Après
Adriana Carambeu, Murielle Robin et Bruno Solo, « Rendez-vous en Terre
inconnue » a le plaisir (narquois) de faire découvrir à la très respectée
Sibylle V. le peuple Karen.
Dans
le bus menant à la ville la plus proche des terres occupées par ce peuple,
Florent, son interprète pour l’aventure,
lui dévoile l’histoire de cette population avec laquelle elle sera en
contact pendant une semaine.
Elle apprenait ainsi que l'ethnie karen est un peuple de tradition nomade originaire
des régions tibéto-birmanes. Probablement issu du Yunan et des hauts-plateaux
birmans, le peuple se fixe au Nord de la Birmanie aux alentours du VIIIème
siècle après Jésus-Christ, puis migre vers le sud à l’actuelle frontière entre
la Birmanie et la Thaïlande. C’est donc au nord de la Thaïlande, dans le
village Karen de Phadeh que la rencontre s’effectuera.
D’un
point de vue pratique, il l’informa qu’elle
allait vivre chez Pi Watit et Pi Wanee, la famille Karen qui l’avait accueilli
quatre ans auparavant, lorsqu’il faisait sa mission humanitaire là bas en
apprenant l’anglais aux enfants karens.
Le
bus fut relayé par une moto, seule capable d’avancer sur les pistes de terre
rouge aux mille nids de poule. Après une bonne heure de « route » l’aventure
commença.
La
moto s’arrêta au niveau d’une maison de bois rougeâtre. Pi Wanee (l’ourson), nous
accueillit par un wai, qui est la jonction de la paume des mains comme un
enfant de cœur, pour nous souhaiter la bienvenue. Puis elle regarda chaleureusement
mon interprète avant de prononcer un « Teacher Flo » rempli
d’émotion. Ce fut le seul mot que je la vis prononcer en anglais pendant toute
cette aventure de sorte que je me demandais ce que Flo lui avait vraiment
enseigné…
Enfin
non, je me trompe, elle prononçait également très bien le « potato »,
Mathieu si tu me lis ça veut dire patate, qu’elle utilisa environ... cinq
minutes après notre arrivée en brandissant un sac de pommes de terres.
Puis
elle additionna ce dernier mot au prénom de l’interprète ce qui donna un
« Flo potato ». Je ne comprenais pas. Flo semblait quant à lui très
bien comprendre ; il s’empara des pommes de terre, discuta quelques
secondes en Thai avec Pi Wanee avant de m’affirmer : « Elle souhaite
qu’on fasse des patates sautées pour ce soir, pour fêter ça».
A
peine étions nous arrivés que les voisins et anciens élèves de l’interprète
débarquaient pour revoir teacher Flo. Il y eu Prayut et sa femme Pranie, Sanan et sa femme, Santé, Kookai, Songkran,
Maria, Kaka, Champu et j’en passe.
Les proches au grand complet |
Tous
étaient heureux de revoir Teacher Flo et évoquaient, dans les quelques minutes
après les retrouvailles, les fameuses « Flo potatoes ».
moment rare: Flo arrive à faire rire une fille |
Je
n’en revenais pas : l’homme que j’avais surpris un jour mettre dans une
poêle brulante un steak haché surgelé encore emballé dans son petit plastique,
l’homme qui réussissait à rater des œufs durs et des pâtes, voyait ici son nom
associé à celui d’un plat très apprécié. Il était en quelque sorte l’Auguste
Escoffier, le Joël Robuchon des Karens !
Une cuisine vue sur jungle, insolite nan? |
Vous
l’aurez donc compris, la cuisine Karen, n’est pas vraiment un patrimoine qu’il
est nécessaire de sauvegarder. S’il je devais choisir un seul mot pour la caractériser
je prendrai le mot« Mortier ». Tous les aliments passent par celui-ci
avant de finir dans notre bouche.
Le
savoir faire est très simple : prenez un poulet, mettez le dans la
bolinette du mortier, prenez le mortier et appuyez à coups répétés aussi fort
qu’un marteau. Une fois que c’est bien broyé, passez 5 minutes à l’eau
bouillante. Bon appétit !
Si
vous voulez tenter un autre recette à base de poulet, vous pouvez aussi le
couper en infimes morceaux, en prenant bien soin de laisser les os, puis passez
5 minutes à l’eau bouillante.
Mais
attention le poulet ainsi que le porc ou toute autre viande est un met de fête !
Pendant la semaine, nous avions plus régulièrement des feuilles de je ne sais
quoi bouillies. Là, pas besoin d’expliquer la recette, vous l’aurez comprise par
vous même.
Non
en fait le vrai patrimoine de cette minorité ethnique est partout, ailleurs que
dans la cuisine. Il est dans les us et coutumes.
