minuscule village. On repère une école primaire, une maison qui sert de temple (on voit les longues robes oranges sécher au balcon) et quelques maisons. Une femme en train de préparer son déjeuner nous sourit et semble prise d’un léger fou rire en nous voyant nous approcher pour la prendre en photo. Après avoir fait le tour du patelin, nous faisons demi tour et retournons à l’hôtel.
Le sentier ruisseau
La prairie après la jungle
Un sourire local
Les moinillons en vadrouille
Bien qu’il ne pleuve pas trop, le vent s’est levé sur la plage et les palmiers nous le font savoir.
Sibylle bronze au soleil
Nous décidons de ne pas nous attarder et de quitter l’île le lendemain.
Dany nous prévient d’être prêt à 6h du matin, car il est possible que son bateau ne puisse pas venir nous chercher et nous devrons donc nous rendre jusqu’au village pour y prendre le bateau commun de 7h en direction du continent.
Nous préparons nos affaires, et passons une courte nuit, avant de nous réveiller pour prendre un café tandis que Dany nous confirme le besoin de nous rendre jusqu’au village.
Comme on discute on ne voit pas le temps passer, et Dany réalise soudain l’heure qu’il est. « Si on veut pouvoir attraper le bateau il va falloir courir » nous dit-il.
On entame donc le trajet au petit trot, tandis que Dany et l’un de ses employés portent nos gros sacs à dos. Une fois qu’on a pénétré dans la jungle je pense voir Dany ralentir, mais non, on continue à courir. La course et moi c’est pas vraiment l’amour fou, et pour Sibylle (qui n’aime déjà pas vraiment marcher) non plus. Du coup, on finit par adopter l’allure d’une marche rapide. On effectue le trajet de la veille en à peine 30 minutes, et on arrive à temps. D’une certaine manière, on est content d’avoir eu à nous rendre à nouveau au village, car on réalise qu’on n’en avait vu qu’une toute partie. En effet, le village s’étend jusqu’à la mer et le long d’un bras de mer qui devient une rivière.
Le village de pêcheurs
De nombreuses maisons de pêcheurs s’y alignent, nous donnant un aperçu de la vie locale. Alors que l’on attend le bateau dans une boutique le long du bras de mer, on nous explique qu’il faut nous rendre directement sur la plage, car la marée est trop basse pour que le bateau puisse venir à nous. Nous revoilà donc à nouveau au galop en direction de la plage. Depuis que le soleil s’est levé, un ciel bleu sans nuage nous surplombe et on commence à se demander si on n’aurait pas mieux fait de rester un jour de plus. Enfin, il est un peu tard pour se poser la question, d’autant plus que l’annexe du bateau arrive pour venir nous chercher. Une fois à bord, elle prend la direction du gros navire qui nous ramènera au continent. Mais, au bout de quelques centaines de mètres, le bateau fait demi tour, il semblerait qu’il ait oublié 3 personnes sur la plage. Alors que nous retournons au point de départ, Dany, qui était toujours là, nous demande sur le ton de la plaisanterie:
« Vous avez décidé de rester un jour de plus ? »
« Non, on dirait qu’on a oublié des passagers » lui répond-on.
Sibylle et moi échangeons un regard, allez, se dit-on, c’est vraiment trop con.
« Si on reste tu nous fais le même tarif ? »
« Bien sur »
C’est parti. On débarque nos sacs et on y retourne, mais cette fois-ci, à notre allure.
Cette journée qui a commencé si tôt on en profite à fond, d’autant que le soleil est là…
Lonely Beach quand tu nous tiens

Jusqu’au milieu de l’après midi, en tout cas. A partir de là, le vent se lève et les rouleaux qui s’écrasent sur la plage se font de plus en plus gros. Une famille d’Australiens doit arriver dans l’après midi, nous confie Dany. Vu l’état de la mer, on lui demande si il est déjà arrivé que son annexe chavire à cause des vagues. « Jamais », nous répond-il. « Mais on n’est pas à l’abri d’un accident ».
Peut-être aurions-nous mieux fait de nous taire.
La famille arrive enfin après 5h de bateau. L’annexe n’a toujours pas de moteur, c’est donc Dany et 3 employés qui s’en chargeront. La mère et la fille embarquent avec leurs bagages. La traversée risque d’être sportive vu la taille des vagues. Dany et son équipe propulse le bateau sur les vagues en tachant de le garder perpendiculaire au roulis. La première passe, puis vient la deuxième et la troisième. Les hommes perdent prise et le bateau commence à tourner dangereusement, arrive la quatrième vague, le bateau se trouve désormais complètement parallèle aux flots. Pas besoin d’être un génie pour savoir que la prochaine vague risque de faire du dégât. Ca y est le bateau est vertical, les femmes sautent à l’eau. Je trouve la scène assez cocasse, mais Sibylle me montre les valises qui flottent et s ‘éloignent rapidement  de l’annexe, la coque en l’air. Je ne rigole plus du tout. C’est une chose de tomber à l’eau, c’en est une autre d’avoir toutes ses affaires trempées sur une île où même mon maillot de bain n’a pas séché en 2 jours. Je cours à l’eau et me dirige vers les valises. Le temps que j’arrive, je récupère l’une d’elles que l’un des employés n’arrivait pas à soulever en dehors de l’eau et la pose sur ma tête. Je ne sais pas combien elle aurait du peser, mais après un bon bain d’eau de mer, elle faisait facilement le double. L’eau dégouline sur mon visage en un flot continu, et j’espère qu’il n’y avait pas d’affaires précieuses ou électroniques dedans.
Le reste des affaires seront acheminées plus tard dans des sacs waterproof, tandis que l’on traine l’annexe jusqu’à la plage pour la vider.
Lorsque l’on rencontrera officiellement la famille au diner, on réalisera que les parents prennent l’aventure avec beaucoup de philosophie, car rien d’important n’a été endommagé. Le fils quant à lui nous explique, non sans une pointe d’espièglerie que toutes ses affaires à lui sont sèches : en effet, sa valise a été perdue à l’aéroport ! Une vraie famille chanceuse quoi.
Cette fois-ci on repart le lendemain, car on ne peut plus rallonger : on doit rejoindre les autres à Angkor.
Le jour du départ, la mer est d’huile et le soleil promet de briller toute la journée. Et c’est donc sans souci que Dany et son équipe nous poussent jusqu’au bateau.

