Rhaa les villes
coloniales… Elles ont ce petit plus, ce charme d’un ailleurs d’autrefois et
cette insolitude (je suis entrain de demander à l’académie de France de bien
vouloir homologuer ce nouveau mot qui, à mon sens, manque cruellement à la
langue française) du mélange des genres.
Colonisée par les
portugais, les hollandais, et les rosbifs, Mélaka confirme la règle exposée.
On croirait
presque en la création d’une petite ville typique européenne avec sa place de
l’église aux couleurs chaudes, où une fontaine aux allures andalouse et une
tour de l’horloge ont élu domicile, sa
vieille porte fortifiée, les fossiles d’une ancienne abbaye en haut de la
colline, et son canal sur les rives duquel s’impose une ballade romantique.
La place de l'église |
Sur les rives du canal à la tombée de la nuit |
Pour parfaire un
tel métissage, Mélaka accueille depuis moins d’un siècle une population
chinoise importante qui a bâti un joli petit quartier chinois avec notamment
des maisons aux façades stylisées et des temples très (trop) colorés, autour des vestiges européens.
Les petites maisons de Chinatown |
Comme à
l’accoutumée, nous partons en quête d’un toit pour la nuit.
La vieille ville
étant très prisée (elle constitue le Saint Tropez de la Malaisie), c’est cher.
Après une petite heure de recherches, nous trouvons notre bonheur pour une
somme tout à fait raisonnable.
Nous sommes au
dernier étage d’une grande maison, sous les toits.
On se croirait
dans une chambre de bonne parisienne ; C’en est romantique.
On s’extasie avant
d’écouter notre velux qui nous indique une luminosité déclinante ; Il est
temps d’aller dîner.
Comme conseillé
par notre hôte, nous nous dirigeons vers la rue principale où les stands de
nourriture et de souvenirs s’agglutinent. Sur ce chemin, nous découvrons le
moyen de transport romantique de Melaka.
Après la gondole
vénitienne, la calèche des tuileries et le vespa romain, voici le pousse-pousse
de Mélaka. A la base, c’est un pousse-pousse, soit un banal vélo à trois roues et
deux pédales (ou plus en fonction des bords des passagers) permettant de
tracter deux personnes, en plus du conducteur, assises à l’arrière.
Sauf que le
pousse-pousse de Melaka, il est rose bonbon, le dossier du banc passagers,
c’est trois énormes cœurs rose, derrière lesquels est fixée une énorme basse
qui divulgue en permanence du Lady Gaga, du Madona, du Rihanna et autres
chanteuses populaires, et le toit c’est un papillon géant.
La classe mondiale |
Et parce qu’il ne
faut pas que les sourds ratent ce spectacle, les pousses-pousses avaient
également misé sur le visuel : des lumières criardes d’un rose violacé, et
d’un vert fluo entouraient les cœurs.
Du Kitch dont seul
le sud asiatique a le secret.
Le chic du chic |
Comme prévu, nous
dînons sur le pouce dans la rue principale avant de retourner dans notre
chambre de bonne pour y attendre le marchand de sable.
Le marchand de
sable passa.
Plus tard le marchand
d’eau le suivit.
« - Flo, j’ai froid.
- - Dors t’as dû faire un cauchemar ».
5 minutes plus
tard.
« - Flo, t’as pas les pieds
trempés ?
- - Mais non, dors ».
Obéissante, je me
levais et tâtais la couette au niveau de mes jambes. Elle était trempée. Je
levais les yeux vers la charpente. Elle fuyait. Nous étions en pleine saison
des pluies, en plein milieu d’un orage.
Je réveillais le
chanceux à la place sèche pour qu’il profite lui aussi de mon malheur.
La décision fut
prise : on change la disposition des meubles de notre chambre et on place
le lit sous la partie sèche de la charpente.
Enervés par la
situation, nous avons hésité à placer le meuble télé sous la fuite, mais la
Malaisie étant aujourd’hui encore l’un de ces pays où la peine de mort est
appliquée, on se raisonne. On pèse le pour et le contre. Notre vie vaut-elle
une télévision ? Tout dépend de la télévision bien sûr. Celle-ci a un écran plat, elle est de grande
taille et la définition est bonne.
On sent notre vie
nous échapper. On se consulte. Finalement on a trouvé une solution. On épargne
la vie de notre télévision et la nôtre en laissant sur place notre fierté et
notre idée de vengeance.
Je sors de mon
baluchon mon sac de couchage, écarte la partie mouillée de la couette et
poirote là, à l’arrêt du marchand de sable.
Le lendemain, un
grand soleil avait remplacé la tempête. Je m’habille en conséquence :
léger débardeur et short très… short.
C'est parti pour la journée |
On pars au cœur
des ruelles de china town, visiter le musée de joaillerie chinoise qui est en
réalité la visite d’un maison d’un riche marchand chinois ayant fait fortune
dans la joaillerie, où sont exposées certaines de ses créations. La place
Vendôme est plus impressionnante je vous rassure…
Après la visite on
file déjeuner avant d’avoir l’idée du siècle : visiter la Mosquée de
Mélaka, située à environ 5 km du
centre-ville ; C’est une mosquée ultramoderne qui paraît flotter sur les
flots de l’Océan.
En fait c'est des feinteurs; ça flotte pas vraiment |
A l’entrée je me rends compte de ma bêtise du matin. En
tant que bonne chrétienne je m’étais habillée en Eve, alors qu’il aurait fallu
que je me déguise en boîte aux lettres.
Un contraste saisissant |
Flo entra dans
l’édifice tandis que moi, femme pervertie, avide de tous les pêchés, vecteur de
décadence, je l’attendais à ma place, sur le trottoir.
Pour plus de crédibilité, FLo fait son macho |
A son retour je
m’assurais qu’il n’avait pas eu de révélation., que je pourrais toujours être
court vêtue, me rendre au bureau de vote, crier mon avis qui par principe est
le bon et surtout, surtout, manger du saucisson et boire du vin rouge.
Mes peurs
écartées, nous nous dirigeons vers la vieille ville avant de nous poser sur les
rives du canal, chacun en tête à tête avec son bouquin.
Un environnement propices aux rêves |
Lorsque la nuit
nous vola notre tête à tête, je partais dans mes rêves. Des rêves
simples qui devaient se réaliser dès le lendemain. Mettre la robe civilisée
que j’avais achetée le jour même, se percher sur des talons et marcher sur des
trottoirs droits, et sans ordures. Singapour j’arrive !
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