vendredi 28 février 2014

Bundi : Siflard et tchoutchou

Il est 5h30 du matin et on vient d’arriver à Bundi. Encore une fois on a pris le bus de nuit avec des vrais lits. Mais on se demande franchement à quoi bon, puisque vu l’état de la route et de la suspension on passe notre temps à sauter en l’air. Enfin le gros avantage de ces bus c’est qu’ils ne partent jamais après 22h, comme ça on est sûr d’arriver entre 4 et 5h. Heure à laquelle personne n’est levé (il faut attendre 6 voire 7h).  C’est donc dans une ville encore endormie et sans guest house réservée que nous atterrissons avant l’aube. Les villes indiennes ont toujours un curieux aspect à cette heure là, personne ne circule, ne klaxonne ni ne crache par terre. Les vaches sont couchées ainsi que les chèvres et les chiens. Le peu de lumière publique donne une allure fantomatique aux immeubles qui se découpent sur le ciel de la nuit.
Les villes avant l’aube me paraissent toujours plus vilaines qu’elles le sont en réalité, et Bundi ne fait pas exception. Je ne me rends pas vraiment compte des massives portes que nous franchissons, ni ne distingue l’imposant fort qui surplombe la ville.
C’est après avoir dégusté un Tchae (thé au lait) rassérénant que nous partons en quête d’un toit pour la nuit.
Un détail coloré d'une rue de Bundi
Nous finissons par trouver une chambre d’hôte sympathique tenue par une charmante famille et dont les autres clients sont tous français. Après avoir fait connaissance, Léa nous explique qu’elle passe régulièrement quelques mois par an chez ces gens, qu’elle considère comme « sa famille indienne ». Sa mère Brigitte, était venue de France pour les rencontrer et avait ramené tout un tas de bonnes choses dans ses valises : Sauciflard,  Comté, foie gras, vin rouge et même du pain pour faire découvrir notre fine gastronomie à cette famille. Autant vous dire que nous nous sommes joints à eux pour le diner avec un plaisir non dissimulé. Nos hôtes, quant à eux, avaient préparé du poisson frais à l’indienne ; c’était la première fois que j’en voyais en Inde et bien que très bon, je n’en mangeais qu’une infime portion pour me gaver des merveilles ramenées par Brigitte. Mais faut me comprendre, la transition de carnivore invétéré à végétarien forcé n’a pas été si évidente. Je me sentais si faible… Et puis ça n’a pas eu l’air de déplaire à Sibylle non plus, alors…
En pleine partie de billard indien avec la famille

Le lendemain, guidés par Léa, nous avons loués des vélos pour aller faire un grand tour dans les environs et nous rendre dans un village de potiers. A seulement 8km selon les locaux on en a quand même pour 45min en pédalant bien, (du coup je comprends un peu mieux pourquoi un bus met 7h pour faire 300km). Les paysages que l’on traverse sont magnifiques, très verts, ce qui nous change agréablement. Pour le peu qu’on avait pu en voir, la nature indienne n’était pas franchement attirante, trop polluée, trop sèche… Mais pas là, si on fait abstraction des klaxons à chaque fois qu’un véhicule te double ou te croise, on ressent presque une sorte de sérénité.
Tout à coup, alors que je m’arrêtais sur le bord de la route pour attendre les retardataires, voilà qu’une dizaine de femmes au travail dans un champ me font des grands signes. « Viens par là beau gosse » que je comprends. « Viens donc nous prendre en photos » que j’entends, voilà que je parle leur langue (celle des signes quoi). Et alors c’est parti pour 15minutes de shooting photo, et vas-y que t’as oublié de prendre celle là, et prends en une avec moi, pis avec elle. Tiens prends ma cuve et met la sur ta tête, et puis n’oublie pas le Padre. Enfin voilà on se marre bien, et c’est des moments comme ça qui nous font savourer le voyage, Sibylle, elle, m’a rejoint. Mais les autres ont été trop intimidés et ont continué leur route jusqu’au village quelques minutes plus loin tant pis pour eux. Pas grand chose à y faire, d’ailleurs dans ce village, mais bon il est typique, les gens n’y voit pas si souvent des touristes, donc on fait un tour on prends des photos, et on repart pour arriver avant la tombée de la nuit en ville.

Des mannequins en plein shooting photo
Une tentative de porter un bac sur la tête
les biddies ca pique!