On quittera l’île avec un pincement au cœur car l’expérience d’une plage déserte coupée du monde (pas d’internet, ni de téléphone) restera inoubliable. Dany représente l’une des personnalités fortes de notre voyage, et son hôtel constitue à lui seul un incontournable du Cambodge.
Au revoir Dany, et merci de nous avoir permis de découvrir ton paradis.
Au revoir Dany

mardi 26 août 2014

Kampot : 2 nouveaux copains donnent du goût au Cambodge

En route, donc, pour Kampot, une petite ville en bord de mer et renommée pour produire le meilleur poivre du monde (c’est peut-être exagéré). 
Comme souvent dans notre voyage, des évènements marquants se déroulent dans les bus qui nous emmènent d’une destination remarquable à une autre. Et comme toujours c’est moi qui les retranscris pour votre plus grand plaisir. Ainsi donc, une fois installés dans le bus en direction de la mer, l’un de nos voisins de rangée nous interpelle :  
« Ello, Ouerre ar iou frrome ? »  (comprendre : Hello, where are you from ?)
« De Paris et vous ? » répondis-je, pas besoin d’être bilingue pour découper au couteau l’accent de Benoit et y déceler de « fines » traces de français. 
Voilà comment notre rencontre avec Ben et Eli(sabeth) s’est produite.
La suite des 2h de voyage s’écoule tranquillement avec une discussion interminable entre Sibylle et ses voisins. Quant à moi je profitais de la situation bien maitrisée par Sib (les discussions sans fin c’est son truc) pour piquer un petit roupillon. 
Tout à coup, l’agitation de leur départ me réveille. En effet, eux ne vont pas jusqu’à Kampot, mais s’arrêtent au village précédent : Kep (anciennement Kep sur mer). 
« Bon ben salut, bon voyage et à la prochaine »
« Et n’oubliez pas de lire notre Blog ! » lança Sibylle.
Et sur ces mots d’adieu le bus repart, et nous dépose quelques 30 minutes plus tard au centre ville de Kampot. La nuit tombe et nous devons nous rendre dans une guesthouse que nous avions réservé, pour y passer la nuit dans une yourte en bord de rivière. 
Comme on me l’avait indiqué au téléphone, nous prenons un Tuk Tuk car l’hôtel se situe à quelques kilomètres de la ville. Après une négociation rapide du prix, et quelques minutes de route asphaltée, la nuit tombe brusquement et nous nous aventurons sur un chemin de terre cabossé. Après quelques instants, on commence à se demander si le chauffeur ne nous emmène pas dans un coupe-gorge pour nous détrousser et nous enterrer dans son jardin où l’on ne  retrouvera certainement jamais. Cependant le chemin continue, on passe sous des maisons, entre des arbres et finalement, 20 minutes plus tard, on aperçoit des petites loupiottes colorées entre les palmiers. On est arrivé. Et le trajet en valait la peine, c’est un petit paradis.

L'intérieur de notre super Yourte cambodgienne


On est accueilli par une française : Steph, qui gère l’établissement avec Manu. Tous les deux sont très sympas et Steph nous guide jusqu’à notre chambre. C’est exactement ce qu’on voulait, une super yourte typiquement locale avec un toit en chaume, murs en bambou et montée sur pilotis au dessus d’un petit cours d’eau dont le courant change de sens selon la marée. L’intérieur, est très joliment décoré et on ressent tout de suite la patte française. 

La vue de la Yourte
Comme on est arrivé directement sans avoir dîner, on décide de rester sur place pour nous sustenter. Tout a l’air délicieux sur la carte, nous donc demandons à Steph de nous conseiller et lorsque nos assiettes arrivent enfin, la surprise est de taille : depuis 6 mois de voyage, nous n’avions jamais eu une assiette bien présentée et accompagnée d’un délicieux fumet qui mélange saveurs occidentales et asiatiques. Le tout pour presque le même prix que les restaurants moyens de gamme auxquels nous sommes habitués. Steph annonce les assiettes comme dans un grand restaurant et nous souhaite une bonne dégustation. Et quelle dégustation : il s’agit tout simplement du meilleur repas de notre voyage (il y en aura 3 autres par la suite). Une vraie merveille concoctée par un ancien Chef d’hôtel 5 étoiles qui se trouve être le voisin. Pour fêter ça on décide même de prendre l’un des cocktails de Manu qui sont là encore une très belle surprise. 
Le lendemain, après une bonne nuit de sommeil, nous décidons de nous relaxer dans ce lieu enchanteur et passons la journée à lire et discuter avec le maitre des lieux tout en profitant de sa magnifique cuisine. Ce n’est que dans la soirée, que nous regardons notre blog et y découvrons un nouveau commentaire. En effet, durant l’interminable discussion que Sibylle avait eu avec Ben et Eli, et bien qu’elle ait oublié de leur demander leur contact Facebook ou email, elle avait, comme à notre habitude vendu avec ferveur notre blog en les incitant  a y jeter un coup d’œil. Et il faut croire qu’elle avait su se montrer convaincante car le commentaire en question était de leur part. Il nous proposait une balade en moto dans la région pour le jour suivant. Comme c’était ce que nous avions également prévu, nous acceptons avec joie de partager cette excursion avec eux. L’organisation est légèrement chaotique : lieu de rendez-vous A, itinéraire A, itinéraire B, itinéraire C, pour finalement choisir le lieu de rendez-vous B et l’itinéraire F. Bref une planification habituelle, quoi. 

