Il
est 5h30 du matin et on vient d’arriver à Bundi. Encore une fois on a pris le
bus de nuit avec des vrais lits. Mais on se demande franchement à quoi bon, puisque
vu l’état de la route et de la suspension on passe notre temps à sauter en
l’air. Enfin le gros avantage de ces bus c’est qu’ils ne partent jamais après
22h, comme ça on est sûr d’arriver entre 4 et 5h. Heure à laquelle personne
n’est levé (il faut attendre 6 voire 7h).
C’est donc dans une ville encore endormie et sans guest house réservée
que nous atterrissons avant l’aube. Les villes indiennes ont toujours un
curieux aspect à cette heure là, personne ne circule, ne klaxonne ni ne crache
par terre. Les vaches sont couchées ainsi que les chèvres et les chiens. Le peu
de lumière publique donne une allure fantomatique aux immeubles qui se
découpent sur le ciel de la nuit.
Les
villes avant l’aube me paraissent toujours plus vilaines qu’elles le sont en
réalité, et Bundi ne fait pas exception. Je ne me rends pas vraiment compte des
massives portes que nous franchissons, ni ne distingue l’imposant fort qui
surplombe la ville.
C’est
après avoir dégusté un Tchae (thé au lait) rassérénant que nous partons en
quête d’un toit pour la nuit.
Nous
finissons par trouver une chambre d’hôte sympathique tenue par une charmante
famille et dont les autres clients sont tous français. Après avoir fait connaissance,
Léa nous explique qu’elle passe régulièrement quelques mois par an chez ces
gens, qu’elle considère comme « sa famille indienne ». Sa mère
Brigitte, était venue de France pour les rencontrer et avait ramené tout un tas
de bonnes choses dans ses valises : Sauciflard, Comté, foie gras, vin rouge et même du pain
pour faire découvrir notre fine gastronomie à cette famille. Autant vous dire
que nous nous sommes joints à eux pour le diner avec un plaisir non dissimulé.
Nos hôtes, quant à eux, avaient préparé du poisson frais à l’indienne ;
c’était la première fois que j’en voyais en Inde et bien que très bon, je n’en
mangeais qu’une infime portion pour me gaver des merveilles ramenées par
Brigitte. Mais faut me comprendre, la transition de carnivore invétéré à
végétarien forcé n’a pas été si évidente. Je me sentais si faible… Et puis ça
n’a pas eu l’air de déplaire à Sibylle non plus, alors…
Le
lendemain, guidés par Léa, nous avons loués des vélos pour aller faire un grand
tour dans les environs et nous rendre dans un village de potiers. A seulement
8km selon les locaux on en a quand même pour 45min en pédalant bien, (du coup
je comprends un peu mieux pourquoi un bus met 7h pour faire 300km). Les
paysages que l’on traverse sont magnifiques, très verts, ce qui nous change
agréablement. Pour le peu qu’on avait pu en voir, la nature indienne n’était
pas franchement attirante, trop polluée, trop sèche… Mais pas là, si on fait
abstraction des klaxons à chaque fois qu’un véhicule te double ou te croise, on
ressent presque une sorte de sérénité.
Tout
à coup, alors que je m’arrêtais sur le bord de la route pour attendre les
retardataires, voilà qu’une dizaine de femmes au travail dans un champ me font
des grands signes. « Viens par là beau gosse » que je comprends. « Viens
donc nous prendre en photos » que j’entends, voilà que je parle leur
langue (celle des signes quoi). Et alors c’est parti pour 15minutes de shooting
photo, et vas-y que t’as oublié de prendre celle là, et prends en une avec moi,
pis avec elle. Tiens prends ma cuve et met la sur ta tête, et puis n’oublie pas
le Padre. Enfin voilà on se marre bien, et c’est des moments comme ça qui nous font
savourer le voyage, Sibylle, elle, m’a rejoint. Mais les autres ont été trop
intimidés et ont continué leur route jusqu’au village quelques minutes plus
loin tant pis pour eux. Pas grand chose à y faire, d’ailleurs dans ce village,
mais bon il est typique, les gens n’y voit pas si souvent des touristes, donc
on fait un tour on prends des photos, et on repart pour arriver avant la tombée
de la nuit en ville.
Des mannequins en plein shooting photo |
Une tentative de porter un bac sur la tête |
les biddies ca pique! |
Le padre et la mama |
Une maison du village |
Le
lendemain, et après avoir redégusté un de ces merveilleux Lassi, nous nous
rendons vers le fort. L’appareil photo caché dans le sac à dos (comme d’hab
sinon on doit payer presque 2 fois le prix) on entre… Et pour la première fois
depuis notre arrivée au Rajasthan, on se demande pourquoi on vient de payer 200
roupies. C’est le premier fort, sur lequel le temps semble avoir eu de l’effet.
