mercredi 8 octobre 2014

YuanYang 元阳县: La tête dans les nuages

C’est, comme toujours, en bus que nous nous rendons dans la région de YuanYang pour y découvrir ses fabuleuses rizières classées au patrimoine mondial de l ‘Unesco. Et c’est encore une fois dans ce moyen de transport magique que nous faisons la rencontre de Xiao Hu et son copain Ta Zang, ainsi que de Yi Shandong. 
En arrivant dans la gare des bus de Xinjie, à 45 minutes de notre destination finale Duoyishu, ces 3 sympathiques chinois qui avaient repérés en nous le touriste perdu, viennent donc à notre rencontre afin de nous faire monter dans le mini van qui les attends. En effet, eux aussi se rendent à Duoyishu et ils ont commandé un pick-up à la gare des bus qu’ils nous proposent de partager. Nous acceptons immédiatement leur offre, d’autant que, n’ayant pas résaervé d’hôtel, nous ne savions pas exactement où nous diriger. La conductrice du van nous indique que les 3 chinois se rendent dans la guesthouse de son frère et nous propose une chambre avec vue sur les rivières pour un tarif très attractif que nous acceptons sans même essayer de négocier (voyez-vous ça).

Du riz dans les nuages

Il ne fait pas très beau et les nuages sont bas sur le trajet qui nous mène jusqu’à la guesthouse. Tant mieux ! Au détour d’un virage en épingle, nous apercevons brièvement les rizières qui s’étendent à perte de vue. Quelques mètres plus loin la voiture s’arrête : « Photo time ». Une passerelle en bois en bord de route nous permet d’admirer le paysage. C’est l’émerveillement, les rizières en terrasse s’étalent à perte de vue, parfois si minces qu’on les prendrait pour un escalier aux marches trop étroites pour y poser les pieds. Et, au dessous de nous, un gros nuage qui grimpe les escaliers. En quelques instants le paysage se transforme et disparaît sous une masse blanche. Nous repartons. Un peu plus loin, un autre point de vue, similaire, mais si différent où nous prenons une photo tous ensemble.
La bande au soleil
Une fois arrivés à l’hôtel, nous nous installons au dernier étage, dans une chambre simple mais tout à fait confortable. A peine avons nous posé nos bagages que nous apercevons la vue sur les rizières à travers notre fenêtre. Pour mieux voir nous sortons sur la terrasse en retenant notre souffle. C’est sublime, les nuages se déplacent sur le riz encore vert et rend aérien tout le paysage. Quelle vue époustouflante !
Les nuages montent les escaliers
Nous redescendons et croisons les 3 chinois, qui, comme nous meurent de faim (il est 16h et on n’a toujours pas déjeuné). Alors que nous comptions aller nous promener pour trouver un restaurant, ils nous proposent de se joindre à eux car ils ont commandé à diner à notre hôte. Je regarde Sibylle, qui regarde le frigo où est entreposé la nourriture. Ce qu’elle y voit n’a pas vraiment l’air de l’enchanter, moi non plus d’ailleurs, mais l’opportunité ne risque pas de représenter de sitôt. Du coup, on accepte l’invitation. En fait, les occasions de partager un repas avec des locaux est si rare que l’on ne veut pas passer à côté. Les traiter de locaux est un peu comme dire d’un Belge ou d’un Suisse en voyage à Paris qu’il est parisien, mais bon ça peut quand même être sympa. En attendant que le dîner se prépare, nous faisons un peu plus amplement connaissance avec ceux qui partageront l’intégralité de leur expérience à Yuan Yang avec nous. Nous avons donc Xiao Hu (la fille du groupe) et son copain Da Zang (prononcez Tarzan), tout deux étudiants à Hebei, ainsi que Yi Shan Dong, médecin militaire cardiologue à GuangZhou (Canton pour les moins sinoïsants d’entre vous). Shan Dong parle parfaitement anglais ce qui facilite grandement la communication dans un pays où presque personne n’articule le moindre mot de la langue de Shakespeare. Le déjeuner/dîner arrive enfin, Notre appréhension quant à la qualité de la nourriture, s’effondre petit à petit à mesure que les plats arrivent sur la table. Tout a l’air délicieux. Sibylle apprécie particulièrement le plat de champignons des montagnes. Quant à moi, je m’occupe de vider les plats de viandes ou de légumes. 
Petite balade digestive
Après ce repas, nos 3 nouveaux amis nous proposent d’aller faire un tour pour découvrir les rizières. Après quelques minutes de marche nous arrivons au point de vue du village qui là encore comble nos espérances.
Quelle vue, quel travail ! C'est beau
La grand-place du village, la vue sur les rizières est dans le dos !
Puis nous découvrons un petit sentier qui mènent droit dans les rizières. Si la vue de loin est majestueuse, c’est en se rapprochant que l’on peut réellement admirer le travail formidable accompli par les Hani, la minorité qui a terrassé et modifié la montagne pour un faire un espace de culture. On longe donc un minuscule canal qui irrigue les étages de part et d’autre du sentier tout en gardant le niveau d’eau constant dans les cultures. 
Pour ceux qui se demandent, ce n'est pas du blé mais bien du riz
La précision et la perfection de cet exploit est admirable. Au bout d’un certain temps passé à enjamber des canaux d’irrigation et sauter par dessus (ou parfois dedans) des marres de gadoue, nous découvrons un bel arbre qui semble légèrement perdu au milieu de tout ce riz. Ce n’est qu’une fois remontés au village que nous apprenons qu’il s’agit du Duoyishu, l’arbre qui a donné le nom au patelin.
Duoyishu l'arbre légendaire