En route vers l'aventure
Le lendemain, on prend un tuk tuk qui nous emmène en ville, on trouve un loueur de motos et on est parti, direction Kep pour aller chercher les 2 zozos à leur Hôtel. Le rendez-vous étant donné pour 10h, on se dépêche et on arrive à peine 3 minutes en retard. Enfin, on aurait aussi bien pu arriver 20 minutes plus tard, parce que c’est le temps qu’ils leur faudra pour se mettre en route. Lorsqu’ils aperçoivent notre moto, ils s’extasient devant sa couleur jaune fluo qui lui donne un aspect racé qui manque cruellement à leur moto noire. 

Ben et Eli sur leur bolide
Après avoir roulé 20 minutes, on réalise que la couleur est en effet primordiale dans le choix d’une moto, car la leur commence à montrer des signes évidents de faiblesse. En effet, nous les dépassons alors qu’ils sont à l’arrêt sur le bas coté de la route sans pouvoir redémarrer la moto. Ils sont en rade. Grâce à mon toucher magique de motard expérimenté je réussis à faire redémarrer le véhicule, mais malheureusement, 3 minutes plus tard elle leur refait le coup. Remarquez, comme on se prend une bonne saucée de pluie au même moment, on s’abrite tandis qu’ils décident de faire demi-tour pour aller changer de moto (là encore grâce à mon doigté magique qui fait redémarrer la bécane). Ils nous rejoindront directement à notre destination : une plantation de poivre dans la campagne de Kampot.
Nous la trouvons, sans mal, assistons à une rapide visite guidée, tandis qu’ils nous rejoignent sur la fin. Cette fois-ci leur moto a l’air en nettement meilleure forme. 
Du poivre noir, blanc et rouge

Avec toutes ses pertes de temps, il est déjà l’heure de déjeuner, et nous retournons à Kep pour y déguster le fameux crabe bleu de Kep au poivre de Kampot. C’est la spécialité du coin, et bien que le crabe soit un peu petit à mon gout, le poivre le sublime pour substituer la qualité à la quantité. En effet, un seul grain suffit à épicer tout un plat en lui donnant une saveur unique, alors imaginez une gousse entière.

Une marchande de crabes en pleine négociation
Après le déjeuner, nous nous dirigeons vers une cave censée abriter un temple. On a un peu de mal, mais on finit par trouver. Deux gamins nous guident jusque dans la cave qui ne présente aucun intérêt. Alors que nous faisons semblant de nous extasier devant les divers stalactites en forme d’animaux, les gosses nous montrent un trou dans le fond de la cave en nous expliquant qu’il s’agit de la sortie. Ils s’engouffrent dedans et nous demandent de les suivre. M’aventurer dans les entrailles de la terre me paraît nettement plus amusant que le « temple » de la pièce principale, et je commence à les suivre. Les filles et Benoit semblent plus réticents. Cependant, j’arrive tout de même à convaincre Ben de « pas faire sa fiotte » et il décide de nous suivre, en partie pour impressionner sa dulcinée. Les filles, quant à elles, font demi tour. Les gamins se saisissent de notre unique lampe de poche et parte devant, gambadant comme des cabris entre les rochers tandis que nous peinons à les suivre. Heureusement, ils nous attendent et je récupère rapidement la torche, pour éviter qu’ils nous laissent nous perdre. Ben non plus n’est pas très rassuré. On finit tout de même par sortir. Et les filles semblent à moitié surprises de nous retrouver sains et saufs. 

Le temple Khmer de la grotte
Malheureusement, la gentillesse apparente des enfants qui nous avaient guidés, n’était pas du tout gratuite comme ils nous le font remarquer avec insistance. Comme nous avions déjà du payer l’entrée de la grotte, il était évidemment hors de question de participer à ce racket collectif. Nous enfourchons donc rapidement nos montures et détalons sous les insultes des enfants et de leur bande. Quelques instants plus tard, ils nous doublent toujours en criant, et nous redoutons un sale coup pour plus tard. Cependant, nous ne les reverrons plus, et nos craintes se révélèrent injustifiées. 
Nous nous dirigeons alors vers le lac le plus insignifiant du monde, que nous finissons par découvrir, et après une pause de 3 minutes, nous faisons demi-tour pour rentrer dans nos pénates. 

Le fameux Secret Lake, secret mais sans intérêt
Bref, la région de Kampot ne présente décidément pas grand intérêt, hormis son poivre. Mais cette journée nous aura permis de nous faire 2 nouveaux copains, qui décident même de nous suivre jusqu’à Koh Rong, notre prochaine destination. 

dimanche 24 août 2014

Phnom Penh : La prise de conscience

« Qui proteste est un ennemi, qui s’oppose est un cadavre » Pol Pot.

On ne va pas à Auschwitz pour admirer le paysage. C’est pareil pour Phnom-Penh.

Et oui, à la différence des capitales Thaïlandaise et Laotienne, les lieux les plus visités de Phnom Penh ne sont pas son Palais Royal ou encore ses temples.

Non, ce qui attire le visiteur c’est la nécessité de comprendre comment le Cambodge en est arrivé à perdre 2 millions des siens (sur 8 millions d’habitants) en seulement quatre ans.

Le visiteur privilégiera donc la visite de la prison de Tuol Sleng (dite prison S 21) ou encore la « visite » des killing fields, ces champs transformés en charniers.

Faute de temps, nous ne visiterons que la prison S21, une ancienne école primaire de Phnom Penh transformée sous Pol Pot en centre de torture et d’extermination.

