Après que le bus nous ait déposés à la gare routière d’Hangzhou, Florent ne tient plus. Impossible pour lui de
réfléchir à la manière dont nous pourrions rejoindre notre Guest house.
Mais il ne s’agissait pas simplement de
cela … J’ai l’habitude de réfléchir seule et de prendre les décisions pour
2. Mais un Florent qui a faim, c’est comme un téléphone sans batterie : il
râle toutes les 5 minutes, affirme qu’il ne peut pas réfléchir s’il n’a pas
mangé (comme s’il pouvait réfléchir après avoir déjeuné…). Puis les 5 minutes
deviennent trois minutes puis une. Là c’est tout bonnement insupportable.
Et comme si le destin lui
faisait honneur, un sacro-saint Mac Donald lui tendait les bras, ici à la gare
routière.
S’il y a bien un lieu dans le
voyage qui tient à cœur à mon Floflo c’est bien les MacDo !
Pour mon Cher et tendre, il est
hors de question de manquer, sous quelque prétexte que ce soit, la visite d’un
MacDo.
Son voyage en Asie c’est un peu
un pèlerinage de MacDo en MacDo. Il apprécie la différence des sauces d’un pays
à l’autre…
Pour ma part, j’ai
malheureusement associé le MacDo à la dengue de sorte que cela me dégoûte et
que je suis contrainte de regarder Florent s’empiffrer en attendant qu’il ait fini ses 3 burgers et 4 frites dont il me vante la finesse culinaire.
Quel est le rapport entre le
MacDo et la dengue ? C’est très simple. Lorsque nous étions à Kuala Lumpur
et que j’avais la dengue, j’étais un légume et Flo s’occupait de moi comme d’un
bébé. Il m’obligeait à me lever de mon lit pour prendre au moins un repas par
jour… à sa cantine : le MacDo de Kuala. Dans mon état, je n’avais pas la
force de m’opposer à cette dictature du Burger. Et c’est ainsi que pendant une
semaine de fièvre et de démangeaisons épidermiques j’ai été contrainte
d’ingurgiter un menu MacDo par jour (ca c’est un régime équilibré et sain pour un
malade !). L’association du goût et de la maladie était ainsi inéluctable.
Flo avait créé son propre malheur parce qu’après cet épisode je tentais
par tous les moyens d’échapper à l’ami Ronald.
Ce jour là, on entrait donc dans
le MacDonald surclimatisé de la Gare
d’Hangzhou. Je profitai de ce moment inutile pour m’intéresser aux visites et
activités qui nous attendaient : Le lac de l’ouest, la pharmacie de Huquingyutang,
et la résidence de Hu Xueyan.
Mais avant les visites de sites,
nous avions acquis un rituel lorsque nous arrivions: ressentir la ville.
Le jour de notre arrivée est toujours dédié à la captation de l’ambiance
générale et Hangzhou n’allait pas échapper à la règle!
Après quelques stations de
métro, nous sommes « au centre ville » et nous partons à la quête de
notre guest house.
Même sous cette fine pluie,
Hangzhou nous avait conquis. Elle était traditionnelle et vivante.
La rue du MacDo du centre ville |
Après un
temps de repos chacun sur notre matelas du lit superposé, nous voilà à l’affût des rues à l’urbanisme soigné, longeant ces
maisons d’un seul étage aux couleurs de Madame de Fontenay : blanches aux
pieds, noires à la tête.
Mais les chinois ne sauraient se
contenter des couleurs du Ying et du Yang : il faut ajouter les couleurs
du dragon ! C’est ainsi que la ville était le support de guirlandes de
loupiotes rouges et de bannières jaunes.
Une sobriété toute chinoise |
-
Tiens
voilà la rue de l’approvisionnement en nourriture, dis je en montrant à flo le
passage couvert qui habitait une succession de cahutes de restauration de rue.
-
Ouais,
ouais (qui veut dire ce qu’il veut dire).
20 mètres plus loin, Flo me fait
remarquer qu’il y a un mac Do « au cas où la bouffe locale est pas
bonne » argua-t-il.
En remontant Zhonshan Road, la
tradition laissait peu à peu place à la modernité, à la création. On avait des
maisons d’architectes biscornues, on avait de l’art de rue… Bref la ville
vivait, et puisque nous venions de Wuzhen, ville tuée par le tourisme, nous
nous sentions plus à notre place d’observateurs de modes de vie, ici.
