Ca y est on est enfin
arrivé ! Quel calvaire ce trajet en train. Heureusement que c’est l'une des dernières fois du voyage ! Après 15h de cris d’enfants, de fumée de
cigarette assis sur des strapontins, même Sibylle concède qu’on aurait dû
prendre le train rapide. Bref, nous sommes à Guilin, une ville perdue au milieu
d’une forêt de pitons Karstiques (ou pains de sucre). C’est un peu comme la
baie d’Halong mais sans la mer. Quand je dis « perdue », n’allez pas
vous imaginez une petite ville mignonne et pleine de charme au cœur d’une
nature enchanteresse. Non, non, c’est une agglomération de taille moyenne, de 4
millions d’habitants, avec ses immeubles sans charme, héritage du communisme.
Le centre-ville, cependant est plutôt sympa, une rivière le traverse et
quelques immeubles de bas étages avec des restaurants et bars stylés. L’un
d’eux sera notre cantine pour la semaine que nous passerons ici.
Car oui, nous allons passer une
semaine dans cette ville qui ne devait être qu’une étape avant de continuer
vers une ville à taille humaine. La grande question est donc : pourquoi
rester 1 semaine dans une ville sans intérêt ?
Et bien voilà : Cela fait
quelques jours qu’un petit bouton au-dessus de mon œil droit me taquine. Pour
ceux qui me connaissent, ils savent que je ne bénéficie pas de la peau la plus
parfaite du monde, je ne prêtais donc guère attention à cet énième rappel de
mon corps me demandant de visiter le dermato. Mais ce bouton là, il ne veut pas
laisser passer mon indifférence à son égard. Il aura donc profité de la fatale
nuit dans le train et de la journée qui a suivie, pour gagner en charisme. Le
lendemain de notre arrivée, c’est donc borgne que je me réveille. En
effet, le bouton, qui n’en est plus un, a fait gonflé mon œil au point de
m’empêcher de l’ouvrir. Je ressemble à peu de chose près à Elephantman (mais en
bien plus sexy évidemment, c’est de moi dont on parle). En plus de l’inconvénient
de ne voir que d’un œil, j’ai l’impression que mon crane va exploser. Comme si
cette patate qui me sert d’œil cherchait à se faire une place à côté de mon
cerveau. Or j’ai la tête déjà bien pleine grâce à ma culture si vaste, et vous
imaginez donc que, de la place vide dans mon crâne, il n’y en a pas !
C’est donc après une longue discussion avec Sibylle que nous décidons de rester à l’hôtel,
en attendant que ça passe. La journée passe, elle, mais il ne semble pas passer lui... Puis vient la nuit : atroce,
impossible de dormir, la douleur se fait encore plus aiguë. C’est décidé :
le lendemain nous irons à l’hôpital pour la première fois du voyage (et de ma
vie). Sibylle appréhende, et veut être sure que je ne me ferais pas injecter de
sang contaminé avec un seringue ayant déjà servie à un voisin. Moi j’ai trop mal
pour réfléchir, mais je suis convaincu que tout ira bien. Nous nous mettons en
route pour l’hôpital que nous trouvons sans trop de mal. Une fois à l’intérieur, nous indiquons à
l’accueil mon visage (au cas où ils n’avaient pas remarqué), et nous sommes immédiatement
pris en charge par une infirmière qui nous guide jusqu’à une aile différente du
bâtiment. Nous comprendrons plus tard qu’il s’agit de l’aile réservée aux
officiels chinois ainsi qu’aux occidentaux. Elle nous fait signe d’attendre
dans une chambre en attendant de rencontrer le médecin.
La tête de vainqueur ! |
Après une vingtaine de
minutes, le médecin arrive accompagné d’une infirmière : c’est la
traductrice. Il observe rapidement mon furoncle (car c’est un) et me prescrit
une perfusion. La plus grande peur de Sibylle, qui commence sérieusement à
angoisser. Moi je veux juste que ça se
termine, du coup je dis ok pour la perf et 10 minutes plus tard l’infirmière
revient avec tout le matos. Après un interrogatoire en règle de Sib, elle
procède à l’injection. C’est la première fois qu’on me fait ça, et je trouve
que ça prend drolement longtemps. Il faut attendre que la totalité d’une sorte
de ballon soit vide, et comme ça tombe goutte par goutte y en a pour 40
minutes… Une fois terminé, on nous donne rendez-vous pour les 3 jours suivants
pour recommencer. Bon, donc on est bloqué pour quelques jours ici. La ville n’a
pas grand intérêt du coup on va passer une bonne partie de nos journées entre
l’hôtel et un bar qu’on avait repéré sur la rue qui longe la rivière. Au bout
du troisième jour, mon œil commence à reprendre une forme à peu près normale,
mais on est encore loin de l'original. En général je me réveille le matin avec
œil gros comme une citrouille, puis il diminue pendant la journée, pour se
regonfler pendant la nuit. Bien que le médecins nous aient dit de ne pas y
toucher, je ne peux résister à la tentation de vider tout le pus que j’y
trouve… C’est tellement jouissif… Mais je vous épargne les détails, il parait
que c’est un sujet tabou et vraiment répugnant…
Ça commence à aller mieux |
Tous les soirs, en rentrant du
bar où nous passons nos journées car l'internet y est rapide, on passe devant quelques peintres qui vendent leurs œuvres pour quelques yuans, au bout du 3eme soir, on finit par craquer sur un dessin traditionnel
tout à fait charmant.
