lundi 6 octobre 2014

Kunming et Jianshui : Nos premiers pas dans l’empire du Milieu


La Chine, une étape obligée de notre tour d’Asie. 

Cependant, alors que nous nous rapprochons de ce pays, celui-ci semble s’éloigner. Je m’en explique : Après la visite de Singapour, notre planning de voyage nous désigne la Chine. Sauf que pour le très grand empire il nous faut un visa, et des dires des différents voyageurs rencontrés, celui-ci est aussi difficile à obtenir qu’une popularité pour Monsieur Hollande. La plupart d’entre eux ont même dû changer leurs plans suite au refus de leur demande de visa. En plus de tout, il semblerait que l’instruction du dossier de demande de visa est longue, très longue : au moins 6 jours ouvrés. 

Mais on ne s’avoue pas vaincus. On se demande alors dans quel Pays nous allons poireauter pour tenter notre chance. Il nous faut un pays pas trop cher (« Singapour tu sors ») où la nourriture est bonne (« Malaisie, vous êtes le maillon faible, au revoir»).  And the winner is… Vientiane, la capitale laotienne où il fait bon vivre, où les boulangeries, restaurants français et italiens s’agglutinent. 

De Singapour, et grâce à ma phobie de l’avion, il faudra compter 3 jours pleins (jour et nuit) de bus pour traverser les 4 frontières qui nous séparent de notre objectif : Singapour, la Malaisie, la Thaïlande et le Laos. Désormais, Flo se sert systématiquement de l’argument de ce voyage interminable pour démontrer qu’il m’aime. Argument irrecevable, comme on dirait dans le jargon juridique : il avait la liberté de prendre l’avion comme je lui ai répété à maintes reprises à Singapour. 
Par conséquent, il est demandé à la Cour de débouter, purement et simplement, Mr Flo de son argument pourri et malvenu. 

Nous arrivons à Vientiane un Dimanche. Alors que nous avons entendu dire que pour espérer rentrer en Chine il fallait la copie des billets d’avion et des réservations d’hôtels (éléments impensables pour les baroudeurs que nous sommes qui avancent au seul gré du vent) nous fonçons dès le lendemain  dans une agence sympathique de Vientiane pour lui demander de nous faire de fausses réservations d’avions et d’hôtels. Pas de problème. Ca nous coûtera l’équivalent de 2 euros pour de magnifiques faux. On croît être prêt à affronter le guichetier chinois. On prend donc le chemin de l’ambassade. Manque de pot elle n’ouvre que 2 heures par jour, les 2 heures pendant lesquelles nous étions à l’agence. Nous avions perdu une journée.
Mardi matin donc, nous arrivons à l’ouverture à l’ambassade. Mais de là une nouvelle découverte : pour les ressortissants français il faut en plus nos derniers relevés de comptes (« pour être sure que vous aller bien dépenser chez nous »), ainsi qu’une attestation d’assurance quelle qu’elle soit. Deuxième journée perdue. 

Nous étions dépités. Ayant perdu mes codes pour accéder à mon compte, j’appelai ma mère pour qu’elle me scan mes derniers relevés. Flo, le bon élève, n’avait pas oublié ses codes. Le soir même le problème des relevés était réglé. Mais l’assurance comment faire ? Nous avions tous les deux renoncés à souscrire une assurance rappatriement, vols, et tout le tsouin tsouin en raison de son coût pour un long voyage comme le nôtre. On va quand même pas payer 1 000 € par personne pour pouvoir passer une frontière ! Flo émit l’idée de les embobiner avec la copie de notre attestation de sécurité sociale : cette alternative me plaisait, radine que je suis. Flo, ayant retenu ses codes personnels pour accéder à sa plateforme de la sécu, l’attestation dont nous avions besoin apparut. N’étant pas aussi bonne élève que le faillot Flo, j’avais là encore oublié les miens. J’appelle ma mère, signe que je suis dans la m****, et que je tente ma dernière carte. Mauvaise pioche : à Paris pas de trace de la fameuse attestation. J’avoue à Flo mon problème. « C’est quoi le problème ? » me répondit-il comme s’il avait la réponse « A partir de mon attestation, on va créer la tienne en remplaçant par ton numéro de sécu (que j’avais celui-là), il n’y a rien de plus simple à faire ». Et voilà le dernier faux de toute une série. 
Puisque le fond de nos dossiers n’y est pas vraiment, on s’attèle à la forme et on créé des chemises « attestation d’assurance », « relevés de comptes » « billets d’avions », « réservation d’hôtels » pour chacun de nos dossiers.