L’ancienne porte nous fit rebrousser chemin : il était temps de dîner.
Joujou avec l'art de rue |
La pression était haute :
il fallait à tout prix que la nourriture que nous choisirions dans la street
food soit bonne pour échapper au diabolique Mac Do. J’optais pour des
brochettes de poulet et Flo en fit autant. J’avais choisi de ne pas prendre de
risque : le poulet c’est un classique difficilement ratable.
Mauvaise pioche ! C’était
du poulet recomposé. Comme du surimi mais version poulet au lieu d’être une
version crabe.
Florent :
-
Bon
ba les autres repas ce sera Mac Do !
Oufff… Je l’avais échappé belle
pour ce soir. Pour demain, il faudra que je trouve un autre stratagème…
Le lendemain, nous marchions sur
les pas de Hu Xueyan, un mandarin milliardaire du XIXème siècle, en visitant la
pharmacie qu’il fonda et sa résidence.
La première semble être un lieu
d’approvisionnement des potions magiques. Notre fidèle Lonely, nous avait bien
prévenu en affirmant qu’on pourrait peut être y trouver du Bézoar.
Des racines s’épanouissant dans
des bocaux tandis que des pierres étranges, des graines et des larves séchées
s’exhibaient sur des étagères. La grande pièce boisée, aux mille tiroirs et aux
kilomètres de vitrines était dirigée par de vieux préparateurs, à l’officine.
L'une des plus réputées pharmacies de Chine |
Une racine sur son lit de larves |
J’attendais. Oui, j’attendais la
femme recroquevillée sous une cape noire tendant aux préparateurs sa fiole
vide, et donnant ordre de recevoir un mélange de corne de licorne et de larme
de cerf. La femme ne vint pas.
Mais les chinois lambdas, ceux
que je n’aurais pas soupçonnés de se rendre dans un tel lieu, étaient là et
s’approvisionnaient. Rien de curieux lorsqu’on sait que cette pharmacie est
l’un des hauts lieux de la médecine chinoise.
On sort de ce lieu, la tête pleine de magie. Si la pharmacie est ainsi, la résidence promet…
La résidence de Hu Xueyan |
Et bien non… C’est certes une
jolie résidence mais les grottes reconstituées, les pavillons entourés de
bassins peuplés d’énormes carpes rouges, les portes rondes, on en déjà vu, et
pas qu’un peu !
Blasée |
Cette résidence a toutefois une
plus-value : avoir une vrai, belle cuisine. On l’admire cinq minutes et
nous voilà à continuer notre visite au pas de course.
Le soir
venu, je parvins à échapper au Mac Do .
-
Flo,
je sais pas si t’as vu mais notre guest house propose des burgers sur son
menus. Dis-je.
Et voilà c’était plié. Flo
prenait un burger, frites (pour changer) et je tentais la cuisine locale.
Le lendemain c’était la journée
affectée au Lac de l’Ouest. Mais avant cela, il nous fallait trouver la gare
pour réserver le train qui nous mènerait à Guilin.
On prend la direction du Grand
Canal, et cinq minutes plus tard, on ne comprends plus rien à notre
carte : On est perdu…
Bon, il va falloir qu’on demande
notre chemin. Après environ un mois et demi en Chine nous étions rodés sur les
moyens de communication.
On fait signe à un passant, qui à
l’air sympa, de s’arrêter et on lui demande en anglais le chemin de la gare (on
sait jamais, un miracle ça peut arriver). Il ne comprend pas, ce que nous
avions évidemment prévu. OKOK.
Flo et moi nous échangeons un
regard : il faut mettre en œuvre les grands moyens.
Je commence : « Tch
tch tchiu – tch tch tchiu – tch tch tchiu (bis, bis, bis, bis, bis)» fis-je en tentant d’imiter le bruit répétitif
des roues d’un train au démarrage.
Flo entama ensuite sa
partie, à savoir le sifflet de la locomotive: « Tchouuuuu, Tchou,
Tchou ».
Cela dura 4 secondes, pas plus.
L’homme avait tout de suite compris et éclata de rire avant de nous indiquer le
chemin, par des mouvements de main moins limpides que notre squetch mais nous
avions la direction.
