En sortant du bus,
on reprend nos bonnes vieilles habitudes : on pars en quête d’un hôtel.
Nous essuyons 4
refus. Tous sont complets.
Nous commençons à
douter de notre technique « dernièreminutiste » et c’est pile poil à
ce moment là que nos allures de backpackers (transpiration, sac à dos avec des
sangles qui pendent de partout, style vestimentaire
inexistant, cheveux en pétards) nous sauvèrent.
Un homme nous
propose son hôtel, dont la chambre la mois chère est a un prix très
raisonnable, et pour cause… c’est une cuisine ; une cuisine avec un lit.
Au cours de notre
voyage nous avons testé différents styles de logements.
Ca allait des
taudis où on nous donnait, en guise de « salle-de-bain », un seau
d’eau froide à la surface duquel flottait une boîte de conserve lavée, mais
rouillée, servant de bol pour nous asperger,
aux chambres dans d’anciens palaces de maharajas, en passant par une
yourte version cambodgienne.
Mais nous n’avions
jusqu’à présent jamais dormi dans une cuisine. La pièce est propre ainsi que la
salle de bain commune. C’est vendu.
Nous prenons
l’expérience avec humour tout en nous promettant mutuellement que si un jour
quelqu’un venait à nous proposer une chambre dans des toilettes, nous
déclinerons l’offre, même si les toilettes sont très propres et qu’en prime ils
nous offrent le pchit senteur lavande de Provence.
Pour le dîner,
nous fonçons dans la rue du marché où nous attendaient des grillades. Mais la
palme d’or du repas revient à la crème caramel.
En elle même, cette
douceur n’eut rien de spécial. Seulement, après 9 mois passés hors de France,
elle avait le mérite de clore comme il se doit le repas. Telle une boulimique, je recommande deux
portions supplémentaires, trop consciente de la rareté de toute choses appelées
« dessert » en Asie.
Après une bonne
nuit dans notre magnifique cuisine, nous partîmes à la recherche d’un scooter
pour explorer les plantations de thé et de fraises par nos propres moyens. Ce
qui est pour nous anodin (louer un scooter) se révèle compliqué.
Il semblerait
qu’il n’est possible d’explorer les plantations que par deux moyens : le
treck ou l’inscription à une des innombrables excursions organisées par les
agences qui pullulent en centre ville. Mais moi, je n’aime ni marcher pendant
des heures, ni suivre le parapluie du guide.
On persiste donc à chercher.
Le premier loueur
de scooter refuse la location aux non-titulaires d’un permis moto. Nous n’en
avons pas.
Le second consent
à la location mais à condition de lui présenter un permis international et de
promettre (contrat à l’appuy) que nous ne nous rendrons pas sur telle et telle
route qui permettent de rejoindre le point culminant de la région, (histoire
que nous ne fassions pas concurrence à l’excursion que cette même agence
propose sur ledit point culminant).
Ca tombe bien,
nous, le point culminant ça ne nous intéresse absolument pas et Flo avait fait
convertir son permis français en permis international juste avant de partir.
Nous tendons la précieuse pièce blanche en échange d’un scooter pourri mais qui
(compte tenu des difficultés à l’avoir) nous paraissait aussi éblouissant que
l’est la noisette pour scratch.
Et hop, c’est
parti pour les plantations de fraises. On veut goûter ça. Il se dit partout
dans le pays que ce sont les meilleures fraises d’Asie du sud-est et qu’elles
ont un goût d’une finesse inégalée.
Ca y est on
atteint les serres en demi-cercle qui encadrent la route et marquent l’arrivée
à la route des fraises. Les producteurs vendent « le caprice de la femme
enceinte » sur le pas de leurs serres. On achète une belle barquette et on
goute.
Déception. Tout ça
pour ça ! On est loin du niveau de la gariguette.
On enfourche notre
monture pour fuir ce leurre gustatif. Les kilomètres passants, on commence à
comprendre le pourquoi de la réputation des fraises. Les Cameron Highlands est
le seul producteur de fraises d’Asie du Sud-Est. Du coup c’est sure qu’à
s’autoproclamer « meilleurs fraises d’Asie du Sud-Est », ils ne
risquent pas grand chose. C’est comme si l’Urssaf s’autoproclamaient meilleur
recouvreur d’impôts de France. En soi, c’est pas faux, … mais le goût reste
amère.
Quelques minutes
plus tard, nous apercevons les plantations de thé et là nous ne sommes pas
déçus. Nous nous retrouvons dans un paysage vallonné où les plantations de thé
se dressent à perte de vue.
Les plantations à la lumière du matin |
Enfin « se
dressent »… entendons nous bien, l’arbre à thé n’a pas la sveltesse du
bouleau. Non, c’est un arbuste court sur pattes au feuillage bien dodu. Vu du
dessus on dirait un oreiller. Imaginez donc l’effet que peut avoir sur vous des
collines entières d’oreillers !
Au milieu des oreillers de thé |
On en bail. Mais
on tient bon. 10 minutes s’écoulèrent. On pique du nez. Il faut nous arrêter.
La chance est avec nous car c’est à ce moment là que nous apercevons un luxueux
salon de thé, ultra-moderne et bondé de monde qui semble tenir en équilibre sur
la cime d’une colline.
Un salon de thé moderne en équilibre sur la cime d’une colline |
Nous nous y
garons. Cet arrêt eut le mérite de nous réveiller pour de bon. En effet, le bâtiment moderne abrite
également une usine à thé qui permet le passage de l’arbuste à la tasse.
