jeudi 23 octobre 2014

Xian 西 安 : Quand on fait ce que l’on doit

Nous voilà arrivés à Xi’an. Certainement l’une des étapes les plus attendues de notre séjour en Chine. En effet, si l’on connaît l’Empire du milieu pour sa Grande Muraille, difficile d’omettre l’armée de soldats en terre cuite de Xi’an. Près de 6000 soldats, tous différents et à taille réelle furent ensevelis avec l’Empereur Qin il y a plus de 2000 ans pour lui faciliter son passage dans l’au delà. On a déjà vu plein de photos, mais c’est avec une farouche impatience que l’on attendait de déambuler au milieu de cette armée ensevelie avant J-C et redécouverte il y a seulement une 30aine d’années.
Nous prévoyons d’y passer 2-3 jours. Le site, qui accueille de centaines de milliers de Chinois chaque année, se situe hors de la ville. Mais nous avions tout de même regardé sur internet les différentes auberges de jeunesse de la ville. Malheureusement, la popularité de ces soldats est telle, que les tarifs sont exorbitants. Nous finissons par opter pour la solution la plus économique : un appart’hotel à quelques minutes du centre ville. 

Nous arrivons à la gare routière avec un retard tout à fait honorable de 3h. Il est 1h du matin, et compte tenu de la taille de la ville, il est hors de question de se rendre jusqu’à notre logement à pied. Nous prenons donc un taxi et lui montrons l’adresse en chinois. Il est d’accord. Après 30 minutes de trajet, il nous dépose en nous indiquant un gros immeuble sur le trottoir d’en face. La rue est déserte, mais nous trouvons tout de même 2 gardiens en service en bas de l’immeuble. Nous leur montrons à nouveau l’adresse, et ils nous font comprendre que nous devons continuer notre chemin. Nous marchons donc 5 minutes en montrant régulièrement l’adresse. Nous discernons enfin une grande tour qui aurait tout à fait sa place à Sarcelles, ou toute autre banlieue pourrie de la région parisienne. Alors que nous approchons de cet ignoble immeuble que les quelques couche-tard encore debout nous ont indiqués comme étant notre destination finale, une femme accourt vers nous en nous tendant sa carte de visite. Elle ne parle pas un mot d’anglais mais sa carte de visite, elle, arbore le même numéro de téléphone que sur notre réservation. Ce doit être ça, et nous la suivons. Nous avions indiqué que nous arriverions vers 23h, elle a du nous attendre toute la soirée sur le trottoir…
L'immeuble en question, ça donne envie hein?
L'adorable entrée de notre immeuble
Elle nous guide jusqu’à un ascenseur piteux, puis à travers un dédale de couloirs sales et mal entretenus jusqu’à son appartement. Nous comprenons alors le terme « Appart’hotel » en Chine. Comme son habitation était trop grande pour elle, elle (et beaucoup d’autres dans l’immeuble) a décidé de louer des chambres aux touristes. Nous avons de la chance, car notre chambre ferme à clé et est bien plus propre que le reste de l’immeuble. Mais l’ambiance qui nous entoure est un peu glauque. Nous irons visiter les « Terra Cotta warriors » dès le lendemain.
Nous prenons l’un des nombreux bus qui s’y rendent directement et arrivons une petite heure plus tard. A la sortie du bus, nous faisons la rencontre de Juergen et Georgina, un couple anglais de voyageurs au long cours. La différence notable entre leur voyage et le nôtre, c’est le budget, et les destinations. Ils ont ainsi commencé par le Japon, puis, pour ne pas se gâcher le reste de l’Asie (le Japon étant tellement parfait), ont décidé de faire l’Afrique, puis l’Asie Centrale avant de revenir en Mongolie puis en Chine pour visiter l’Extrême-Orient. Ce genre de caprice onéreux était inenvisageable pour nous, mais leur voyage faisait vraiment rêver. Comme on ne sait pas vraiment où aller, et eux non plus, on décide de rester ensemble. On trouve enfin l’entrée de cet immense complexe touristique. On paye notre ticket en grinçant des dents (20 euros par personne ça fait mal), puis on se dirige vers la première fosse (pit). Georgina, qui a lu plus d’informations que nous sur le sujet, nous indique qu’il vaut mieux faire le parcours à l’envers, en commençant par le « pit » n°3, puis le 2 et finir par le premier. Nous n’émettons pas d’objections, et débutons la visite… 
Nous retenons notre souffle, le moment tant attendu est là. Nous allons enfin pénétrer dans « le poste de commandement » de l’armée. Nous parcourons les quelques mètres qui nous séparent du bord de la fosse, et, enfin, nous les voyons… Le moment est émouvant. Oui, nous les voyons, ces centaines de Chinois entassés sur la balustrade.
 Nous jouons des coudes et parvenons au bord, où la vue est étonnante : il n’y a pas (ou presque) de soldats. Nous n’en revenons pas, bien que ce soit le « pit » le moins impressionnant, nous ne nous attendions pas à ne rien voir. Les quelques soldats encore présents, sont pour la plupart à moitié détruits, ou encore enterrés. Quelle déception !
Le pit n°1...Super
Nous faisons rapidement le tour de la fosse, puis nous dirigeons vers le pit n°2. Là encore ce qu’il reste de l’armée est décevant, bien que l’on distingue un peu plus de détails, et quelques soldats encore debout. Nous contournons, puis arrivons dans un espace aménagé en musée, où certains éléments caractéristiques et particulièrement bien conservés ont été remontés des fosses et sont désormais sous verre. On y verra l’un des rares (si ce n’est l’unique) archers « un genou à terre » ou un quadrige et quelques unes des rares armes qui n’avaient pas été pillées des siècles auparavant.