Le règlement intérieur
On nous avait prévenu : la prison n’est qu’une succession de pièces vides avec au maximum un ou deux objets.

Et pourtant le vide parle. Il crie.

Les salles de tortures se succèdent. En entrant dans chacune d’elles on se demande ce qui a pu se passer ici exactement. Et l’imagination se met en route à l’aide des objets et « indices » laissés là.

des interrogatoires ou l’entendu est allongé en enchaîné
Il y avait par exemple des salles meublées uniquement d’un sommier de fer déformé comme sous le poids d’une masse et au mur, une photo d’un détenu enchaîné à ce même sommier qui était encore droit.

Une salle d'interrogatoire

On se rend au bâtiment où les détenus étaient enchainés allongés (avant ou après la torture). Les « chaines » ou plutôt sortes de menottes que les détenus avaient aux pieds et aux mains sont toujours là, accrochées à la barre de fer commune.

Au centre de cette pièce les portraits des détenus de Tuol Sleng, leur numéro accroché autour de cou : des hommes, des femmes et des enfants. Il y a évidemment les intellectuels, les étrangers et leurs familles qui ont été arrêtés en premier. On continue de regarder ces portraits aux regards si différents : effrayés, perdus, dignes, incompris, résignés, combattifs…

Des hommes

Des femmes

 Des enfants
Dans la pièce d’à côté qui servait également à enchaîner de manière allongée les détenus, d’autres portraits : ceux d’autres victimes, qui avant d’être victimes étaient des bourreaux. Parce que lorsqu’il n’y a plus d’ennemis il faut s’en inventer pour maintenir le rythme, le débit des litres de sangs et des kilos d’os.

On passe ensuite dans les cellules « individuelles » des détenus. Par cellules individuelles il faut entendre un espace de 2 mètres par un, clos de murs de briques ou de bois et d’une porte percée d’une sorte de fenestron permettant aux gardes de surveiller à tout moment les détenus. Ces cellules « individuelles» étaient partagées par trois à quatre détenus.

Une cellule individuelle

des portes avec un fenestron pour être surveillé à tout moment.


On arrive ensuite dans la pièce ou sont conservés les registres des « interrogatoires ». Comme sur un CV, en haut à droite de la première feuille de l’interrogatoire était apposée la photo d’entrée à la prison (celle des portraits décrits plus hauts). Parfois, sur la dernière page il y avait aussi la photo de fin : la photo de la personne une fois morte (ou juste avant la mort) c’est à dire un corps amaigri, où certains membres manquent parfois, où un visage n’est plus un visage.

C’est ainsi que les khmers rouges conservaient la preuve que les ennemis du régime étaient supprimés.

Et qu’en est-il de la faute de ces prétendus ennemis ? Bien sure avouer qu’on est médecin, chef d’entreprise, qu’on a fait des études à l’étranger, qu’on est citadin, qu’on a un métier autre que paysan, c’est une faute dans les faits mais sur le papier il fallait une autre faute.
Celles soufflées par les bourreaux pendant les cessions de tortures étaient notamment l’appartenance à la CIA, l’espionnage, l’incitation à la révolte contre le régime… C’est celles là qui sont inscrites sur le procès-verbal de l’interrogatoire.
Et c’est ainsi que le détenu avait son ticket aller-simple pour les killing fields.

Enfin la dernière pièce est la plus satisfaisante : elle pointe les Hauts dignitaires Khmers rouges qui viennent d’être jugés par le Tribunal International ainsi que leurs peines (même si ces dernières paraissent bien maigres compte tenu de ce qu’ils ont fait). Trente ans après le génocide, d’autres hauts dignitaires attendent encore d’être jugés et font suspendre le procès sous tous les prétextes possibles, avec une préférence pour les prétextes médicaux, compte tenu de leur vieil âge.

Nous ressortons de Tuol Sleng vidés par une visite de pièces vides !

Nous décidons alors de visiter quelque chose de plus léger pour finir la soirée. Et puisque notre hôtel donne sur le musée national, c’est lui qui fut l’élu.

pas mal la vue de l’hotel !


 Devant c’est pas mal non plus
Extérieurement c’est une merveille : Une construction typique cambodgienne en bois rouge. La cour intérieure est, elle aussi très belle, avec son petit bouddha central autour duquel s’articulent quatre bassins tapissés de nénuphars.

Un bisou sous l’œil de Bouddha.
L’intérieur en revanche… c’est décevant. Enfin, si vous aimez les poteries cassées mises sous verre, alors ce musée est fait pour vous. Malheureusement de bouts de jarres par-ci par-là ne nous intéressent absolument pas de sorte qu’on a fait le tour du musée en 10 minutes chrono, sans se presser.

On quitte Phnom Penh pour la région poivrée de Kampot.

Quelques jours après notre visite de la capitale cambodgienne, le 7 aout dernier,  j’apprenais de mon cher Figaro que deux des ex-dirigeants Khmers Rouges ont été condamnés à perpétuité par le Tribunal international. Bien sure j’avais par le passé déjà appris la condamnation de dirigeants Khmers rouges. Mais après la visite de Tuol Slueng, une telle nouvelle avait en moi un écho plus fort ! Que ça continue jusqu’au dernier!

vendredi 22 août 2014

Saïgon la libérale

(Parce c’est plus distingué que « la pute » de l’élégant proverbe français « Hanoï la prude a vaincu Saigon la pute »).


Saigon ou Ho-Chi-Minh ? Pour ma part ce sera Saigon. Pourquoi ? D’une part parce que c’est son nom depuis le XVIIème siècle et d’autre part parce que les communistes du nord vietnamien ont imposé aux nationalistes du sud le nom de l’oncle Ho à cette ville comme pour marquer au fer rouge leur victoire sur le Vietnam du sud. Etant à la fois vieux jeu et anti-communiste, j’opte donc pour le nom de Saigon. 