Le traitement quant à lui fait
effet, et je ne ressens presque plus la douleur, par contre, ce soir, c’est
Sibylle qui est patraque, du coup je lui propose d’aller nous chercher à diner.
Comme on s’y prend tellement tard (21h) tout est déjà fermé, je finis par
trouver un stand de bouffe de rue qui propose d’alléchantes brochettes de
poulet, et juste à côté un autre qui fait du riz frit. Je m’arrange avec eux
pour qu’ils me préparent un genre de riz cantonnais au poulet. Après une longue discussion
gestuelle, ils ont compris et me préparent 2 petites barquettes. Je suis assez
fier de moi, ça n’a pas l’air mauvais du tout. Sibylle est ravie, à première
vue, mais à peine a-t-on goûté le poulet, qu’on déchante : il s’agit
encore une fois du fameux poulet surimi, de la viande de tellement mauvaise
qualité qu’elle se déchiquette en longs filaments, sans goût. Ça nous coupe l’appétit
et on se rabat sur un yaourt… Quelle déception, j’étais vraiment fier de ma
trouvaille.
Finalement le traitement va
durer une semaine entière, ce qui modifie pas mal notre planning de voyage, mais
bon une infection aussi prêt de l’œil ne doit pas être traitée à la légère. Le
dernier jour, alors que la petite histoire commence à entamer sérieusement
notre budget, on le fait comprendre à l’hôpital, et ils finissent par nous
proposer de prendre la perf dans la salle d’attente (où il n’y a jamais
personne) plutôt que dans la chambre privée habituelle. Nous acceptons, et
réalisons, au moment de passer à la caisse que ça coute 3x moins cher… Tout ça
pour prendre une intraveineuse dans une chambre pendant 40 minutes. On est bien
dégouté et à sec…
Enfin je suis guéri, et mon œil
est quasiment normal, du coup je décide d’arrêter le traitement 1 ou 2 jours
plus tôt afin de reprendre le voyage, et de nous rendre à Yangshuo, le petit
patelin qui devait être notre véritable destination dans cette région. Il
s’agit d’une petite ville sans intérêt au milieu des pains de sucre d’où l’on
peut louer des vélos pour une balade à travers la campagne, et qui propose une vue
sur la mythique rivière Li que Sib ne veut absolument pas rater. Une fois sur place, nous entamons notre habituelle
négociation afin de louer les vélos les moins chers, puis prenons la direction
de la campagne.
Une jolie maison toute jaune |
A nous les rizières, pitons
rocheux et autres paysans ! Ca fait une semaine qu’on attend d’arriver là,
et malgré mon œil en partie fermé je discerne quand même les beautés du coin.
Le trajet longe une jolie rivière et traverse de petits villages charmants.
Jolie balade ! |
La balade
donne envie de s’installer et de rêver. Mais nous devons ramener les vélos
avant la fin de la nuit, donc nous ne faisons que de courtes pauses tout en
prenant le temps d’admirer le paysage. Ici, une maison en ruine semble garder
les cultures qui l’entourent, là, deux vieux font une pause à l’ombre d’un
arbre.
Petite pause à l'ombre |
C’est très apaisant. Le but de la promenade c’est arriver jusqu’au fameux
Pont du Dragon sur la rivière Yulong, de le traverser et de faire le chemin
inverse sur l’autre rive. Malheureusement, comme beaucoup de lieux
exceptionnels en Chine, le pont du Dragon est devenu une attraction
touristique, et , lorsque nous arrivons, nous découvrons tout un business
d’attrape-touristes sur place.
Des touristes, encore des touristes |
En particulier des dizaines de radeaux en
bambous qui se louent pour quelques yuans, et autres marchands de glaces. On n’y
prête pas attention et traversons le pont.
Le pont du Dragon ! |
Vu sous un autre angle |
La vue du haut du pont est tout de même très sympa, même si on
le voit mieux quand on est pas dessus ! On reste un peu, puis on repart
sur l’autre rive. Comme on ne sait pas trop où on doit aller, on demande régulièrement
notre chemin aux locaux. On aura même la bonne idée de demander à des enfants à
bicyclette qui rentrent de l’école et du coup feront une partie du chemin avec
nous, allant même jusqu’à faire un détour pour nous indiquer la bonne route.
Lorsqu’on s’en sépare, on les entend glousser
de contentement, visiblement ravis de nous avoir rendu service !
Merci les filles ! |
Le chemin est toujours aussi
beau, et nous terminons la balade en fin d’après midi. La grande question
arrive : avons-nous le temps de revenir en ville, et de nous rendre sur
les bords de la rivière Li pour y voir le coucher de soleil, ou bien
devons-nous prendre notre temps et l’admirer sur les rives de la Yulong ?
Les canards en balade |
Je suis pour rester ici, car je
pense qu’on ne pourra pas y être, et puis je n’ai pas vraiment envie de me
presser. Evidemment Sibylle n’est pas de cet avis, du coup, comme c’est
régulièrement le cas, on accélère et on fonce vers la rivière Li… Comme on ne
sait pas où c’est, on se perd, puis on finit par y arriver… Dommage, le soleil
est presque couché, et la rivière n’a rien de fabuleux… Encore un mythe
exagéré.
La rivière Li... |
On y rencontre un drôle de français qui fait voyager une poupée qu’il
met en scène devant tous les lieux où il s’arrête et la prend en photo.
Le soir même, après avoir rendu
les vélos, nous retournons à Guilin, et le lendemain, nous prenons la route de
Xiamen.
L'album Photo c'est là :)
L'album Photo c'est là :)
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