Par exemple,
la tradition des tatouages pour les hommes. Lorsque leurs femmes accouchent,
les maris souhaitent également participer à la douleur et se font faire des tatouages
partant du dessous des hanches et finissant au dessus des genoux, étant entendu
qu’ils font ça sans anesthésie avec des aiguilles de bambou (c’est pas les
hommes de chez nous qui feraient ça hein ?).
La
cérémonie du partage de l’alcool est également une tradition à ne pas perdre ;
Les buveurs s’installent en cercle sur le plancher. Une fois la bouteille
ouverte, l’homme le plus important du cercle rempli l’unique verre (dont la
taille n’excède pas celle de nos verres à liqueur) et en verse le contenu sur le plancher en
guise d’offrande à la terre. (Bon ce geste ne me semble pas primordial dans la
tradition car un verre pour la terre c’est un verre de moins pour nous…). Puis
le verre est rerempli et tourne dans le cercle selon le sens des aiguilles
d’une montre. Quand le verre vous parvient vous avez l’obligation de le finir,
sous peine de commettre un impair, et
vite fait (car votre voisin attend son tour). Puis vous tendez votre verre vide
au maître de l’alcool afin que celui-ci le remplisse à l’attention de votre
voisin. Ca c’est de la bonne tradition hein ? Après quelques verres
d’alcool de riz, une fois que les bouteilles sont finies, il nous paraissait à la
fois facile et difficile d’aller se coucher ; Facile parce qu’on aurait pu
aisément le faire sur place, dans le cercle, et difficile parce qu’il fallait
qu’on rejoigne notre lit : une natte de paille tissée, posée à même le
plancher, vingt mètres plus loin.
Watit un homme polyvalent: alcool de riz ET calumet! |
Le
patrimoine artisanal des Karens est également et plus sérieusement à préserver.
D’abord le tissage : les femmes tissent des « chemises » et
sarongs d’une très grande beauté. Pour les enfants c’est le blanc, le bleu et
rose pâle qui est à l’honneur. Pour les adultes les couleurs sont plus
flachies, du marine mélangé à du rouge sang ou du rose fushia, le tout avec de
nombreux motifs, des tresses qui pendent à certains endroits. Les plus belles
tenues ont des motifs en grains de riz : ils s’en servent comme des parles
en les perçant d’un bout à l’autre avant de les disposer sur la chemise. C’est
hallucinant !
Pranie toute en beauté |
D’ailleurs,
alors que Flo avait prévenu sa famille Karen qu’il reviendrait cette année,
accompagné de sa fiancée, Pi Wanee
m’avait réservé un sarong et une chemise Karen qu’elle avait tissée et cousue à mon
attention. J’étais très émue et allais vite enfiler le tout pour être vêtue
comme les gens d’ici, pour faire un peu moins tache qu’avec mes T-shirts.
En tenue Karen |
Lors
de ce séjour chez les Karens, nous n’éprouvions quasiment pas le besoin de
sortir du village tant c’était convivial. Rudimentaire certes mais convivial.
Un
jour toutefois, nous nous forçâmes à prendre la moto pour découvrir les
merveilles naturelles des environs. Les
cascades sauvages ont fait notre bonheur: On y a piqué une tête.
A la cascade de Padeng |
A Tararak |
En
rentrant de nouveaux animaux de
compagnie avaient élus domicile à « la maison » : deux bébés
hiboux!!
Tu dis bonjour à Monique? |
Pi
Watit les avait trouvé, errant dans la jungle et manifestement tombés du
nid. Pour lui c’était banal de voir ces
animaux à la maison.
Pas
pour nous et apparemment pas pour les enfants non plus! Nous étions tous
ravis, nous voulions les prendre dans nos bras, voir leurs ailes, essayer de
les faire voler. Bref nous avons passé notre après midi avec les gosses à
chasser les geckos pour nourrir nos bébé hiboux.
Allez, fais nous un ptit vol pour Monique |
Grande interrogation pour le hiboux |
Je
dis « nous » parce que je suis un peu frustrée et que je veux
m’inclure un peu dans cette gloire d’être capable de capturer un gecko, de le
tuer, de le passer au mortier, d’ouvrir le bec de nos hiboux et de déposer des
morceaux de geckos sur leurs langues.
Mais
il n’en était rien. Florent et moi apercevions de nombreux geckos dans la
jungle et à peine tentions nous une approche que les geckos s’enfuyaient. Les
enfants avaient vite compris qu’on était nul quant il s’agissait d’attraper des
bêbêtes de la jungle. Ils nous ont gentiment demandé de rester là à les
regarder plutôt que de faire fuir le repas des hiboux.
