mardi 28 avril 2015

Guilin 桂林 et Yangshuo 阳朔 : Où l'on teste l'hôpital chinois

Ca y est on est enfin arrivé ! Quel calvaire ce trajet en train. Heureusement que c’est l'une des dernières fois du voyage ! Après 15h de cris d’enfants, de fumée de cigarette assis sur des strapontins, même Sibylle concède qu’on aurait dû prendre le train rapide. Bref, nous sommes à Guilin, une ville perdue au milieu d’une forêt de pitons Karstiques (ou pains de sucre). C’est un peu comme la baie d’Halong mais sans la mer. Quand je dis « perdue », n’allez pas vous imaginez une petite ville mignonne et pleine de charme au cœur d’une nature enchanteresse. Non, non, c’est une agglomération de taille moyenne, de 4 millions d’habitants, avec ses immeubles sans charme, héritage du communisme. Le centre-ville, cependant est plutôt sympa, une rivière le traverse et quelques immeubles de bas étages avec des restaurants et bars stylés. L’un d’eux sera notre cantine pour la semaine que nous passerons ici.
Car oui, nous allons passer une semaine dans cette ville qui ne devait être qu’une étape avant de continuer vers une ville à taille humaine. La grande question est donc : pourquoi rester 1 semaine dans une ville sans intérêt ?
Et bien voilà : Cela fait quelques jours qu’un petit bouton au-dessus de mon œil droit me taquine. Pour ceux qui me connaissent, ils savent que je ne bénéficie pas de la peau la plus parfaite du monde, je ne prêtais donc guère attention à cet énième rappel de mon corps me demandant de visiter le dermato. Mais ce bouton là, il ne veut pas laisser passer mon indifférence à son égard. Il aura donc profité de la fatale nuit dans le train et de la journée qui a suivie, pour gagner en charisme. Le lendemain de notre arrivée, c’est donc borgne que je me réveille. En effet, le bouton, qui n’en est plus un, a fait gonflé mon œil au point de m’empêcher de l’ouvrir. Je ressemble à peu de chose près à Elephantman (mais en bien plus sexy évidemment, c’est de moi dont on parle). En plus de l’inconvénient de ne voir que d’un œil, j’ai l’impression que mon crane va exploser. Comme si cette patate qui me sert d’œil cherchait à se faire une place à côté de mon cerveau. Or j’ai la tête déjà bien pleine grâce à ma culture si vaste, et vous imaginez donc que, de la place vide dans mon crâne, il n’y en a pas ! C’est donc après une longue discussion avec Sibylle que nous décidons de rester à l’hôtel, en attendant que ça passe. La journée passe, elle, mais il ne semble pas passer lui... Puis vient la nuit : atroce, impossible de dormir, la douleur se fait encore plus aiguë. C’est décidé : le lendemain nous irons à l’hôpital pour la première fois du voyage (et de ma vie). Sibylle appréhende, et veut être sure que je ne me ferais pas injecter de sang contaminé avec un seringue ayant déjà servie à un voisin. Moi j’ai trop mal pour réfléchir, mais je suis convaincu que tout ira bien. Nous nous mettons en route pour l’hôpital que nous trouvons sans trop de mal.  Une fois à l’intérieur, nous indiquons à l’accueil mon visage (au cas où ils n’avaient pas remarqué), et nous sommes immédiatement pris en charge par une infirmière qui nous guide jusqu’à une aile différente du bâtiment. Nous comprendrons plus tard qu’il s’agit de l’aile réservée aux officiels chinois ainsi qu’aux occidentaux. Elle nous fait signe d’attendre dans une chambre en attendant de rencontrer le médecin. 
La tête de vainqueur !
Après une vingtaine de minutes, le médecin arrive accompagné d’une infirmière : c’est la traductrice. Il observe rapidement mon furoncle (car c’est un) et me prescrit une perfusion. La plus grande peur de Sibylle, qui commence sérieusement à angoisser. Moi je  veux juste que ça se termine, du coup je dis ok pour la perf et 10 minutes plus tard l’infirmière revient avec tout le matos. Après un interrogatoire en règle de Sib, elle procède à l’injection. C’est la première fois qu’on me fait ça, et je trouve que ça prend drolement longtemps. Il faut attendre que la totalité d’une sorte de ballon soit vide, et comme ça tombe goutte par goutte y en a pour 40 minutes… Une fois terminé, on nous donne rendez-vous pour les 3 jours suivants pour recommencer. Bon, donc on est bloqué pour quelques jours ici. La ville n’a pas grand intérêt du coup on va passer une bonne partie de nos journées entre l’hôtel et un bar qu’on avait repéré sur la rue qui longe la rivière. Au bout du troisième jour, mon œil commence à reprendre une forme à peu près normale, mais on est encore loin de l'original. En général je me réveille le matin avec œil gros comme une citrouille, puis il diminue pendant la journée, pour se regonfler pendant la nuit. Bien que le médecins nous aient dit de ne pas y toucher, je ne peux résister à la tentation de vider tout le pus que j’y trouve… C’est tellement jouissif… Mais je vous épargne les détails, il parait que c’est un sujet tabou et vraiment répugnant…