La surprenante fosse 2 ... vide

L'archer en question
Et le quadrige
Je retiens également une belle lame d’épée, qui contient des traces de chrome, garantissant une plus grande durabilité, technologie soi-disant inventée au 20e siècle par les Américains, mais qui serait apparue en Chine 2200 ans plus tôt !

L'épée du futur !
Bref, une fosse un peu moins décevante, mais toujours pas à la hauteur de nos attentes. Nous passons enfin à la dernière et censée être la plus impressionnante car abritant près de 6000 soldats.
Si nous avions trouvé oppressante la visite des 2 dernières fosses à cause du nombre de touristes Chinois, ce dernier pit est à un autre niveau. 2 à 3 fois plus grands que les autres, il y a 10x plus de monde. On se croirait dans la queue d’une attraction phare d’Eurodisney. Il nous faut jouer des coudes et attendre de longues minutes afin d’atteindre la balustrade et son point de vue sur l’armée. D’ici, la vue est plus impressionnante, mais tout de même pas ce que l’on espérait.

Le fameux pit 3, impressionnant, sans plus...
Un détail des soldats
 On croyait pouvoir déambuler au milieu des rangées de soldats, leur taper dans le dos et leur faire la bise, mais tout ce qu’on a le droit de faire c’est contourner une immense fosse où il manque près de la moitié des soldats qui sont, soit en rénovation, soit en exposition dans les plus grands musées du monde. Avec la foule on perd nos anglais, et on continue donc le tour de la fosse tout seul.


Quand nous sortons, nous sommes carrément désappointés. Voilà donc l’armée de Terra Cota complètement démystifiée. On décide de trouver la sortie, et on remarque alors que Juergen et Georgina nous ont attendus dehors. Sympa !
On va les retrouver, eux aussi sont déçus (et franchement qui ne le serait pas ?), et on rentre à Xi’an tous ensemble avant de faire une pause dans nos « hôtels » respectifs et se donner rendez-vous pour diner le soir même en centre ville.


La bell tower
Le meeting point est sous la tour de la cloche pour aller diner dans le quartier musulman. Le quartier en question s’articule autour d’une mosquée cachée par un dédale de petites ruelles, elles-mêmes infestées d’innombrables échoppes de souvenirs et de bouffe de tout style. Entre autre, on y trouve des dizaines de magasins de nougat fait sur place avec tout un cérémonial destiné à attirer le badaud, comme nous. Du coup me voilà en train de frapper avec une grosse masse en bois sur du nougat aux cacahouètes. En guise de diner, on se contentera d’un genre de muffin fourré de viande d’agneau (ou bien de chien, tout est possible ici), et d’errer pendant quelques heures dans ce sympathique quartier, rempli jusqu’à la gueule de tous les chinois de l’après midi. Ces touristes…
Du travail, encore du travail !
Un stand du quartier musulman

Après cette agréable soirée, nous reprenons rendez-vous avec nos anglais pour le lendemain, afin d’aller visiter une maison traditionnelle dans le quartier musulman ainsi que la mosquée.