Le Mercredi, on se pointe à l’ambassade avec toute l’assurance que peut avoir un tricheur pendant un examen. Notre dossier est pris par le guichetier. D’ici 5 jours, il faudra avoir payé les droits de visa à la banque de chine et arriver avec le justificatif pour récupérer nos passeports. 
5 jours plus tard donc, on récupère nos passeports. On feuillette avec nos doigts tremblants le petit livret marron et là…. l’autocollant de la grande muraille apparut : Nous l’avions ! On pars à un bar se prendre un verre pour fêter ça comme pour fêter une admission à une année supérieure (moi je connais bien cette sensation mais pour Flo s’était tout nouveau). 

On fonce à l’agence la moins chère de Vientiane pour réserver nos billets de bus jusqu’à Kunming, le chef lieu du Yunnan, région du sud de la Chine. 

Le bus partit. Nous avions passé 10 jours à Vientiane pour obtenir notre autocollant. 
Après 30 heures de bus, pendant lesquelles nos voisins nous enivraient de leur puanteur, Kunming nous accueillit. Il était 23 heures et nous n’avions pas réservé d’hôtels. Nous avions l’habitude de telles situations, mais pas dans des villes aussi grandes, où il faut compter le temps en minutes pour traverser une rue, pas dans des villes où personne, j’ai bien dit personne, ne parle anglais où tout est écrit en sortes de carrés avec des points et des traits par-ci par là. Finalement, grâce à notre meilleur ami dans ce pays, j’ai nommé le lonely Planet, on trouve à 1 heure du matin une guest house. 

Le lendemain on arpente ce qu’on croyait être des avenues mais qui ne sont en fait que des ruelles par rapport à l’échelle locale. Je me souvenais à quel point je me moquais des gens qui me disaient que Paris était une ville trop grande pour eux et qu’ils n’arrivaient pas à s’y retrouver.  Chers provinciaux à qui je faisais des remarques moqueuses à ce sujet, réjouissez vous car aujourd’hui vous avez votre revanche. 

Quand le cerf-volant remplace le tricot
La ville n’a pas grand intérêt sinon d’être au carrefour des destinations incontournables du Yunnan. Jouissant de cet intérêt limité on réserve un bus direction la ville de 建水 (t’as vu comme c’est déroutant le truc ! Allez, je t’aide, apparemment ça se dit Jianshui). 

Jianshui : l’enchantement commence. La ville a des proportions qui me font moins peur, et est annoncée par une magnifique porte (que je croyais initialement être un palais tellement elle est à la fois massive et jolie) : La porte Chaoyang, de l’époque Ming. 

La porte de la ville

De nuit, c'est encore plus joli!
On la passe avant d’arriver sur une longue rue (conception française du terme), bordée de jolies maisons d’époque aux devantures de bois peint et coiffées de magnifiques toits de tuiles grises dont le fait se termine de part et d’autre par une virgule en direction du ciel. Au rez-de-chaussée intérieur de ces maisons, des magasins de téléphonie, d’ordinateurs, de produits de luxe, créent le contraste de cette Chine à la fois antique et moderne. 

Dans les rues de Jianshui
La grande rue débouche sur d’autres ruelles où les maisons sont aussi jolies que celles décrites mais en plus petites. Un autre style de bâtisses prend place : plus simples, elles ont les murs peints à la chaux blanche, et servent de support à des dessins de scènes de vie chinoises d’une grande finesse. 

 Les tags version chinoise. 
Dans les plus veilles ruelles
Notre hôtel est situé dans l’une de ces petites rues. Nous le rejoignons pour nous y reposer un peu avant de découvrir vraiment la cuisine chinoise. 

