mercredi 1 octobre 2014

Mélaka : le romantisme hello Kitty


Rhaa les villes coloniales… Elles ont ce petit plus, ce charme d’un ailleurs d’autrefois et cette insolitude (je suis entrain de demander à l’académie de France de bien vouloir homologuer ce nouveau mot qui, à mon sens, manque cruellement à la langue française) du mélange des genres.

Colonisée par les portugais, les hollandais, et les rosbifs, Mélaka confirme la règle exposée.
On croirait presque en la création d’une petite ville typique européenne avec sa place de l’église aux couleurs chaudes, où une fontaine aux allures andalouse et une tour de l’horloge ont élu domicile,  sa vieille porte fortifiée, les fossiles d’une ancienne abbaye en haut de la colline, et son canal sur les rives duquel s’impose une ballade romantique.
La place de l'église
Sur les rives du canal à la tombée de la nuit
Pour parfaire un tel métissage, Mélaka accueille depuis moins d’un siècle une population chinoise importante qui a bâti un joli petit quartier chinois avec notamment des maisons aux façades stylisées et des temples très (trop) colorés,  autour des vestiges européens.

Les petites maisons de Chinatown
Comme à l’accoutumée, nous partons en quête d’un toit pour la nuit.
La vieille ville étant très prisée (elle constitue le Saint Tropez de la Malaisie), c’est cher. Après une petite heure de recherches, nous trouvons notre bonheur pour une somme tout à fait raisonnable.
Nous sommes au dernier étage d’une grande maison, sous les toits.
On se croirait dans une chambre de bonne parisienne ; C’en est romantique.
On s’extasie avant d’écouter notre velux qui nous indique une luminosité déclinante ; Il est temps d’aller dîner.

Comme conseillé par notre hôte, nous nous dirigeons vers la rue principale où les stands de nourriture et de souvenirs s’agglutinent. Sur ce chemin, nous découvrons le moyen de transport romantique de Melaka.

Après la gondole vénitienne, la calèche des tuileries et le vespa romain, voici le pousse-pousse de Mélaka. A la base, c’est un pousse-pousse, soit un banal vélo à trois roues et deux pédales (ou plus en fonction des bords des passagers) permettant de tracter deux personnes, en plus du conducteur, assises à l’arrière.
Sauf que le pousse-pousse de Melaka, il est rose bonbon, le dossier du banc passagers, c’est trois énormes cœurs rose, derrière lesquels est fixée une énorme basse qui divulgue en permanence du Lady Gaga, du Madona, du Rihanna et autres chanteuses populaires, et le toit c’est un papillon géant.

La classe mondiale
Et parce qu’il ne faut pas que les sourds ratent ce spectacle, les pousses-pousses avaient également misé sur le visuel : des lumières criardes d’un rose violacé, et d’un vert fluo entouraient les cœurs.
Du Kitch dont seul le sud asiatique a le secret.

Le chic du chic
Comme prévu, nous dînons sur le pouce dans la rue principale avant de retourner dans notre chambre de bonne pour y attendre le marchand de sable.
Le marchand de sable passa.
Plus tard le marchand d’eau le suivit.

    « - Flo, j’ai froid.
-                    - Dors t’as dû faire un cauchemar ».

5 minutes plus tard.

    « - Flo, t’as pas les pieds trempés ?
-                     - Mais non, dors ».

Obéissante, je me levais et tâtais la couette au niveau de mes jambes. Elle était trempée. Je levais les yeux vers la charpente. Elle fuyait. Nous étions en pleine saison des pluies, en plein milieu d’un orage.
Je réveillais le chanceux à la place sèche pour qu’il profite lui aussi de mon malheur.

La décision fut prise : on change la disposition des meubles de notre chambre et on place le lit sous la partie sèche de la charpente.
Enervés par la situation, nous avons hésité à placer le meuble télé sous la fuite, mais la Malaisie étant aujourd’hui encore l’un de ces pays où la peine de mort est appliquée, on se raisonne. On pèse le pour et le contre. Notre vie vaut-elle une télévision ? Tout dépend de la télévision bien sûr.  Celle-ci a un écran plat, elle est de grande taille et la définition est bonne.
On sent notre vie nous échapper. On se consulte. Finalement on a trouvé une solution. On épargne la vie de notre télévision et la nôtre en laissant sur place notre fierté et notre idée de vengeance.

Je sors de mon baluchon mon sac de couchage, écarte la partie mouillée de la couette et poirote là, à l’arrêt du marchand de sable.

Le lendemain, un grand soleil avait remplacé la tempête. Je m’habille en conséquence : léger débardeur et short très… short.

C'est parti pour la journée
On pars au cœur des ruelles de china town, visiter le musée de joaillerie chinoise qui est en réalité la visite d’un maison d’un riche marchand chinois ayant fait fortune dans la joaillerie, où sont exposées certaines de ses créations. La place Vendôme est plus impressionnante je vous rassure…

Après la visite on file déjeuner avant d’avoir l’idée du siècle : visiter la Mosquée de Mélaka,  située à environ 5 km du centre-ville ; C’est une mosquée ultramoderne qui paraît flotter sur les flots de l’Océan.

En fait c'est des feinteurs; ça flotte pas vraiment
A l’entrée  je me rends compte de ma bêtise du matin. En tant que bonne chrétienne je m’étais habillée en Eve, alors qu’il aurait fallu que je me déguise en boîte aux lettres.

Un contraste saisissant
Flo entra dans l’édifice tandis que moi, femme pervertie, avide de tous les pêchés, vecteur de décadence, je l’attendais à ma place, sur le trottoir.

Pour plus de crédibilité, FLo fait son macho 
A son retour je m’assurais qu’il n’avait pas eu de révélation., que je pourrais toujours être court vêtue, me rendre au bureau de vote, crier mon avis qui par principe est le bon et surtout, surtout, manger du saucisson et boire du vin rouge. 

Mes peurs écartées, nous nous dirigeons vers la vieille ville avant de nous poser sur les rives du canal, chacun en tête à tête avec son bouquin.

Un environnement propices aux rêves
Lorsque la nuit nous vola notre tête à tête, je partais dans mes rêves. Des rêves simples qui devaient se réaliser dès le lendemain. Mettre la robe civilisée que j’avais achetée le jour même, se percher sur des talons et marcher sur des trottoirs droits, et sans ordures. Singapour j’arrive !



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