Tapis roulants,
fours, tamis électriques et ventilateurs s’activaient au service des nouvelles
feuilles. Ces dernières y étaient en effet bichonnées.
D’abord elles
subissaient le flétrissage, c’est l’équivalent de nos masques exfoliants
(désolé les mecs, vous pouvez pas comprendre), puis le roulage qui permet une
meilleure fermentation, suivit de la fermentation qui a lieu dans une sorte de
hammam, et enfin la dessiccation c’est à dire l’arrêt de la fermentation et enfin
le tamisage.
Le salon de beauté du thé |
C’est bien beau
tout ça, mais ça ne nourrit pas son homme. Et un homme qui a faim, ça vous le
fait savoir comme un disque rayé. Nous partons déjeuner. Le disque était alors
réparé. Le problème c’est que j’aurais mieux aimé ne pas entendre la suite de
la chanson.
Elle parlait d’une
ferme aux papillons et aux reptiles qu’il était impératif de visiter avant de
continuer notre route du thé.
Alors la ferme aux
papillons et aux reptiles c’est l’activité des enfants. Mais oui, vous savez
bien, l’activité qui barbe tout le monde, sauf les enfants et que les parents
sont obligés de se coltiner sous peine d’être « pas cool ». Celle qui
est juste à côté des endroits que les parents fréquentent. L’aquaboulevard
lorsque vous avez besoin d’acheter des broutilles chez décathlon, les jeux de
plein air qui se trouvent juste à côté de la table sur laquelle vous avez misé
pour un pic nique en famille ou encore l’animalerie qui jouxte le Nicolas où
vous vous approvisionnez en vins. Bref, l’activité qui est juste là pour vous
tester. Etes vous un parent cool ?
Mais moi
évidemment, j’ai de la chance, c’est mon fiancé qui aime ce genre d’activités.
Comme je l’ai dis
donc, il m’informe qu’il a vu une pancarte indiquant l’existence d’une ferme
aux papillons et aux reptiles, à 1 km de là.
Pour échapper à
l’ennui j’use les deux arguments habituels des parents.
Premier
argument : Ah bon ? Ca m’étonne, moi j’ai rien vu du tout ».
Evidemment, l’enfant, lui, il est toujours sur de lui, « Si, si je suis
sure, j’ai même ralenti pour bien lire la pancarte ». Là j’étais bonne
pour le deuxième argument.
Deuxième argument
des parents : « Ecoute mon chéri, on a pas le temps, on est venu ici
pour voir les plantations de thé, il faut qu’on en profite».
Réponse des salles
gosses, qui est donc également la réponse de Flo : « Non mais ça
prendra 5 minutes, en plus la ferme est dans la descente du coup on utilisera
même pas de carburant ».
Là tu fais un
sourire qui manifeste l’acceptation même si on t’a mis un couteau sous la gorge
pour te l’arracher, dès que le gosse a le dos tourné tu fais un signe de croix
en disant au Bon Dieu « T ‘as vu aujourd’hui j’ai bien fait ma
BA », tu prend ta respiration et ensuite, pendant une heure tu fais des
sourire niais pour faire croire que la couleur des papillons ou le nombre de
leurs taches t’intéressent, tu fais mine de t’attendrir devant la moue câline
d’une vipère, de t’impressionner des prouesses de ta moitié lorsque celui-ci
porte un animal dans ses bras ou sur sa tête.
Il est fier de lui |
Le scorpion : un animal domestique qui vous veut du bien |
La corvée a duré
une heure. On a vu des papillons, des serpents, des insectes, des caméléons.
Puis la route du
thé reprit. Nous partions direction les plantations du sud, appelée BOH (best
of Highland) tea plantations. Là les paysages sont encore plus beaux que ceux
visités le matin même au nord.
La beauté de la simplicité |
Les collines y
sont parfois parsemées de gros rochers arrondis ; des oreillers dont la
couleur se mariait parfaitement avec le vert des arbustes.
Un petit cache-cache dans les plantations… |
Sur certaines
autres parcelles, nous apercevons les cueilleurs, travaillants sur une terre
quasiment verticale et qui récoltent le précieux feuillage dans de gros sacs de
jute.
...Pendant que d'autres travaillent |
La route monte.
Nous arrivons au niveau d’un magnifique point de vue à 360°. Là un salon de thé
plus traditionnel que celui du matin nous tendait les bras. L’endroit était
parfait : Des collines d’arbres à thé à perte de vue quelle que soit la
direction de ladite vue, un grand soleil, une légère brise marquant l’altitude,
la solitude, ainsi qu’ une heure médiane entre le déjeuner et le dîner.
Les tasses
arrivèrent.
Le moment qui
suivait a fait parti de ces moments d’osmose que nous offre le voyage. Ceux où
on se sent à notre place. Ceux où on ne lasse pas de regarder, de sentir, et de
rêver. Ces moments où l’on réalise qu’on aspire à rien d’autre qu’à eux.
What else? |
Comme pour passer
en douceur du rêve à la réalité, le soleil nous retira petit à petit, tout en
douceur, sa lumière et sa chaleur.
Un coucher de soleil en amoureux ? |
Une chaleur que
nous allions retrouver le soir même autour d’un « Steam Boat », un
plat qui s’articule autour de deux bouillons (l’un épicé, l’autre doux),
chauffés en permanence à la flamme dans lequel nous cuisons œufs, poissons,
viandes, légumes et nouilles.
A la chaleur d'un steamboat |
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