Sur le chemin du retour nos compagnons s’arrêtent dans une échoppe pour y acheter de quoi passer la soirée : une belle quantité de bière accompagnée de snack en tout genre. Cet arrêt qui pour n’importe lequel d’entre nous (Français) n’aurait pas dépassé 3 minutes, leur en prendra 30. En effet, et bien que les prix pratiqués par la vendeuse nous paraissaient dérisoires (ce qui n’est pas peu dire), une fois qu’ils aient eu fait leur sélection d’articles, commença l’une des plus longues sessions de négociation qu’il nous ait été données de voir. Tous agitaient les bras, parlaient en même temps, en tentant d’attirer la pitié, le sens du commerce ou encore la fraternité qui les unissaient. Et blablabla et blablabla. Et que je te montre tout ce que je prends et que j’invoque le ciel, Lao Tzeu et Confucius, et que je joins les mains en prière pour supplier la réduction. Et patati et patata. Une demi heure plus tard on repart les sacs pleins de vivres négociés… 1 euros moins cher…
De retour à l’hôtel notre hôte nous prépare quelques snacks à partir de ce que l’ont avait acheté et la soirée picole commence. Comme l’ambiance se réchauffe, il nous offre même de l’alcool de riz local. Un vitriol à 50° que l’ont déguste pas aussi lentement que l’on devrait. Vers minuit, l’alcool de riz terminé et rond comme un ballon, je décide d’aller me coucher, tout le monde suivra rapidement, car le lendemain nous partons tous ensemble explorer la région.
Une femme dans la brume matinale, en route pour les rizières
Le jour suivant, nous partons donc à la découverte de la région, en alpaguant l’un des nombreux mini-van qui sillonnent la route (il s’agit en fait de taxis communs très bons marché). Nos « guides » s’occupent de la négociation ainsi que d’indiquer la destination car nous n’avons pas vraiment pris la peine de nous renseigner sur les endroits à voir. 15 minutes plus tard nous arrivons à un autre village d’où le point de vue sur les rizières est encore différent de ceux que l’on connaissait déjà. En fait les rizières s’étendent sur de nombreux kilomètres et apparaissent et disparaissent au gré des creux des montagnes. Ainsi elles sont toujours différentes mais d’égale beauté. Nous arrivons sur le point de vue au moment où un immense nuage commence son escalade sur les rizières. Notre champ de vision diminue jusqu’à ne plus voir qu’à quelques mètres. Parfois un trou dans le nuage permet de distinguer le village de l’autre côté de la vallée. 
Le village de l'autre côté
C’est magique, et crée un véritable paysage chinois tel qu’on peut en voir sur les gravures anciennes chez les antiquaires. Après nous être régalé de ce spectacle époustouflant, nous nous redirigeons à pied cette fois vers le village pour y déjeuner. Le village n’a rien de typique excepté les gens qui y vivent. Sans être particulièrement laids, les immeubles en béton qui y sont construit (non stop, on verra même des femmes travailler jusqu’à minuit passé) ne sont pas particulièrement beau. Cependant les habitants, ont gardé leurs habitudes d’antan, et, dans ce petit village, on trouve des buffles ou des porcs vivant sous les maisons ou dans des petites cabanes de fortune toutes entourées de béton. 
