mercredi 30 juillet 2014

Sapa: Le coup de coeur vietnamien


Nous sommes entrés par la porte où nos ainés étaient sortis : à Dien Bien Phu.
Et en arrivant dans cette ville, symbole de la défaite de nos compatriotes, notre humeur était de circonstance.
Bon, pour être tout a fait honnête, ce n'est pas l’histoire de Dien Bien Phu qui a causé ladite humeur mais le trajet que nous venions d'effectuer.
Tout commença donc un frais matin a la gare routière de Luang Prabang (au Laos). Notre conducteur qui avait pour mission de nous déposer au pays voisin nous accueillit de manière totalement inattendue: en nous offrant gracieusement des sacs plastiques.  

Nous les refusions poliment. Depuis le temps que nous voyagions nous étions habitués aux inconvénients des moyens de transports, pensais-je naïvement.

Grave erreur…

C est donc la tête a la fenêtre du van que je me vidais ce jour là. Heureusement les autres passagers ne me virent pas, trop occupes qu’ils étaient  a remplir leur propre sac plastique.  

Quand la route et mon ventre me laissait quelques minutes de répit je me tournais vers Flo qui m énumérait le nombre de morts par an sur les routes Laotiennes et qui me demandait s'il ne valait mieux pas reprendre nos bagages et sortir de ce véhicule au conducteur fou. Pas ivre, non. Juste fou. 

Mais nous étions trop déterminés à arriver ce jour là au Vietnam.

Lorsque nous arrivâmes (chose extraordinaire en elle même) nous ne savions plus si nous voulions prendre le bus dès le lendemain pour Sapa, où attendre encore une peu  à Dien Bien Phu, histoire de nous remettre un peu de ce voyage aux allures de suicide collectif.

Le choix de la date de notre départ à Sapa a été guidé par un raisonnement logique : nous commencions à avoir peur du bus. Or, dans notre voyage nous ne pouvons pas nous permettre ce type de peurs. Par conséquent, pour ne pas laisser place à un traumatisme, il fallait reprendre le bus le plus vite possible, soit le lendemain. Nous prenions donc les billets de bus et filions nous coucher.

Le lendemain matin, mon ordinateur ne s’allumait plus… C’était sa première attaque cardiaque.

Après une nuit dans le bus tous nos problèmes semblaient réglés : nous n’avions plus peur du bus, le conducteur ayant conduit prudemment, et mon ordinateur se rallumait à nouveau.
Pour fêter ça on décide de se prendre un petit déjeuner bien de chez nous dans LA boulangerie de Sapa.
On a été bien inspirés : il semble que ce soit le point de ralliement des français. Comme c’est étonnant ! Inspirés par ces pains au chocolat, on ose toucher quelques mots à nos voisines.

Elles sont ici pour faire une mission humanitaire : aider à la construction d’une école pour les enfants défavorisés des montagnes et dispenser aux enfants qui sont déjà sur place des cours d’anglais. Je les soupçonne d’avoir vu notre envie bifurquer du pain au chocolat à la mission qu’elles nous décrivaient.

-       « Si ça vous tente, venez avec nous », nous proposa Alix !

Et c’est ainsi que nous arrivâmes à 4 à la guest-house de « Hope Sapa Center ». Avant le commencement de la mission nous avions une journée à tuer. On en profite pour louer des motos, et aller  explorer les montagnes et ses villages.

Ca commence plutôt bien...
On avait avec nous le meilleur guide de la région : Maï, une jeune vietnamienne, originaire d’Hanoï, qui travaille à plein temps à Hope Sapa Center pour coordonner l’action des volontaires et les guider.

Avec Maï
Bien que ce jour là était son jour de congé, Maï insista pour nous faire visiter les villages Hmongs aux alentours. Sa bonne humeur nous contaminait et on buvait ses explications sur les traditions et modes de vie des locaux. Lorsqu’elle ne connaissait pas une information, elle n’hésitait pas à demander la réponse pour nous et parfois même à demander aux locaux qui travaillaient dans les champs ou chez eux, de nous expliquer leur métier. Elle jouait alors le rôle de l’interprète. Bref toute une journée qui donnait le ton de ce que serait notre mission à savoir : Génial.

Flo en compagnie d'une chanteuse Hmong

Alix confiante

Poursuivie par des Hmongs!
Le lendemain matin, Maï nous accompagnait au centre, une bicoque de parpaings au milieu des rizières et des montagnes.