En arrivant à la gare routière la
guichetière nous fait comprendre qu’il y a deux trains pour Guilin. L’un qui
met 5 heures et l’autre 15. Le prix était évidemment du quitte au triple. Flo
veut prendre celui de 5 heure, et moi, la radine, celui de 15 heures (je vous
rappelle que la Chine nous coutait très cher en visites, donc il fallait se
priver ailleurs). On tergiverse. J’obtiens gain de cause. Une fois n’est pas
coutume, j’aurais mieux fait de me taire… Je vous expliquerai plus loin.
Toujours est-il que nous avons
notre billet de train, et que la guichetière nous a compris sans
encombre : Maintenant c’est clair, on gère, on se fait comprendre et on
comprends !
Après un désagréable déjeuner
dans la rue des stands de nourriture, on pars à la quête d’un vélo pour faire
le tour du lac de l’Ouest. « LE » site de la ville.
Tous les loueur de vélos essayent de
nous arnaquer… Bon! puisque c’est comme ça nous irons à pied, et ce d’autant
plus que la discussion que nous entretenions était des plus agréables ; on
avait pas envie d’y mettre fin !
Le thème ? Que ferions nous
si nous gagnions à l’Euromillion.
On échafaudait nos stratégies de
placements en faisant le tour du lac un peu agité par une brisounette.
Les usages prévus pour
l’éventuelle somme gagnée dépendait du montant de celle-ci. Nous échafaudions
donc nos ambitions par paliers.
Le couple de Pérettes |
C’est ainsi que le couple de "Pérettes et le pot au lait", avançait entre lacs et collines, s’arrêtant parfois
pour admirer les quelques ponts à arches, les barges-têtes de dragons et
l’emblématique pagode Leifeng.
Pagode Leifeng |
Nan mais il est barge ce Dragon! |
Lorsque le soleil a commençé à
rougir, on s’est installé sur les rives du lac, on a cessé de planifier sur des
millions qui ne nous appartenaient pas, on s’est rendu compte qu’on avait plus
grand chose en poche (nous arrivions sur la fin de notre voyage), mais surtout
on s’est rendu compte qu’on était foncièrement heureux.
Un paradis? |
Lorsque la luminosité avait
disparue, on reprenait sereinement le chemin du centre ville, s’arrêtant de ci,
de là pour suivre du regard la course des cerfs volants lumineux qui se disputaient
le ciel.
Une dernière promenade nocturne |
Une quinzaine d’heures plus
tard, la vitesse n’était plus la même. Il fallait nous presser pour avoir notre
train. « C’est bon, on est large » me lançait Flo. Mais … sait-on
jamais, mieux vaut être à l’heure. Nous y sommes. Au moment de passer nos sacs
dans le détecteurs de métaux, on a toujours cette petite frayeur : celle
que les agents de sécurité découvrent notre possession d'un Khukuri (notre couteau de survie Népalais). Et
effectivement les gars de la surveillance nous font signe qu’il y a un
problème. Ils nous montrent notre billet de train, que l’on ne peut pas
comprendre puisqu’il est en chinois. On fait « oui oui » de la tête,
mais ils persistent. L’incompréhension dure quelques minutes jusqu’à ce qu’un
chinois parlant anglais vienne à notre aide. « En fait, votre train ne
part pas de cette gare, il part d’une autre gare de la ville. Il faut prendre
le metro ». Ni une, ni deux, la peur du Khukuri oubliée, on enfile nos
sacs à dos et on cours dans le metro. On est essoufflés, trempés de sueur, mais
il nous faut notre train.
On passe sans encombre les
détecteurs de métaux, on court sur un quai de gare vide et on prend place dans
ce wagon qui nous était destiné. A peine le temps de reprendre notre souffle
qu’on constate les dégâts : on est dans un wagon pire que ceux de la ligne
13 ; on est sur des sièges aussi inconfortables que des strapontins de
metro ; on est à côté d’un mioche qui hurle sans que sa mère ne dise
rien ; on est à 2 pas de l’espace fumeur dont la porte n’est jamais
fermée ; on va devoir passer la nuit ainsi ; je vais devoir passer la
nuit à me faire hurler dessus au prétexte qu’on aurait dû prendre le train de 5
heures…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire