samedi 30 août 2014

Koh Rong : Nager dans les étoiles

Nous retrouvons donc nos nouveaux amis, Ben et Eli, pour nous rendre sur l’île de Koh Rong, au large de Sihanoukville.
Il s’agit de la plus grande île Cambodgienne, et relativement touristique sur toute sa partie la plus proche du continent. Mais nous, on ne va pas là où l’on risque de croiser d’autres touristes. On nous avait parlé d’un hôtel nommé Lonely Beach qui se situe complètement de l’autre côté de l’île. Et c’est donc là bas que nous nous rendons. Une fois n’est pas coutume, nous avions réservé à l’avance un Bungalow. Et nous avions bien raison, car les ferries habituels qui rejoignent l’île ne vont jamais aussi loin. Et le seul moyen de s’y rendre est grâce au petit bateau de pêche de l’hôtel lui même. Celui-ci ne part même pas du même ponton touristique, mais d’un petit ponton où l’on ne croise que des locaux.
Nous embarquons donc à bord du rafiot pour une traversée de 4-5h sur une mer qui n’était pas vraiment d’huile. En effet, même s’il ne pleuvait pas ce jour là, le ciel gris foncé n’annonçait rien de bon pour un tel voyage. Bref, on s’installe comme on peut en se servant des gilets de sauvetage comme d’oreillers. Ben et moi en profitons même pour faire un petit somme, pendant que les filles font des trucs de filles (nettoyage de doigts de pied, recoiffage  toute les 5 minutes, etc…).

Un roupillon bien confortable
Au bout de quelques heures, on dépasse une baie où la mer est d’huile pour arriver sur une mer nettement plus agitée. Là, difficile de dormir avec toute l’eau qui nous éclabousse à chaque clapot du navire. On distingue au loin une grande plage de près d’1km avec pour arrière plan de nombreux palmiers. Il me semble même distinguer un homme sur la plage. C’est bien ça, on se dirige droit dessus. Par contre je ne discerne pas de ponton pour débarquer, et avec la mer dans cet état, hors de question de rapprocher le bateau à moins de 50m de la rive. Heureusement, ils ont tout prévu, une petite annexe est accrochée à la proue du bateau. Après une vingtaine de minutes durant lesquelles le capitaine a du réparer une partie du moteur de l’annexe en question, nous débarquons en 2 voyages, pour ne pas risquer de renverser la coquille d’œuf sur une méchante vague.
Autant vous dire qu’on n’est pas mécontents de fouler la terre ferme à nouveau. Sur la plage notre hôte nous attend : Dany « citoyen du monde avec un passeport Français » selon ses propres termes.
Dany, citoyen du monde
Il nous guide jusqu’à notre bungalow : monté sur pilotis, il fait face à la mer et sa petite terrasse abrite un hamak. Le confort intérieur est assez sommaire mais parfaitement suffisant : 2 grands lits (nous le partageons avec Ben et Eli) protégés par une moustiquaire et une « salle de bain » avec une grande réserve d’eau à la surface de laquelle flotte une casserole en plastique pour nous laver. 
On va faire une petite balade sur la plage et on en profite pour aller nous baigner et jouer dans les vagues avec l’un des chiens du coin.
Une baignade canine
C’est une fois dans l’eau qu’on se rend vraiment compte de notre situation exceptionnelle. En effet, en plus d’être tout seul sur la plage, il n’y a rien d’autre sous nos yeux que les palmiers  et les quelques bâtiments en bois de l’hôtel.  Pour que vous réalisiez vraiment l’isolation de l’endroit, le premier village se situe à près de 40 minutes à pied de l’hôtel, il n’y a pas de route, et on y a même tourné une saison de Koh Lanta.
Après avoir assisté au coucher de soleil (bien que le soleil ne soit que vaguement devinable), nous retournons à la salle commune pour diner. Des assiettes gargantuesques nous sont servies et nous commençons à discuter avec Dany. Il se révèle être l’opposé de ce que nous croyons, et nous découvrons un homme au cœur d’or, menant une vie simple par choix, mais également ayant gardé la tête sur les épaules. Après une longue discussion passionnante, il nous apprend que sa plage est aussi belle la nuit que le jour. En fait, la mer, à cet endroit précis, est remplie de plancton luminescent qui s’illumine avec le mouvement de l’eau. Ben et moi décidons immédiatement de retourner nous baigner tandis que les filles, bien moins enthousiastes à l’idée de plonger dans la noirceur de l’eau nous regardent de la plage.
Nous, les garçons, on fait la course à celui qui arrivera le plus loin dans l’eau sans se vautrer. Je ne suis pas certain du gagnant, toujours est-il que nos yeux pas encore habitués à l’obscurité ne discernent pas vraiment les fameuses lucioles. Et puis ça y est, on trébuche et notre regard se retrouve au niveau de l’eau. Ni lui, ni moi, n’avions vu une chose pareille auparavant. Les étoiles qui manquent au firmament ce soir, on les retrouve tout autour de nous, qui scintillent autour de nos mains, et dans le roulis des vagues. A cette vue nous tentons de convaincre les filles de nous rejoindre. Elles daigneront tremper les pieds, mais c’est à peu près tout. Ben et moi on batifole en essayant d’attraper les fameux planctons, pour les montrer à l’autre. Malheureusement, ils ne semblent pas vraiment comprendre le sens de ce jeu, et s’éteignent dès qu’on croit les tenir. C’est pas grave, ce divertissement nous occupe pendant une dizaine de minute, tandis que les filles contiennent « difficilement » leur envie de nous rejoindre pour jouer avec nous, pour finalement y succomber et profiter du spectacle avec nous.
Le fameux plancton
C’est donc le baume au cœur que nous allons nous coucher après ce bain de minuit, plein d’espoir pour la journée du lendemain.

Et quelle journée ! Un seul mot pour la décrire : PLUIE. Voilà, la journée entière est expliquée en ce mot de 5 lettres. C’est, pour Sibylle et moi, la première grosse pluie du voyage et ça ne nous démoralise pas plus que ça. Mais quand on a 1 mois de vacances qu’on veut passer au soleil, comme c’est le cas pour Ben et Eli, une journée comme ça leur met le moral à zéro. Ils décident donc de repartir le lendemain matin pour une destination plus prometteuse.
Le club des 4
Le jour dit, et après s’être promis de se retrouver à Siem Reap pour visiter Angkor ensemble, nous les regardons s’éloigner sur la petite annexe du bateau de pêche. Le moteur est en panne et c’est donc 2 employés de l’hôtel qui les propulsent à la nage à l’assaut des rouleaux qui labourent la plage. La barque monte presque à la verticale à chaque vague, mais ils finissent par embarquer sains, saufs et presque secs avec leurs bagages.
Une traversée bien au sec
Quant à nous on commence à distinguer du ciel bleu et nous décidons de partir explorer les environs. Le village le plus proche se situe, comme je l’ai déjà dit, à 40 minutes de marche à travers la jungle. Nous voilà donc à suivre un sentier sinueux qui se transforme parfois en petit cours d’eau. Après environ 25 minutes, nous émergeons de la jungle pour découvrir des prairies, puis, nous arrivons enfin dans un minuscule village. On repère une école primaire, une maison qui sert de temple (on voit les longues robes oranges sécher au balcon) et quelques maisons. Une femme en train de préparer son déjeuner nous sourit et semble prise d’un léger fou rire en nous voyant nous approcher pour la prendre en photo. Après avoir fait le tour du patelin, nous faisons demi tour et retournons à l’hôtel.
Le sentier ruisseau
La prairie après la jungle
Un sourire local
Les moinillons en vadrouille
Bien qu’il ne pleuve pas trop, le vent s’est levé sur la plage et les palmiers nous le font savoir.
Sibylle bronze au soleil
Nous décidons de ne pas nous attarder et de quitter l’île le lendemain.
Dany nous prévient d’être prêt à 6h du matin, car il est possible que son bateau ne puisse pas venir nous chercher et nous devrons donc nous rendre jusqu’au village pour y prendre le bateau commun de 7h en direction du continent.
Nous préparons nos affaires, et passons une courte nuit, avant de nous réveiller pour prendre un café tandis que Dany nous confirme le besoin de nous rendre jusqu’au village.
Comme on discute on ne voit pas le temps passer, et Dany réalise soudain l’heure qu’il est. « Si on veut pouvoir attraper le bateau il va falloir courir » nous dit-il.
On entame donc le trajet au petit trot, tandis que Dany et l’un de ses employés portent nos gros sacs à dos. Une fois qu’on a pénétré dans la jungle je pense voir Dany ralentir, mais non, on continue à courir. La course et moi c’est pas vraiment l’amour fou, et pour Sibylle (qui n’aime déjà pas vraiment marcher) non plus. Du coup, on finit par adopter l’allure d’une marche rapide. On effectue le trajet de la veille en à peine 30 minutes, et on arrive à temps. D’une certaine manière, on est content d’avoir eu à nous rendre à nouveau au village, car on réalise qu’on n’en avait vu qu’une toute partie. En effet, le village s’étend jusqu’à la mer et le long d’un bras de mer qui devient une rivière.
Le village de pêcheurs
De nombreuses maisons de pêcheurs s’y alignent, nous donnant un aperçu de la vie locale. Alors que l’on attend le bateau dans une boutique le long du bras de mer, on nous explique qu’il faut nous rendre directement sur la plage, car la marée est trop basse pour que le bateau puisse venir à nous. Nous revoilà donc à nouveau au galop en direction de la plage. Depuis que le soleil s’est levé, un ciel bleu sans nuage nous surplombe et on commence à se demander si on n’aurait pas mieux fait de rester un jour de plus. Enfin, il est un peu tard pour se poser la question, d’autant plus que l’annexe du bateau arrive pour venir nous chercher. Une fois à bord, elle prend la direction du gros navire qui nous ramènera au continent. Mais, au bout de quelques centaines de mètres, le bateau fait demi tour, il semblerait qu’il ait oublié 3 personnes sur la plage. Alors que nous retournons au point de départ, Dany, qui était toujours là, nous demande sur le ton de la plaisanterie:
« Vous avez décidé de rester un jour de plus ? »
« Non, on dirait qu’on a oublié des passagers » lui répond-on.
Sibylle et moi échangeons un regard, allez, se dit-on, c’est vraiment trop con.
« Si on reste tu nous fais le même tarif ? »
« Bien sur »
C’est parti. On débarque nos sacs et on y retourne, mais cette fois-ci, à notre allure.
Cette journée qui a commencé si tôt on en profite à fond, d’autant que le soleil est là…
Lonely Beach quand tu nous tiens

Jusqu’au milieu de l’après midi, en tout cas. A partir de là, le vent se lève et les rouleaux qui s’écrasent sur la plage se font de plus en plus gros. Une famille d’Australiens doit arriver dans l’après midi, nous confie Dany. Vu l’état de la mer, on lui demande si il est déjà arrivé que son annexe chavire à cause des vagues. « Jamais », nous répond-il. « Mais on n’est pas à l’abri d’un accident ».
Peut-être aurions-nous mieux fait de nous taire.
La famille arrive enfin après 5h de bateau. L’annexe n’a toujours pas de moteur, c’est donc Dany et 3 employés qui s’en chargeront. La mère et la fille embarquent avec leurs bagages. La traversée risque d’être sportive vu la taille des vagues. Dany et son équipe propulse le bateau sur les vagues en tachant de le garder perpendiculaire au roulis. La première passe, puis vient la deuxième et la troisième. Les hommes perdent prise et le bateau commence à tourner dangereusement, arrive la quatrième vague, le bateau se trouve désormais complètement parallèle aux flots. Pas besoin d’être un génie pour savoir que la prochaine vague risque de faire du dégât. Ca y est le bateau est vertical, les femmes sautent à l’eau. Je trouve la scène assez cocasse, mais Sibylle me montre les valises qui flottent et s ‘éloignent rapidement  de l’annexe, la coque en l’air. Je ne rigole plus du tout. C’est une chose de tomber à l’eau, c’en est une autre d’avoir toutes ses affaires trempées sur une île où même mon maillot de bain n’a pas séché en 2 jours. Je cours à l’eau et me dirige vers les valises. Le temps que j’arrive, je récupère l’une d’elles que l’un des employés n’arrivait pas à soulever en dehors de l’eau et la pose sur ma tête. Je ne sais pas combien elle aurait du peser, mais après un bon bain d’eau de mer, elle faisait facilement le double. L’eau dégouline sur mon visage en un flot continu, et j’espère qu’il n’y avait pas d’affaires précieuses ou électroniques dedans.
Le reste des affaires seront acheminées plus tard dans des sacs waterproof, tandis que l’on traine l’annexe jusqu’à la plage pour la vider.
Lorsque l’on rencontrera officiellement la famille au diner, on réalisera que les parents prennent l’aventure avec beaucoup de philosophie, car rien d’important n’a été endommagé. Le fils quant à lui nous explique, non sans une pointe d’espièglerie que toutes ses affaires à lui sont sèches : en effet, sa valise a été perdue à l’aéroport ! Une vraie famille chanceuse quoi.
Cette fois-ci on repart le lendemain, car on ne peut plus rallonger : on doit rejoindre les autres à Angkor.
Le jour du départ, la mer est d’huile et le soleil promet de briller toute la journée. Et c’est donc sans souci que Dany et son équipe nous poussent jusqu’au bateau.

On quittera l’île avec un pincement au cœur car l’expérience d’une plage déserte coupée du monde (pas d’internet, ni de téléphone) restera inoubliable. Dany représente l’une des personnalités fortes de notre voyage, et son hôtel constitue à lui seul un incontournable du Cambodge.
Au revoir Dany, et merci de nous avoir permis de découvrir ton paradis.
Au revoir Dany

4 commentaires:

  1. Bien le bonjour !
    Je suis actuellement en train de préparer un Roadtrip, et je souhaite faire une étape à Koh Rong. Votre article sur l'île et votre hôtel m'ont vraiment emballé ! ;)
    Cependant, j'essaye de trouver où réserver au Lonely Beach mais impossible d'accéder au site de l'établissement ou de passer par un autre site comme TripAdvisor ou Booking. Comment avez-vous réservé votre bungalow ?
    Merci d'avance ! :)

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    1. Bonjour, nous avions appelé le numéro sur leur site internet. Effectivement le site ne fonctionne plus mais google donne ce numéro de tel, vous pouvez essayer +855 97 685 7840. Ce sera au choix son associé allemand (qui vit en Allemagne) ou bien Dany directement. Bon courage

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    2. Je viens de retrouver un numéro dans mes mail (il faut rajouter l'indicatif du cambodge) 081.34.34.57 ou 016.35.20.57

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