Il paraît complètement délaissé, vide. C’est d’ailleurs ce qui fait son charme.
Au lieu du palais rutilant auquel nous nous attendions, nous nous trouvons au
cœur d’une époque révolue, autrefois glorieux, il ne reste que ces murs et
pièces vides. C’est très prenant, il est moins massif, mais pas moins
impressionnant que d’habitude, il y a un
quelque chose en plus dans ce palais à flanc de falaise qui me fascine. Bien sur ce serait plus facile de
se concentrer si ce fichu garde arrêtait de tourner en rond pour vérifier que
l’on n’utilise pas notre appareil photo… Ah oui, n’oublions pas non plus les différents
habitants du palais, les singes, qu’il nous faut éloigner à grands coups de
bâton dissuasifs, et les écureuils qui sont quasiment apprivoisés et qui
viennent manger dans la main. Trop mignons !
Un habitant du palais |
Vue du fort depuis le lac |
Pour
commencer, on arrive à la gare où le train affiché à notre horaire ne porte pas
le même numéro que sur notre billet, et lorsque nous demandons à un Bureau
d’information, et qu’il vérifie sur les listes de passagers nos places, il ne
trouve qu’une certaine Jessica et un Benoit. On a beau leur dire que ce n’est
pas nous, il ne nous croit pas car ce sont des noms européens, et donc il
insiste lourdement « Si si c’est vous parce qu’il y a écrit Jessica et
Benoît »… Evidemment ça a le don de nous énerver, on n’aime pas les trucs
pas clairs, et en Inde il y en a beaucoup et ça commence à nous taper sur le
système.
Enfin
le train arrive, à l’heure ou il devait partir, avec un autre numéro marqué
dessus (ca fait donc 3 trucs différents), on redemande, et on monte dedans. On
trouve nos places que l’on bloque rapidement tout en obligeant les indiens qui
n’ont pas de billets à se trouver d’autres places (Ben ouai j’ai beau être
blanc, je suis pas l’Abbé Pierre). Ca fait marrer nos voisins, une bande de
jeunes sympathiques mais qui vont papoter toute la nuit et finalement nous
empêcher de bien dormir.
Le train en sleeper class |
« Ehhh
les gars, elle est où la poubelle pour déposer notre plateau
repas ? ». « Donne les moi » répond l’un de nos
sympathiques voisins, et paf le plateau repas, par la fenêtre.
Sibylle
et moi, on regarde morts de rire. Le rire se propage : Nos voisins sont
morts de rire sur le fait qu’on rie pour leur système d’évacuation des ordures.
Nous
venions de résoudre plusieurs énigmes en même temps : le pourquoi de
l’absence de poubelles dans les wagons et le pourquoi les rails sont pires que
des dépotoirs.
Le train à perte de vue |
Juste
avant de m’endormir, je me dis que tout de même il est remarquable, pour un train
qui semble tout droit sorti d’un gros Kinder Surprise et monté sans mode d’emploi
par un enfant trop impatient, qu’il roule encore.
Et
pour rouler, il roule, 1000km et 24h plus tard, bienvenue à Vârânasî.
Stylé ! Varanasi, j'attends avec impatience l'article. Une des meilleurs villes d'Inde !
RépondreSupprimervivement la suite et attention au mal de l'air
RépondreSupprimerSalut a vous,
RépondreSupprimerJsurfais sur le net et d'un coup j'ai pense a votre blog, que je n'etais pas allez voir depuis qu'on s'etait quitte a Bundi.
Et bah franchement je suis pas decu, Lea vous remercie pour la dedicasse, l'evocation du saucisson et du pinard m'a mis l'eau a la bouche..il faut qu'on fasse revenir Brigitte au plus vite!!
Franchement continuez vos recits sont plutot marrant et interressant, jrepasserais voir de temps en temps...
Apparement vous avez une longueur d'avance, nous on est encore a Benares, on part dans quelques jours pour Kathmandu, trippez bien en tout cas et peut-etre a un de ces 4!
Al et Lea.
Coucou à vous, votre commentaire nous a fait hyper plaisir. On est actuellement à Pokhara au Népal et on sera à Katmandou à partir de demain soir. Si vous y êtes ca serait cool de se voir. Bisous à vous deux. Flo et Sibylle
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