lundi 15 septembre 2014

Les Cameron Highland : sur la route des fraises et du thé



Le thé et les fraises ; voilà les deux bonnes raisons de se rendre aux Cameron highlands.

En sortant du bus, on reprend nos bonnes vieilles habitudes : on pars en quête d’un hôtel.
Nous essuyons 4 refus. Tous sont complets.
Nous commençons à douter de notre technique « dernièreminutiste » et c’est pile poil à ce moment là que nos allures de backpackers (transpiration, sac à dos avec des sangles qui pendent de partout,  style vestimentaire inexistant, cheveux en pétards) nous sauvèrent.

Un homme nous propose son hôtel, dont la chambre la mois chère est a un prix très raisonnable, et pour cause… c’est une cuisine ; une cuisine avec un lit.

Au cours de notre voyage nous avons testé différents styles de logements.

Ca allait des taudis où on nous donnait, en guise de « salle-de-bain », un seau d’eau froide à la surface duquel flottait une boîte de conserve lavée, mais rouillée, servant de bol pour nous asperger,  aux chambres dans d’anciens palaces de maharajas, en passant par une yourte version cambodgienne.
Mais nous n’avions jusqu’à présent jamais dormi dans une cuisine. La pièce est propre ainsi que la salle de bain commune. C’est vendu.
Nous prenons l’expérience avec humour tout en nous promettant mutuellement que si un jour quelqu’un venait à nous proposer une chambre dans des toilettes, nous déclinerons l’offre, même si les toilettes sont très propres et qu’en prime ils nous offrent le pchit senteur lavande de Provence.

Pour le dîner, nous fonçons dans la rue du marché où nous attendaient des grillades. Mais la palme d’or du repas revient à la crème caramel.
En elle même, cette douceur n’eut rien de spécial. Seulement, après 9 mois passés hors de France, elle avait le mérite de clore comme il se doit le repas.  Telle une boulimique, je recommande deux portions supplémentaires, trop consciente de la rareté de toute choses appelées « dessert » en Asie.

Après une bonne nuit dans notre magnifique cuisine, nous partîmes à la recherche d’un scooter pour explorer les plantations de thé et de fraises par nos propres moyens. Ce qui est pour nous anodin (louer un scooter) se révèle compliqué.
Il semblerait qu’il n’est possible d’explorer les plantations que par deux moyens : le treck ou l’inscription à une des innombrables excursions organisées par les agences qui pullulent en centre ville. Mais moi, je n’aime ni marcher pendant des heures, ni suivre le parapluie du guide.  On persiste donc à chercher.

Le premier loueur de scooter refuse la location aux non-titulaires d’un permis moto. Nous n’en avons pas.

Le second consent à la location mais à condition de lui présenter un permis international et de promettre (contrat à l’appuy) que nous ne nous rendrons pas sur telle et telle route qui permettent de rejoindre le point culminant de la région, (histoire que nous ne fassions pas concurrence à l’excursion que cette même agence propose sur ledit point culminant).

Ca tombe bien, nous, le point culminant ça ne nous intéresse absolument pas et Flo avait fait convertir son permis français en permis international juste avant de partir. Nous tendons la précieuse pièce blanche en échange d’un scooter pourri mais qui (compte tenu des difficultés à l’avoir) nous paraissait aussi éblouissant que l’est la noisette pour scratch.

Et hop, c’est parti pour les plantations de fraises. On veut goûter ça. Il se dit partout dans le pays que ce sont les meilleures fraises d’Asie du sud-est et qu’elles ont un goût d’une finesse inégalée.

Ca y est on atteint les serres en demi-cercle qui encadrent la route et marquent l’arrivée à la route des fraises. Les producteurs vendent « le caprice de la femme enceinte » sur le pas de leurs serres. On achète une belle barquette et on goute.

Déception. Tout ça pour ça ! On est loin du niveau de la gariguette.

On enfourche notre monture pour fuir ce leurre gustatif. Les kilomètres passants, on commence à comprendre le pourquoi de la réputation des fraises. Les Cameron Highlands est le seul producteur de fraises d’Asie du Sud-Est. Du coup c’est sure qu’à s’autoproclamer « meilleurs fraises d’Asie du Sud-Est », ils ne risquent pas grand chose. C’est comme si l’Urssaf s’autoproclamaient meilleur recouvreur d’impôts de France. En soi, c’est pas faux, … mais le goût reste amère.

Quelques minutes plus tard, nous apercevons les plantations de thé et là nous ne sommes pas déçus. Nous nous retrouvons dans un paysage vallonné où les plantations de thé se dressent à perte de vue.

Les plantations à la lumière du matin
Enfin « se dressent »… entendons nous bien, l’arbre à thé n’a pas la sveltesse du bouleau. Non, c’est un arbuste court sur pattes au feuillage bien dodu. Vu du dessus on dirait un oreiller. Imaginez donc l’effet que peut avoir sur vous des collines entières d’oreillers !
Au milieu des oreillers de thé
On en bail. Mais on tient bon. 10 minutes s’écoulèrent. On pique du nez. Il faut nous arrêter. La chance est avec nous car c’est à ce moment là que nous apercevons un luxueux salon de thé, ultra-moderne et bondé de monde qui semble tenir en équilibre sur la cime d’une colline.
Un salon de thé moderne en équilibre sur la cime d’une colline

Nous nous y garons. Cet arrêt eut le mérite de nous réveiller pour de bon.  En effet, le bâtiment moderne abrite également une usine à thé qui permet le passage de l’arbuste à la tasse.
Tapis roulants, fours, tamis électriques et ventilateurs s’activaient au service des nouvelles feuilles. Ces dernières y étaient en effet bichonnées.