Cette fameuse semaine, nous étions 8 volontaires : un  italien répondant au nom de Marco, un couple d’autrichiens Elisa et Dominique, un allemand complètement zélé (pas d’alcool, pas de viandes, pas de clopes), Laurenz, qu’on appelait Lolo devant lui, et Bouddha derrière lui,. Pour moi c’était donc exclusivement Bouddha. Enfin, il y avait le groupe le plus fun : celui des français, composé des filles : Aude et Alix et de nous of course.
les enfants, Aude la photographe , Alix dite "not with us", Dominique, Elisa, Marco, Flo, Cha, Moi, Bouddha (ça se voit qu'il est super fun hein? )
Nos tâches devaient s’exercer l’après midi et consistait pour une partie d’entre nous à aider dans les champs autour du centre pour les cultures (riz, choux, artichaux…) pendant que l’autre partie donnait des cours d’anglais aux enfants qui venaient au centre. On alternait.


Genre mais genre. 
Pendant ce temps les enfants ils bossent ici!

Voilà qui est plus réaliste
Dans les rizières
Pour ma part, je n’ai exercé qu’une seule fois l’activité de « prof d’anglais » avec Alix, et… Dès les premières secondes j’ai su que je n’avais pas raté ma vocation. Une seule fois était bien amplement suffisant pour ma patience. Désormais, j'admire autant que je plains Florent d’avoir fait ça pendant un an.

Le reste du temps, on se reposait, on se baladait aux alentours, et on s’occupait des enfants qui restaient au centre. 

A table!
Sur un buffle; normal quoi.

Parmi eux, le petit Cha (prononcer Tcha) était mon petit chouchou.

Avec mon chouchou
Son histoire y est peut être pour quelque chose : Ce petit bonhomme d’environ 7 ans (personne ne connaît son age réel) est issu d’une famille Hmong. Très peu de temps après sa naissance son père décède, le laissant seul héritier d’un lopin de terre. Sa mère se remaria peu de temps après. Conformément à la tradition Hmong, c’est le nouveau mari qui décide de garder ou non les enfants issus du premier mariage de son épouse. Celui-ci a en l’occurrence, a refusé le petit Cha. L’enfant est alors passé sous la garde officielle de son oncle, le frère de son père.
Mais l’enfant ne pouvait espérer trouver dans son nouveau « foyer » la famille qui lui manquait. En effet, l’oncle est  le n°2 sur la liste des héritiers au lopin de terre. Autrement dit, au décès de Chat, c’est lui qui hériter de la terre de son frère défunt.

C’est ainsi que l’oncle laissait l’enfant à la merci de tous les dangers, le laissant à la rue quémander de la nourriture à qui voudrait bien lui en donner.

Un jour Cha découvrit le centre. Depuis il y revient tous les matins : A 6heures il frappait à la porte. Si initialement il venait y chercher à manger, il ne fait aucun doute qu’aujourd’hui Chat venait y trouver sa dose d’amour et d’attention : il nous rejoignait dans nos lits pour le câlin du matin, puis il demandait qu’on l’aide à faire sa douche, sa lessive, puis qu’on joue avec lui. Le tout sans parler un mot d’anglais, juste avec des gestes, des rires et un langage connu de personne (même de pas de Maï qui ne parle parlait pas Hmong).

Peter, le président de l’Association a tenté de parler à l’oncle, lui a demandé d’abandonner la garde de Cha pour qu’il puisse l’avoir lui, afin que l’enfant dorme au centre et non pas dans la rue. Mais en signant de tels papiers, la terre convoitée reviendrait au gouvernement vietnamien. L’oncle refuse donc. Peter refuse quand à lui d’abriter Chat pour la nuit de peur qu’il ne soit dénoncé (notamment par l’oncle) pour enlèvement d’enfant et que son centre d’éducation ne soit fermé.

Une triste routine rythmait donc la vie du petit Cha : chaque matin il revenait les yeux pleins d’espoirs et le sourire aux lèvre et chaque soir après le dîner il repartait les yeux sombres et humides pour passer une nuit… on ne sait où… mais pas au centre.

Parfois, je me demandais si Peter ne faisait pas un peu trop de zèle à refuser que Cha dorme au centre, risquait-il vraiment de voir fermer son centre, les policiers avaient-ils vraiment ce pouvoir ?