13h05, on est presque à l’heure, à peine 5 minutes de retard. Alors qu’on se félicite de cet exploit, on remarque nos nouveaux amis qui, en bons anglais, sont eux parfaitement à l’heure. Tant pis, on aura donné tout ce qu’on avait.
Notre joyeuse bande se dirige à nouveau vers le quartier musulman, Juergen et moi 100m devant nos bavardes compagnes. Enfin nous arrivons devant la fameuse « Xi’an folk house » que nous souhaitons visiter. Nous, les garçons, nous asseyons pour attendre nos douces âmes sœurs qui flânent gracieusement jusqu’à nous. On peut enfin entrer et payer. On opte pour la formule tout compris : visite de la maison, spectacle de jeu d’ombres et dégustation de thé.
Comme on a déjà vu la qualité exceptionnelle des ombres chinoises à Chengdu, Sibylle et moi sommes pressés de faire découvrir ça à nos amis. Le spectacle commence presque immédiatement, dans une petite salle d’une vingtaine de places. Mais ça n’a rien à voir avec des ombres chinoises, il s’agit d’un spectacle de marionnettes dont on ne voit que les ombres, et qui raconte visiblement des histoires très drôles… en chinois. Nous on ne comprend rien. Les marionnettes ne sont pas particulièrement belles, ni même sophistiquées, et le spectacle prend rapidement l’allure d’un calvaire. Comme l’idée de faire le spectacle et de visiter la maison venait de nous, on se sent un peu con. Mais la suite de la visite devrait s’avérer plus intéressante. Du moins on l’espère.
Après 20 minutes de cris aigus et de gesticulations difficiles, le supplice s’arrête enfin et l’on commence la visite.

Les fameuses marionnettes
Là encore, quelle déception, nous qui avions été enchantés par les sublimes maisons traditionnelles du Yunnan, nous voilà face à une maison sans intérêt, mal ou pas rénovée. Les pièces sont vides, ou abritent des collections affreuses d’artistes méconnus, etc… On en vient même à s ‘excuser auprès de nos amis de leur imposer cette visite. Mais comme eux n’ont pas encore vu le Yunnan, la maison semble leur plaire, et ils nous assurent que nos excuses sont sans raison. Après cette visite, il nous reste tout de même la cérémonie du thé. Difficile que ce soit raté. Et en effet, c’est plutôt réussi. Comme à Jianshui où j’avais acheté une petite théière après une dégustation, nous assistons à une cérémonie en bonne et due forme. Petit plus : la jeune femme qui nous sert parle anglais et les thés que nous dégustons sont délicieux. Je sens encore le goût du thé au lychee sur mes papilles. Une vraie merveille.
En plein dégustation
Au moins ça, ç’aura été réussi. C’est déjà ça. 
Nous voilà en chemin, dans l’ordre habituel, les garçons devant, les filles derrière, vers la Mosquée. Après nous être perdus 1 ou 2 fois, nous arrivons enfin devant. Elle est bien cachée par d’autres maisons mais on reconnaît le croissant de lune qui la symbolise. Elle n’a rien d’une mosquée comme on imagine, on dirait plutôt un temple Chinois, avec ses toits qui rebiquent et tout le tintouin. On s’approche pour entrer, les filles devant cette fois-ci. Quelle erreur, elles avaient pas du réfléchir ce matin car elles sont toutes les 2 en débardeurs et mini short. Pas exactement la tenue idéale pour visiter une mosquée… Comme elles n’ont rien pour se couvrir, elles font demi-tour, et Juergen et moi décidons d’aller quand même y jeter un coup d’œil. C’est sur que nous on rentre !
Et bien non, nous non plus on a pas du réfléchir en nous habillant, on est tous les 2 en shorts et tongs, du coup on nous refoule également… Décidément, quelle réussite cette journée.

L'entrée infranchissable de la Mosquée

Une photo volée de l'intérieur de la mosquée

En fin de compte, et en désespoir de cause, on passe le reste de la journée à errer sans but dans les rues de la ville, et pour finir on va boire une bière dans leur hôtel. 
Après avoir échangé emails et facebook, on rentre dans nos pénates pour nous préparer au trajet du lendemain, direction : Pingyao.

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