D’abord elles subissaient le flétrissage, c’est l’équivalent de nos masques exfoliants (désolé les mecs, vous pouvez pas comprendre), puis le roulage qui permet une meilleure fermentation, suivit de la fermentation qui a lieu dans une sorte de hammam, et enfin la dessiccation c’est à dire l’arrêt de la fermentation et enfin le tamisage.
Le salon de beauté du thé

C’est bien beau tout ça, mais ça ne nourrit pas son homme. Et un homme qui a faim, ça vous le fait savoir comme un disque rayé. Nous partons déjeuner. Le disque était alors réparé. Le problème c’est que j’aurais mieux aimé ne pas entendre la suite de la chanson.
Elle parlait d’une ferme aux papillons et aux reptiles qu’il était impératif de visiter avant de continuer notre route du thé.

Alors la ferme aux papillons et aux reptiles c’est l’activité des enfants. Mais oui, vous savez bien, l’activité qui barbe tout le monde, sauf les enfants et que les parents sont obligés de se coltiner sous peine d’être « pas cool ». Celle qui est juste à côté des endroits que les parents fréquentent. L’aquaboulevard lorsque vous avez besoin d’acheter des broutilles chez décathlon, les jeux de plein air qui se trouvent juste à côté de la table sur laquelle vous avez misé pour un pic nique en famille ou encore l’animalerie qui jouxte le Nicolas où vous vous approvisionnez en vins. Bref, l’activité qui est juste là pour vous tester. Etes vous un parent cool ?

Mais moi évidemment, j’ai de la chance, c’est mon fiancé qui aime ce genre d’activités.

Comme je l’ai dis donc, il m’informe qu’il a vu une pancarte indiquant l’existence d’une ferme aux papillons et aux reptiles, à 1 km de là.
Pour échapper à l’ennui j’use les deux arguments habituels des parents.

Premier argument : Ah bon ? Ca m’étonne, moi j’ai rien vu du tout ». Evidemment, l’enfant, lui, il est toujours sur de lui, « Si, si je suis sure, j’ai même ralenti pour bien lire la pancarte ». Là j’étais bonne pour le deuxième argument.

Deuxième argument des parents : « Ecoute mon chéri, on a pas le temps, on est venu ici pour voir les plantations de thé, il faut qu’on en profite».
Réponse des salles gosses, qui est donc également la réponse de Flo : « Non mais ça prendra 5 minutes, en plus la ferme est dans la descente du coup on utilisera même pas de carburant ».

Là tu fais un sourire qui manifeste l’acceptation même si on t’a mis un couteau sous la gorge pour te l’arracher, dès que le gosse a le dos tourné tu fais un signe de croix en disant au Bon Dieu « T ‘as vu aujourd’hui j’ai bien fait ma BA », tu prend ta respiration et ensuite, pendant une heure tu fais des sourire niais pour faire croire que la couleur des papillons ou le nombre de leurs taches t’intéressent, tu fais mine de t’attendrir devant la moue câline d’une vipère, de t’impressionner des prouesses de ta moitié lorsque celui-ci porte un animal dans ses bras ou sur sa tête.

Il est fier de lui
Le scorpion : un animal domestique qui vous veut du bien

La corvée a duré une heure. On a vu des papillons, des serpents, des insectes, des caméléons.

Puis la route du thé reprit. Nous partions direction les plantations du sud, appelée BOH (best of Highland) tea plantations. Là les paysages sont encore plus beaux que ceux visités le matin même au nord.

La beauté de la simplicité

Les collines y sont parfois parsemées de gros rochers arrondis ; des oreillers dont la couleur se mariait parfaitement avec le vert des arbustes.
Un petit cache-cache dans les plantations…
Sur certaines autres parcelles, nous apercevons les cueilleurs, travaillants sur une terre quasiment verticale et qui récoltent le précieux feuillage dans de gros sacs de jute.

...Pendant que d'autres travaillent
La route monte. Nous arrivons au niveau d’un magnifique point de vue à 360°. Là un salon de thé plus traditionnel que celui du matin nous tendait les bras. L’endroit était parfait : Des collines d’arbres à thé à perte de vue quelle que soit la direction de ladite vue, un grand soleil, une légère brise marquant l’altitude, la solitude, ainsi qu’ une heure médiane entre le déjeuner et le dîner.
Les tasses arrivèrent.
Le moment qui suivait a fait parti de ces moments d’osmose que nous offre le voyage. Ceux où on se sent à notre place. Ceux où on ne lasse pas de regarder, de sentir, et de rêver. Ces moments où l’on réalise qu’on aspire à rien d’autre qu’à eux.
What else?
Comme pour passer en douceur du rêve à la réalité, le soleil nous retira petit à petit, tout en douceur, sa lumière et sa chaleur.
Un coucher de soleil en amoureux ?

Une chaleur que nous allions retrouver le soir même autour d’un « Steam Boat », un plat qui s’articule autour de deux bouillons (l’un épicé, l’autre doux), chauffés en permanence à la flamme dans lequel nous cuisons œufs, poissons, viandes, légumes et nouilles.

A la chaleur d'un steamboat

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