Je n’ai pas tardé à avoir la réponse à cette question.

Un soir alors que nous (tous les volontaires) discutions dans le jardin du centre au alentours de minuit, 4 policiers entrèrent et demandèrent à parler aux propriétaires. Seule Maï était là : Peter était reparti à Sapa. Ca ne sentait pas bon : les policiers nous montraient du doigt et adoptaient un ton ferme. Nous nous eclipsions dans nos chambres. Flo écrivait à nos parents pour décrire ce qui se passait et nommait tous les volontaires qui étaient avec nous. Pendant ce temps les filles et moi cherchions le numéro de téléphone de l’ambassade française dans nos livres. Le numéro de l’ambassade était prêt sur nos portables, nos proches étaient prévenus. Si la situation devait dégénérer, nous avions fait ce que nous devions faire.

Dans la pièce d’à côté la discussion continuait. Ouf… on entendait la voix de Peter qui était revenu. Au milieu de ce langage qui nous est inconnu on reconnaissait le mot « homestay ». Le problème c’était bien nous. Dans un pays communiste où l’étranger ne doit pas dormir chez les locaux et où le homestay est très récemment toléré à condition de payer un pot de vin aux flics, des blancs chez des vietnamiens ça fait tache. Peter criait que ce n’était pas un homestay puisque nous étions volontaires, les policiers semblaient refuser l’argument. Peter mis la main à la poche, le ton a baissé, ils sont partis.

Le lendemain, j’interrogeais Peter sur l’événement de la veille. Il éclata. Il était à bout de toute cette corruption, il criait qu’il voulait juste aider les enfants, qu’il avait refusé que son centre soit financé par le gouvernement pour éviter ces pressions, pour rester libre de son enseignement, et finalement il était quand même victime des injustices de cet état policier où chaque membre veut s’en mettre plein les fouilles plutôt que de faire régner un ordre juste.

Tout n’était donc pas si rose dans ce centre de l’espoir. Pour les enfants le centre est un paradis, pour nous volontaires c’est une belle histoire, pour Peter c’est un combat.

Si vous cherchez à parrainer un projet fiable et bon, n’hésitez pas à soutenir Peter dans son projet, voici sa page facebook.



PS : Voilà l'album photo

vendredi 25 juillet 2014

Luang Prabang : C'est beau la France tout de même

Après 2 jours de détente et de jeux dans l’eau (mes préférés) à Vang Vieng, on a pris la route de Luang 
Prabang. Ici c’est pas de la rigolade, on est dans le domaine de prédilection de Sibylle, la Culture (avec un grand ‘C’). J’ai plus trop le droit de faire le mariole surtout qu’on ne peut même pas aller à la cascade du coin puisque mon adroite dulcinée a eu la gaucherie de se bruler sur le pot d’échappement de notre moto. 
Une dame Sandwich de Luang Prabang
Ça c’est d’ailleurs une anecdote bien marrante (enfin après coup…) à raconter, mais aussi une bonne leçon : les remèdes de grand-mères c’est pas toujours le pied.
Voilà le topo : On part le matin en balade, on roule 1h, on voit un spot qui mérite de  s’arrêter, Sib se brule en descendant du scoot (ça lui arrive presque à chaque fois qu’on loue un 2 roues). Comme on est en pleine nature, on n’a pas vraiment de la Biafine sous le bras donc on fout un glaçon et on ne s’occupera de la brulure qu’en revenant à l’hôtel dans la soirée. Quand on décide de mettre enfin de la pommade, la brulure a pris une jolie couleur marron avec plein de petites cloques. Je vous laisse imaginer la réaction de Sib quand elle voit ça :
-       « AAAAHHHH, mais je vais garder une cicatrice toute ma vie, c’est horrible !!! Flo t’as vu ? C’est encore plus moche que la dernière fois. » et de se mettre à geindre et tout le tintouin. « File moi ton tél faut que j’appelle ma mère ! »
La brulure avant le miel
(pas de photo après c'était trop moche)
Moi, ben je m’exécute, c’est pas la peine de lutter contre tigresse blessée. Dans ces situations là, l’animal a besoin de retrouver ses repères et de faire appel au chef de meute.
10 minutes plus tard, la bête est calmée, la mère s’est transformée en Shaman (ou médecin vaudou comme cous voulez) et lui a donné le remède miracle. Evidemment ! Sur une brulure bien moche il faut mettre du miel. On part à la recherche d’un pot de miel qu’on finit par trouver : 250cl ça devrait suffire, nan ? De toute façon c’est le seul qu’on a trouvé en ville. On rentre dans la chambre et on badigeonne allègrement le bobo.
Demain on se lève tôt pour explorer la ville et visiter le palais royal, alors « Bonne nuit ».