Ici pas de monuments spectaculaires, pas de musées incontournables, pas de paysages ou de perspectives à couper le souffle, mais une ambiance. Et quelle ambiance !

Ca commence avec le ballet des motos. A chaque carrefour, à chaque rond point, et chaque feu on vous sert un troupeau de deux roues entassées les unes sur les autres comme les utilisateurs de la ligne 13 du métropolitain parisien aux heures de pointes, sans toutefois que cet entassement ne les freine. On avait donc une masse informe qui se déplaçait telle une pâte à gâteau géante qui se déverserait d’un saladier incliné. 

Ca m’obsède, je suis désolée j’aurais pu trouver une autre comparaison mais j’ai tellement envie d’un gâteau au chocolat ou d’un clafoutis aux pommes que ma main sur le clavier a devancé l’expression de ma bienséance. 

On préfère donc flâner sur les trottoirs pour ne pas risquer nos peaux. Les magasins qui les bordent sont, pour beaucoup d’entre eux, différents de ceux qu’on a pu voir jusqu’alors dans ce pays. Bien sur il y a toujours ces multiples boutiques qui vendent des posters de propagande communiste où l’oncle Ho est présenté comme étant aussi sympathique qu’ Uncle Ben’s, (pas sure que ce soit toujours un succès). Mais il y avait aussi des magasins tenus par cette nouvelle génération d’entrepreneurs qui ont faim de perfection, et de réussite ; bref de tout ce qui est proscrit par le régime, mais que le régime ne peut (ou ne veux ?) aujourd’hui plus endiguer.  Nous avions des architectes, des créateurs, des designers. 

Plus loin, la place était laissée aux immeubles modernes et fiers qui défiaient le ciel et étaient le siège de quasiment toutes les entreprises Vietnamiennes en même temps que d’être le siège d’écrans géants aux publicités incessantes.

- « Viens on traverse » me lança Flo comme si c’était anodin. On pose un pied sur la route, on entend le grondements des moteurs qui ne semble pas si éloigné, on tourne la tête pour voir le cortège déjà décrit foncer sur nous (là je vous décris le truc au ralentis pour une meilleur appréciation de la situation mais en vrai ça s’est joué en 1sec à peine). On s’est donc mis à courir comme des moutons jusqu’à en perdre la laine. Nous arrivâmes sur l’autre rive sains et saufs au moment même ou le grand méchant loup était à notre niveau. Il n’y a rien à faire, pour traverser au Vietnam, il faut se lancer et prier.

La circulation au plus bas: à minuit
Ce soir là comme chaque soir depuis que nous étions à Saigon, nous décidions d’aller sur la place centrale, ou place du marché, pour attendre les entrainements de Kung Fu. Il s’agissait d’un groupe d’une vingtaine de jeunes en tuniques noires qui s’exerçaient pour la pratique de cet art martial. 

Un enracinement avant le décollage
Tout était réuni pour participer à la magie du moment: au premier plan les jeunes en tunique noire à faire des grands écarts et des pirouettes (cacahuètes) dans l’air, au second plan le vieux marché de Saigon qui a échappé à la démolition lorsque la ville a été prise, et au dernier plan les tours modernes dans leur habit de lumière. Le présent, le passé, le futur. 

En pleine pirouette cacahuète
Alors que nous étions assis à regarder ce spectacle, et comme chaque soir ici, des étudiants nous demandèrent s’ils pouvaient parler avec nous pour améliorer leur anglais. Nous entrions alors dans des discussions qui mêlaient personnel, échanges sur nos pays respectifs, visions politiques, religieuses… Tous étaient ambitieux, avides de plus de connaissances et bosseurs. Beaucoup jonglaient avec plusieurs postes professionnels, et n’avaient que quelques heures de détente qu’ils décidaient d’exploiter pour améliorer leur anglais. Ca nous paraissait fou. Mais ça faisait du bien à voir et à entendre ! Lorsqu’un groupe avec qui nous parlions s’éclipsait nous n’attendions pas plus de 5 minutes avant qu’un autre groupe nous fasse la même demande.

Voilà donc ce qui constituait le décor et le fond de nos soirées Saïgonnaises. 

Un jour, alors que  Flo s’occupait de la maintenance du très célèbre site « sur la  route des tongs et du riz », je décidais d’aller visiter la ville en compagnie de Hang, une voisine de notre guest house avec qui j’avais sympathisé la veille. 

Pendant que je découvrais émerveillée la vieille ville, Hang la redécouvrait avec nostalgie et tristesse. 

Bien que dotée d’un passeport français, hang connaissait cette ville mieux que tous nos autres compatriotes pour y être née, y avoir grandi dans un milieu intellectuel privilégié, et enfin y avoir été chassée par les communistes du nord. 

La suite de son histoire de poursuit en pleine mer sur une embarcation de fortune en compagnie de centaines d’autres « boat people » en direction de Singapour. L’embarcation n’atteindra jamais sa destination puisqu’elle fût arrêtée par les garde-côtes Malais.

Les passagers alors débarqués en Malaisie ont été placés dans des camps de réfugiés. 

De là commençait leur recherche d’un pays d’asile. Seuls quatre pays accueillaient les quelques 2 millions de réfugiés : Le Etats Unis, Le Canada, La France et l’Angleterre. 

Hang fit directement une demande en France, langage dont elle avait appris les rudiments à l’école de Saigon. Sept mois plus tard, la France l’acceptait. 

Et c’est ainsi qu’à 17 ans Hang se retrouva à la fois en CE1 pour suivre les cours de français et en terminale pour les autres cours. 

Aujourd’hui, c’est son fils qui a dix sept ans et à cette occasion elle décida de lui montrer son pays d’origine et par la même d’y revenir pour la première fois. 