Ça commence à aller mieux
Tous les soirs, en rentrant du bar où nous passons nos journées car l'internet y est rapide, on passe devant quelques peintres qui vendent leurs œuvres pour quelques yuans, au bout du 3eme soir, on finit par craquer sur un dessin traditionnel tout à fait charmant.
Le traitement quant à lui fait effet, et je ne ressens presque plus la douleur, par contre, ce soir, c’est Sibylle qui est patraque, du coup je lui propose d’aller nous chercher à diner. Comme on s’y prend tellement tard (21h) tout est déjà fermé, je finis par trouver un stand de bouffe de rue qui propose d’alléchantes brochettes de poulet, et juste à côté un autre qui fait du riz frit. Je m’arrange avec eux pour qu’ils me préparent un genre de riz cantonnais  au poulet. Après une longue discussion gestuelle, ils ont compris et me préparent 2 petites barquettes. Je suis assez fier de moi, ça n’a pas l’air mauvais du tout. Sibylle est ravie, à première vue, mais à peine a-t-on goûté le poulet, qu’on déchante : il s’agit encore une fois du fameux poulet surimi, de la viande de tellement mauvaise qualité qu’elle se déchiquette en longs filaments, sans goût. Ça nous coupe l’appétit et on se rabat sur un yaourt… Quelle déception, j’étais vraiment fier de ma trouvaille.
Finalement le traitement va durer une semaine entière, ce qui modifie pas mal notre planning de voyage, mais bon une infection aussi prêt de l’œil ne doit pas être traitée à la légère. Le dernier jour, alors que la petite histoire commence à entamer sérieusement notre budget, on le fait comprendre à l’hôpital, et ils finissent par nous proposer de prendre la perf dans la salle d’attente (où il n’y a jamais personne) plutôt que dans la chambre privée habituelle. Nous acceptons, et réalisons, au moment de passer à la caisse que ça coute 3x moins cher… Tout ça pour prendre une intraveineuse dans une chambre pendant 40 minutes. On est bien dégouté et à sec…
Enfin je suis guéri, et mon œil est quasiment normal, du coup je décide d’arrêter le traitement 1 ou 2 jours plus tôt afin de reprendre le voyage, et de nous rendre à Yangshuo, le petit patelin qui devait être notre véritable destination dans cette région. Il s’agit d’une petite ville sans intérêt au milieu des pains de sucre d’où l’on peut louer des vélos pour une balade à travers la campagne, et qui propose une vue sur la mythique rivière Li que Sib ne veut absolument pas rater. Une fois sur place, nous entamons notre habituelle négociation afin de louer les vélos les moins chers, puis prenons la direction de la campagne.
Une jolie maison toute jaune
A nous les rizières, pitons rocheux et autres paysans ! Ca fait une semaine qu’on attend d’arriver là, et malgré mon œil en partie fermé je discerne quand même les beautés du coin. Le trajet longe une jolie rivière et traverse de petits villages charmants. 
Jolie balade !
La balade donne envie de s’installer et de rêver. Mais nous devons ramener les vélos avant la fin de la nuit, donc nous ne faisons que de courtes pauses tout en prenant le temps d’admirer le paysage. Ici, une maison en ruine semble garder les cultures qui l’entourent, là, deux vieux font une pause à l’ombre d’un arbre. 
Petite pause à l'ombre
C’est très apaisant. Le but de la promenade c’est arriver jusqu’au fameux Pont du Dragon sur la rivière Yulong, de le traverser et de faire le chemin inverse sur l’autre rive. Malheureusement, comme beaucoup de lieux exceptionnels en Chine, le pont du Dragon est devenu une attraction touristique, et , lorsque nous arrivons, nous découvrons tout un business d’attrape-touristes sur place. 
Des touristes, encore des touristes
En particulier des dizaines de radeaux en bambous qui se louent pour quelques yuans, et autres marchands de glaces. On n’y prête pas attention et traversons le pont. 
Le pont du Dragon !
Vu sous un autre angle
La vue du haut du  pont est tout de même très sympa, même si on le voit mieux quand on est pas dessus ! On reste un peu, puis on repart sur l’autre rive. Comme on ne sait pas trop où on doit aller, on demande régulièrement notre chemin aux locaux. On aura même la bonne idée de demander à des enfants à bicyclette qui rentrent de l’école et du coup feront une partie du chemin avec nous, allant même jusqu’à faire un détour pour nous indiquer la bonne route. Lorsqu’on s’en sépare, on les entend glousser  de contentement, visiblement ravis de nous avoir rendu service !
Merci les filles !
Le chemin est toujours aussi beau, et nous terminons la balade en fin d’après midi. La grande question arrive : avons-nous le temps de revenir en ville, et de nous rendre sur les bords de la rivière Li pour y voir le coucher de soleil, ou bien devons-nous prendre notre temps et l’admirer sur les rives de la Yulong ?
Les canards en balade
Je suis pour rester ici, car je pense qu’on ne pourra pas y être, et puis je n’ai pas vraiment envie de me presser. Evidemment Sibylle n’est pas de cet avis, du coup, comme c’est régulièrement le cas, on accélère et on fonce vers la rivière Li… Comme on ne sait pas où c’est, on se perd, puis on finit par y arriver… Dommage, le soleil est presque couché, et la rivière n’a rien de fabuleux… Encore un mythe exagéré. 
La rivière Li...
On y rencontre un drôle de français qui fait voyager une poupée qu’il met en scène devant tous les lieux où il s’arrête et la prend en photo.

Le soir même, après avoir rendu les vélos, nous retournons à Guilin, et le lendemain, nous prenons la route de Xiamen.

L'album Photo c'est là :)

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