Je vous présente une escale romantique sur la Venise du Grand Empire du Milieu: Wuzhen.
La Venise Chinoise |
Nous avions déniché un petit hôtel non loin du site de la vieille ville et d’emblée le ton était donné: Une chambre au papier peint rose pâle sur lequel pleuvait des … roses ! Une estrade pour relever le niveau d’un lit, lequel était déjà occupé par deux roses rouges entrelacées.
En m’emparant de l’une des roses, je constatais l’absence d’odeur et la rugosité de ses pétales … du plastique !
De la Chine tout craché ! du semblant, du fake, du made in china. Ces attentions romantiques ratées typiques des Chinois nous font marrer ; Il est loin ce pays des Vespas, cette Cité des Doges où les pigeons tourbillonnent au dessus des demandes en mariage…
Du romantique à la chinoise |
Mais l’intention y était! C’était Kitch, certes… mais ça avait un petit côté douillet et enfantin qui, on ne sait pas pourquoi, nous plaisait bien !
Pour achever de nous conquérir il aura suffit de ces quelques gâteaux typiques de la région disposés sur la table du thé, à notre attention… La gentillesse et la générosité de nos hôtes transpirait de cette pièce.
Nous fîmes donc honneur au lit et aux gâteaux pour faire un point général sur le planning des visites. Bon c’est vite vu. On doit se balader dans Wuzen !
Une fois de plus, notre hôte ne parle pas un mot d’anglais. Pour lui demander notre chemin nous devons donc mimer, dessiner et parler avec les mains. Si ce langage dont j’ai si souvent parlé dans mes récits est rudimentaire, il permet, outre la délivrance d’informations globales, de démasquer le cœur de votre interlocuteur. Il me semble même que c’est plus facile de le démasquer ainsi qu’avec des mots. L’interlocuteur foncièrement gentil va se dépasser dans l’imagination des moyens à mettre en œuvre pour que nous le comprenions : il va sortir dehors, vous demander de lui suivre, vous montrer la gauche, vous mimer un pont ; il va écrire des informations en lettres chinoises pour que vous puissiez vous en servir auprès des passants dans la rue, il ne va pas hésiter à se ridiculiser dans les mimes et tout ça pour une unique raison : que nous nous comprenions, pour que les mots ne constituent pas un obstacle entre les êtres.
Notre hôte était l’un de ces gentils qui s’efforcent à se dépasser juste pour nous faire plaisir et finalement nous donner un petit moment de bonheur.
C’est donc après une demi heure de mimiques et de grimaces dont même les vieux singes n’ont pas le secret, nous quittions l’hôtel armés, croyons nous, de toutes les informations utiles à notre programme.
Mais évidemment, il y a une info que nous aurions bien aimé connaître et que nous n’avons pas : comment ne pas se ruiner pour visiter cette ville ;
Comme à l’accoutumé, nous suivons donc un invariable mur blanc surmonté de ces tuiles noires typique que tout l’Empire. Puis un brèche… Un espoir. Nous nous approchons. C’est un cul de sac : ça ne mène qu’à une rivière qui nous coupe la route.
L’expérience déjà vécue à Pingyao (au cours de laquelle, je vous le rappelle, nous avions fait le tour de tous les remparts à la recherche d’un faille nous permettant d’accéder à la cime de la muraille) nous revenait en tête… et cette fois ci nous n’eûmes pas le courage de faire le tour de la ville à l’affut de la faille du mur blanc, et nous dirigeâmes donc vers l’entrée officielle.
Quelques instants plus tard, nous nous retrouvions face à un préposé au guichet et lui demandions une entrée pour les parties est et ouest de la citée. Ben oui, vu que les chinois veulent se faire une marge sur tout, il ont séparé la ville en deux et mis des tarifs distincts. Par chance, le nord et le sud ne sont pas encore isolés…
Alors imaginez vous un préposé au guichet en France… C’est déjà pas très malin : on est d’accord. La communication est difficile : ben oui parler avec un con c’est toujours une épreuve redoutable.
En Chine, les préposés respirent la même intelligence que chez nous sauf que… ils ne parlent pas un mot d’anglais. Le postulat est donc légèrement différent, on tente de parler avec un con dans une langue qu’il ne comprend pas et pour laquelle il met toute son énergie à ne pas comprendre… légèrement plus redoutable.
Ma patience ayant ses limites, je m’écarte du guichet pour éviter l’esclandre (qui si elle avait du se produire, aurait éclaté en français dans la mesure où je ne maîtrise pas suffisamment l’anglais pour cracher mon venin à la rapidité de l’éclair) et laisse Flo gérer la situation.
Quelques secondes plus tard, il pète un câble et me rejoint. Le préposé ne veut pas nous vendre les entrées on ne sait pour quelle raison !
Pour une fois qu’on veut bien payer une entrée…c’est le comble ça !!