« Flo, j’ai mal », 6h du matin, le réveil est plus tôt que prévu.
« Ké ki spasse ? » j’ai la langue pâteuse du pépère pas vraiment réveillé.
« Regarde… »  Oula, oui c’est moche, ouille, j’ai mal pour toi là. Ca je ne le dis pas hein, je le pense, c’est pas la peine de l’exciter.
Bah ouais en y repensant c’était évident, le miel s’est transformé en glue, du coup la peau cloquée a bien collé au drap et paf voilà une belle plaie ouverte sur 5 cm, qui purule.
Je lui dis pas, mais là je pense vraiment que la cicatrice elle risque de durer un moment. En tout cas la cicatrisation à peu près sans douleur d’une brulure bien traitée on peut oublier, on est parti pour 3 semaines de bonheur. Merci la médecine tradi...
Comme sa brulure l'empêche de se baigner, on ne fera pas la cascade Tad Kuangsi que d'aucuns nous ont décrite comme la plus belle du Laos, vous nous direz quand vous irez!

Bref, revenons à nos moutons, on est arrivé à Luang Prabang, l’une des destinations les plus attendues du parcours au Laos. En effet, on nous en a tellement parlé de puis notre entrée dans le pays qu’on attendait avec impatience d’y arriver.

C'est l'anniversaire du Buddha, on allume des bougies en priant pour que la brulure cicatrise
Celui qui nous l'a d'ailleurs recommandé le plus chaudement c'est Pierre (le prénom a été changé pour des raisons d’anonymat, et aussi parce que je ne m’en souviens plus). Il fait partie d'un nouveau type de voyageurs que l’on rencontre de plus en plus en Asie du Sud-Est et qu'on essaye d'oublier aussitôt les avoir rencontrés (je suis plutôt fortiche en ce qui concerne d'oublier, c'est plus dur pour Sib): le Français qui n’aime pas la France, mais dont les raisons sont parfois assez obscures. Donc Pierre n’aime pas la France, il n’y fait pas beau, c’est pas beau, les gens sont pas beaux, et pis tout le monde il est méchant et raciste. Ici (en Asie) c’est tellement mieux on peut fumer tout ce qu’on veut, les gens sont tellement plus gentils, leur rythme de vie est meilleur, ce qu'il faut comprendre : faire la sieste 1h par jour et bosser 7h c’est pas assez, l’inverse c’est mieux ; et puis c’est tellement plus beau, surtout Luang Prabang.
« Ah bon, c’est sympa Luang Prabang ? »
« Ouais c’est génial là bas, c’est ma ville préférée  d’Asie, je sais pas ce qu’il y a, mais c’est super. »
« Ah d’accord, et sinon t’as vu des villes coloniales au Laos ? »
« hmmmm…. Nan, pas vraiment »

Une rue "clairement laotienne" 
Alors mon bon Pierre, je tiens à te l’annoncer, tu n’aimes pas la France, mais peut être devrais-tu car, ta ville préférée, et bien… C’est une ville coloniale FRANCAISE à 200%.
Voilà vous avez compris, Luang Prabang c’est Le bijou de la colonisation de l'ex-Indochine, malheureusement, avec le départ des Français elle est devenue en quelque sorte une ville musée.

L'une des nombreuses maisons coloniales de la ville
Tout y est beau, et, comme le site a été classé à l’UNESCO (comme quoi on sait quand même faire des trucs pas mal) il n’y a pas eu de développement urbain délirant dans le centre ville. C’est tout bonnement sublime. Des maisons blanches, bleues ou vertes, des volets aux fenêtres, de vrais trottoirs, des perspectives. La ville est étudiée pour envouter et ça marche. 

Même les voitures sont françaises
On y trouve même une boulangerie presque comme chez nous, et ça nous fait saliver de gourmandise. On y prend un vrai café avec un pain au chocolat et après avoir errer dans les rues d’un temps révolu, on attaque le palais royal. Celui là par contre, il est bien laotien. 