Alors que son fils faisait une excursion de 4 jours au Laos, elle me proposa de me faire découvrir son Saigon à elle, et bien évidemment j’aurais été folle de refuser.

La ballade commença au vieux marché couvert, là elle me fit gouter les spécialités et notamment les bonbons à la mangue et à la passion, des sortes de soupes, toutes sortes de raviolis à base de pate de riz fourrés tantôt de légumes tantôt de viandes. Pour la première fois de notre voyage, je visitais un marché sans avoir à me préoccuper de ce que je pourrais manger ou non, de ce qui était trop épicé ou pas. Tandis que nous déambulions devant le poisson séché, les soupes fraiches, les épices, les lézards et grenouilles dans des bouteilles d’alcool (à boire oui oui !) et les fruits secs, Hang me raconta une anecdote qui lui était arrivée la vieille dans ce même marché. Alors qu’elle achetait des produits pour son fils et qu’elle sortait un bout de papier pour écrire en français ce qui était dans chaque sachet libellé en vietnamien, un homme en civil s’approcha d’elle, c’était un espion du régime qui exigeait qu’elle lui montre le papier sur lequel elle écrivait. Comme il fallait s’y attendre l’homme du gouvernement ne compris rien de ce qui était écris et dit à Hang « Je te donne 10 minutes pour déguerpir, si je te revois après je t’embarque ». 

Voilà un côté du Viêtnam que nous autres étrangers ne vivons pas dans ce pays qui, à certains égards, nous semble être un paradis. Mais nul doute que la vie des vietnamiens est aujourd’hui encore surveillée de très près. En témoigne la persistance des « boîtes rouges » qui sont des boites de dénonciations anonymes. De merveilleux outils de délation. Nous ne sommes pas parvenus à trouver ces fameuses « boîtes rouges » décrites dans le routard, mais peut-être que notre oeil était trop innocent pour y prêter attention. 

Après cette escale culinaire, direction une petite rue qui devait abriter sa maison. Mais au lieu d’une maison, on avait un grand hôtel de béton et sans charme sur son emplacement que la famille d’Hang  a été contrainte de céder au régime. Il s’agit donc désormais d’un «hôtel gouvernemental », qui comme tous les autres hôtels gouvernementaux proviennent des biens spoliés aux « réfractaires au régime ». 

Devant sa "maison"
Hang était émue et on ne s’attarda pas. 

Ensuite direction la cathédrale Notre-Dame de Saigon à l’architecture européenne et enfin la magnifique Poste centrale. Mais évidemment on ne peut dire magnifique sans dire français (Cocorico). Et oui, la Poste centrale est un beau témoignage de la période coloniale et sa charpente métallique a été conçue par Gustave Eiffel, lui même ! Aujourd’hui encore elle fonctionne sous l’œil attentif (ou la surveillance policière) d’Ho-Chi-Minh dont le portrait trône en plein centre de l’édifice.

Notre Dame deSaïgon

La poste: Ho-Chi-Minh veille

C’est avec un brin de tristesse qu’on quitte LA perle d’Asie du Sud-est pour rejoindre le Cambodge où le régime communiste s’est surpassé : plus de 20% de la population a été exterminée en 4 ans seulement… Bienvenue dans l’horreur.

PS : Nous rencontrons actuellement de très grosses difficultés à accéder à notre blog hébergé par google car nous traversons des pays où facebook et google sont sensurés. Florent est obligé de prendre le contrôle de l’ordinateur de sa mère (en France) pour accéder au blog, et poster des statuts facebook. Du fait de cette complication, nous ne pouvons pas actuellement mettre les albums photos. Nous le ferons dès qu’on entrera dans un pays qui nous le permet et vous tiendra bien entendu informés. 

lundi 18 août 2014

De Hoi An à Dalat : Un peu de sport ça fait du bien

C’est sans regret que nous quittons Cat Ba pour rejoindre la superbe ville d’Hoi An au centre du Vietnam. Pour nous y rendre, une seule solution s’offre à nous : la plus économique, il s’agit du bus bien évidemment. On nous annonce une nuit dans le bus (on économise sur la nuit d’hôtel comme ça) et une arrivée à 10h du matin. En gros une petite quinzaine d’heures. Ca ne nous fait pas peur, on n’a l’habitude, et c’est donc sereins que nous tâchons de nous endormir.