Jouxtant l’entrée de la citée lacustre, un hôtel luxueux nous tendait les bras. On y va… là bas on pourra sans doute trouver quelqu’un qui parle la langue de Shakespeare. La dame de l’accueil ne parle pas cette langue mais semble comprendre que nous voulons un interlocuteur. Elle appelle quelqu’un … qui appelle quelqu’un… qui… parle Anglais! Euréka ! Nous avons nos explications : Nous ne pourrons pas aller à Wuzhen est car il est trop tard. En revanche il nous est toujours possible de visiter Wuzhen ouest.
Nous nous rendons une second fois face au préposé au guichet, nous lui montrons « Wuzhen ouest » écrit en chinois et …. Alléluia, nous avons notre billet d’entrée. L’enchantement peut commencer et d’ailleurs … commença.
Le soulagement d'être entré! |
On entrait dans un village de bois vieux de plus de 1000 ans, bâtis sur des pilotis aux pieds dans l’eau. C’est aussi beau que touristique. Nous qui aimons l’architecture dans tous ses états, nous sommes servis, ce village a un charme d’antan. Les maisons aux façades de bois dentelé, aux fenêtres à claire-voie et aux toits de pagodes sont toutes plus belles les unes que les autres et se disputent la place aux premières loges des canaux, lorsqu’un saule pleureur n’y a pas déjà élu domicile.
Les pieds dans l'eau |
Sous un saule |
On traversera une bonne dizaine de fois le canal principal en empruntant ces ponts en demi lune, sous lesquels coulent les gondoles remplies de touristes et de denrées toujours en jarres. Et puis on se perd dans le dédale des ruelles alentour, toujours fascinés par la finesse des sculptures sur bois. Au moment où l’eau nous barrait le chemin nous cherchions un pont, nous nous arrêtions au point le plus haut de celui-ci pour admirer cet ensemble de bois et d’eau.
Sur un pont |
Le déménageur! |
A l’air, l’eau et le bois, il ne manquait plus que le feu. Les couleurs chaleureuses des loupiottes firent leur entrée en fin d'après midi. Le décor en était plus beau encore. Plus majestueux ; les quatre éléments étaient réunis.
La réunion des quatre éléments |
C’est exactement à cet instant que nous décidâmes de dîner une spécialité locale, une soupe de ravis farcis avec une mixture de viande et de légumes. Le temps pour nous, ou plutôt pour moi, de faire un petit point « histoire et culture » sur cette ville. Ehhhhh oui ! C’est pas comme si ça l’intéressait Flo de se cultiver ! Et puis...il ne peut pas faire deux choses en même temps ; C’est soit il bouffe, soit il se cultive. Et entre les deux… il n’y a, selon lui, pas photo.
Une question me taraudait. Que faisaient les habitants de cette ville avant que toutes les maisons ne deviennent des restaurants, des magasins de souvenirs ou des hôtels ?
J’apprenais alors qu’il s’agissait d’une ville de tisserands et de teinturiers, mais que compte tenu l’importance accrue du tourisme dans cette ville épargnée par les ravages matériels de la révolution culturelle, le gouvernement a cru bon d’exproprier les gens du cru pour y substituer des commerçants, payant leur redevances… au gouvernement. Il n’y donc pas de personnes âgées occupées à méditer sur leur canne, pas d’enfant pour vous bousculer dans les rues ou vous attendrir en tenue d’écolier, pas d’hommes à vélo… Il y a deux catégories de gens : les vendeurs reconnaissables à la similitudes des objets qu’ils vendent (souvenirs, peintures de la ville, nourriture) et les clients reconnaissables à leur possession d’un appareil photo.
Toutes ces villes de la Chine Impériale, si belles soient-elles, ont à nos yeux perdu de leur âme, une âme vendu au diable ou plutôt volée par le diable.
Après le repas notre attention se reportait d’avantage sur ce vide. Il s’agissait, encore, d’un très joli Disneyland, mais d’un Disneyland quand même.
Un très joli Disneyland! |
Finalement nous devions nous borner à admirer le travail des anciens, et à imaginer leur mode de vie.
L'entrée d'un restaurant... |
Nous continuons donc notre promenade nocturne Jusqu’à la Pagode, à la lueur des loupiottes et des bougies-nénuphars en tissus qui flottaient sur les canaux. Là un groupe de jeunes se prenait en photo. Les filles étaient en robe de soirée et les hommes en costume. Mais il n’y avait ni soirée ni coocktail. Il s’agissait simplement pour eux de se prendre en photo à Wuzen... Un décor; juste un décor.
A la lueur des nénuphars |
Direction la pagode |
La pagode de la ville sonna pour nous l’heure de rebrousser chemin, de nous coucher pour rêver du romantisme qui devait exister là, du romantisme tué sous les coups d’un communisme que l’on dit capitaliste…
Objectif atteint! |
Le lendemain, notre hôte continua à nous traiter comme des Pachas… Il faisait un point d’orgue à nous emmener lui même à la gare. Nous acceptons de bonne grâce, pas spécialement parce que ça nous épargnait la marche, mais pour profiter au maximum de rapports sincèrement gentils. Le bus démarra et la direction de Hangzhou.
Pour l'album photo c'est ici !
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