Le temple en face du palais royal
Du coup faut être honnête, c’est moins bien… On a beau vouloir aimer c’est pas possible, il est complètement absurde ce palais, il est grand avec plein de pièces et de fenêtres, sauf que pour rejoindre les pièces ils ont fait un couloir qui fait tout le tour de la résidence. Donc toutes les fenêtres donnent sur le couloir et aucune pièce ne reçoit la lumière du jour. Elle est où la logique là dedans ??? Ça nous révolte, surtout Sibylle pour qui l’architecture et l’aspect culture du voyage compte tellement. Je la sens à côté de moi qui bouillonne, au bord de l’explosion. Ni une ni deux, je la prends sous le bras et je l’emmène retrouver les rue agréables de la ville.

Les ptites loupiottes qui donnent le ton
On reste encore quelques jours à se promener avec une Sibylle clopinante (sa plaie ne s'arrange pas vraiment) dans cette ville hors du temps et à profiter de nos derniers instants dans cette ambiance nonchalante.
On a essayé de visiter les quelques temples de la ville mais franchement on n'est pas à Luang Prabang pour voir du style Laotien... fini les trucs locaux maintenant on fait du Français.
Et pour mettre ce nouveau principe en application, on décide de prendre le bus pour rejoindre le Vietnam et plus précisément Dien Bien Phu, où les locaux justement, se sont fait du Français (à la mitraillette) il y a 60 ans maintenant.

PS : L'album il est 

mercredi 23 juillet 2014

De Vientiane à Vang Vieng: de la fade à la folle.


Il paraît que je dois faire l’article sur Vientiane, la capitale Laotienne… Florent me tanne ! Mais qu’est ce que j’y peux moi si cette destination était la plus fade ? L’inspiration me manque.

Bref. On s’est retrouvé le 1er mai à Vientiane pour se faire délivrer le visa vietnamien.  On arrive devant la porte de l’ambassade vietnamienne et là c’est fermé. Je regarde la porte, la porte me regarde, elle m’informe que les salariés font le pont et que l’ambassade ne sera rouverte que le 5 mai. J’ai compris que c’était un souvenir de la colonisation française : une administration fainéante. La porte a compris que j’avais compris. J’ai compris que la porte avait compris que j’avais compris. Du coup, on poirote, un jour, deux jours, trois jours, 4 jours. Le cinquième jour on retourne à l’ambassade. Je regarde la fonctionnaire, la fonctionnaire me regarde. Elle me dit « Ca met, 4 jours à faire », j’ai compris « va te faire ». Du coup, on est sorti, on a fait une balade à vélo dans la ville, on récupère nos visas.
Bref on a fait Vientiane.

Arrêt chez le coiffeur: on avait vraiment du temps à perdre!
L'arc de triomphe: emblème de Vientiane 
Etape suivante : Vang Vieng. Là c’était pas le même délire : c’était bien plus sexy… et n’en déplaise à mon cher et tendre, c’est moi qui vais vous la compter, puisque je me suis habilement débarrassée du problème « Vientiane ».

Une petite rivière, des formations karstiques qui parsèment la plaine, un voile brumeux … voilà planté le décor des fatigantes activités qui nous attendaient là.

Notre première activité était trouvée dans la location d’une moto pour faire le tour des villages installés aux pieds des montagnes.

De haut en bas, nos yeux s’émerveillaient. On regardait tantôt les pitons rocheux qui défiaient le ciel, tantôt les villageois qui travaillaient la terre ou tissaient le long des pistes rouges. Un décor qui ne laisserait pas indifférent notre bon Jean-Pierre Penaud dans sa rubrique « Les villages et métiers dont personne n’a jamais entendu parler» du journal de 13 heures. Je l’imagine avec son sourire attendri relayé par une phrase type style «Et oui, ils sont très beaux tous ces tissus », avant que son visage ne se rassombrisse pour nous parler du cac 40.