Les sleeper bus du Vietnam
Il est 9h30, mon téléphone vibre pour m’annoncer notre prochaine arrivée. Je ne peux pas dire qu’il me réveille réellement car à part les ronfleurs habituels, peu de gens arrivent à fermer l’œil dans le bus (même quand il s’agit de « sleeper bus »). Alors que nous émergeons doucement, l’heure tourne et il est rapidement 10h30. Je commence à regarder la carte du pays que l’on trouve sur tous les guides tout en essayant de déchiffrer le nom des villes que nous traversons afin de nous situer sur la carte. Comme je m’y attendais je ne trouve rien, mais ça valait la peine d’essayer… Enfin dire que je ne trouve rien est un peu réducteur, car je trouve effectivement une petite ville à peine à mi-chemin qui semble porter le nom de celle que nous venons de traverser. Mais il ne peut pas s’agir de la même puisque nous devons arriver bientôt. Je me trompais…
Il est midi et demi, et le bus s’arrête enfin. C’est la pause déjeuner. Sibylle commence à regarder le chauffeur de travers car nous n’avions prévu de rester à Hoi An que 2 nuits en pouvant profiter de cette journée presqu’entière pour visiter. Quant à moi, j’en ai déjà marre, on aurait pu prendre l’avion si Madame n’en avait pas une telle peur. Enfin, il ne reste plus qu’à prendre notre mal en patience et espérer arriver prochainement.
Et de la patience il va nous en falloir, car après avoir demander au chauffeur ce qu’il en était, celui-ci nous répond qu’il ne faut pas compter arriver avant 18h. Moi même j’ai du mal à me contenir, je vous laisse donc imaginer l’état critique dans lequel cette information va mettre la si douce Sibylle. La goutte qui fera déborder le vase sera la pause dîner à 18h pendant une demi heure. Quand on pense arriver dans la matinée, assister au coucher du soleil dans un bus ne correspond pas vraiment à ce que l’on avait prévu, surtout lorsqu’on arrive enfin à 19h à la gare routière de Da Nang, chef lieu de la région et située à une quinzaine de kilomètres de Hoi An. Là encore nos nerfs vont être mis à rude épreuve lorsque l’on nous annonce que le dernier bus pour Hoi An vient de partir et qu’il faut attendre le lendemain 6h du matin pour le prochain. Alors que nous sommes encore sous le choc de la nouvelle, un moto-taxi nous accoste, nous proposant de nous emmener. Après d’âpres négociations, il accepte de nous prendre avec un de ses collègues et nous arrivons enfin à Hoi An pour la soirée.
Hoi An la nuit
Le voyage de Chihiro
Nous sommes déposés en plein cœur de cette ville classée au patrimoine mondial de l’Unesco, et c’est un choc. Nous attendions beaucoup de cette étape, mais là on a du mal à se rappeler que l’on est sur terre. Tout nous pousse à croire que ce voyage interminable nous a transporté dans l’univers fantastique de Hayao Myazaki, ou plus précisément dans l’un de ses plus grands chefs-d’œuvre : le Voyage de Chihiro. 

Dans un pousse-pousse abandonné
Les rues sont entièrement éclairées par des milliers de lanternes de toutes les couleurs, les maisons qui les bordent sont toutes plus extravagantes les unes que les autres. Elles sont d’un style architectural purement chinois : des portes ou des fenêtres rondes, des toits aux extrémités recourbées et magnifiquement décorées de dragons, et autres nagas de la mythologie chinoise. Alors que nous recherchons un endroit où dormir nous tombons face à face avec l’une des merveilles de la ville, le pont-pagode japonais construit à la fin du 16e siècle et réputé indestructible pour avoir résisté à toutes les catastrophes connues par la ville depuis sa construction. 
Sib fait coucou du pont japonais
Après l’avoir admiré pendant un certain temps nous décidons de le traverser pour rejoindre un autre quartier de la ville. Quelques mètres plus loin nous trouvons une chambre d’hôte (l’une des seules présentes dans la zone classée) tenue par une charmante vietnamienne d'un certain âge et parlant parfaitement le français. La maison est typique de la ville : 4 à 5 mètres de large pour une profondeur excédant les 20 mètres. On y trouve une salle de séjour dans un coin duquel se situe l’autel aux anciens, deux chambres se trouvent au fond de la maison suivies d’une petite cour qui accueille la cuisine extérieure. Tout le mobilier est traditionnel avec de grands meubles en bois incrustés de nacre, et des commodes et armoires laquées et décorées de dragons. Le confort y est assez rudimentaire mais on ne peut rêver mieux, et c’est avec soulagement que nous déposons nos sacs pour découvrir plus en détail cette ville tout droit sortie de l’imaginaire.
Notre guesthouse toute en longueur
Nous traversons donc à nouveau le pont en nous extasiant puis nous dirigeons à nouveau vers les rues principales. Cette fois-ci, sans les sacs sur le dos, on a le temps et on admire. Sibylle découvre rapidement un tailleur qui propose de jolis modèles de robes et de manteaux. On n’est pas vraiment là pour ça, mais bon ça ne coute rien de regarder. Quelques échoppes plus loin j’en trouve un autre, et puis encore un (ou plutôt 100)… Ce n’est pas la peine de vous faire un dessin, Hoi An, c’est LA ville du Vietnam pour se faire faire une robe ou un costume sur mesure, il y a des tailleurs toutes les 2 boutiques. Ils ont des modèles assez beaux d’ailleurs, mais, selon Sibylle, autant leur apporter des sacs plastiques tellement leurs tissus sont de mauvaises factures (150% acrylique). Je n’y connais pas grand-chose, mais j’acquiesce volontiers, ce qui a pour effet bénéfique que l’on ne s’arrête plus devant chaque magasin.
Une cuisine fraîche et délicieuse
Bref on part diner sur les rives de l’estuaire où l’on découvre un sympathique restaurant qui propose les spécialités locales ainsi qu’une superbe vue sur la ville illuminée. Et des spécialités, y en a. Tellement qu’on ne sait pas vraiment par où commencer. C’est aussi ça le Vietnam de véritables spécialités selon la région. Sibylle finit par se décider sur un plat au nom enchanteur, les Roses Blanches d’Hoi An. Celles-ci sont en réalité des raviolis aux crevettes en forme de fleur et d’une finesse exquise. Il n’y a qu’une seule famille à Hoi An qui connaisse les secrets de la recette et c’est elle même qui approvisionne tous les restaurants de la ville. Quant à moi je finis par jeter mon dévolu sur le Cau Lau, une soupe de nouille au porc que l’on ne trouve qu’ici et qui concurrence aisément tous les autres plats de nouilles que j’ai pu essayer lors de notre voyage. Une pure merveille !
Le Cau Lau
Un filet de pêche et son mécanisme dans le port
Le lendemain nous décidons de visiter certains des nombreux sites ouverts au public. Ces visites s’avérèrent sans grand intérêt car elles ne consistaient généralement qu’à entrer dans la maison, payer son entrée puis accéder à la pièce principale où l’on nous fournit une brochure explicative très généraliste et enfin repartir, aucune des autres pièces à vivre n’étant ouverte au visiteur. Au bout de 3 maisons nous décidons donc de déambuler dans la ville et de découvrir (gratuitement) d’autres maisons du même style, mais devenues magasins, cafés ou restaurants.

