Retournons
quelques secondes le sablier de notre vie et retrouvons ce grain de notre
passé…
Le
voilà !
Taillé
comme un cristal il nous fait revivre ces longues après-midi d’été sur la plage
où, armés de nos pelles, de nos râteaux et de nos seaux, nous édifiions la citadelle
imprenable. L’architecte en herbe que nous étions tous le temps des grandes
vacances, décidait de surélever le château, de le coiffer de grosses tours de
guets reliés entre elles par d’imposantes murailles crénelées. Pour être
certain qu’aucun ennemi n’y pénètre on édifie une nouvelle enceinte à
l’intérieur de la première. L’entrée se fera entre deux grosses tours plus
rapprochées que les autres. Ca y est le château
semble pouvoir se défendre.
Nous
fermions alors les yeux et imaginions
une vie à l’intérieur. Puis, la mer nous volait le théâtre de nos rêves.
Nous
volait ? Pas tout à fait ; elle nous le transportait sur d’autres
rives et ajoutait au fur et à mesures de son voyage d’autres grains à
l’édifice.
Ouvrez
les yeux à présent, vous êtes à Jaisalmer.
Citadelle de Jaisalmer |
C’est
bien lui, celui dont vous étiez le maître d’ouvrage mais en plus grand, et en
vivant : Des carrioles de fruits et légumes, des femmes aux tenues
colorées, des hommes coiffés d’un turban vif, des chiens, cochons et vaches se
croisent désormais dans les ruelles de la citadelle.
Espace entre les deux enceintes de la citadelle |
La
découverte de cet achèvement de nos rêves d’enfants se produisit un soir lorsque le rickshaw,
nous conduisit, sur nos ordres, à la guest house qui nous avait été conseillé
par un compagnon de voyage.
Nous
ne savions alors rien de la fameuse guest house ni de ce qu’était réellement
Jaisalmer de sorte que la vision de notre œuvre géante illuminée nous laissa sans
voix.
Ce
n’est qu’arrivés à notre auberge que nous avons réalisés que nous allions
dormir et vivre dans une forteresse où le quotidien n’est rien d’autre que la
vie des locaux. Chassez donc de votre tête l’assimilation à Carcassonne où au
Mont Saint Michel : ici les gens ne vivent pas du tourisme mais vivent
tout court.
Le
lendemain de cette découverte, nous partions explorer notre citadelle dans ses
moindres recoins pour nous la remémorer. Je ne me rappelai pas avoir dessiné
autant de ruelles mais bon, ma mémoire d’enfant me fait certainement défaut.
Aussi me bornerais-je simplement à vous faire la description de ce qu’elle et
non de ce que je croyais qu’elle était.
Havelie servant de résidence au Râja de Jaisalmer |
Les
chameliers et leurs montures se sont réunis ici, à Jaisalmer, pour défiler,
faire des courses, et jouer au polo dans
le désert en contrebas.
Nous
nous pressons pour voir ça. Les chameaux sont blingblingements vêtus (pompons
pendants, bracelets aux pattes, couvertures multicolores…) et nous offrent leur
spectacle de polo. En gros c’est comme du polo normal mais en mode ralenti. Ben
ouai t’as déjà vu un chameau pressé toi?
Le chic du chic |
C’est
lors de ce festival que nous faisions une merveilleuse rencontre : Celle
d’Evelyne et d’Hervé.
Parmi
les premières questions, celle de savoir combien de temps durait leur voyage.
Et là stupeur… « Il ne s’arrêtera
jamais » répondit Hervé. Et oui Evelyne et Hervé ont commencé leur
voyage il y a treize ans (à leur retraite) en quittant les cotes françaises à
bord de Papadjo, leur voilier, né des propres mains d’Hervé !
Ils
reviennent en France chaque année (par avion, parce que c’est plus rapide)
environ 4 ou 5 mois pour accueillir leurs enfants et petits enfants dans leur
maison du Tarn et Garonne.
Ils
rayonnent de bonheur, et c’est sincèrement que nous leur avons avoués que leur
vie nous faisait rêver. Oui, il ne sont pas de cette espèce qui « plaque
tout » pour voyager (où plutôt fuir) sans jamais rien bâtir et en oubliant
leur port d’attache. Ils sont tout l’opposé ; Ils voyagent pour partager
(avec les locaux mais également avec leur famille, en envoyant des récits de
voyages à leurs petits enfants) et pour apprendre.
C’est
donc avec très grand plaisir que nous avons partagé de nombreux instants avec
eux au cours desquels nous avons ressenti cette agréable chaleur familiale.
Evelyne et Hervé: Un couple qui respire le bonheur |
N’hésitez
pas à jeter un coup d’oeil à leur blog, leurs récits de voyage valent le
coup !
Après
le festival, direction le lac de Gadi Sagar à environ 1km de la citadelle. Ben oui, en sa qualité de désert qui fait rêver, il fallait bien une Oasis au Thar.
Celle-ci est de toute beauté ; d’une part parce que cette réserve d’eau
est propre (chose extrêmement rare en Inde) et d’autre part, parce qu’elle est
bordé des diverses construction - Grosse porte, gradins, tourelles lacustres, temples- couleur de miel.
Rives du lac de Gadi Sagar |
Nous
nous dirigeons ensuite pour aller dîner quand une vision, juste devant la
citadelle, nous terrorisa : Seb, le photographe, se tenait là, debout et nous regardait fixement.
- Si
vous comprenez le pourquoi de notre terreur, c’est que vous êtes de bons
élèves, constants et assidus. De beaux faux-culs quoi, de ceux qui lèvent la
main pour poser des questions inintéressantes ou qui vont voir le prof à
l’intercours.
- Si
vous ne comprenez pas le pourquoi de notre terreur c’est que vous êtes des cancres
du même niveau que je l’étais moi même, à qui je me bornerai simplement à énoncer, telle
une chargée de TD criant la bouche en cul de poule, « Référez vous à l’article sur Udaipur ».
Bref.
Alors Seb c’est le photographe que nous avons rencontré à Udaipur et qui ne
prend en cliché que l’extrême misère de sorte que si son objectif se dirige sur
vous c’est que votre heure est quasiment venue.
Il
propose qu’on se fasse un dîner tout les trois. De peur qu’il nous sanctionne
de son flash, nous nous exécutons. (En vrai et pour ceux qui n’ont pas de
second degré, ca nous a fait super plaisir de retrouver ce jeune baroudeur qui
nous a fait profiter de ses magnifiques clichés).
Mais
le lendemain matin, nous nous hâtions de
quitter discrètement la citadelle, pour
semer ce Joe Black français… En espérant que le dicton « Jamais deux sans
trois » ne se réalise pas.
Ma Sibylle je me balade sur ton site, qui est juste extraordinaire !!! Je n'en reviens pas que tu fasses (et que tu aies le temps de faire) tout cela !! C'est à la fois drôle, intéressant, et plein d'esprit !! Moi qui rêve d'aller en Inde, je voyage un peu à travers ta poésie et tes belles images...
RépondreSupprimerLe Népal me tente beaucoup aussi, j'irai donc suivre vos belles péripéties !!
Portez-vous bien les amoureux !! Un bisou d'ailleurs... de Paris en fait !!
Cath
Ton commentaire me fait super plaisir!!Au final c'est super agréable de faire des récits sur notre voyage et je n'ai pas l'impression que ça nous prenne tant de temps (peut être parce qu'on aime bien ca...). J'espère que pour vous deux tout va bien. Gros bisous à vous.
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