C'est ça Vang Vieng: rivière, plaines et pitons karstiques
Loin de la bourse et de sa bougeotte infernale, nous continuons notre route jusqu’à l’entrée d’une grotte répondant au nom de Tham Poukham qui abrite un sanctuaire bouddhiste. Après avoir vu tout ce qui méritait d’être vu (stalagmites et stalactites comme dans toutes les grottes quoi…) la curiosité de Florent le titilla et lui souffla de manière incessante de s’aventurer dans les sombres profondeurs de la grotte. Moi, qui savais que la curiosité est un vilain défaut (faillotte), mais plus justement qui était pétrifiée à l’idée de m’enfoncer dans une grotte éclairée de la seule lumière d’un téléphone portable ne disposant que de 5% de batterie, je tentais de dissuader Florent de son idée noire. J’exposais tous les arguments auxquels il répondait habituellement.

Le sanctuaire bouddhiste de la grotte de la peur
-       « On peut peut être aller grignoter un petit truc avant histoire d’avoir quelque chose dans le ventre si on doit rester 2 ans dans la grotte à cause d’un éboulement ? » Tentais-je assurée que l’argument « bouffe » était implacable avec mon interlocuteur.
-       « Non j’ai pas faim, c’est bon on peut y aller » me répondit-il sans hésiter.

Quasiment en face de la grotte il y avait une rivière au courant insignifiant, qui se jetait dans une piscine naturelle bleu turquoise avant de continuer sa route.

Je tentais donc ce deuxième argument.

-«  J’ai super chaud, ça te tente pas qu’on aille piquer une tête dans la magnifique piscine naturelle à l’entrée? »  Et pour mettre toutes las chances de mon côté, j’ajoutai « on pourra jouer à chat perché dans la piscine ? » Je vis son air hésitant (ça c’est l’argument du chat perché, normalement il n’y résiste jamais). Il se pencha sur son téléphone portable. Celui-ci n’affichait désormais que 4% de batterie.

« - On le fera plus tard la piscine, profitons de la batterie maintenant avant qu’elle nous lâche » me lança-t-il en prenant les devants.
On avançait dans le noir brisé par le seul faisceau du flash du téléphone. Rien était spécialement beau : c’était simplement des gros cailloux noirs qui s’étendaient à l’infinis, dont le plafond était tapissé de chauve souris. Au bout d’un moment, nous arrivons en face d’un caillou où des hommes avaient trempé leurs mains dans de la gadoue avant de la reposer sur le mur. On avait donc une vingtaine de mains qui étaient imprimées sur la roche. Rien de bien passionnant me direz-vous. Je suis tout à fait d’accord ! Et pourtant Florent était captivé par ce spectacle digne d’un enfant de 3 ans. « Regarde ces mains » s’exclama-t-il comme s’il avait trouvé la tombe de Toutankhamon.

L'oeuvre chère à Florent
« - Ok, si ça te plait, je te ferai le même tableau à Paris, et en prime je peux même te rajouter du rouge, du bleu et du vert, si tu veux. Bon on rentre », demandais-je en m’approchant de lui. J’avais fais le pas de trop : mon pieds avait glissé sur le sol et le bout de plastic de ma tong qui permettais de retenir mon pied (celui entre le pouce et l’index) avait lâché. Je devais finir la balade pieds nu. Euréka ! Je détenais cette fois l’argument de choc.

« Là je dois rentrer, j’ai plus de chaussures et la roches est coupante, c’est dangereux» affirmais-je en rebroussant chemin. Un peu triste d’avoir à quitter son œuvre d’art (digne de la FIAC) il me suivit sans broncher.

Enfin, on aperçu la lumière, la vrai. Et 10 minutes plus tard on se retrouvait dans la piscine naturelle. Naturellement Flo me réclama de jouer avec lui dans la piscine, mais ma proposition était prescrite (Et ouai mon ptit gars ça marche comme ça chez moi)!

Mais il avait en réserve des jeux auxquels il pouvait jouer solo : sauter du haut de l’arbre en faisant des formes avant de toucher l’eau,  se balancer à l’aide d’une liane pour se laisser tomber « au meilleur moment » et j’en passe. Il tentai de m’intéresser à la chose en m’annonçant avant de l’effectuer, son défi et en exigeant que je le regarde. Il y avait par exemple, le : « hey, Sibylle, regarde je vais sauter de la plus haute branche de l’arbre, tu me regarde hein ? ». Il montait… et il sautait. Voilà.

L'une de ses grandes fiertés
Je comprends pas ce qui se passe dans sa tête, que se dit-il concernant ces défis. Que c’est trop la classe d’avoir un mec qui saute de l’arbre pour retomber dans la piscine ? ». Peut-être même s’imagine-t-il que je vais les raconter à mes copines. Nan mais sérieux, tu me vois dire « Dis moi Jeanine, tu sais pas quoi, l’autre jour, Florent il a sauté de l’arbre dans la piscine, j’ai eu tellement peur, et finalement il l’a fait, pour moi, tu te rends compte ? ».