L'intérieur d'une maison devenue restaurant
Une rue paisible où l'on ne circule qu'à vélo

Deux jours passent bien vite lorsque l’on passe de bar en restaurant et nous nous retrouvons rapidement dans le bus pour Dalat, une ville dans les montagnes entre Hoi An et Saigon (Ho Chi Minh Ville), et ayant pour particularité de bénéficier d’un climat tempéré proche du notre.
Cette étape que l’on n’avait pas prévu au départ nous a été conseillée par de nombreux voyageurs comme étant incontournable. En effet, il s’agit de l’unique destination au Vietnam où l’on puisse pratiquer le Canyoning, un sport que nous affectionnons tous les deux pour l’avoir découvert à Bali puis pratiqué dans les Pyrénées. Pour ceux qui ne connaissent pas, il s’agit de descendre une suite de cascades (5 ou 6 en l’occurrence) soit en rappel, harnaché avec du matériel d’escalade, soit en sautant ou en glissant sur des toboggans naturels.

Bref, nous voici donc à Dalat pour faire du Canyoning. En arrivant, on réalise rapidement que le tourisme de la ville n’est vraiment dû qu’à ce sport, et l’on trouve des agences partout. Elles proposent toutes le même parcours à peu près au même prix (20 euros) ce qui n’’est pas cher du tout comparé à nos précédentes expériences. Alors que nous réservons notre excursion pour le lendemain, Sibylle s’assure qu’il n’y a pas trop de sauts car elle n’aime pas ça. On lui assure que lors des sauts il y aura toujours la possibilité de descendre autrement.

On attaque la journée par une balade en voiture qui nous emmène à quelques kilomètres de la ville. Après nous avoir donné les instructions d’usage, nous commençons la descente. On se rend rapidement compte que si nos expériences précédentes nous donnaient l’impression d’être seul au monde, cette fois-ci, l’itinéraire est une véritable autoroute de touristes comme nous. Les premières cascades se passent bien jusqu’à ce que notre instructeur nous annonce la prochaine cascade. Pour celle-ci, nous n’avons pas de corde assez longue du coup on doit se laisser tomber en arrière pour une chute de 4 m. Ceci m’enchante, mais Sib beaucoup moins et elle décide de ne pas la descendre. Cette décision ne va pas plaire à notre guide qui va presque hausser le ton envers Sib, ce qui ne va pas l’encourager mais la braquer. Et Sib fera donc le tour de la cascade à pied (ce n’était pas vraiment la façon dont on imaginait la journée…). Quant à moi je fais la descente et me laisse tomber pile au moment ou je ne sentais plus de corde sous moi. Quand on est lessivé par l’eau de la cascade, la chute ne paraît pas si longue, et je ressors de l’eau assez fier de moi.
Descente en rappel (je suis au dessus)
La deuxième grosse difficulté de la journée consiste en un saut dans le vide. Différentes hauteurs sont possibles : 6m, 8m et 11m. Evidemment je décide d’essayer le saut de 11m, et Sib de… descendre à pied…
Je ne suis pas le seul à choisir le plus haut. Presque tous les hommes prennent celui là. Nous voilà donc perchés au sommet de la cascade à nous encourager pour trouver le courage de sauter. La difficulté consiste à prendre suffisamment d’élan pour ne pas heurter la falaise en contre bas. Quand vient mon tour, je réalise que le plus dur n’est pas tant de sauter que de faire le premier pas de course. En effet, une fois qu’on est parti, il est impossible de ne pas sauter au risque de se faire vraiment mal. Heureusement l’un des types restés en haut commence un compte à rebours. 3…2…1… Ca y est je cours, je saute et ….YOUUUUHOUUUUU  je vole, eeeeeet PLOUUUUF.
Un petit saut de 11m ça donne ça
GENIAL je le refais et c’est parti pour une dizaine de sauts pendant que Sib me regarde en bas. L’un des mecs qui voulaient le faire n’a pas pu et a fini par descendre par le même chemin que Sibylle.
Sibylle en plein effort dans l'étroit goulot de la Machine à Laver
On finit par repartir, pour arriver à la dernière cascade, surnommée « la Machine à laver ». Cette fois, pas de saut, mais une réputation qui fait peur. En effet, cette chute d’eau a pour particularité de vous aspirer vers le fond, de vous faire tourner 2 ou 3 fois avant de vous recracher comme un vieux morceau de poisson avarié que l’on aurait avalé. C’est la cascade la plus redoutée et l’une des filles de notre groupe ne souhaite pas la faire. Là encore le guide s’énerve à moitié pour finalement lui céder et demander d’attendre à côté. Sibylle passe avant moi et ressort saine et sauve. Quand vient mon tour,  je commence en rappel, j’entends l’instructeur me crier de me décaler plus à droite, je glisse à moitié mais réussis à me stabiliser. A cet instant je mets mon premier pied dans l’eau qui gronde sous moi. Pour cette descente, la chute d’eau est enclavée dans un tout petit espace ce qui rend le courant encore plus fort. Alors que je ne vois plus du tout ou je dois mettre mes pieds, je réalise qu’il n’y a plus de corde, mais c’est trop tard. Je suis aspiré dans l’eau, et ne sait plus où se trouve la surface, pour un instant seulement car le gilet de sauvetage, lui, ne se trompe jamais. Me voilà sorti d’affaire, mais quelles sensations. Sibylle aussi a l’appréciée. C’était peut être la plus difficile mais également l’une des plus fun (après les sauts selon moi).
Comme c’était la dernière des 6 cascades, et on entame la marche de retour.

Une fois rentrés, nous prenons nos billets pour Saigon, la dernière étape de notre séjour au Vietnam.

N'oubliez pas l'album ici et le Bisou d'Ailleurs