Le repas de nos hiboux |
Ca
paraissait si simple de les voir faire. Ils avaient l’approche silencieuse d’un
chat, lorsqu’ils étaient suffisamment près, ils donnaient un coup violent de
bâton pour assommer le reptile, puis le prenait par la queue jusqu’à la
cuisine. Là, ils avaient suffisamment
de tripes pour prendre un large couteau et BAM (les mauviettes que nous étions
ne parvenaient même pas à regarder ça, nous détournions le regard peu avant le BAM) puis le mortier faisait son
job.
Enfin
les enfants apportaient les micros morceaux aux hiboux affamées.
Peu avant le BAM |
Le
soir venu, et alors que nous avions laissé les hiboux sur le parquet de
« notre maison » qui était complètement ouverte sur la jungle, nous
aperçûmes deux hiboux adultes, manifestement un mâle et une femelle, qui volaient
autour de nous avant de se poser sur le manguier le plus proche.
Pas
de doute, ils venaient chercher leurs petits. L’un des bébés s’envola près
d’eux. Et tous trois repartirent. L’autre bébé resta là à piailler toute une
partie de la nuit à attendre que ses parents reviennent. Au moment d’aller nous
coucher, il piaillait encore alors que ça faisait près de quatre heures que ses
parents étaient partis.
Afin
de ne pas livrer le bébé hibou aux chiens errants et autres bestioles de la
jungle, nous décidions de le mettre dans notre chambre pour le reste de la
nuit. Le lendemain rebelote, il fallait
trouver des geckos, le nourrir, et cette fois-ci c’était son jour de
chance : Ses parents revinrent et l’emmenèrent avec eux.
Papa ou Maman sur le manguier |
J’ai
l’impression que ce que je raconte est digne d’un Walt Disney, et pourtant
c’est arrivé, aussi hallucinant que ça puisse paraître !
En
tout cas, ça nous paraissait hallucinant à nous. Mais les Karens trouvaient
cela normal et étaient, pour leur part, amusés de notre émerveillement d’enfant
face à ce spectacle.
Le
soir au cours du dîner, je me posais des questions philosophiques sur ce peuple
vivant dans la jungle.
Les
plus jeunes comprennent le Thai, les anciens ne le parlent pas du tout, et tous
se parlent donc en Karen, ce langage d’un peuple sans terre, divisé entre la
Thaïlande et la Birmanie et opprimé par chacun de ces Pays.
Ils
n’ont certainement jamais entendu le son d’un piano, jamais vu de neige, jamais
lu de livres (ils n’en ont pas), jamais vu la mer, jamais su (ou jamais voulu
savoir) si la terre était ronde ou plate, jamais envisagé d’être médecin,
architecte, vétérinaire...
Nos
manières de vivre s’opposent en tout points. Et pourtant des questions me
taraudent :
Si
nous leur faisions écouter la flute enchantée, s’ils voyaient de la neige,
s’ils lisaient "Les trois Mousquetaires, bref, si nous leur montrions du beau,
si nous leurs faisions gouter du bon, seraient-ils émerveillés où
resteraient-ils indifférents à ces arts ?
Après
le diner j’allais chercher mon ordinateur et montrais à Santé et Pi Watit les
photos du Népal.
Une discussion avec Santé |
Ils
étaient émerveillés par la majesté de ces paysages blanchis par la neige qui lui paraissaient inacessibles.
Plus
tard dans le séjour, nous leur faisions gouter du Nutella que nous avions dans
nos sacs : ils trouvaient cela bon (surtout à mélanger avec le riz).
A table! |
Au
final et sur des choses aussi importantes que la neige et le Nutella, ils avaient
la même notion que nous de ce qui était beau et de ce qui était bon !
A
notre départ, Pi Watit et Pi Wanee nous firent promettre (en Thai) de revenir
quant nous aurions notre premier enfant.
Nous acquiescions avant de chevaucher notre Honda direction, Sukhothai.
Marrant le film, bravo les héros, mais quelle taille avait la bête ? plus grosse qu'une tarentule ?
RépondreSupprimerPar contre, il y a un mot qu'il faut que vous supprimiez de votre vocabulaire.
Vive les super héros, oui!
RépondreSupprimeren fait faudrait mettre la vidéo en accéléré pour qu'on rigole vraiment... bon en même temps c'est facile derrière notre ordinateur dans nos maisons aseptisées!
Merci Flo de nous suivre ça fait hyper plaisir !
SupprimerOn n'a pas accéléré la vidéo parce que tout nous faisait rire... C'est pas évident de sélectionner les séquences à mettre en ligne, promis on fera un effort pour les prochaines...
Donne ton avis sur la prochaine vidéo sur le Népal qui arrive très bientôt dès qu'on a une connexion internet correcte.
Haletant ce safari autour de la "bébête qui monte et qui descend à ne pas visionner a coucher pour les aracnophobes
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