Le pire du pire, c’est qu’on pourrait croire qu’après la lecture de mon article, il changerait, il se dirait « Bon OK, elle s’en fou, je lui montre plus mes défis ». Et ba nan ! Ma main à couper qu’il continuera… Les mystères des hommes (avec un « h » minuscule parce qu’ils ne méritent pas mieux) !


Sur la route du retour
Le lendemain, nous décidions d’exercer l’activité phare de Vang Vieng : le tubing.

Le principe est simple : on vous donne une chambre à air de camion gonflée à bloc, on vous lache sur les rives de la rivière, et vous devez redescendre la rivière assis dans votre chambre à air. Mais attention, cette attraction n’est pas un long fleuve tranquille ; elle est parsemée d’embuches. Ainsi notamment, se dressent sur votre chemin des bouteilles vides, qui, si vous avez le malheur de les toucher vous mènent directement à des bars installés sur la rive et vous infligent quelques degrés d’alcool dans la g****e (ce mot n’est pas google).

Mais quels mystères donnent leur magie à ces bouteilles vous demanderez-vous ?

En réalité, les bouteilles sont prolongées d’une corde dont l’extrémité reste tenue par un salarié du bar qui vous hisse jusqu’à lui, voilà tout.

Toujours est-il que lorsque je commençais à m’installer dans ma chambre à air, au beau milieu de la rivière, un petit bruit attira mon attention. Je regardais dans sa direction et des bulles apparurent de l’eau.

« Pumba, c’est toi ? » demandais-je. Et bien non, ce n’était pas lui, mais ma fidèle compagne : ma Chance.

« - Ahh, c’est toi ma Chance ? que me veux tu aujourd’hui ? » L’interrogeais-je ?
«  - Comme d’habitude, te faire ch**r. Pour ce faire je me suis dis qu’il n’y avait rien de mieux que de crever ta monture aquatique ».

Je regardais encore dans la direction des bulles, et comme je m’en doutais, ma Chance ne me mentais pas. Je devais descendre une rivière à bord d’une chambre à air qui se vidait dans l’eau !

Bon, le trou était tout petit, peut être avais-je suffisamment d’air pour les 3 heures de descente.

Je m’installais donc et je me laissais porter par le courant. Quel luxe de se faire bercer par une rivière qui vous diffuse un décor plein de majesté: à l’horizon, la rivière, sur les côtés les pitons rocheux et au dessus le ciel bleu sur lequel se baladent des Montgolfières. C’est beau, c’est agréable…

…10 minutes parce qu’après, j’ai pété un câble. Le courant était trop faible, on n’avançait pas. Peut être que quand t’es bourré (comme c’est le cas de la plupart des touristes qui viennent à Vang Vieng) t’a l’impression d’aller à toute vitesse, mais malheureusement pour moi j’étais sobre. J’interroge Florent pour savoir s’il a la même sensation que moi. Même pour lui c’était trop lent, c’est vous dire. J’ai donc saisi l’opportunité en lui demandant subtilement, mais sans contestation possible de sa part, de ramer avec ses bras pour nous 2 (je m’étais accrochée à sa bouée). Comme à son habitude, il s’exécuta.
Et en plus c'est lui qui prenait les photos, moi j'étais trop occupée à tenir mes tongs...
Florent voguant au gré du courant.
Dans cette navigation, il nous arrivait de nous échouer sur des bancs de galets qui juchaient le fond de l’eau, qui se faisait trop rare à certains endroits. Il fallait alors se lever, prendre sa chambre à air sous le bras et marcher jusqu'à ce que l’eau se montre plus généreuse.

Après 3h de « navigation », à l’heure où il faisait entre chien et loup, nous arrivâmes, exténués par cette activité qui devait être reposante : 3 h de nage avec une chambre à air à trainer. Nous devions arriver à l’agence qui nous avait louée nos prétendues bouées avant 18 heures sous peine de perdre notre caution. Nous arrivâmes à 18h15. Bye bye la caution…

Je n’ai qu’une seule chose à dire « Merci ma Chance » !

PS : l'album photo est ICI