Le soir venu, les lampions jaunes et rouges pendaient de ces toits en virgules. Notre attention fut attirée par une maison dont la lumière tamisée rouge se devinait derrière des boiseries. Non ce n’était pas une maison close, mais bel et bien un digne restaurant qui a le mérite d’avoir une carte en anglais. 

L’anglais ne servait cependant à pas grand chose, sauf pour les vapeurs, car on ne voyait pas du tout ce que pouvaient être les plats choisis. Essayez d’imaginer un plat français au nom redondant comme on sait le faire, genre « un chaperon de nostalgie sur son lit de printemps écossais » mais version chinoise, le tout décrit en anglais…
On découvrait donc des plats vraiment bons et d’autre vraiment … pas bons. 

Ca, c'était bon!
Encore une fois le contraste décrit se manifestait : nous étions dans une magnifique maison traditionnelle chinoise mais la commande se passait sur Ipad. 

Dans le restaurant traditionnel
Le lendemain, nous visitions le jardin de la famille Zhu (je vous épargne l’écriture chinoise). Un ensemble de jardins, cours et de bâtiments ouverts sur l’extérieur construit par une riche famille de marchands chinois. Là, nous trouvons toujours ce raffinement qui s’allie, en même temps que de participer, à la quiétude d’un lieu où les éléments semblent en totale harmonie. Quelques bonzaï, des minis forêts de bambous, des pièces d’eau. Rien d’extraordinaire penserez vous. En effet, sur le papier rien d’extraordinaire et pourtant… Je crois que toute la beauté reposait sur les proportions parfaites et sur l’harmonie du tout. 

La quiétude d'un lieu

Un théatre sur le bassin
Nous ressortons détendus de ces jardins, sans autre but que celui de ressentir l’ambiance de la ville. Parmi les magasins une catégorie se dégage : ceux qui vendent des théières, et autres ustensiles nécessaire à «la» cérémonie du thé. Cet artisanat est spécifique de Jianshui et son savoir-faire est, dit-on, millénaire. Nous entrons dans plusieurs magasins juste par curiosité. Plus tard, dans une ruelle isolée, la propriétaire d’une de ces boutiques nous proposa de nous joindre à elle pour la cérémonie du thé. Un moment inoubliable. La vendeuse ne parlait pas un mot d’anglais, et pourtant en même temps qu’elle arrosait la théière, l’espèce de passoire, les tasses selon un rituel qui semblait des plus précis, elle continuait à nous parler exactement comme si nous étions des clients chinois. Elle n’avait aucune timidité, aucune honte ou gêne du fait qu’on ne comprenne pas tout et c’était un régal d’entendre ses « explications » accompagnées d’un regard passionné. 

Nous pensons qu’elle nous expliquait ce qu’elle faisait : pourquoi mouiller 3 fois telle pièce, pourquoi utiliser cet ustensile, pourquoi prendre le thé avec une sorte de pince spéciale, pourquoi, pourquoi, pourquoi.
A ce jour nous n’avons toujours aucune réponse à nos « pourquoi » mais peu importe, c’était un très bon moment, et on ne cherche rien de plus. 
Flo jetta son dévolu sur une petite théière de terre qu’il acheta et cette femme si gracieuse, nous offrit une tasse pour, croit-on avoir compris, se souvenir de ce long moment passé ensemble. Nul doute qu’on s’en souviendra. 

Vivre la cérémonie du thé, un plaisir partagé
Le soir venu, nous décidons de visiter la Porte Chaoyang. Elle abritait une exposition photographique qui n’avait en réalité que peu (pour ne pas dire aucun) d’intérêt de sorte qu’on se concentrait sur l’extérieur : un magnifique bâtiments surmonté de trois toitures superposées de plus en plus petites, des lampions rouges pendants,  et un jolie vue sur la ville que devions maintenant quitter pour rejoindre 元阳县. Ca c’est du suspense.

A la visite de la porte Chaoyang.
Flo remplace La Boule

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