Le padre et la mama
Une maison du village
Après la balade on arrive juste à temps pour déguster «  le meilleur lassi du monde ». Pour 50 roupies on est pas déçu, imaginez un yaourt avec, à l’intérieur, raisins sec, safran, miel, pistaches, cardamome… et d’autres épices secrètes. Un vrai délice !
La porte du palais

Le lendemain, et après avoir redégusté un de ces merveilleux Lassi, nous nous rendons vers le fort. L’appareil photo caché dans le sac à dos (comme d’hab sinon on doit payer presque 2 fois le prix) on entre… Et pour la première fois depuis notre arrivée au Rajasthan, on se demande pourquoi on vient de payer 200 roupies. C’est le premier fort, sur lequel le temps semble avoir eu de l’effet. Il paraît complètement délaissé, vide. C’est d’ailleurs ce qui fait son charme. Au lieu du palais rutilant auquel nous nous attendions, nous nous trouvons au cœur d’une époque révolue, autrefois glorieux, il ne reste que ces murs et pièces vides. C’est très prenant, il est moins massif, mais pas moins impressionnant que d’habitude, il y a  un quelque chose en plus dans ce palais à flanc de falaise qui  me fascine. Bien sur ce serait plus facile de se concentrer si ce fichu garde arrêtait de tourner en rond pour vérifier que l’on n’utilise pas notre appareil photo…  Ah oui, n’oublions pas non plus les différents habitants du palais, les singes, qu’il nous faut éloigner à grands coups de bâton dissuasifs, et les écureuils qui sont quasiment apprivoisés et qui viennent manger dans la main. Trop mignons !

Un habitant du palais
Vue du fort depuis le lac
Et voilà, on quitte déjà Bundi, et on entame les 24h de train pour Varanasi. C’est ma première fois en train ici et il paraît qu’il ne faut pas rater ça…

Pour commencer, on arrive à la gare où le train affiché à notre horaire ne porte pas le même numéro que sur notre billet, et lorsque nous demandons à un Bureau d’information, et qu’il vérifie sur les listes de passagers nos places, il ne trouve qu’une certaine Jessica et un Benoit. On a beau leur dire que ce n’est pas nous, il ne nous croit pas car ce sont des noms européens, et donc il insiste lourdement « Si si c’est vous parce qu’il y a écrit Jessica et Benoît »… Evidemment ça a le don de nous énerver, on n’aime pas les trucs pas clairs, et en Inde il y en a beaucoup et ça commence à nous taper sur le système.
Enfin le train arrive, à l’heure ou il devait partir, avec un autre numéro marqué dessus (ca fait donc 3 trucs différents), on redemande, et on monte dedans. On trouve nos places que l’on bloque rapidement tout en obligeant les indiens qui n’ont pas de billets à se trouver d’autres places (Ben ouai j’ai beau être blanc, je suis pas l’Abbé Pierre). Ca fait marrer nos voisins, une bande de jeunes sympathiques mais qui vont papoter toute la nuit et finalement nous empêcher de bien dormir.

Le train en sleeper class
Avant de nous coucher, nous commandons un plateau repas. Franchement pas terrible ! Comme la nourriture dans tous les trains me direz vous… Et bien non, en France c’est mauvais dans le train mais la nourriture habituelle est bonne. Ici la nourriture habituelle n’est même pas bonne donc on ne part pas du même niveau. On mangera quand même le riz blanc puis on tache de s’en débarrasser :
« Ehhh les gars, elle est où la poubelle pour déposer notre plateau repas ? ». « Donne les moi » répond l’un de nos sympathiques voisins, et paf le plateau repas, par la fenêtre.
Sibylle et moi, on regarde morts de rire. Le rire se propage : Nos voisins sont morts de rire sur le fait qu’on rie pour leur système d’évacuation des ordures.
Nous venions de résoudre plusieurs énigmes en même temps : le pourquoi de l’absence de poubelles dans les wagons et le pourquoi les rails sont pires que des dépotoirs.

Le train à perte de vue
Sinon à part le bruit des voisins, les ronflements d’un autre et les cafards qui arpentent les couchettes tout s’est bien passé, on parvient à nous endormir.

Juste avant de m’endormir, je me dis que tout de même il est remarquable, pour un train qui semble tout droit sorti d’un gros Kinder Surprise et monté sans mode d’emploi par un enfant trop impatient, qu’il roule encore.


Et pour rouler, il roule, 1000km et 24h plus tard, bienvenue à Vârânasî.

4 commentaires:

  1. Stylé ! Varanasi, j'attends avec impatience l'article. Une des meilleurs villes d'Inde !

    RépondreSupprimer
  2. vivement la suite et attention au mal de l'air

    RépondreSupprimer
  3. Salut a vous,
    Jsurfais sur le net et d'un coup j'ai pense a votre blog, que je n'etais pas allez voir depuis qu'on s'etait quitte a Bundi.
    Et bah franchement je suis pas decu, Lea vous remercie pour la dedicasse, l'evocation du saucisson et du pinard m'a mis l'eau a la bouche..il faut qu'on fasse revenir Brigitte au plus vite!!
    Franchement continuez vos recits sont plutot marrant et interressant, jrepasserais voir de temps en temps...
    Apparement vous avez une longueur d'avance, nous on est encore a Benares, on part dans quelques jours pour Kathmandu, trippez bien en tout cas et peut-etre a un de ces 4!
    Al et Lea.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Coucou à vous, votre commentaire nous a fait hyper plaisir. On est actuellement à Pokhara au Népal et on sera à Katmandou à partir de demain soir. Si vous y êtes ca serait cool de se voir. Bisous à vous deux. Flo et Sibylle

      Supprimer