Une vie de cochon citadin
Les femmes continuent à porter leurs habits traditionnels et les hommes fument des pipes monstrueuses de près d’un mètre de haut. 
Une tenue traditionnelle pour aller faire ses courses
Des vraies pipes, pour des vrais hommes
Là encore nous nous laissons guider et déjeunons dans un restaurant typique où nous dégusterons un repas au moins aussi bon que celui de la veille. Voyager en Chine avec des chinois est un vrai bonheur tellement tout est facile et bon marché. Cette accueil malgré la barrière de la langue est réellement unique dans notre voyage, et nous en profitons à chaque instant. Après cette « épuisante » matinée, nous retournons à l’hôtel pour nous reposer, avant de repartir pour une balade à pied en fin de journée.
Mais nos amis voyageurs n’en avaient pas fini de nous surprendre. Alors que nous traversons un village à la recherche d’un nouveau point de vue, les voilà qui se mettent à discuter (négocier) à vive voix avec une femme du coin. Au bout de 10 minutes, où nous commençons à nous impatienter car nous ne voudrions pas rater le coucher du soleil, Shan Dong nous explique qu’ils essayent de négocier pour diner chez cette femme moyennant quelques Yuans. Vu la réticence de la femme, et son peu d’entrain à l’idée de nous accueillir, l’idée, qui dans l’absolu pourrait me tenter, ne m’attire absolument pas. Au bout de 20 minutes de négociation acharnée, nos amis tournent les talons et nous expliquent que la femme demandait 3x le prix (déjà généreux) que nous lui proposions. Ils avaient l’air légèrement déçus, mais Sibylle et moi étions soulagés car l’accueil n’aurait clairement pas été à la hauteur vu le peu d’engouement de la femme. Alors que nous nous redirigeons vers la sortie du village en tête de file, Xiao Hu vient nous rappeler pour nous indiquer qu’une femme leur a proposé de diner chez elle pour 10 Yuans par personne. Les filles de celles-ci nous avaient remarquées et toutes semblaient fort intriguées par la présence de blancs dans le village. Nous montons donc dans leur maison ou sèchent des dizaines d’épis de maïs au plafond. 
Bienvenue chez les Hanis
La femme semble ravie de nous accueillir dans sa modeste maison et nous aussi. Finalement on aura raté le coucher de soleil, mais c’aura été pour vivre un vrai moment authentique avec une adorable famille Hani qui nous aura régalé de plats inconnus et bien épicés. A la fin du diner nous procédons à une séance photo en bonne et dû forme avant de nous diriger à la lampe électrique vers l’hôtel pour y passer notre deuxième et dernière nuit.
En famille, le bonheur se voit

Le lendemain nous nous séparons de nos amis qui partent dans différentes directions, mais uniquement après avoir échangés nos adresses mails. 

Lorsque nous arrivions 2 jours plus tôt, nous comprenions que nous n’étions pas venus à la meilleure saison, mais finalement nous n’aurions voulu rater cette expérience pour rien au monde, et la rencontre de Xiao Hu, Da Zang et Shan Dong aura transformé cette étape inoubliable.

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